Non je ne rêvais pas, c’était bel et bien Vincent que je voyais dans la foule au loin, ce dernier avait maintenant une canne pour se déplacer.

Bon sang je savais que j'aurais du le tuer.
En l'apercevant je sentis mon cœur prendre de la vitesse.
Chloé remarqua mon silence et s'en inquiéta.

- Joëlle qu'est ce qu'il se passe ?

Ferme la bon sang, je n'avais pas le temps d’écouter ses pleurnicheries.
Je ne pouvais pas la laisser le voir aussi ou elle tenterait de me dissuader de faire quoi que ce soit et je n'aimerais pas avoir a la blesser aussi.
Oui,tuer, j'allais le tuer. Un grand sourire se dessina sur mon visage alors que j'avais les yeux fixés dans sa direction.

Il semblait tellement heureux, insouciant, pensant m'avoir tué.
J'allais lui montrer, et je prendrais plaisir a voir la peur dans ses yeux.
En tournant la tête, j’aperçus mon reflet dans l'une des vitres des magasins.
Et en l'apercevant si subitement je faillis presque ne pas me reconnaître.
Ce regard inexpressif, ce sourire malsain...est-ce que c’était vraiment moi ?

Non, non, je ne me laissera pas décourager.
Ce fumier a bousillé ma vie et maintenant, je vais lui prendre la sienne.
Mais pas maintenant, pas tout de suite.

- Joëlle ça va, tu a l'air tout pale ?

Chloé finit finalement par regarder dans la même direction que moi et le vit aussi, elle poussa un cri s’exclamant et se plaça aussitôt devant moi.

- Joëlle arrête, ça n'en vaut pas la peine et tu le sais.

Je ne veux pas lui faire du mal, je serais incapable de faire du mal a Chloé mais quiconque pourrait menacer notre coupe mérite de mourir.
Maintenant qu'elle est a moi je ne laisserais personne me la prendre.
Mais si je ne me calmais pas maintenant je risquais d'atteindre le point de non-retour et je ne voulais pas imaginer ce que je pourrais faire a ce moment la.
Respirant lentement, je tentai de reprendre mon calme.
Les battements du cœur reprirent un rythme normal et mes idées malsaines disparurent aussi.

- Si c'est ce que tu veux, alors dans ce cas très bien.

- Merci Joëlle, je sais que tu dois lui en vouloir mais ça ne t'apportera rien de bon crois moi.

J'allais lui répondre quand du coin de l’œil j’aperçus Vincent me regardant de loin. A cet instant il eut comme une explosion a l’intérieur de moi-même et j'eus rapidement du mal a respirer correctement.
Je poussai violemment Chloé qui heurta violemment le sol en poussant un gémissement et fonça droit sur Vincent.
Je pouvais entendre la voix de Chloé mais ses paroles ne parvenaient pas a mes oreilles. Vincent en me voyant lui foncer dessus tenta de s’échapper mais en boitant il n'irait nul part.
Je bousculai la foule écartant quiconque se mettait dans mon passage puis quand enfin je fus près de Vincent se dernier leva sa canne pour se protéger. Lui arrachant des mains je lui assena un coup violent en pleine tête qui la fit voler en éclat et ce dernier s’écroula au sol en poussant un cri agonisant. Les gens autour n'osaient pas intervenir et reculaient pris de peur. La canne brisée toujours en main j'orientai le coté pointu du coté de Vincent. Ce dernier était au sol me suppliant de je ne sais quoi et pleurant les larmes de son corps.
Levant les bras bien haut, je fis une pause pour apercevoir l'expression de peur sur son visage, mon dieu que j'aimais ça, cela me procurait un plaisir intense, un début de rire finit par un fou rire incontrôlable.
Et j'abattis la canne en plein dans sa bouche.
Elle s’enfonça profondément, et sa gorge fit des gargouillis alors que Vincent se débattait. La foule poussa un cri de terreur et je pouvais entendre des enfants pleurant. Tout doucement je sentis la vie quitter son corps.

- Joëlle tu est sur que ça va ?

Je fus comme tiré en arrière et je me retrouva de nouveau devant Chloé.
Abasourdis, je jetai des regards autour de moi.
Qu'est ce qu'il venait de se passer ?
Il ne s’était rien passé ?
Vincent n’était plus la non plus, il avait juste disparu.

- Chloé, ça recommence.

- Qu'est ce qui recommence ?

- Je commence de nouveau a délirer, je pensais que c’était finis. Clamai-je au bord de la panique.

Il fallait que je quitte cet endroit, le simple fait d'y être me mettait mal a l'aise, mais alors ça reviendrait a gâcher la journée.
Non je pouvais le combattre, je pouvais résister.

- Joëlle je, ...

- Ça faisait un bail Joëlle.

Cette voix, venant de derrière moi, je me figeai presque en l'entendant.
A l'expression de Chloé ça confirmait mes doutes.
En me retournant le plus lentement possible je priai de toutes les incantations que je connaissais pour que ça ne soit pas lui.
Mais rien ne fit, même apparence, même voix, même physique.
La seul différence était la canne qui soutenait son genoux brisé.

- Vincent ? Laissa échapper Chloé

Pour ma part je réagis comme un réflexe, lui fonçant droit dessus je lui donnai une droite en plein dans la mâchoire qui l'envoya valser au sol.
J'entendis Chloé réagir derrière mais n'eut pas le temps de l'entendre.
La sécurité m'ayant vu je fus saisis et plaquer au sol si brutalement que le choc entre le carrelage et moi faillit bien me mettre K.O.

Le garde était d'origine maghrébine a en juger par sa peau brune.
Il avait les cheveux noirs en piques comme quand lorsque qu'on mettait du gel étant gosse.

- Qu'est ce qui se passe ? Demanda-il d'une voix si grave qu'elle m’étonna

Certaines personnes s’étaient arrêtés pour observer la scène et d'autres jetaient des regards furtifs en passant. Une fois encore l'attention était sur moi.

- Non, c'est ma faute.

Relevant légèrement la tête, je vis Vincent encore sonné se relever en se tenant la mâchoire.

- T'a pas perdu de ton mordant Joëlle je dois l'avouer.

- Vous êtes sur que ça va ? Lui demanda le vigile

- Oui c'est ma faute, je l'ai provoqué et je n'aurais pas du.

Ce dernier hésita un instant puis relâcha enfin son emprise me permettant de me relever. Chloé me sauta aussitôt dans les bras.

- Normalement je devrais vous mettre dehors mais comme c'est la première fois je vais être bonne âme, mais que je ne vous y reprenne plus.

- Merci beaucoup. Dit Vincent d'une manière courtoise.

Chloé me serrant dans ses bras je pouvais la sentir trembler.
C’était de ma faute tout ça, je n'aurais pas du être aussi impulsif mais sur le coup...ça s'est fait tout seul.

- Je vais bien, cesse de t’inquiéter. Lui murmurais-je a l'oreille en lui caressant les cheveux.

- Tu peux vraiment être un imbécile quand tu le veux.

- Je n'ai rien a contredire la dessus.

Je me retournai de nouveau vers Vincent tenant Chloé dans mes bras.
Je faisais ça uniquement pour lui montrer qu'elle m'appartenait désormais.

- Fous le camp, ne m'oblige pas a te tuer Vincent.

- Après ce que je viens de faire pour toi j'attendais un peu plus de sympathie. Dis-il de sarcastiquement.

- Je me fiche de ce que tu peux penser.

- Joëlle je pense que tu devrais au moins lui laisser une chance. Dit Chloé

- Une chance ? Ce gars a bousiller ma vie, m'a ridiculiser devant tout le monde.

Vincent était étrangement calme, il semblait différent, différent du sportif frimeur de la dernière fois, il ne réagit même pas a ce que je pouvais dire puis prenant une courte inspiration il prit la parole.

- C'est vrai, j'ai été idiot et stupide, ce que j'ai fais était injuste, mais je suis venu m'excuser.

Malgré les efforts que je fis pour me convaincre du contraire, le voir s'excuser adoucit quelque chose en moi..je me sentais plus léger.
C'est bien la dernière personne que je voyais venir s'excuser.
Et j’étais quelqu'un de juste bien qu'impulsif.

- Écoute. Commençai-je par dire. Je suis désole pour le coup de poing.

- Ah ça tu as un joli crochet du droit je dois le reconnaître. Dit-il en souriant et en se frottant la mâchoire.

Je faillis échapper un rire mais je me retint, il fallait que je garde un image forte face a lui, ses excuses ne pardonnaient pas ses actes.

- Qu'est ce que tu fais la ? Lui demanda Chloé

Vincent se tourna vers elle et resta longtemps silencieux comme contemplant quelque chose puis finit par répondre.

- Ah la base j’étais juste venu faire quelques courses et c'est la que je vous ai vu tout les deux, je savais bien que je ne serais pas forcement bien accueillis.

Faisant quelques pas il se posa sur le banc posé en milieu de galerie comme on en voit souvent dans tout centre commerciaux.

- Le moins que je puisse faire c'est vous offrir un verre.

Étrange, je ne pouvais pas dire ce qu'il avait derrière la tête et tout ça ne me plaisait pas le moins du monde. Mais c’était une chance pour moi.
Je ferais en sorte d’être son ami et je le tuerais pas après.
En fait je me fichais pas mal d’être ami ou non je voulais juste l'amener a baisser sa garde.

- Pourquoi pas.

Chloé sembla elle même surprise de sa réponse, elle s'attendait sûrement a me voir refuser net et me posa même la question

- Tu est sur de toi Joëlle, pour moi c'est comme tu veux.

- Oui ça peut pas faire de mal je suppose.

- Très bien alors suivez moi. Conclus Vincent en se relevant.

Étant boiteux, était plus lent que nous et le suivre pris une éternité vu a la vitesse ou il allait mais il s’arrêta enfin quelques mètres plus loin a un café.
Pénétrant a l’intérieur il se dirigea directement vers une table bien précise avec juste assez de chaise pour chacun d'entre nous.

- J'aime bien ce petit coin, je viens souvent ici. Précisa-il

Déposant sa canne a coté de lui il posa de nouveau son regard sur moi.

- Beaucoup de choses ont changées depuis notre dernière rencontre, il y a pas mal de chose que je dois te dire.

- Je t’écoute alors, dis moi tout.

- Après notre bagarre, j'ai passé pas mal de temps a l’hôpital tu dois t'en douter tu as mis mon genoux dans un état pitoyable, les médecins eux mêmes n'arrivaient pas un croire que c’était une blessure faite par un homme. Les premiers temps j’étais incapable de bouger et j'ai passé pas mal de temps en rée-éducation pour pouvoir tenir sur mes deux jambes.
Malheureusement, mon genoux ne sera plus jamais aussi solide qu'avant.
Avec mon handicap j’étais incapable de faire du sport et mon équipe a finit par me virer.

Vincent marqua une pause et se murmure a lui même « Tu parle de potes »

- Je t'en est voulu c'est vrai mais je m'en voulais surtout a moi même.
D'avoir été aussi stupide et de m'en être prie a toi pour une simple fille.

Il se tourna alors vers Chloé et lui dit « Sans offense bien sur »

Cette dernière lui répondit par un simple sourire.

- Si j'avais été plus responsable je ne me serais pas retrouvé dans cet état.
Oh et un autre point important ce n'est pas moi qui ai envoyé ces gens pour s'occuper de toi. Ce sont des amis a moi qui ont pris l'initiative d'eux même. Ils sont venu m'en parler par après. Et quand tu a disparu on a vraiment cru que tu étais mort. C'est un vrai soulagement pour moi que de te voir ici.

M’étirant le dos je baillai un grand coup puis pensa intérieurement

« Tu n'as pas idée a quel point »