©opy®ight
Par : Loiseau
Genre : Science-Fiction
Status : C'est compliqué
Note :
Chapitre 6
Publié le 27/10/15 à 19:06:27 par Loiseau
Mon second réveil fut moins agréable que le premier. Mon ventre me brûlait et un bruit de ventilation tambourinait contre mon crâne. Jamais ce dernier n’avait été autant sollicité… On m’avait déplacé alors que j’étais inconscient et la pièce dans laquelle je me trouvais maintenant était beaucoup moins agréable que la précédente. J’étais étendu sur ce qui ressemblait à une table d’opération et, une fois encore, la semi-obscurité régnait. De là où j’étais, je ne pouvais voir qu’un chariot en métal où étaient parfaitement alignés divers ustensiles médicaux.
M’a-t-on opéré ?
Cette fois, pas de vertige ; la question m’était venue naturellement. C’était agréable.
Un bruit de pas me fit tourner la tête et je revis la jeune femme de tout à l’heure, elle appuya sur un interrupteur et je pus la voir clairement. C’était une grande brune au visage carré et aux yeux bleus. Son corps paraissait habitué aux tâches difficiles et son débardeur noir laissait voir ses biceps noueux. Son visage était beau mais paraissait un peu trop régulier, trop lisse. Si j’avais su ce qu’étais une statue, c’est à ça que je l’aurais comparé. Une statue sculptée dans un seul bloc de marbre. Pourtant, c’est souriante qu’elle s’approcha de moi. Imitant le moustachu de tout à l’heure, elle s’assit au pied de la table d’opération et me fixa droit dans les yeux.
- Comment vous-appelez-vous ? demanda-t-elle
- Exemple Neuf.
Elle sortit un carnet de sa poche et y écrivit mon nom avant de reporter son regard sur moi.
- Je suis Katarina. Est-ce que vous vous sentez mieux ? Comment va votre ventre ?
- Le seuil de douleur est tolérable, Katarina.
- Bien… Suivez-moi alors.
Elle m’aida à me lever et me fit faire quelques pas en me tenant le bras. J’y restais cramponné comme à une canne, par peur de m’effondrer une nouvelle fois. Ils n’étaient peut-être pas de la PC, mais si je continuais à m’évanouir, ne risquaient-ils pas de se débarrasser de moi ?
Katarina me soutint tout le temps où nous marchâmes. Nous passâmes à travers de nombreux couloirs mais aucun n’avait de fenêtres, je ne vis donc pas l’extérieur avant que nous n’atteignîmes notre destination, une grande pièce occupée par une table ovale et des chaises. Une immense baie vitrée couvrait un pan du mur et je vis notre monde comme je ne l’avais jamais vu.
Une forêt gigantesque s’étalait sous mes yeux. Je n’avais jamais vu autant d’arbres de ma vie et je ne pouvais en nommer aucun. Tremblotant, j’avançais lentement vers la vitre. Katarina me lâcha le bras et se mit à observer chacun de mes gestes. Je n’en avais cure, absorbé que j’étais par la contemplation de cette chose nouvelle. Dans la lumière crépusculaire, sanguine et envoûtante, des oiseaux voletaient entre les branches, je vis même un animal petit et roux bondir en un éclair flamboyant d’un arbre à un autre. Je restais de longues minutes sans parler, ni bouger, ni penser. Mes yeux se gorgeaient de cette vision comme si jamais ils n’allaient revoir quelque chose de semblable. Quelque chose frémit au fond de moi et une chape de froid recouvrit mes entrailles. Je me détournais de ce spectacle sauvage sans savoir pourquoi et fixait Katarina. Elle s’était assise et me fit signe de l’imiter, ce que je fis en tournant le dos à la baie vitrée.
- Avez-vous des questions, Exemple Neuf ?
Je ne répondis pas. Oui… Oui, j’avais des questions. Mais elles refusaient de sortir. Je ne fis pas un geste, n’émit pas un son, mais Katarina poursuivit sans paraître dérangée par mon mutisme.
- Nous sommes les humains libres. Est-ce que vous comprenez ce que ça veut dire ?
- Non.
- Nous n’avons pas été élevés dans des Centres, nous n’appartenons à aucune société, aucune corporation et le Droit n’a pas d’emprise sur nous.
Elle essayait de parler d’une voix douce mais des accents militaires perçaient sous cette douceur. C’était une personne qui avait l’habitude de donner des ordres et ça se sentait.
Quant à moi, j’essayais d’assimiler – sans succès – ses propos.
- Mais… Il n’y a rien hors des Centres. Et les Corporations dirigent le monde.
- C’est ce qu’ils vous font croire. Ils vous font aussi croire qu’ils possèdent le droit d’interdire aux gens certaines choses, au nom de la « propriété intellectuelle ».
Elle ponctua sa phrase par un sifflement méprisant. Je n’avais rien compris à ce qu’elle venait de dire. Des coups se firent entendre mais, alors que je m’attendais à ce que la porte par laquelle nous étions entrés s’ouvre, ce fut un pan du mur à ma droite qui s’écarta. Yann entra dans la pièce, poussant une brouette chargée de toutes sortes d’objets. Il m’adressa un signe de main enjoué auquel je ne répondis pas. Quelque chose me titillait : j’étais curieux de savoir ce que contenait la brouette. Remarquant sans doute mon intérêt, Katarina eu un sourire en coin.
- Yann, à peine es-tu rentré dans la pièce que les yeux d’Exemple se sont mis à briller. Tu as vraiment un don pour les libérer.
- Exemple ?
- C’est le nom de notre ami.
- C’est la PC qui vous a nommé comme ça ? m’interrogea-t-il
- Oui, Yann. Exemple Neuf, numéro…
- Il est inutile que vous ayez un numéro ici, mon ami. m’interrompit le moustachu
Katarina plongea les bras dans la brouette, en sortit un morceau de bois sculpté et me le tendit. M’en saisissant, je me mis à le détailler. C’était la représentation primitive d’un homme debout, tenant dans la main droite une lance. Le bois était poli, usé par le temps. Mes doigts caressèrent chaque détail du visage stoïque de la sculpture, puis je la reposais devant moi. Sans rien dire, Katarina sortit un nouvel objet de la brouette et me le tendit à nouveau. Cette fois, il s’agissait d’un couteau dont le manche était fait d’une matière que je ne sus reconnaitre.
- Le manche est en os. Il date d’il y a très, très, très longtemps. Bien avant la Grande Ruine. Nous l’avons trouvé dans un musée.
- Je ne sais pas ce que c’est.
- C’est un endroit où sont conservés les objets qui ont eu de l’importance dans l’Histoire. Soit parce qu’ils sont le témoignage de l’existence d’un peuple, d’une culture, soit parce que leurs créateurs ont marqué leur époque.
- Mais…
Les douleurs dans ma tête reprirent mais j’y résistais.
- Mais je croyais qu’il ne restait rien d’avant la Grande Ruine.
- C’est un mensonge éhonté.
- Vous avez un… musée ?
Katarina regarda Yann, qui haussa les épaules. Il avait l’air content de moi.
- Oui, mais pour l’instant je préfèrerais que tu regardes les objets que je te tends. Nous te montrerons le musée ensuite, d’accord ?
- D’accord.
- Ceci est un tableau qui représente le couple originel, Adam et Eve.
Elle me passa une toile, assez petite, où étaient peints un homme et une femme entièrement nus, tous deux se tenaient sous un arbre couverts de sphères rouges. La femme avait sa main posée sur l’une des sphères et une créature longue et verte la regardait faire.
- Que tient la femme dans sa main ?
- A la fois l’orgueil et la connaissance. Ce qui nous tue, ce qui nous fais vivre. Mais d’un point de vue plus terre à terre, c’est une pomme.
Elle en sortit une de la brouette et me la lança. Je faillis la manquer mais réussi à l’attraper au dernier moment. Un nouveau sentiment vint me chatouiller près de l’estomac et un sourire se dessina sur mon visage ridé.
- Croque dedans, tu vas voir. C’est bon.
J’obéis et une vague de goûts m’envahit. C’était délicieux, tout simplement délicieux. Une fois encore, les mots me firent défaut pour décrire l’océan de sensations dans lequel ce simple contact me plongea. Je la finis goulûment au point de faire rire Yann. Katarina, elle, semblait satisfaite.
- Il est plus sensible que les trois derniers que nous avons sortis.
- Oui, on dirait que c’est le goût qui domine chez lui.
Katarina se cala contre le dossier de sa chaise.
- Je suis curieuse de voir sa réaction face à la musique.
Je suis curieux de savoir ce qu’est la… musique.
M’a-t-on opéré ?
Cette fois, pas de vertige ; la question m’était venue naturellement. C’était agréable.
Un bruit de pas me fit tourner la tête et je revis la jeune femme de tout à l’heure, elle appuya sur un interrupteur et je pus la voir clairement. C’était une grande brune au visage carré et aux yeux bleus. Son corps paraissait habitué aux tâches difficiles et son débardeur noir laissait voir ses biceps noueux. Son visage était beau mais paraissait un peu trop régulier, trop lisse. Si j’avais su ce qu’étais une statue, c’est à ça que je l’aurais comparé. Une statue sculptée dans un seul bloc de marbre. Pourtant, c’est souriante qu’elle s’approcha de moi. Imitant le moustachu de tout à l’heure, elle s’assit au pied de la table d’opération et me fixa droit dans les yeux.
- Comment vous-appelez-vous ? demanda-t-elle
- Exemple Neuf.
Elle sortit un carnet de sa poche et y écrivit mon nom avant de reporter son regard sur moi.
- Je suis Katarina. Est-ce que vous vous sentez mieux ? Comment va votre ventre ?
- Le seuil de douleur est tolérable, Katarina.
- Bien… Suivez-moi alors.
Elle m’aida à me lever et me fit faire quelques pas en me tenant le bras. J’y restais cramponné comme à une canne, par peur de m’effondrer une nouvelle fois. Ils n’étaient peut-être pas de la PC, mais si je continuais à m’évanouir, ne risquaient-ils pas de se débarrasser de moi ?
Katarina me soutint tout le temps où nous marchâmes. Nous passâmes à travers de nombreux couloirs mais aucun n’avait de fenêtres, je ne vis donc pas l’extérieur avant que nous n’atteignîmes notre destination, une grande pièce occupée par une table ovale et des chaises. Une immense baie vitrée couvrait un pan du mur et je vis notre monde comme je ne l’avais jamais vu.
Une forêt gigantesque s’étalait sous mes yeux. Je n’avais jamais vu autant d’arbres de ma vie et je ne pouvais en nommer aucun. Tremblotant, j’avançais lentement vers la vitre. Katarina me lâcha le bras et se mit à observer chacun de mes gestes. Je n’en avais cure, absorbé que j’étais par la contemplation de cette chose nouvelle. Dans la lumière crépusculaire, sanguine et envoûtante, des oiseaux voletaient entre les branches, je vis même un animal petit et roux bondir en un éclair flamboyant d’un arbre à un autre. Je restais de longues minutes sans parler, ni bouger, ni penser. Mes yeux se gorgeaient de cette vision comme si jamais ils n’allaient revoir quelque chose de semblable. Quelque chose frémit au fond de moi et une chape de froid recouvrit mes entrailles. Je me détournais de ce spectacle sauvage sans savoir pourquoi et fixait Katarina. Elle s’était assise et me fit signe de l’imiter, ce que je fis en tournant le dos à la baie vitrée.
- Avez-vous des questions, Exemple Neuf ?
Je ne répondis pas. Oui… Oui, j’avais des questions. Mais elles refusaient de sortir. Je ne fis pas un geste, n’émit pas un son, mais Katarina poursuivit sans paraître dérangée par mon mutisme.
- Nous sommes les humains libres. Est-ce que vous comprenez ce que ça veut dire ?
- Non.
- Nous n’avons pas été élevés dans des Centres, nous n’appartenons à aucune société, aucune corporation et le Droit n’a pas d’emprise sur nous.
Elle essayait de parler d’une voix douce mais des accents militaires perçaient sous cette douceur. C’était une personne qui avait l’habitude de donner des ordres et ça se sentait.
Quant à moi, j’essayais d’assimiler – sans succès – ses propos.
- Mais… Il n’y a rien hors des Centres. Et les Corporations dirigent le monde.
- C’est ce qu’ils vous font croire. Ils vous font aussi croire qu’ils possèdent le droit d’interdire aux gens certaines choses, au nom de la « propriété intellectuelle ».
Elle ponctua sa phrase par un sifflement méprisant. Je n’avais rien compris à ce qu’elle venait de dire. Des coups se firent entendre mais, alors que je m’attendais à ce que la porte par laquelle nous étions entrés s’ouvre, ce fut un pan du mur à ma droite qui s’écarta. Yann entra dans la pièce, poussant une brouette chargée de toutes sortes d’objets. Il m’adressa un signe de main enjoué auquel je ne répondis pas. Quelque chose me titillait : j’étais curieux de savoir ce que contenait la brouette. Remarquant sans doute mon intérêt, Katarina eu un sourire en coin.
- Yann, à peine es-tu rentré dans la pièce que les yeux d’Exemple se sont mis à briller. Tu as vraiment un don pour les libérer.
- Exemple ?
- C’est le nom de notre ami.
- C’est la PC qui vous a nommé comme ça ? m’interrogea-t-il
- Oui, Yann. Exemple Neuf, numéro…
- Il est inutile que vous ayez un numéro ici, mon ami. m’interrompit le moustachu
Katarina plongea les bras dans la brouette, en sortit un morceau de bois sculpté et me le tendit. M’en saisissant, je me mis à le détailler. C’était la représentation primitive d’un homme debout, tenant dans la main droite une lance. Le bois était poli, usé par le temps. Mes doigts caressèrent chaque détail du visage stoïque de la sculpture, puis je la reposais devant moi. Sans rien dire, Katarina sortit un nouvel objet de la brouette et me le tendit à nouveau. Cette fois, il s’agissait d’un couteau dont le manche était fait d’une matière que je ne sus reconnaitre.
- Le manche est en os. Il date d’il y a très, très, très longtemps. Bien avant la Grande Ruine. Nous l’avons trouvé dans un musée.
- Je ne sais pas ce que c’est.
- C’est un endroit où sont conservés les objets qui ont eu de l’importance dans l’Histoire. Soit parce qu’ils sont le témoignage de l’existence d’un peuple, d’une culture, soit parce que leurs créateurs ont marqué leur époque.
- Mais…
Les douleurs dans ma tête reprirent mais j’y résistais.
- Mais je croyais qu’il ne restait rien d’avant la Grande Ruine.
- C’est un mensonge éhonté.
- Vous avez un… musée ?
Katarina regarda Yann, qui haussa les épaules. Il avait l’air content de moi.
- Oui, mais pour l’instant je préfèrerais que tu regardes les objets que je te tends. Nous te montrerons le musée ensuite, d’accord ?
- D’accord.
- Ceci est un tableau qui représente le couple originel, Adam et Eve.
Elle me passa une toile, assez petite, où étaient peints un homme et une femme entièrement nus, tous deux se tenaient sous un arbre couverts de sphères rouges. La femme avait sa main posée sur l’une des sphères et une créature longue et verte la regardait faire.
- Que tient la femme dans sa main ?
- A la fois l’orgueil et la connaissance. Ce qui nous tue, ce qui nous fais vivre. Mais d’un point de vue plus terre à terre, c’est une pomme.
Elle en sortit une de la brouette et me la lança. Je faillis la manquer mais réussi à l’attraper au dernier moment. Un nouveau sentiment vint me chatouiller près de l’estomac et un sourire se dessina sur mon visage ridé.
- Croque dedans, tu vas voir. C’est bon.
J’obéis et une vague de goûts m’envahit. C’était délicieux, tout simplement délicieux. Une fois encore, les mots me firent défaut pour décrire l’océan de sensations dans lequel ce simple contact me plongea. Je la finis goulûment au point de faire rire Yann. Katarina, elle, semblait satisfaite.
- Il est plus sensible que les trois derniers que nous avons sortis.
- Oui, on dirait que c’est le goût qui domine chez lui.
Katarina se cala contre le dossier de sa chaise.
- Je suis curieuse de voir sa réaction face à la musique.
Je suis curieux de savoir ce qu’est la… musique.
24/11/15 à 14:16:50
Fais leur passer de la hardcore
24/11/15 à 12:53:40
Merci pour tous tes coms
Bon, ben faut que je carbure pour la suite alors
24/11/15 à 02:20:19
Géant. On se croirait presque à la place des scientifiques entrain de redécouvrir la race humaine.
L'intrigue est pas encore tisée mais la phase de découverte et l'univers sont juste géniaux. Je suis frustré de savoir qu'il y a encore pleins de "tests" qui vont etre faits mais de ne pas pouvoir y assister tant que la suite ne sera pas écrite.
31/10/15 à 20:57:57
Merci Mega
30/10/15 à 09:17:34
C'est court... trop court
On ressent bien l'émotion du héros qui découvre des choses simples mais qui lui étaient totalement interdites avant sa "retraite". C'est très très bien écrit.
Pour ma part, je trouve ce chapitre excellent, et je passe donc ma note de 4 à 5
29/10/15 à 15:19:28
Mais bien sûr, on y croit.
28/10/15 à 20:07:35
Que des bonnes choses.... J'espère
28/10/15 à 01:48:36
Et je suis curieux ce vers quoi toutes ces expériences sur le pauvre protagoniste va les mener. :sweet:
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