<h1>Noelfic</h1>

©opy®ight


Par : Loiseau

Genre : Science-Fiction

Status : C'est compliqué

Note :


Chapitre 4

Publié le 12/10/15 à 18:32:56 par Loiseau

C’est une semaine complète que j’ai passé à même le sol, sans bouger. A un moment j’ai mangé les restes du plat tout prêt, mû par la faim. Je ne voulais pas vivre pourtant, mais j’espérais que ça rendrait ma mort moins pénible. Je ne connaissais rien de la mort… Amusant, d’ailleurs, comme mourir était le seul Droit que chacun possédait, que personne n’avait acheté. La Faucheuse est incorruptible et insoumise.
Toute cette semaine, je n’avais fait que penser. Des pensées qui devenaient de plus en plus fortes, précises et claires. Et pourtant si brouillonnes, si malhabiles, presque enfantines. Je me posais simplement des questions sur ma vie, sur ce qui la constituait.

Qui m’apporte à manger ? Qu’est-ce que je mange ? Qui me donne des ordres ? Pourquoi je ne dors pas plus ? Est-ce que je fais bien mon travail ? Quand est-ce qu’on viendra me chercher ?

Personne ne vint. Aucun agent de la PC ou d’Arès Security ne pénétra dans ma cuisine pour me recycler ou m’abattre. Si je savais ce qu’étais l’espoir, sans doute l’aurais-je perdu, mais je me contentais de me laisser porter par ces pensées nouvelles. Au moins, si je mourrais, je ne le sentirais même pas, j’étais comme drogué, anesthésié. Mon crane était rempli de phrases cotonneuses qui emplissaient de plus en plus l’espace, m’étouffant, assourdissant tout le reste. Même l’alarme semblait distante. Si distante…

Pourquoi l’alarme sonne-t-elle ?


La multitude reflua pour ne laisser place qu’à cette dernière question. Je ne savais même pas qu’il y avait une alarme dans cette maison. J’essayais tant bien que mal de me lever et pendant un bon quart d’heure je ressemblais à un faon nouveau-né, tremblant sur ses pattes frêles. L’alarme ne s’arrêtait pas et me vrillait les tympans. Titubant, je la cherchais des yeux. C’était un gros bulbe noir et rouge près de la porte de la cuisine et, alors que je m’en approchais péniblement, le son strident s’arrêta. Je soupirais, ma tête tournait et j’avais la gorge atrocement desséchée. Je posais ma main sur une bouteille d’eau et en buvait avidement le contenu, c’en était presque douloureux et je manquais de m’étouffer. Crachant et toussant, je lâchais un rot nauséeux.


- Est-ce que tu m’entends ?


Je fis un bond ridicule sous le coup de la surprise. Après plus d’un mois de silence absolu, entendre une voix était la dernière chose à laquelle je m’attendais. Si tant est que je fus en mesure de m’attendre à quoi que ce soit. Je restais immobile, silencieux, attentif.


- Réponds à voix haute si tu m’entends.
- Oui je…


Ma voix se brisa, éraillé. Je dû m’éclaircir la gorge pendant une longue minute pour pouvoir parler.


- Je vous entends.


Comme la voix qui émanait de l’alarme m’avait donné un ordre direct, je n’avais pas été capable de refuser. Je pensais qu’il s’agissait d’un agent de la PC ou d’une autre corporation qui me contactait pour m’annoncer mon abattage prochain.


- Tu es seul ?
- Oui.
- Nous arrivons.


Une poignée de secondes plus tard, la porte d’entrée s’ouvrit d’un coup et trois formes cagoulées et habillées de tenues de combat noires pénétrèrent dans la cuisine. Je n’avais pas la moindre idée de comment réagir, aussi je me tins bien droit, les yeux fixes, essayant de ne pas laisser mes jambes encore faibles céder sous mon poids. L’un des trois cagoulés se plaça face à moi et m’enfonça une baguette électrique dans le ventre sans le moindre signe avant-coureur.

Vais-je mourir ?

Mes yeux se fermèrent et mon corps s’effondra.


Comment est-ce, de mourir ?



Une paire de bras vigoureux me saisit tandis que mon esprit s’envolait.


J’aurais aimé…

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