Note de la fic : :noel: :noel: :noel: :noel:

Half Spin


Par : Atzerkins
Genre : Réaliste
Statut : C'est compliqué



Chapitre 2 : Thousand enemies


Publié le 01/09/2014 à 07:07:36 par Atzerkins

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Je voyais là un homme inexpressif et désolant. Rien ne s'affichait sur sa figure, et ses yeux comme ses cheveux étaient d'un brun ordinaire. L'image de celui-ci s'effaça quand je me mis finalement à vider le contenu de mon gobelet. Ce n'était que de l'eau, comme il en pleuvait en face de moi et au dessus de mon abri, mais cela m'occupait tout de même. Y avait-il un goût particulier à cette eau ? C'était sans aucun doute meilleur que certains alcools qui me semblaient faits de plastique, mais je ne pouvais pas vraiment en définir un. Je n'étais pas non plus très convaincu que ce soit le plastique qui ait un goût.

À regarder les gouttes tomber les unes après les autres, je ne faisais que m'entraîner dans un flot de pensées de plus en plus profond, sans que leur intérêt n'en devienne intelligible. Toutefois, une rare apparition vint me troubler dans ma solitude, et moi de même, je ne pus m'empêcher de vouloir l'imiter. À la voir de plus près, la silhouette devenait une jeune femme, aux airs bien plus matures que moi. Je l'admirai un instant, mais sa beauté se laissait cacher par son déplaisir, et son propre désir d'isolation. Je la comprenais, et pourtant, je n'allais pas la laisser sur cette voie-là. Car j'avais décidé de changer, pourquoi ne pas entraîner le monde avec moi ?

Oubliant ma musique comme mes mille ennemies qui se déversaient sur la rue, j'enlevai l'un des écouteurs, et relevant mes yeux pour voir son visage attristé, je m'élançai dans ma tentative de rendre à ce dernier toute sa magnificence :

« Triste mine, mademoiselle. On croirait qu'une catastrophe s'est produite. »

Je n'eus pas de réponse à mon interpellation, mais la voyant s'adosser contre un mur, tandis que j'étais, à côté d'elle, assis sur un banc, j'insistai :

« Vous ne voulez pas vous asseoir ? lui proposai-je, me relevant pour lui laisser de la place, plutôt que d'enlever mes affaires. »

Elle me fixa, et je sus là immédiatement qu'elle ne m'ignorait pas, et ne me méprisait pas non plus. Il n'y avait pas toutefois de signification particulière derrière ce regard, si ce n'est son attention. Elle s'assit à ma place, sans exprimer aucun rejet envers ma personne, et je pus continuer ce dialogue, auquel, malgré son silence, elle participait :

« Le temps est mauvais, pas vrai ? Si quelque chose m'arrivait, je ne le trouverais plus relaxant, mais au contraire, ça renforcerait ma noirceur. »

Elle ne dit toujours rien, mais je savais qu'elle m'écoutait, et comme je l'étais à sa place, elle devait sans doute nager dans ses pensées, en m'accordant toutefois une part d'attention.

« On est tous les deux coincés ici, sous ce bâtiment. Il pleut, le réseau marche mal et les rues sont vides. Si vous aviez de la compagnie, vous l'auriez sûrement appelée, plutôt que de venir vous réfugier ici. Mais moi aussi je suis là, pourquoi ne pas parler, tant qu'on y est ?
— C'est vrai, déclara-t-elle soudainement, ses yeux figés sur la rue, je ne resterais pas ici. Ce n'est pas comme si je n'avais pas de maison, mais je n'ai pas envie d'y rentrer.
— Moi aussi, j'étais là à fixer les gouttes, lui répondis-je. On pourrait dire que je déprimais comme vous, je suppose. »

Elle afficha un léger sourire moqueur, un instant, mais continua à observer la rue. Je fis alors de même, attendant que lui vienne l'envie de parler.

« Je ne vais pas pouvoir rester longtemps chez moi, me dit-elle. Comment je vais payer un loyer, sans salaire ? »

Elle n'attendait pas de réponse, n'importe qui l'aurait compris, et je ne pouvais pas lui en fournir une. Mais j'avais appréhendé sa situation, aussi simplement que ça. Toutefois, elle ne m'avait pas l'air d'être genre de femme à se montrer incompétente.

« Ce n'était pas votre faute, n'est-ce pas ? demandai-je.
— Je… Qu'est-ce que j'en sais ? C'est une putain de malédiction, oui, s'écria-t-elle, crispant encore plus son visage. »

Je ne savais pas pourquoi on avait pu la renvoyer, mais elle même ne trouvait pas ça justifié. Seulement, je ne pouvais pas la rassurer dans mon ignorance.

« Ce matin, je me suis réveillée avec un coup de fil, continua-t-elle. J'ai tout de suite foncé à l'hôpital, mais rien à faire, mon frère était dans le coma. »

Elle s'arrêta à nouveau. Je voyais bien qu'elle voulait pleurer, mais elle se retenait pour me raconter son histoire. Je n'allais pas lui dire d'arrêter, car j'étais déjà impliqué, et je voulais l'aider. Je n'allais pas contourner le problème et prendre la fuite.

« J'imagine que c'était bien fait pour lui, à toujours boire. Mais de mon côté, j'avais oublié ma réunion. Et quand je suis retournée au bureau, on l'avait déjà vidé. Ma réputation aussi, elle a dû en prendre un sacré coup. Pas besoin de rechercher un autre job dans le même secteur. C'est plutôt un nouvel appartement que je devrais chercher, ajouta-t-elle ironiquement. »

Je ne savais pas quoi dire, ni comment améliorer la situation. Ce sont mes jambes qui me firent réagir au final, à souffrir dans leur immobilité. Je fis alors quelques pas, rejoignant l'opposé du bas, et me retrouvant à côté de mon sac, j'y cherchai un objet particulier.

« La pluie risque de continuer, d'après les nouvelles, dis-je alors en ouvrant mon parapluie. Vous habitez loin d'ici ? »

Elle secoua de la tête, m'indiquant que son appartement ne devait pas être très éloigné, et se levant, accepta ma compagnie jusqu'à chez elle.


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