Il se tenait là, en haut de l'immeuble, à contempler l'horizon et le trafic journalier du carrefour, les voitures sont semblables à des insectes qui foncent vers une direction indiquée par leurs GPS, il voit le soleil d'une couleur rouge sang se coucher à l'horizon et il pense.

La chaleur est étouffante en ce début de soirée, un temps habituel en été, il prend un moment pour observer la ville qui l'entoure, des HLM, le centre commercial, le lycée, la clinique, le cimetière, tout à l'air si gris, si froid. Il regarde maintenant le ciel, pas un oiseau, pas un nuage, le bruit de la circulation est de plus en plus lointain, il pense être dans un rêve mais une douleur vive vient le ramener à la réalité, la chaleur se fait de plus en plus suffocante, sa vision se trouble, il se retourne et remarque une longue trainée rouge qui dessine une droite jusqu'à lui, son regard se baisse vers son nombril, sa chemise habituellement d'un blanc éclatant est devenue d'un rouge profond, il tombe à genoux tandis que sa vision est de plus en plus trouble, il tente de regarder les lignes de sa main mais c'est impossible, il entend un bruit sourd à l'horizon mais n'y fait pas attention, le soleil disparaît finalement derrière un immeuble au moment même ou il perd définitivement conscience.

Quand il se réveille, il n'est plus du tout au même endroit, il est assis dans une salle d'attente tout ce qu'il y a de plus... administratif, le côté impersonnel se remarque par la froideur des murs ainsi que le mauvais goût prononcé des tableaux accrochés à ceux-ci, une plante vient certes apporter un peu de vie à cette salle vraiment médiocre mais il n'y fait pas attention, il porte toujours les mêmes vêtements mais cette fois-ci il n'a plus de blessure, sa chemise est d'un blanc éclatant et même son pantalon est repassé.

"Marc Klièstan"

Une voix féminine et sèche vient de briser le silence ambiant. Il ne lève même pas les yeux.

"MARC KLIJESTAN"

Toujours pas de réaction alors que la voix se fait plus forte et autoritaire, visiblement vite agacée.

"Eh toi assis là t'es tout seul dans cet pièce alors c'est forcément toi Marc Klimachin chose.

- Marc Klijstan.

- C'est ce que j'ai dit, écoute tu veux bien venir, je devrais déjà être en pause."

Marc se lève et traverse la pièce jusqu'au bureau derrière lequel est assise une femme dans la force de l'âge, dont les trop multiples colorations ont fait que les cheveux ne ressemblaient plus à rien de connu à ce jour, le teint laiteux de celles qui ne sortent pas, autant dire qu'elle n'était pas le genre de femme qui n'inspire pas le désir.

"Donc Marc, tu permets que je t'appelles Marc, on va allez plus vite comme ça, je te tutoie parce qu'ici on est comme ça, alors, tu es mort il y a maintenant, laisse moi regarder ma montre, 10 minutes et 28 secondes, tu as fait un...

- Mort?!

-C'est cela oui, mort, l'hémorragie fut trop importante et tu t'es vidé de ton sang, mais ce n'est pas l'important, tu d...

-Ce n'est pas important??!

-Non, et si tu continues de m'interrompre pour répéter ce que je dis on a pas fini. Tu peux t'asseoir si tu veux."

Une chaise que Marc n'avait pas encore remarqué se tient juste à côté de lui, il la jauge du regard et estime qu'elle est apte à accueillir son fessier.

"Je continue, tu dois maintenant décider quel sera ton PPM.

-Mon?

-Ton PPM, Projet Post Mortem, de quoi seras occupée ton éternité, comme tu te doutes tu es là pour un moment plutôt long, tu vas donc devoir te trouver une occupation, un but, un projet donc à accomplir de ton décès.

- Je ne pourrais pas plutôt revivre?

-Non, oublie ça, c'est derrière toi, d'ailleurs je suppose que tu ne te souviens presque plus de ton ancienne vie.

-J'ai compris, je dois rêver, c'est ça, le thon immonde assis en face de moi n'existe pas, je vais me réveiller bientôt et tout ceci sera oublié.

-On est grossier, je peux te pardonner, les nouveaux morts sont très souvent en déni de décès, je vais te montrer quelque chose pour te convaincre de la véracité de mes propos attend."

Elle ouvre un tiroir, le fouille un instant puis en sort une télécommande. Elle appuie ensuite sur un bouton et un miroir se forme en face de Marc.

"OH MERDE !!!"