Prologue : Chronique d'une chenille

Des herbes effleurants le firmament. Un ciel rougeâtre vêtu de spirales nuageuses. Un même ciel qui faisait pleuvoir des cordes d'hémoglobine. Un décor psychédélique. J'avançais dans ses masses végétales sans pouvoir faire utilisation de mes bras ni même de mes jambes. J'avançais comme je pouvais, en rampant. À ma droite, je pouvais discerner une chenille d'une taille comparable à celle d'un homme. On pénétrait dans une touffe d'herbe plus ample. Au sein de ce dôme végétal, j'ai pu remarquer deux papillons magnifiques, aux ailes des plus bleues contrastants avec une ambiance des plus glauques. Deux créatures qui furent pris au piège dans ce qui ressemblait à une toile.
Lorsque soudain, deux masses géantes approchèrent la toile. Des arachnides, aux pattes recourbées et aux yeux noirs éclatants. Fascinants, mais menaçants. Elles se jetèrent sur ces pauvres papillons. Les bêtes féroces les déchiquetaient comme les plus effroyables des monstres. J'entendais des cris de douleur, d'agonie, des cris qui venait des papillons. Des cris qui devenaient de plus en plus insupportables. Puis plus rien. Après avoir jeter les dépouilles des lépidoptères, elle se mirent à nous fixer, moi et la chenille. Rien... Silence... Soudain, une des deux araignée s'approchait, doucement. Je ne bougeais plus. Je ne pouvais plus... Elle se jeta sur la chenille, croqua dedans comme le ferait un homme pour une pomme. Des cris s'échappait de la pauvre bête. Des cris plus terrifiants que les précédents. L'araignée l'ouvrit en deux et en fit sortir... une jeune fille. Un bandeau lui cachait les yeux, une chaîne lui privait de tout mouvement au niveau de ses mains. Elle se leva et orienta sa tête vers moi :

- Qu'y a t-il ?

- ...*silence*...

- Ne hurle pas !! Ne crie pas !!! NE CRIS PAS !!!"

Elle se mit à crier, puis à cracher du sang. Son corps se démembrait partie par partie. Ses chaînes se brisèrent. Elle leva sa main sur son visage pour retirer les bandelettes en toile de jute qui lui servait de bandeau. Un regard noir, vide. C'est bien ça, on lui avait volé ses yeux :

- Regarde ce qu'ils m'ont fait !

- ...*silence*...

- TAIS-TOI ! Ils m'ont retiré la vue ! Ils m'ont caché la vérité !

- ...*silence*...

- NE CRIS PLUS ! Tu sais à cause de qui ?...

- ...*silence*...

- ARRÊTE IMMEDIATEMENT ! De toi...

Un silence intense s'imposa. Le monde se secoua, les cieux se mirent à crier, les fleurs sanglotaient... J'entendais des pleurs... Des pleurs qui venaient de la jeune fille :


" Mais pourquoi !? Pourquoi tu m'as laissée toute seule Yory !?"