Tortues Ninja Renaissance
Par : King_Yugo
Genre : Science-Fiction , Nawak
Status : C'est compliqué
Note :
Chapitre 3
Berlin Underground
Publié le 15/04/14 à 14:38:30 par King_Yugo
episode 3 / Berlin Underground
(Raphael)
Précédemment : Avant de mourir, Splinter révèle un secret d'une importance capitale à Léonardo. Pour lui, c'est le moment de réunir ses frères et de leur divulguer la terrible vérité en face-à-face. À force de recherches, il parvient enfin à joindre Donatello qui s'est exilé dans la Nozone pour enseigner la philosophie.
Quelques types chelous poirotaient en file indienne devant une vieille double-porte rouillée, fumant des clopes ou, pour les plus intrépides d'entre eux, gobant des trucs un peu moins légaux. Ils n'étaient pas très nombreux mais dans cette étroite ruelle, ça commençait à faire beaucoup. Autour d'eux, les murs avaient été entièrement transformé à coups de bombes de peintures et ruisselaient de couleurs vives. Des inscriptions, des têtes, des monstres, des mots, c'était tout une faune, toute une grammaire qui maquillaient le terne désespoir des briques, des cicatrices purulentes de vie entaillée sur l'échine grise et glacée de la ville.
On écarta prudemment la porte comme les cuisses d'une vierge. Les gens zarbis pénétrèrent dans le bloc tatoué et descendirent l'escalier menant à la cave, scène sauvage de sous-sol qui accueillait ce soir, comme le montrait leur gueules tordues et leurs loques pourries, un public très averti ; la salle était si basse de plafond que les plus grands devaient se courber un peu pour pas se cogner. Problème, le spectacle durait à peu près trois heures et trois heures comme ça, à moitié plié en deux, ça laissait présgaer de sacrés courbatures
Vingt minutes plus tard, les spectateurs s'entassaient dans cette cave étroite et parmi eux, pas seulement des marginaux sales. On trouvait aussi l'élite bourgeoise de la culture berlinoise, sales eux-aussi, mais volontairement, contrairement aux autres. L'atmosphère était chargée d'une odeur de pourriture et de parfum délicat et tous les regards rivés sur la scène – une estrade ridicule éclairée par un néon rouge tout grésillant – guettaient l'arrivée tant attendu du performer star. Ce soir se tenait la troisième représentation du spectacle « Tortue Torture » alias « Die Schildkrote Folter » dans la douce langue d'Hitler. Pas de fenêtre ici, simplement trois barreaux et un trou d'air qui donnait sur le trottoir d'une rue voisine. La température grimpa rapidement.
Jean-Louis C. pointa son museau chafouin derrière les vieux rideaux poussiéreux qui séparaient la loge de la scène. Il était à poil et très maigre comme s'il avait pas bouffé depuis dix jours. Il se pointa avec un seau, s'avança sous les applaudissement du public, posa le seau sur l'estrade et s'installa dessus avec un journal pour poser sa pêche. Dans le public, l'émotion était palpable, c'était une prouesse d'une laide beauté hypnotique. Jean-Louis C. n'était qu'un assistant, un arménien scatophile dénué de toutes limites et quand les rideaux gigotèrent encore, un soupir ému parcourut l'assemblée. Enfin, Raphaël montra ses écailles et se déplaça lentement vers le centre du podium, l'air épuisé. Des plaies encore béantes luisaient sur son corps ; la rançon physique des représentations précédentes. Les spectateurs applaudirent respectueusement, ni trop fort, ni trop longtemps ; tous connaissaient ici le passé exceptionnel de la Tortue Ninja la moins consensuelle de la bande.
Raphaël accrocha des chaînes à ses poignets et chevilles. Jean-Louis C. se leva du pot pour celer les chaînes aux quatre pylônes de la structure métallique de fortune qui encadrait l'estrade et ramassa un fouet. Raphaël ne lutta pas. Il se contenta de baisser les yeux et ferma son visage, n'y laissant paraître aucune émotion. Jean-Louis C., les fesses encore dégoulinantes, fanfaronna autour de la Tortue en laissant claquer le fouet dans l'air et quand il se mit à fouetter le visage et le corps déjà meurtri du performer reptilien, un souffle horrifié parcourut le public. Cette violence inouïe s'installa dans la cave pendant plus de deux heures. Vers la fin, Raphaël avait perdu connaissance, ses pieds baignaient dans une flaque de sang et pour le réveiller, Jean-Louis C. lui envoya le sceau de merde en plein visage. Déjà, les trois-quart des gens avaient quitté la cave - trop insoutenable, ce truc - mais là, après cet acte barbare, seule une dizaine d'irréductibles prenaient des photos en s'extasiant ; pour eux, c'était la métaphore d'un monde dominé par la violence volontaire et la douleur d'exister en tant qu'être physiologiquement iconoclaste. De l'art pur, quoi.
Comme à la fin de chaque représentation, Jean-Louis C., son assistant et meilleur -seul- ami, le rapatria dans les coulisses, l'allongea et nettoya son corps défoncé par la fureur poétique. Peu à peu, le performer retrouvait son esprit.
-Alors... Les gens ont été écœuré ?
-Oh que oui, dit J-L, ça je peux vous le dire ! J'en ai même repéré un qui a gerbé, au fond de la salle.
-Cool...
C'était ce à quoi il aspirait ; faire vomir les gens. Trop de peine en lui. Douleur de vivre, douleur d'existence, fragilité absolue. Soudain, le téléphone de Jean-Louis vibra dans la poche kangourou de son slip en cuir clouté.
-Raph', c'est pour toi.
(Raphael)
Précédemment : Avant de mourir, Splinter révèle un secret d'une importance capitale à Léonardo. Pour lui, c'est le moment de réunir ses frères et de leur divulguer la terrible vérité en face-à-face. À force de recherches, il parvient enfin à joindre Donatello qui s'est exilé dans la Nozone pour enseigner la philosophie.
Quelques types chelous poirotaient en file indienne devant une vieille double-porte rouillée, fumant des clopes ou, pour les plus intrépides d'entre eux, gobant des trucs un peu moins légaux. Ils n'étaient pas très nombreux mais dans cette étroite ruelle, ça commençait à faire beaucoup. Autour d'eux, les murs avaient été entièrement transformé à coups de bombes de peintures et ruisselaient de couleurs vives. Des inscriptions, des têtes, des monstres, des mots, c'était tout une faune, toute une grammaire qui maquillaient le terne désespoir des briques, des cicatrices purulentes de vie entaillée sur l'échine grise et glacée de la ville.
On écarta prudemment la porte comme les cuisses d'une vierge. Les gens zarbis pénétrèrent dans le bloc tatoué et descendirent l'escalier menant à la cave, scène sauvage de sous-sol qui accueillait ce soir, comme le montrait leur gueules tordues et leurs loques pourries, un public très averti ; la salle était si basse de plafond que les plus grands devaient se courber un peu pour pas se cogner. Problème, le spectacle durait à peu près trois heures et trois heures comme ça, à moitié plié en deux, ça laissait présgaer de sacrés courbatures
Vingt minutes plus tard, les spectateurs s'entassaient dans cette cave étroite et parmi eux, pas seulement des marginaux sales. On trouvait aussi l'élite bourgeoise de la culture berlinoise, sales eux-aussi, mais volontairement, contrairement aux autres. L'atmosphère était chargée d'une odeur de pourriture et de parfum délicat et tous les regards rivés sur la scène – une estrade ridicule éclairée par un néon rouge tout grésillant – guettaient l'arrivée tant attendu du performer star. Ce soir se tenait la troisième représentation du spectacle « Tortue Torture » alias « Die Schildkrote Folter » dans la douce langue d'Hitler. Pas de fenêtre ici, simplement trois barreaux et un trou d'air qui donnait sur le trottoir d'une rue voisine. La température grimpa rapidement.
Jean-Louis C. pointa son museau chafouin derrière les vieux rideaux poussiéreux qui séparaient la loge de la scène. Il était à poil et très maigre comme s'il avait pas bouffé depuis dix jours. Il se pointa avec un seau, s'avança sous les applaudissement du public, posa le seau sur l'estrade et s'installa dessus avec un journal pour poser sa pêche. Dans le public, l'émotion était palpable, c'était une prouesse d'une laide beauté hypnotique. Jean-Louis C. n'était qu'un assistant, un arménien scatophile dénué de toutes limites et quand les rideaux gigotèrent encore, un soupir ému parcourut l'assemblée. Enfin, Raphaël montra ses écailles et se déplaça lentement vers le centre du podium, l'air épuisé. Des plaies encore béantes luisaient sur son corps ; la rançon physique des représentations précédentes. Les spectateurs applaudirent respectueusement, ni trop fort, ni trop longtemps ; tous connaissaient ici le passé exceptionnel de la Tortue Ninja la moins consensuelle de la bande.
Raphaël accrocha des chaînes à ses poignets et chevilles. Jean-Louis C. se leva du pot pour celer les chaînes aux quatre pylônes de la structure métallique de fortune qui encadrait l'estrade et ramassa un fouet. Raphaël ne lutta pas. Il se contenta de baisser les yeux et ferma son visage, n'y laissant paraître aucune émotion. Jean-Louis C., les fesses encore dégoulinantes, fanfaronna autour de la Tortue en laissant claquer le fouet dans l'air et quand il se mit à fouetter le visage et le corps déjà meurtri du performer reptilien, un souffle horrifié parcourut le public. Cette violence inouïe s'installa dans la cave pendant plus de deux heures. Vers la fin, Raphaël avait perdu connaissance, ses pieds baignaient dans une flaque de sang et pour le réveiller, Jean-Louis C. lui envoya le sceau de merde en plein visage. Déjà, les trois-quart des gens avaient quitté la cave - trop insoutenable, ce truc - mais là, après cet acte barbare, seule une dizaine d'irréductibles prenaient des photos en s'extasiant ; pour eux, c'était la métaphore d'un monde dominé par la violence volontaire et la douleur d'exister en tant qu'être physiologiquement iconoclaste. De l'art pur, quoi.
Comme à la fin de chaque représentation, Jean-Louis C., son assistant et meilleur -seul- ami, le rapatria dans les coulisses, l'allongea et nettoya son corps défoncé par la fureur poétique. Peu à peu, le performer retrouvait son esprit.
-Alors... Les gens ont été écœuré ?
-Oh que oui, dit J-L, ça je peux vous le dire ! J'en ai même repéré un qui a gerbé, au fond de la salle.
-Cool...
C'était ce à quoi il aspirait ; faire vomir les gens. Trop de peine en lui. Douleur de vivre, douleur d'existence, fragilité absolue. Soudain, le téléphone de Jean-Louis vibra dans la poche kangourou de son slip en cuir clouté.
-Raph', c'est pour toi.
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