Sharagon, Capitale du Duché de Sharagon
Par : Lirel
Genre : Fantastique
Status : C'est compliqué
Note :
Chapitre 1
Le Mariage (1)
Publié le 11/09/13 à 17:53:17 par Lirel
Le soleil avait largement entamé sa descente dans un ciel d'un bleu uni lorsque Lirel Toron arriva à sa demeure. Petite maison construite au centre de la ville c'est là que le Duc vivait en attente de construction de son Palais, il estimait que beaucoup de choses passaient avant cela. Le rez-de-chaussée de la maison était avant tout une petite salle de réception. Le Duc avait déjà laissé Tempête de Neige aux écuries et était revenu chez lui à pied accompagné de Rir, ce dernier avait été pendant longtemps un serviteur de la maison des Toringiens, il gérait autrefois l'approvisionnement du Manoir, poste qui néanmoins ne mettait pas à profit tous ses talents de gestionnaire. Le Duc avait naturellement décidé d'en faire son conseiller à l'économie. Rir lui faisait chaque soir un rapport détaillé sur l'activité économique du jour dans la cité. Une fois installés à une simple table en bois et un verre de vin sharagonais devant lui le Conseiller commença son rapport :
- Le marché a été plutôt calme aujourd'hui, la taxe sur les échanges n'a rapporté ce jour que 2 873 pièces d'or. Malgré l'activité calme de nombreux arrivages de Céloutata et Nouvel Ecensor, des chevaux de Marodia principalement et du blé des plaines de Céloutata. C'est à ce sujet toujours que je vous conseille d'orienter nos ouvriers sur la construction de fermes dignes de ce nom afin que nous ne soyons pas otages du blé étranger. Celui qui...
- Celui qui vous nourrit est aussi prompt à vous donner des ordres. Je le sais Rir, je te l'ai déjà dit : nous nous y attellerons plus tard, nous avons encore beaucoup à faire. La masse de travail est énorme. Au moins l'approvisionnement en blé de Céloutata ne semble pas aussi aléatoire que celui des pierres, c'est une bonne chose.
- J'allais y venir Seigneur, la plupart des chantiers étaient ce soir à cours de pierres, votre frère a bien évidemment réorienté les ouvriers. J'ai reçu ce matin un pigeon qui m'indiquait le départ de nos pierres de Céloutata, avec le trajet de près de deux jours cela va ralentir considérablement les travaux. Ce projet de route directe avance t-il seigneur ? Il devient de plus en plus indispensable afin d'éviter aux caravanes marchandes de faire un détour par Nouvel Ecensor.
- Le problème n'est pas de trouver un accord à ce sujet, il s'agit de tracer un itinéraire au milieu de terres hostiles, lesquelles appartiennent parfois sur la carte à Marodia et je doute qu'Eckwan soit très enthousiaste à l'idée de cette route puisqu'elle priverait Nouvel Ecensor du passage de ces marchandises et du revenu qu'il génère.
Le Duc se leva de table précipitamment :
- Je vous remercie Rir mais ce sera tout pour ce soir, je me sens épuisé. À demain.
L'autre ne broncha, il se contenta de vider son verre, d'assembler ses documents et de filer en lançant un «Bonsoir seigneur». Lirel décida de monta à l'étage dans sa chambre. C'était une pièce de taille modeste, dans laquelle tenait un lit simple, deux chaises, et un petit autel pour les prières quotidiennes du Duc. Une patère accrochée à la porte lui permettait aussi de suspendre ses vêtements. Il n'était pas réellement épuisé. Mais la pensée de son grand-père l'avait hanté toute la journée, et le simple contact du pommeau de son épée lui avait été insupportable, il n'avait malheureusement pas pu revenir ici plus tôt. Ses journées étaient pleines, il n'avait aucun repos. Il s'approcha de l'autel devant lequel il s'agenouilla. L'autel était disposé devant la grande fenêtre de sa chambre, ainsi que le voulait la coutume cela lui permettait un contact direct avec les étoiles. Il fit rapidement ses prières puis s'attarda devant l'autel, toujours très concentré. Il pouvait presque ressentir un lien avec son grand-père, il en était certain. Il ne se passait absolument rien, mais il le sentait, et cela l'apaisa. À son côté droit la Lame des Toringiens sembla soudain moins lourde, cette lame qui n'avait rien de celle d'un grand épéiste était la vieille lame de son grand-père, qu'il possédait et utilisait lors de la fondation d'Ecensor et lorsqu'il vainquit le tyran Matimat, une lame mal équilibrée et avec de nombreux défauts. Une lame que n'importe quel forgeron digne de ce nom aurait mis au rébus sans doute. Mais c'était la lame de toute une famille et il espérait à son tour la transmettre un jour. Parfois il espérait aussi qu'une expédition navale permettrait de retrouver l'ancien continent. Il n'en avait que peu de souvenirs et il était pourtant l'un de ceux qui en avaient vu le plus. D'autres fois il espérait presque que les flottes du ténébreux Sinnik accosteraient sur les côtes de l'une ou l'autre des nouvelles nations afin qu'il puisse venger tous les sacrifiés à son règne afin de laisser partir une poignée. Bien sûr, seul Marodia et Sharagon, voir Tricomin dont le dirigeant était un descendant du Duc Timon de Frilanka pourraient se sentir concernés par un tel combat. Keiron et Rakatas étaient des nations d'«indigènes» du nouveau monde. Sinnik... Les seules choses qu'il connaissait de cet homme, si on pouvait encore le qualifier ainsi étaient ce qu'il avait apprit dans les livres, dans les histoires contées par les plus vieux et par les histoires effrayantes racontées aux enfants par leur mères afin qu'ils finissent leur soupe lorsqu'il n'était alors qu'un enfant dans l'ancien monde. Mais leur navire avait dérivé d'île en île pendant sept ans sans aucun cap précis, nul n'avait jugé utile de consigner la route suivie lors de cette dérive.
Pourquoi ?
Son grand-père aurait du tuer Sinnik lorsqu'il l'avait pu, lors du siège de Cya, au risque de voir Ecensor plus dévastée qu'elle ne le fut inutilement puisque les hordes des ténèbres revinrent à peine quelques années plus tard, détruisant tout. Leur débandade et leur fuite aurait pu être éviter. N'aurait-il pas été si simple d'enfoncer sa lame dans le cœur sombre de cet homme lorsque Toron premier du nom fut face à lui dans la vallée surplombée par la ville sombre, entourés par les mages rouges, les nains et les forces de Marodia ?
Personne ne lui avait raconté cette bataille et ce moment, mais il semblait parfois que des souvenirs qui ne lui appartenaient pas s’immisçaient dans son esprit.
Lirel Toron s'écarta finalement de l'autel, il ne savait pas combien de temps il était resté ainsi, perdu intérieurement. Il s'étala sur le lit et s'endormit.
- Le marché a été plutôt calme aujourd'hui, la taxe sur les échanges n'a rapporté ce jour que 2 873 pièces d'or. Malgré l'activité calme de nombreux arrivages de Céloutata et Nouvel Ecensor, des chevaux de Marodia principalement et du blé des plaines de Céloutata. C'est à ce sujet toujours que je vous conseille d'orienter nos ouvriers sur la construction de fermes dignes de ce nom afin que nous ne soyons pas otages du blé étranger. Celui qui...
- Celui qui vous nourrit est aussi prompt à vous donner des ordres. Je le sais Rir, je te l'ai déjà dit : nous nous y attellerons plus tard, nous avons encore beaucoup à faire. La masse de travail est énorme. Au moins l'approvisionnement en blé de Céloutata ne semble pas aussi aléatoire que celui des pierres, c'est une bonne chose.
- J'allais y venir Seigneur, la plupart des chantiers étaient ce soir à cours de pierres, votre frère a bien évidemment réorienté les ouvriers. J'ai reçu ce matin un pigeon qui m'indiquait le départ de nos pierres de Céloutata, avec le trajet de près de deux jours cela va ralentir considérablement les travaux. Ce projet de route directe avance t-il seigneur ? Il devient de plus en plus indispensable afin d'éviter aux caravanes marchandes de faire un détour par Nouvel Ecensor.
- Le problème n'est pas de trouver un accord à ce sujet, il s'agit de tracer un itinéraire au milieu de terres hostiles, lesquelles appartiennent parfois sur la carte à Marodia et je doute qu'Eckwan soit très enthousiaste à l'idée de cette route puisqu'elle priverait Nouvel Ecensor du passage de ces marchandises et du revenu qu'il génère.
Le Duc se leva de table précipitamment :
- Je vous remercie Rir mais ce sera tout pour ce soir, je me sens épuisé. À demain.
L'autre ne broncha, il se contenta de vider son verre, d'assembler ses documents et de filer en lançant un «Bonsoir seigneur». Lirel décida de monta à l'étage dans sa chambre. C'était une pièce de taille modeste, dans laquelle tenait un lit simple, deux chaises, et un petit autel pour les prières quotidiennes du Duc. Une patère accrochée à la porte lui permettait aussi de suspendre ses vêtements. Il n'était pas réellement épuisé. Mais la pensée de son grand-père l'avait hanté toute la journée, et le simple contact du pommeau de son épée lui avait été insupportable, il n'avait malheureusement pas pu revenir ici plus tôt. Ses journées étaient pleines, il n'avait aucun repos. Il s'approcha de l'autel devant lequel il s'agenouilla. L'autel était disposé devant la grande fenêtre de sa chambre, ainsi que le voulait la coutume cela lui permettait un contact direct avec les étoiles. Il fit rapidement ses prières puis s'attarda devant l'autel, toujours très concentré. Il pouvait presque ressentir un lien avec son grand-père, il en était certain. Il ne se passait absolument rien, mais il le sentait, et cela l'apaisa. À son côté droit la Lame des Toringiens sembla soudain moins lourde, cette lame qui n'avait rien de celle d'un grand épéiste était la vieille lame de son grand-père, qu'il possédait et utilisait lors de la fondation d'Ecensor et lorsqu'il vainquit le tyran Matimat, une lame mal équilibrée et avec de nombreux défauts. Une lame que n'importe quel forgeron digne de ce nom aurait mis au rébus sans doute. Mais c'était la lame de toute une famille et il espérait à son tour la transmettre un jour. Parfois il espérait aussi qu'une expédition navale permettrait de retrouver l'ancien continent. Il n'en avait que peu de souvenirs et il était pourtant l'un de ceux qui en avaient vu le plus. D'autres fois il espérait presque que les flottes du ténébreux Sinnik accosteraient sur les côtes de l'une ou l'autre des nouvelles nations afin qu'il puisse venger tous les sacrifiés à son règne afin de laisser partir une poignée. Bien sûr, seul Marodia et Sharagon, voir Tricomin dont le dirigeant était un descendant du Duc Timon de Frilanka pourraient se sentir concernés par un tel combat. Keiron et Rakatas étaient des nations d'«indigènes» du nouveau monde. Sinnik... Les seules choses qu'il connaissait de cet homme, si on pouvait encore le qualifier ainsi étaient ce qu'il avait apprit dans les livres, dans les histoires contées par les plus vieux et par les histoires effrayantes racontées aux enfants par leur mères afin qu'ils finissent leur soupe lorsqu'il n'était alors qu'un enfant dans l'ancien monde. Mais leur navire avait dérivé d'île en île pendant sept ans sans aucun cap précis, nul n'avait jugé utile de consigner la route suivie lors de cette dérive.
Pourquoi ?
Son grand-père aurait du tuer Sinnik lorsqu'il l'avait pu, lors du siège de Cya, au risque de voir Ecensor plus dévastée qu'elle ne le fut inutilement puisque les hordes des ténèbres revinrent à peine quelques années plus tard, détruisant tout. Leur débandade et leur fuite aurait pu être éviter. N'aurait-il pas été si simple d'enfoncer sa lame dans le cœur sombre de cet homme lorsque Toron premier du nom fut face à lui dans la vallée surplombée par la ville sombre, entourés par les mages rouges, les nains et les forces de Marodia ?
Personne ne lui avait raconté cette bataille et ce moment, mais il semblait parfois que des souvenirs qui ne lui appartenaient pas s’immisçaient dans son esprit.
Lirel Toron s'écarta finalement de l'autel, il ne savait pas combien de temps il était resté ainsi, perdu intérieurement. Il s'étala sur le lit et s'endormit.
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