Pierce_Hunter._Recits_d_un_detective.
Par : Pseudo supprimé
Genre : Inconnu
Status : C'est compliqué
Note :
Chapitre 1
"Monotonie"
Publié le 19/08/13 à 01:17:31 par Pseudo supprimé
J'ouvre les yeux. Au dessus de moi, le plafond gris, écaillé. Je prend une longue inspiration avant de me décider enfin à tourner mon regard vers mon bras gauche, constellé des stigmates de mes piqûres. Lentement, je dénoue l'élastique qui comprime mes veines, et je sens enfin le sang parcourir tout mon bras dans un picotement désagréable. Tout autour de moi, le temps semble s'être arrêté. Je n'entend aucun bruit, si ce n'est le grondement lointain et sourd de la circulation. Dans un effort qui me semble surhumain, je me jette hors du lit, titubant jusqu'à la fenêtre. Mon élan brutal et la drogue qui circule dans mon sang me fait tourner la tête, et je vacille à chaque pas. Finalement, trébuchant, je tombe lourdement sur l'appui de fenêtre. A travers les vitres encrassées, je ne distingue qu'un ciel aussi gris que les murs nus qui me cernent. Rien n'a changé depuis hier. Mélancolique, je me jette dans un fauteuil en lambeaux dont le rembourrage s'étale chaque jour un peu plus sur le sol encombré de la pièce étroite qui me sert d'appartement. A quoi bon continuer. Jour après jour, je vis les même journées, longues, et le seul réconfort aux angoisses et à la profonde solitude qui s'insinue jusque dans ma peau se trouve dans ces seringues trainant çà et là dans la pièce obscure. Dans un accès de rage, je renverse la table, couverte de notes, de photographies et d'articles de journaux. Je sais qu'un jour, je ne supporterai plus ce train de vie. Je retombe dans le fauteuil, et je me rappelle de cette nuit. Du long cri déchirant dans la nuit. Des lumières bleues tournant dans les ombres et des hurlements des sirènes.
Après mon euphorie passagère, je m'enfonce plus encore dans le fauteuil. Les crimes sont monnaie courante ici, et aucun ne présente le moindre intérêt pour moi. Aucun mystère. Le coupable sera certainement attrapé dans les jours prochains, peut-être même ce soir. C'est comme à chaque fois, lorsque j'espère en vain qu'enfin une affaire intéressante me tirera de l'état dépressif dans lequel je me trouve. A tâtons, je cherche sur la table le petit casse tête de bois et je le démonte avant de le résoudre encore une fois. Puis je le lâche, le faisant rouler sous la table. Vraiment, rien ne me distrait aujourd'hui. Pour je ne sais quelle raison, je continue à penser au long hurlement dans la nuit. Curieusement, il ne me semble pas anodin, et, pour une partie de moi même, il est presque impératif découvrir ce qui est arrivé. Je me lève.
Je descend les escaliers, lentement. A chaque pas, je cherche les marches, une à une, trébuchant souvent. Mes jambes sont lourdes des effets de la drogue et de la torpeur de ces dernières semaines. Elles réussissent finalement à me porter jusque la porte de mon immeuble, après avoir descendu sept étages. Je l'ouvre finalement, respirant pour la première fois depuis plus d'un mois de l'air frais, et, si le ciel est gris, la lumière du jour m'aveugle. Mes yeux ont déjà pris l'habitude de le semi-obscurité dans laquelle j'étais plongé. Il me faut près de trente secondes pour distinguer enfin la scène macabre qui se joue devant moi. Des rubans entourent tout un angle de la cour. A côté, deux personnes adossées à une voiture de polie sont en pleine discussion, la mine grave. Pendant un instant, je n'ose pas porter mon regard sur le sol, lequel est couvert d'une longue trainée de sang. Quelque mètres plus loin, au pied d'un arbre, une silhouette dessinée à la craie contraste avec le noir du bitume. Soudain, le ton monte entre les deux enquêteurs. Sans entendre quoique ce soit de précis, je me rend compte qu'ils piétinent et qu'ils n'ont pour l'instant aucun élément leur permettant de reconstituer le crime de la veille. Il semblerait en fait que ce crime ne soit pas totalement dénué d'intérêt. Bien qu'il passerait inaperçu dans un journal, mon instinct me dit qu'il est atypique. Je dois trouver un moyen de leur parler coûte que coûte. J'ai peut-être enfin une chance de rompre la monotonie des mois passés.
«Je crois que je connais la victime.» J'ai parlé suffisamment fort pour qu'ils m'entendent, et je les vois intéressés. Après tout, je ne mens pas. Le plus âgé s'approche, boitant légèrement.
«Que savez vous sur la victime ?
-C'est une femme. Elle se prostitue ici.»
Il jette un coup d'oeil à son compagnon. J'ai visiblement vu juste et c'est bien cette femme que j'ai aperçu à plusieurs reprises qui a été tuée.
«Vous connaissez son nom ?
-Non. Je ne lui ai pas souvent parlé. Je sais seulement que c'est la personne la plus susceptible d'avoir été ici à ce moment là.
-Je vois... Savez vous autre chose qui pourrait nous être utile ?» Je comprend aussitôt que je dois sauter sur l'occasion d'examiner son corps et de déterminer les conditions dans lesquelles elle à été tuée. D'un ton détaché, je lui répond que si il me permettait de la voir, je pourrai identifier le corps. Il refuse. Je n'ai d'autre choix que de passer à l'offensive alors qu'il repart vers sa voiture.
«Je sais que vous ne savez rien. Vous n'avez aucun élément !» Il se retourne, étonné et certainement gêné. «Vous n'avez pas son nom, je sais donc que vous n'avez trouvé aucun document pouvant indiquer son identité sur elle. Vous n'avez pas non plus le moindre indice sur la scène de crime. Si vous acceptez mon aide, si vous acceptez de me laisser avoir un accès à son corps, je pourrai vous aider à faire la lumière sur...
-Ca suffit ! me coupe le second inspecteur, C'est notre travail, reprend-il.
-Le corps a été trainé après la mort de la victime, sur une distance d'environ un mètre cinquante de l'endroit ou vous l'avez retrouvé. Trois mètres plus tôt, elle est tombée à quatre pattes et a essayé de reprendre son souffle. Elle s'est effondrée en essayant de se relever, et je suis prêt à vous parier que vous avez retrouvé son crane maculé de sang.» Tous deux ont un mouvement de recul.
«Le sang forme une ligne presque régulière légèrement avant le tracé à la craie. Cela indique que le déplacement a été droit jusque l'endroit ou vous avez retrouvé le corps». Je leur explique mon raisonnement pas à pas. «Encore avant, alors que l'écoulement de sang était anarchique, il laisse cinq espaces totalement immaculés, définissant les zones couvertes par les membres de la victime. Aussi, en regardant attentivement, on reconnaît la forme de deux doigts dépasser d'une tache de sang plus grosse. Elle s'est certainement touché la plaie avant de tomber. Ici, le sang s'est étalé, certainement sous la pression d'un pied, m'indiquant qu'elle est tombée de nouveau. Un peu plus au dessus, des taches de sang isolées sont visibles. Ce sang ne peut pas venir de sa blessure initiale. Je pense qu'elle s'est ouvert le crane. Elle a ensuite été trainée jusque là.» Ma démonstration n'apporte rien de concret à l'enquête, mais elle a le mérite d'étonner les deux hommes qui me font face, et j'espère sincèrement qu'ils accepteront que je m'associe à eux.
L'un d'eux, celui qui semble être le chef, me fait un signe de tête.
«Suivez nous.»
Après mon euphorie passagère, je m'enfonce plus encore dans le fauteuil. Les crimes sont monnaie courante ici, et aucun ne présente le moindre intérêt pour moi. Aucun mystère. Le coupable sera certainement attrapé dans les jours prochains, peut-être même ce soir. C'est comme à chaque fois, lorsque j'espère en vain qu'enfin une affaire intéressante me tirera de l'état dépressif dans lequel je me trouve. A tâtons, je cherche sur la table le petit casse tête de bois et je le démonte avant de le résoudre encore une fois. Puis je le lâche, le faisant rouler sous la table. Vraiment, rien ne me distrait aujourd'hui. Pour je ne sais quelle raison, je continue à penser au long hurlement dans la nuit. Curieusement, il ne me semble pas anodin, et, pour une partie de moi même, il est presque impératif découvrir ce qui est arrivé. Je me lève.
Je descend les escaliers, lentement. A chaque pas, je cherche les marches, une à une, trébuchant souvent. Mes jambes sont lourdes des effets de la drogue et de la torpeur de ces dernières semaines. Elles réussissent finalement à me porter jusque la porte de mon immeuble, après avoir descendu sept étages. Je l'ouvre finalement, respirant pour la première fois depuis plus d'un mois de l'air frais, et, si le ciel est gris, la lumière du jour m'aveugle. Mes yeux ont déjà pris l'habitude de le semi-obscurité dans laquelle j'étais plongé. Il me faut près de trente secondes pour distinguer enfin la scène macabre qui se joue devant moi. Des rubans entourent tout un angle de la cour. A côté, deux personnes adossées à une voiture de polie sont en pleine discussion, la mine grave. Pendant un instant, je n'ose pas porter mon regard sur le sol, lequel est couvert d'une longue trainée de sang. Quelque mètres plus loin, au pied d'un arbre, une silhouette dessinée à la craie contraste avec le noir du bitume. Soudain, le ton monte entre les deux enquêteurs. Sans entendre quoique ce soit de précis, je me rend compte qu'ils piétinent et qu'ils n'ont pour l'instant aucun élément leur permettant de reconstituer le crime de la veille. Il semblerait en fait que ce crime ne soit pas totalement dénué d'intérêt. Bien qu'il passerait inaperçu dans un journal, mon instinct me dit qu'il est atypique. Je dois trouver un moyen de leur parler coûte que coûte. J'ai peut-être enfin une chance de rompre la monotonie des mois passés.
«Je crois que je connais la victime.» J'ai parlé suffisamment fort pour qu'ils m'entendent, et je les vois intéressés. Après tout, je ne mens pas. Le plus âgé s'approche, boitant légèrement.
«Que savez vous sur la victime ?
-C'est une femme. Elle se prostitue ici.»
Il jette un coup d'oeil à son compagnon. J'ai visiblement vu juste et c'est bien cette femme que j'ai aperçu à plusieurs reprises qui a été tuée.
«Vous connaissez son nom ?
-Non. Je ne lui ai pas souvent parlé. Je sais seulement que c'est la personne la plus susceptible d'avoir été ici à ce moment là.
-Je vois... Savez vous autre chose qui pourrait nous être utile ?» Je comprend aussitôt que je dois sauter sur l'occasion d'examiner son corps et de déterminer les conditions dans lesquelles elle à été tuée. D'un ton détaché, je lui répond que si il me permettait de la voir, je pourrai identifier le corps. Il refuse. Je n'ai d'autre choix que de passer à l'offensive alors qu'il repart vers sa voiture.
«Je sais que vous ne savez rien. Vous n'avez aucun élément !» Il se retourne, étonné et certainement gêné. «Vous n'avez pas son nom, je sais donc que vous n'avez trouvé aucun document pouvant indiquer son identité sur elle. Vous n'avez pas non plus le moindre indice sur la scène de crime. Si vous acceptez mon aide, si vous acceptez de me laisser avoir un accès à son corps, je pourrai vous aider à faire la lumière sur...
-Ca suffit ! me coupe le second inspecteur, C'est notre travail, reprend-il.
-Le corps a été trainé après la mort de la victime, sur une distance d'environ un mètre cinquante de l'endroit ou vous l'avez retrouvé. Trois mètres plus tôt, elle est tombée à quatre pattes et a essayé de reprendre son souffle. Elle s'est effondrée en essayant de se relever, et je suis prêt à vous parier que vous avez retrouvé son crane maculé de sang.» Tous deux ont un mouvement de recul.
«Le sang forme une ligne presque régulière légèrement avant le tracé à la craie. Cela indique que le déplacement a été droit jusque l'endroit ou vous avez retrouvé le corps». Je leur explique mon raisonnement pas à pas. «Encore avant, alors que l'écoulement de sang était anarchique, il laisse cinq espaces totalement immaculés, définissant les zones couvertes par les membres de la victime. Aussi, en regardant attentivement, on reconnaît la forme de deux doigts dépasser d'une tache de sang plus grosse. Elle s'est certainement touché la plaie avant de tomber. Ici, le sang s'est étalé, certainement sous la pression d'un pied, m'indiquant qu'elle est tombée de nouveau. Un peu plus au dessus, des taches de sang isolées sont visibles. Ce sang ne peut pas venir de sa blessure initiale. Je pense qu'elle s'est ouvert le crane. Elle a ensuite été trainée jusque là.» Ma démonstration n'apporte rien de concret à l'enquête, mais elle a le mérite d'étonner les deux hommes qui me font face, et j'espère sincèrement qu'ils accepteront que je m'associe à eux.
L'un d'eux, celui qui semble être le chef, me fait un signe de tête.
«Suivez nous.»
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