<h1>Noelfic</h1>

Trois_nuits_a_tuer


Par : Pseudo supprimé

Genre : Inconnu

Status : C'est compliqué

Note :


Chapitre 7

Nuit du 09/10/09 (Partie 3)

Publié le 19/08/13 à 01:16:12 par Pseudo supprimé

_Splendide. Baroque de bout en bout !
_Baroque ? Classique !
_La musique s’inscrit dans le classicisme viennois, certes, mais la mise en scène est baroque. Incontestablement !
_Vous avez l’air si convaincue. Je suis troublée.
_Exagération du mouvement, surcharge décorative, effets dramatiques, tension, exubérance et grandeur. Tout y était.
_Je n’ai rien vu de cela.
_Regardiez-vous la scène au moins ?

Plaisant à espionner les discussions des buveurs de champagne, Anna et Raymond faufilent leurs oreilles dans le hall du théâtre. Luttant pour ne pas rire trop fort, et, affichant si découvert, un vif intérêt pour la mathématique des ogives.

_Voyez madame, comme les mesures de cette voûte sont précises. Un centimètre mal placé, et le tout s’effondre.
_Mon dieu ! C’est effrayant et magnifique.
_La beauté survient lorsque les mesures sont parfaites.
_Oui ?
_Voyez celles de votre visage madame, elles forment une…
_Une ?
_Une perfection ! En tout point.
_C’est bon, ils ne nous regardent plus.
_Il était temps, la chaleur prenait mon corps. C’est vrai que tu es belle.
_Sortons nous rafraîchir.

Le ciel à séché ses nuages. Les reflets du bitume et les fragrances humides sont les derniers vestiges de ses larmoiements. La voûte noire est à nouveau sereine, la lune et ses enfants peuvent briller de toute leur force.

_Si tu devais résumer ta situation, ton ménage, en un mot, tu choisirais lequel ?
_Confortable.
_Ce n’est pas la poésie que j’attendais, ni la fougue.
_Parce que c’est poétique de ton coté ? C’est fougueux ?
_Je n’irais pas jusque là.
_C’est confortable d’avoir une chose à quoi s’accrocher, sans failles. Peu importe que mes ramures s’étendent, mes racines me soutiendront toujours.
_C’est agréable d’avoir quelqu’un qui s’occupe de toi, et dont tu peux t’occuper.
_Ce n’est pas poétique. Ni fougueux. C’est doux. Et je n’abandonnerais cette douceur, cette quiétude, pour rien au monde.
_Et le grand mot ?
_L’amour ?
_Il y trouve sa place ?
_Si tu l’aimes, ton mari, c’est le principal. C’est mieux ! Encore que, tout dépend de la définition de l’amour. Celle que tu vas donner, du vôtre.
_On a eu un beau mariage. Une belle église, une belle robe. Une fête grandiose. Jamais je n’aurais imaginé ça, pour moi.
_C’était le rêve de la petite fille qui dormait ?
_Il fallait voir les yeux de ma mère quand Édouard m’a passé la bague au doigt. Ils brillaient ses yeux, comme des étoiles. Ceux de mon père aussi, ceux de la belle famille. Une voix lactée de bonheur.

Le cou d’Anna se détend pour bercer lentement sa tête d’une épaule à l’autre, une respiration passe dans le mouvement. Puis ses yeux fixent à nouveau le ciel, et sa nef de loupiottes qui clignotent au travers des nuages.

_Tu veux la vérité Anna ? J’ai eu le même. La robe, l’église, les larmes. Identiques.
_Tu as des enfants ?
_Une petite fille.
_Comment s’appelle-t-elle ?
_Constance.
_C’est joli Constance.
_Un joli nom pour un joli cœur.
_Mon mari veut un enfant.
_Et toi ?
_Si c’est un garçon, il a pensé à Maxime.
_Ma foi.
_Allons, l’entracte est fini.
_Mozart nous attend.

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