8 jours plus tard, dans un hélicoptère UH-60 Black Hawk.
République du Soudan – A 4km d'un village du Darfour.

« Je supporte pas cette chaleur... »
L'homme qui avait soufflé cette phrase se nommait Dimitri, un slave membre du groupe depuis plusieurs années. Il suait abondamment ainsi que tous l'équipage de l'hélicoptère, ce qui était compréhensible. La température excédait facilement les 40°C. Les 6 hommes et le pilote, Rook, discutaient tranquillement par dessus le bruit de l'hélicoptère.
« Sincèrement, je pense que l'Afrique est le continent que je déteste le plus. » maugréa Dimitri.
« Ah? Je vois pas pourquoi. » sourit ironiquement Thrace.
« C'est vrai, qui peut bien détester la chaleur mortelle, le sable omniprésent et la paix durable et éternelle de cette belle Afrique? » ajouta théâtralement un certain Dino.
« Les gars, on arrive à 2 kilomètres de la Zone d'Atterrissage. Préparez vous à sortir. » annonça Rook.
Thrace vérifia attentivement son matériel, plaçant un chargeur dans son fusil d'assaut, une M4A1 qu'il arma tout en comptant son nombre de chargeurs. Cinq chargeurs au total pour le fusil plus deux pour son pistolet, ce qui était amplement suffisant pour la mission qui se présentait. Le Black Hawk se positionna en vol stationnaire à deux mètres du sol. Tous les membres de l'équipage sautèrent au sol, se réceptionnant parfaitement. D'un geste, un des hommes appelé Jacob confirma au pilote que tout était bon et l'hélicoptère s'éloigna. Thrace se rebriefa mentalement, encore une fois. La guerre civile au Darfour s'envenimait depuis des années, enchainant les génocides et les massacres sans discontinuer. Un chef de guerre, un dénommé Budamwee se trouvait dans ce village, et quelqu'un avait payé a prix d'or pour son élimination. La mission était donc un assassinat en bonne et due forme. Une fois tué, le groupe devra s'exfiltrer à travers un village entièrement hostile et rejoindre la zone d'évacuation ou Rook les récupèrera.
« Je vais me placer, on se retrouve plus tard mesdames. » dit Gray, le tireur d'élite du groupe.
« Planqué » lui répondit Dino.
« Ça se cache a 500 mètres et ça parle » railla un certain Ozryel.

Partout le paysage n'était que désolation, un immense désert ou poussaient un ou deux arbres desséchés et rachitiques. Le village n'était qu'un rassemblement de plusieurs huttes, quelques cabanes et seulement un bâtiment en pierre, abritant une trentaine d'hommes, tous lourdement armés . Ozryel rajusta sa chèche enroulée autour de sa tête et soupira:
« Parfois je l'envie, ce Gray... » murmura-t-il d'une voix où perçai une pointe de lassitude.
« Bon, allons-y. » annonça Jacob après lui avoir accordé un regard.
Le groupe de mercenaires se mit en marche au pas de course, suant abondamment sous un soleil de plomb.
Gray pour sa part s'était écarté de 500 mètre a l'ouest du village. Il arriva au pied d'un arbre et l'examina. Environ haut d'à peu 4 mètres, il disposait de nombreuses branches dénuées de feuilles. Il inspira et entreprit de l'escalader. Un bruit sinistre se fit entendre lorsqu'il prit appui sur une branche pour se hisser. Il jura entre ses dents et corrigea son mouvement, grimpant avec agilité jusqu'au sommet. Là, il s'assit sur une branche et attrapa son fusil qui était accroché à une sangle dans son dos. Sa position était stable, il était assez haut pour avoir un bon visuel sur le village mais ce soleil le tuait. Il étouffait sous ce foulard beige qui lui couvrait la tête, mais c'était un excellent moyen de se protéger du soleil. Le sniper sourit en pensant a Thrace. La recrue était talentueuse, y avait aucun doute. Un garçon qui lui rappelait comment il était quand lui même avait intégré le groupe. Ancien opérateur dans les Delta Forces américaines en temps que tireur d'élite, Gray travaillait désormais en temps que mercenaire avec ce celui ci depuis trois ans. Les premières détonations le tirèrent de ses souvenirs. Il épaula son fusil et regarda dans sa lunette, une Schmidt & Bender.

Dans le village, l'assaut avait commencé. Les coups de feu et les tirs croisés partaient dans toutes les directions. Thrace, abrité derrière une des deux voitures du camps rechargeait son fusil avec calme tandis que les tirs criblaient la carrosserie d'impacts. Ce n'était pas la première fois qu'on lui tirait dessus, et l'imbécile qui l'arrosait était largement moins bien entrainé que la plupart de ses anciens ennemis. Il vidait son chargeur sans réfléchir et bientôt, il fut obligé de changer son chargeur vide avec des gestes précipités et imprécis. Tout l'inverse de Thrace, qui se releva avec fluidité et lui fit exploser le crâne d'une seule balle. Un autre subit le même sort dans la dizaine de seconde qui suivit. A sa droite, il aperçu du coin de l'oeil Ozryel qui entrait dans le bâtiment principal où s'abritait le chef de guerre. Un garde lui sauta dessus aussitôt que le mercenaire franchit la porte. Une lourde machette entre les mains, il pesait au moins 20 kilos de plus que lui. Ozryel intercepta la main qui tenait la machette partie dans un mouvement sensé le décapiter et dans un même geste fluide il sortit son propre poignard de son étui accroché à sa cuisse. La lame noire partiellement crantée s'enfonça sous le menton du garde qui s'effondra. Avant même que sa tête n'ai touché le sol, le mercenaire était déjà à l'étage suivi par deux de ses camarades. Il aperçu la cible, Bumdawee, accroupit dos au mur, tremblant, protégeant son visage dans une attitude de repli dérisoire. Sans un mot, Ozryel rangea son poignard et sorti son pistolet a la place, un Beretta 92F dont il arma le chien. La balle transperça la main du chef de guerre pour finir sa course dans le crâne de celui ci. Il glissa contre le mur, sans vie.
« Ici Ozry, la cible est éliminée, ramène toi Rook » dit-il dans sa radio.
« Bien reçu, j'arrive dans 4 minutes. »

Dehors, la situation n'avait pas changée. Épaulés par Gray, les membres du commando tuaient inlassablement les gardes de Bumdawee. Rapidement, la résistance diminua. L'hélicoptère de Rook se fit bientôt entendre.
« On y va, on rejoint la zone d'évac'! » cria Jacob.
« On balance les fumigènes! »
Dimitri attrapa une grenade accrochée a son gilet et la lança, imité par ses cinq camarades. Un épais nuage de fumée se répandit, empêchant toute visibilité.
Quand le BlackHawk redécolla, la fumée ne s'était toujours pas dégagée. Ozryel essuya la lame trempée de sang de son couteau et contempla le village et s'épongea son visage en sueur.
« Je supporte pas cette chaleur... »