Note de la fic : Non notée

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Par : Pseudo supprimé
Genre : Inconnu
Statut : C'est compliqué



Chapitre 27 : 27 - Adieu


Publié le 19/08/2013 à 01:11:24 par Pseudo supprimé

Où suis-je ?
Je ne sens rien... il me semble flotter, comme dans un éther confortable.
Mon esprit est engourdi, lent et grippé. Je pense ouvrir les yeux, mais le noir est partout. Je pense les fermer, mais rien ne change. Je sais que je dois analyser ce qui est en train de m'arriver, mais les informations s'engorgent et se percutent, bribes mélangées, éclats de conscience au rabais finalement incontrôlables. Je sais cela, je le sens, mais c'est apaisé, sans passion.

Je ne me pose pas la question sur «qui je suis», ça je le sais et là n'est pas mon inquiétude, mais où, quand, comment suis-je ! Car le noir est partout, autours de moi et en moi. Suis-je mort pour être à ce point déconnecté de mes sens physiques ? Suis-je dans le coma ? Je n'arrive pas à obtenir ce genre d'informations, je suis comme débranché de mon système sensitif...

Pourtant, il me semble que la lumière revient lentement, si lentement... je ne la ressens pas mais je perçois des couleurs qui dans un mélange venu du flou prennent netteté et contours, c'est brusque mais sans violence, c'est fugace mais collant, comme la projection saccadée d'un vieux film de pellicule en cellulose... qu'est-ce donc ? Je vois sans comprendre, entre les lueurs rémanentes qui passent devant moi et s'empilent dans mon esprit, si proches pourtant insaisissables et les images auxquelles ma conscience tente de se raccrocher... images en boucles, échos photographiques.
Comme si cela avait un sens ! Comme si je devais trouver le moyen ou une raison pour passer à la séquence suivante. Je suis prisonnier d'un kaléidoscope mémoriel car ce que je vois défiler sur l'écran pale de mon esprit, ce sont bien des souvenirs... même ces images qui commencent à devenir bien nettes et colorées échappent à ma volonté.
Victime d'un projectionniste, tortionnaire intime et sélectif.
Je crois que j'ai mal... mais en ce moment, seule cette rétine imaginaire souffre sous le stroboscope de ce que je pense être mes dernières heures de vivant. Sans doute suis-je mort ou en passe de l'être, sans doute suis-je en train de vivre là, s'il m'est encore permi d'utiliser le mot "vivre", mon départ de ce monde à l'aide de ce défilé vertigineux de cartes postales lumineuses et animées.
Je vois, un corps d'enfant, écrasé sur des pierres, je vois des bras, sans doute mes bras, s'en saisir et je vois le chemin défiler vers le haut, je vois une silhouette qui tente de m'agripper, qui m'aide à porter ce funeste fardeau, je vois des arbres, tout va très vite, tout se répète, je revois ce corps d'enfant, je sens que je marche, que je monte vers la forêt. Cette succession d'images fait mal, ça va vite, ça percute une pseudo rétine, ça percute une pseudo raison, car je sais que j'ai mal, mais je ne ressens rien et je ne peux rien stopper, comme une chute dans un puits d'images photographiées par mes yeux.
Je vois des mains qui posent ce corps d'enfant près d'un chemin, je vois défiler des ombres et de la lumière à travers les feuilles... je me vois tomber, rouler au bas d'une pente et percuter violemment une souche, je vois un visage affolé se pencher vers cet objectif invisible que je devine avoir été mes yeux, il me regarde, je sais que je connais ce visage, cette femme, il y a de la bonté dans son regard... elle me parle, mais nul son ne me parvient... je vois l'affolement et la peur, je me sens traîné sous un arbre mort, caché, je ne vois plus rien et je sais que le choc m'empêche de respirer, les images redeviennent floues.
A nouveau ces images reviennent, le corps, la fuite, la chute, le choc... avec d'autres détails, je vois les étoiles, je vois des éclairs rayer la nuit, je vois un véhicule jaillir dans les airs et après une éternité à planer s'écraser près de moi, je ne peux sortir de la boucle de ces images, je commence à ressentir la douleur. Je vois un homme, un militaire, démembré, couvert de sang, tendre vers moi son visage constellé de verre, chaque éclat est un diamant rayonnant de la lumière des flammes du feu naissant, mortelle parure. Je vois une main crispée se tendre vers une pochette rouge, je vois cet homme mourir, mourir sans s'en rendre compte... sans doute a-t'il vu ce que je vois moi même en ce moment. Suis-je comme lui un vivant coincé entre la vie et son abandon ? un presque cadavre dont le cerveau moribond se vide de son électricité en ravivant d'une dernière décharge des connexions mémorielles... je ne peux pas penser tant mes visions sont fortes et autoritaires, comme Alex DeLarge, je ne peux me soustraire à ce traitement « Ludovico ».
Je vois la femme, se diriger vers les corps, elle est affolée, elle panique, puis elle change de comportement, elle cherche, observe, je la vois prendre la pochette rouge, je la vois lire, tourner les pages avec angoisse et frénésie, je la vois me regarder, surveiller les alentours, lire encore à la lumière du moteur en flamme. Je ne comprends pas bien ses actes, elle garde la pochette, elle semble se baisser sur les corps sans vie, les retourne, semble ramasser des choses, en charger les poches de sa veste, ce moment semble durer, elle fouille, remue... mes yeux imaginaires me brûlent. La femme reviens vers moi, je la connais, je vois ses lèvres bouger, mais le son n'existe plus dans mon monde, elle me secoue, tire ma veste, me bouscule, me parle encore et encore... le sentier défile à nouveau, je le connais, nous redescendons vers notre point de départ, là où l'enfant est mort, je vois une entrée, noire, froide, à nouveau ce visage de femme en face de moi, elle parle, elle répète, elle pleure, elle me montre des choses, la pochette, des feuilles, un stylo, un objet noir en métal, des cartes... c'est confus, je sens l'importance du moment mais je ne peux que la regarder, pas la comprendre, je vois la silhouette s'éloigner, se retourner à de multiples reprises, je vois des larmes sur ce visage que je trouve beau et qui me déchirent un peu plus... j'aimerai tant comprendre... mais quelque chose change, les images viennent de disparaître et le noir ne l'est plus autant.
Devant moi, je devine une clarté, c'est nouveau et c'est différent, je la ressens en moi, pas autours.
Je crois que j'ai peur.
Serait-ce La clarté ? Le mythologique tunnel de lumière fin de toute vie humaine ? l'entrée du monde inconnu que chacun devra franchir ? Comme cette lumière aveuglante au bout du ventre maternel... une naissance... encore... ou seulement un Styx de photons vers un monde si redouté ? Ignoble Charron, je n'ai pas de pièces !

Je vois, je vois de mes yeux... j'en suis sûr ! Je vois enfin ce que tout homme a toujours cherché voir... je vois le bout du tunnel.
C'est bleu, c'est profond, c'est infini, c'est bleu et ça devient doré, doucement, doré et puissant, les contours commencent à se laisser deviner, c'est anguleux, c'est comme un tunnel de pierre, c'est un tunnel de pierre vers le ciel, vers les couleurs de l'aube... oui, je vois une branche au bout du tunnel, elle se dessine sur un ciel blanchi par les nuages sur la clarté du matin.
Je commence à bouger et la douleur finit par me réveiller complètement. Tout est bien là et vivant. Plus j'ai mal plus je vis...
Il me faut vite comprendre ce que j'ai vu durant mon rêve... vite avant que les images ne s'estompent, surtout ne pas oublier, mais ai-je vraiment rêvé ? Je me lève et mes yeux cherchent quelque chose malgré moi, un point dans ma gorge qui se serre seule, une sensation de froid intense dans mon ventre, un tremblement sur mes lèvres qui pourtant depuis quelques minutes murmurent : Lisa....
Il a fallut que j'entende ma propre voix murmurer pour que tout me revienne. La mort de l'enfant, la remontée du corps, ma chute, l'accident du véhicule militaire et... Lisa qui est partie.
Je suis retombé comme un sac sur le sol poudreux de la grotte... anéanti. J'aurais bien laissé ma vie me fuir pour ce coup ci emprunter le vrai tunnel des âmes...

Lisa, pourquoi ? Qu'as-tu fait ? Qu'as-tu voulu me dire ? Pourquoi es-tu partie ? Pourquoi m'as-tu laissé ? Pourquoi me donnes tu la pire de mes douleurs ?

Je suis resté là, prostré et ce n'est que lorsque la lumière du jour, rayonnant sur les parois de la grotte a atteint le petit tas de feuilles posé là, juste à côté que mon regard à pu lire : Etat major des Armées ? Dossier « D » Phase 1 « Murmures » .
Sans comprendre, j'ai saisi ces feuilles et commencé à les lire. J'espérai trouver un message de Toi.
J'étais loin de me douter du contenu...


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