Journal_de_bord_bug_+145_
Par : Pseudo supprimé
Genre : Inconnu
Status : C'est compliqué
Note :
Chapitre 5
5 - Silhouette
Publié le 19/08/13 à 01:11:24 par Pseudo supprimé
Au troisième dans l'appartement de gauche vivait un couple de vieux très sympathiques, dans celui de droite vivait Lisa, Lisa et son petit chien...
Lisa me plaisait beaucoup, cette jeune femme à mon goût très discrète était mon petit fantasme domestique.
Hasard des horaires, nous nous retrouvions parfois monter ensemble l'escalier. Moi, pour entretenir ma forme, elle les siennes...
C'était très agréable de côtoyer ainsi son ondulante et sensuelle silhouette. Mis à part ceux incontrôlables de mon imagination, nos rencontres restaient sur l'unique mode "politesse distante", malheureusement sans aucunes traces ni possibilité de séduction.
Seule la persistance de son parfum prolongeait quelques instants encore ma rêverie, devenue malgré moi, au fil du temps un peu plus érotique.
En m'approchant de la porte du côté droit de cet étage, je n'étais alors pas conscient du numéro du palier. Ma démarche était encore une fois, celle d'une procédure automatique qui s'accommodait parfaitement du peu de ressources qui me restait alors : "check appartements - évacuation immeuble - ok"
Laconique, sec, tranchant... mais efficace.
Je devais me prouver que ma préparation était utile... et ce par n'importe quel moyen.
J'allai taper contre la porte (plus d'une fois, j'avais aussi "sonné"... réflexe...)... dans la rue, repassait encore le véhicule militaire et ses mégaphones " Message aux habitants... Ordre d'évacuer la ville immédiat...prenez le strict minimum et rassemblez-vous au croisement le plus proche le plus rapidement possible... menace d'attaque NRBC imminente..." j'écoutais, comme à nouveau pétrifié, le message en boucle jusqu'à ce qu'il devienne inaudible... le silence revenu me permit alors d'entendre le faible bruit derrière la porte.
Je tapais plus doucement, saisi par l'angoisse subitement remontée de 50 à 95... j'ai dû bredouiller quelques mots, reprenant à mon compte le message d'évacuation précédemment diffusé... "Il y a quelqu'un ?...Ouvrez... il faut évacuer... s'il vous plait...". Comme je l'avais fait quelques minutes auparavant avec les blessés dans la cage d'escalier, je forçai ma voix à être rassurante claire et autoritaire... feindre la maîtrise est un dur exercice quand on est soi-même si proche de la panique...
Le verrou tourna, la porte s'ouvrit alors par à-coups lentement...
Je ne voulais pas commettre les mêmes erreurs et coupai ma frontale, espérant que dans mon dos la lueur de la bougie proche me serait suffisante pour y voir et agir.
J'aidai doucement la porte à s'ouvrir en grand, la peur au ventre, le feu des efforts passés surchauffait toujours ma poitrine, j'y sentais maintenant couler ma sueur, elle était glacée...
Il y avait des bougies qui éclairaient l'intérieur, c'était enfin presque rassurant... en ombre chinoise je vis la silhouette finir d'ouvrir la porte, à moitié à genoux sur le sol froid. Le bras maigre lâcha la poignée et retomba, comme abandonné. Mes yeux commençaient à s'habituer à ce faible contre éclairage... je devinais, une personne recroquevillée, en partie dévêtue, entourée par un sac de voyage éventré, des affaires éparpillées pêle-mêle... un morceau de corde cassé encore autours de son poignet pendait lamentablement... tout comme sa tête baissée...
Elle sanglotait au dessus d'une petite forme inerte dont j'aperçus la fourrure maculée... tout dans ce tableau traduisait la résignation... l'abandon... la mort.
Une Pietà iconoclaste sans même le panache du tragique. Et cela m'était insupportable...
Comment pouvait-on, en de telles circonstances, se laisser si vite sombrer ainsi dans cette déconnexion, réduire l'évènement historique et dramatique à cette attitude égocentrique et lâche, illustration ridicule du repli sur soi... de la perte d'un animal... dénaturé de surcroit... c'était donc là ce qui restait de l'univers de cette silhouette ? et son combat pour la Vie alors ?... sa vie n'était donc qu'un pas grand chose proche d'un rien ?
J'eu du mépris, de la répulsion... presque du dégoût...envie de reculer, de laisser à son pathétique tableau de demi mort cette demi-créature... être déjà ainsi réduite... sans combattre... méritait-elle d'être secourue ?
Je crois que c'est la logique du moment qui me fit malgré moi doucement enlever l'animal mort de ses genoux, retirer ma veste pour la lui passer sur les épaules et cacher sa nudité, commencer doucement avec des paroles rassurantes à lui prendre les bras sous les épaules pour l'attirer contre moi et la relever doucement... dans le mouvement ses seins durcis par le froid s'écrasèrent sur ma poitrine et mon visage dans l'effort se cala dans son cou... et je sentis ce parfum... dans mes bras et qui maintenant s'y réfugiait avec force... Lisa.
Quelques minutes plus tard, une éternité... je me retrouvais assis à l'arrière d'un camion d'évacuation, sans sac à dos, sans affaires, sans veste... mais avec une "enfant" de 26 ans qui dans les spasmes du sanglot s'accrochait toujours à moi. La route défilait dans le froid, le noir, le drame... je ne pensais pourtant qu'à une chose : m'avait-elle reconnu ?
Lisa me plaisait beaucoup, cette jeune femme à mon goût très discrète était mon petit fantasme domestique.
Hasard des horaires, nous nous retrouvions parfois monter ensemble l'escalier. Moi, pour entretenir ma forme, elle les siennes...
C'était très agréable de côtoyer ainsi son ondulante et sensuelle silhouette. Mis à part ceux incontrôlables de mon imagination, nos rencontres restaient sur l'unique mode "politesse distante", malheureusement sans aucunes traces ni possibilité de séduction.
Seule la persistance de son parfum prolongeait quelques instants encore ma rêverie, devenue malgré moi, au fil du temps un peu plus érotique.
En m'approchant de la porte du côté droit de cet étage, je n'étais alors pas conscient du numéro du palier. Ma démarche était encore une fois, celle d'une procédure automatique qui s'accommodait parfaitement du peu de ressources qui me restait alors : "check appartements - évacuation immeuble - ok"
Laconique, sec, tranchant... mais efficace.
Je devais me prouver que ma préparation était utile... et ce par n'importe quel moyen.
J'allai taper contre la porte (plus d'une fois, j'avais aussi "sonné"... réflexe...)... dans la rue, repassait encore le véhicule militaire et ses mégaphones " Message aux habitants... Ordre d'évacuer la ville immédiat...prenez le strict minimum et rassemblez-vous au croisement le plus proche le plus rapidement possible... menace d'attaque NRBC imminente..." j'écoutais, comme à nouveau pétrifié, le message en boucle jusqu'à ce qu'il devienne inaudible... le silence revenu me permit alors d'entendre le faible bruit derrière la porte.
Je tapais plus doucement, saisi par l'angoisse subitement remontée de 50 à 95... j'ai dû bredouiller quelques mots, reprenant à mon compte le message d'évacuation précédemment diffusé... "Il y a quelqu'un ?...Ouvrez... il faut évacuer... s'il vous plait...". Comme je l'avais fait quelques minutes auparavant avec les blessés dans la cage d'escalier, je forçai ma voix à être rassurante claire et autoritaire... feindre la maîtrise est un dur exercice quand on est soi-même si proche de la panique...
Le verrou tourna, la porte s'ouvrit alors par à-coups lentement...
Je ne voulais pas commettre les mêmes erreurs et coupai ma frontale, espérant que dans mon dos la lueur de la bougie proche me serait suffisante pour y voir et agir.
J'aidai doucement la porte à s'ouvrir en grand, la peur au ventre, le feu des efforts passés surchauffait toujours ma poitrine, j'y sentais maintenant couler ma sueur, elle était glacée...
Il y avait des bougies qui éclairaient l'intérieur, c'était enfin presque rassurant... en ombre chinoise je vis la silhouette finir d'ouvrir la porte, à moitié à genoux sur le sol froid. Le bras maigre lâcha la poignée et retomba, comme abandonné. Mes yeux commençaient à s'habituer à ce faible contre éclairage... je devinais, une personne recroquevillée, en partie dévêtue, entourée par un sac de voyage éventré, des affaires éparpillées pêle-mêle... un morceau de corde cassé encore autours de son poignet pendait lamentablement... tout comme sa tête baissée...
Elle sanglotait au dessus d'une petite forme inerte dont j'aperçus la fourrure maculée... tout dans ce tableau traduisait la résignation... l'abandon... la mort.
Une Pietà iconoclaste sans même le panache du tragique. Et cela m'était insupportable...
Comment pouvait-on, en de telles circonstances, se laisser si vite sombrer ainsi dans cette déconnexion, réduire l'évènement historique et dramatique à cette attitude égocentrique et lâche, illustration ridicule du repli sur soi... de la perte d'un animal... dénaturé de surcroit... c'était donc là ce qui restait de l'univers de cette silhouette ? et son combat pour la Vie alors ?... sa vie n'était donc qu'un pas grand chose proche d'un rien ?
J'eu du mépris, de la répulsion... presque du dégoût...envie de reculer, de laisser à son pathétique tableau de demi mort cette demi-créature... être déjà ainsi réduite... sans combattre... méritait-elle d'être secourue ?
Je crois que c'est la logique du moment qui me fit malgré moi doucement enlever l'animal mort de ses genoux, retirer ma veste pour la lui passer sur les épaules et cacher sa nudité, commencer doucement avec des paroles rassurantes à lui prendre les bras sous les épaules pour l'attirer contre moi et la relever doucement... dans le mouvement ses seins durcis par le froid s'écrasèrent sur ma poitrine et mon visage dans l'effort se cala dans son cou... et je sentis ce parfum... dans mes bras et qui maintenant s'y réfugiait avec force... Lisa.
Quelques minutes plus tard, une éternité... je me retrouvais assis à l'arrière d'un camion d'évacuation, sans sac à dos, sans affaires, sans veste... mais avec une "enfant" de 26 ans qui dans les spasmes du sanglot s'accrochait toujours à moi. La route défilait dans le froid, le noir, le drame... je ne pensais pourtant qu'à une chose : m'avait-elle reconnu ?
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