Layla Wa Jeïel
Par : Warser
Genre : Action , Fantastique
Status : C'est compliqué
Note :
Chapitre 10
En remontant Yona
Publié le 31/07/12 à 09:01:55 par Warser
Ils chevauchaient depuis plusieurs jours déjà sur les vastes plaines qui surmontaient la falaise. Un soleil de plomb s’était abattu sur les côtes du sud, accablant les quatre voyageurs qui avaient ralenti le pas. Tsvao était habitué à la chaleur du sud d’Isgaar. Son armure de cuir était assez légère pour lui assurer un certain confort, même dans la touffeur des étés de la région. Eagal, vêtu d’un long manteau sombre, suait abondamment.
Cette chaleur…. Vraiment, voilà pourquoi je vis sous une falaise. C’est proprement insupportable, bougonna-t-il avec un geste d’impuissance.
C’est toi qui as insisté pour porter ça, remarqua Erena. Tiens, tu vois, je me suis adaptée au temps, moi.
Tsvao eut un demi-sourire en observant la conversation entre le mage et son démon. La succube était vêtue d’une robe blanche, fine et transparente, qui laissait libres ses épaules. Se complaisant dans le rôle de la jeune noble innocente, elle avait conservé sa couronne de fleurs anormalement fraîches, et montait une jument brune en amazone. Ses cheveux d’un blond éclatant effleuraient parfois la peau légèrement bronzée de ses épaules nues.
Plongé dans une contemplation rêveuse, le jeune homme s’abandonna un moment à la douce atmosphère du voyage, rythmé par le pas des chevaux et les jurons épisodiques d’Eagal sur le temps, la qualité de la route, ou les cris de goélands. Ce soleil éclatant, cette végétation rase de buissons et de petits arbustes, ce vent chaud venu du sud... La douceur du roulis des vagues qui s’échouaient au pied de la falaise… Une atmosphère, un paysage, des sensations, que l’on ne pouvait réellement connaître qu’à Oïs ou aux alentours.
La jeune fille galopait à ses côtés, montée sur un grand étalon gris tâché de blanc. Elle avait troqué sa tunique blanche pour un just'au corps de cuir noir, plus adapté au combat ou à la chevauchée. Un cadeau de bienvenue d'Erena...
Deux Khopeshs, de fer noir du sud, pendaient à sa ceinture. Tenant sa bride avec douceur, elle avait les yeux perdus dans l'horizon. Tsavo se sentait irrésistiblement attiré, comme aimanté, par une force surhumaine, des instincts animaux. Inexplicable, au delà de sa volonté. Détournant les yeux, il donna un violent coup de bride à son cheval, qui s'éloigna de la jeune fille avec un hennissement furieux.
Elle lui jeta un regard interrogateur, alors qu'Erena pouffait de rire. Les succubes pouvaient ressentir tous les affects violents, à quelques mètres. Frappant les flancs de son cheval, Tsvao rejoignit Eagal. Cette attirance était anormale, surnaturelle, magique. Il était envouté, pas amoureux. "Esclave". Le mot d'Eagal, prononcé sur un ton anodin, retentit dans sa tête, comme un écho.
Tout ce que Tsvao n'avait jamais voulu être. Il avait sacrifié son nom, l'honneur de sa famille, sa fortune, sur l'autel de la liberté. Sur l'autel d'une vie sans dieu ni maître. Ni déesse, d'ailleurs, pensa-t-il en jetant un rapide coup d'œil à la jeune fille. Belle, superbe, magnifique. Plongeant son regard dans la douceur de ses yeux noisette, il voulut à nouveau tourner bride. Un éclair de rébellion. D'un nouveau coup de talon, Tsvao dépassa Eagal, qui ne le remarqua même pas. Une volonté diffuse, à présent, un instinct de protection, savant mélange de compassion et de bienveillance.
Tsvao lança à la jeune fille un regard de défi. "Je ne serai jamais ton esclave" pensa-t-il avec force. Un début de nausée, des picotements sur sa peau. Une douleur au genou, intense et inexplicable. Encore. Le cheval de Tsvao bondit en avant, dans un court galop.
" Ma volonté est à moi", se répéta-t-il. La douleur au genou se fit plus puissante encore. ll suffoquait. Il sentait la prise des doigts du barbare sur sa nuque, des larmes lui venaient aux yeux.
"Je suis libre". Il aurait voulu le crier, le hurler, mais seul un sanglot put sortir de sa gorge meurtrie. Une douleur lancinante au bras. Des courbatures.
Le cheval de Tsvao, piqué par les coups répétés de son maître, était parti au grand galop. La douleur se faisait de plus en plus puissante, sa force l'abandonnait. Il lacha la bride, ses mains plaquées sur sa jambe gauche. Comme si une plaie béante s'était ouverte dans sa cuisse. Du sang dans la bouche. La nausée, de plus en plus forte. Un voile rouge. Alors que Tsvao glissait lentement de sa selle, il fut retenu par une main ferme. La douleur l'abandonna, ses forces lui revinrent. Sa lucidité reprenait lentement le dessus.
Erena, sur son cheval brun, toujours en amazone malgré le rythme du galop, le retenait avec force. Un courant noir passait de sa main à l'épaule du jeune homme.
- Pas de bêtises, Tsvao. Pas de bêtises avec ce genre de magie. Heureusement que je ressens ce genre de chose, fallait pas compter sur Eagal, ajouta-t-elle avec un sourire.
Tsvao jeta coup d'oeil derière lui. Le mage et la jeune fille peinaient à les rattraper, leur jetant des regards d'incompréhension.
- Qu'est ce qui s'est passé?
Erena eut une moue hésitante.
- Faut que tu demande à Eagal, je pense. J'ai juste senti ton attirance. Elle devenait plus violente, plus crue, plus.. intransigeante si tu veux, au fur et à mesure que tu t'éloignais. Ce qui m'étonne, c'est que ça te soit pas arrivé avant.
Tsvao crut bon de ne pas mentionner sa volonté de liberté, sa détermination. Il en parlerait à Eagal plus tard, à tête reposée. En attendant, mieux valait les rejoindre, et se laisser aller à l'enivrement du Sanctuaire. Tsvao se blâmait pour sa faiblesse. Pris d'un sentiment d'abattement profond, mélange de douleur et de fatigue, il tourna bride. Il avait perdu. Une douleur lancinante à la jambe lui rappelait son humiliante défaite. Contre lui même. Il valait mieux renoncer à se battre, au moins pour le voyage.
Eagal rattrapa enfin Tsvao et Erena. En sueur, fatigué par la chaleur et le galop, il était talonné par la jeune fille.
- Qu'est ce qui s'est encore passé ?
- On en parlera ce soir, éluda Tsvao.
Erena fit signe à son maître de ne pas insister. La jeune fille se rapprochait de Tsvao, un peu effrayée. Il évitait son regard, galopant à quelques mètres d'elle. Elle chercha un moment les yeux du mage, en quête de réconfort, ou même d'une explication, mais Eagal était toujours aussi distant. Pas même un souvenir dans lequel se réfugier. Le vide, le vide absolu. Comme une vie qui commence. Elle toucha machinalement la poignée de ses faucilles. Le seul lien qu'elle avait avec son passé. Un lien distant, une habitude du corps, des mouvements mécaniques. Du ressenti plutôt que de la pensée. Peut être que c'était ça, ce qui résistait, au bout du compte. Les sensations, les émotions diffuses, vagues, imprégnées dans le corps, enracinées dans les muscles et les organes. Pendant le combat contre Tsvao, elle s'était sentie être. Exister. Redevenir elle même, sans même savoir ce qu'elle était vraiment. Le néant s'était effacé, un peu. Le vide s'était comblé. Pour ce moment. Et puis... plus rien.
Juste l'envie de vivre. l'envie de continuer, quoi qu'il en soit. Sans même savoir pourquoi... Instincts humains, fous, idiots. Mais magnifiques. Se battre jusqu'au bout, sans réelle raison.
La nuit tombait peu à peu sur Yona. Un vent chaud s'était levé sur la plaine asséchée, brassant de la poussière. Devant eux, un désert d'herbe rase, parsemé de rares rochers et arbustes. Solitude désolée des plaines du sud, rendues stériles par la chaleur. Le soleil rouge se couchait à l'ouest, plongeant peu à peu dans la mer, éclairant de ses derniers rayons la roche de la falaise.
La jeune fille ne souffrait pas de la chaleur torride et lourde. Au contraire, les rayons du soleil la caressaient avec douceur, après l'humidité fraîche du donjon d'Eagal. Retroussant les manches de sa tenue, elle laissa ses avant bras libres. Elle ferma les yeux alors que la lumière rosée caressait sa joue.
Il y a des choses qu'on oublie pas. La beauté d'un coucher de soleil en est une.
Cette chaleur…. Vraiment, voilà pourquoi je vis sous une falaise. C’est proprement insupportable, bougonna-t-il avec un geste d’impuissance.
C’est toi qui as insisté pour porter ça, remarqua Erena. Tiens, tu vois, je me suis adaptée au temps, moi.
Tsvao eut un demi-sourire en observant la conversation entre le mage et son démon. La succube était vêtue d’une robe blanche, fine et transparente, qui laissait libres ses épaules. Se complaisant dans le rôle de la jeune noble innocente, elle avait conservé sa couronne de fleurs anormalement fraîches, et montait une jument brune en amazone. Ses cheveux d’un blond éclatant effleuraient parfois la peau légèrement bronzée de ses épaules nues.
Plongé dans une contemplation rêveuse, le jeune homme s’abandonna un moment à la douce atmosphère du voyage, rythmé par le pas des chevaux et les jurons épisodiques d’Eagal sur le temps, la qualité de la route, ou les cris de goélands. Ce soleil éclatant, cette végétation rase de buissons et de petits arbustes, ce vent chaud venu du sud... La douceur du roulis des vagues qui s’échouaient au pied de la falaise… Une atmosphère, un paysage, des sensations, que l’on ne pouvait réellement connaître qu’à Oïs ou aux alentours.
La jeune fille galopait à ses côtés, montée sur un grand étalon gris tâché de blanc. Elle avait troqué sa tunique blanche pour un just'au corps de cuir noir, plus adapté au combat ou à la chevauchée. Un cadeau de bienvenue d'Erena...
Deux Khopeshs, de fer noir du sud, pendaient à sa ceinture. Tenant sa bride avec douceur, elle avait les yeux perdus dans l'horizon. Tsavo se sentait irrésistiblement attiré, comme aimanté, par une force surhumaine, des instincts animaux. Inexplicable, au delà de sa volonté. Détournant les yeux, il donna un violent coup de bride à son cheval, qui s'éloigna de la jeune fille avec un hennissement furieux.
Elle lui jeta un regard interrogateur, alors qu'Erena pouffait de rire. Les succubes pouvaient ressentir tous les affects violents, à quelques mètres. Frappant les flancs de son cheval, Tsvao rejoignit Eagal. Cette attirance était anormale, surnaturelle, magique. Il était envouté, pas amoureux. "Esclave". Le mot d'Eagal, prononcé sur un ton anodin, retentit dans sa tête, comme un écho.
Tout ce que Tsvao n'avait jamais voulu être. Il avait sacrifié son nom, l'honneur de sa famille, sa fortune, sur l'autel de la liberté. Sur l'autel d'une vie sans dieu ni maître. Ni déesse, d'ailleurs, pensa-t-il en jetant un rapide coup d'œil à la jeune fille. Belle, superbe, magnifique. Plongeant son regard dans la douceur de ses yeux noisette, il voulut à nouveau tourner bride. Un éclair de rébellion. D'un nouveau coup de talon, Tsvao dépassa Eagal, qui ne le remarqua même pas. Une volonté diffuse, à présent, un instinct de protection, savant mélange de compassion et de bienveillance.
Tsvao lança à la jeune fille un regard de défi. "Je ne serai jamais ton esclave" pensa-t-il avec force. Un début de nausée, des picotements sur sa peau. Une douleur au genou, intense et inexplicable. Encore. Le cheval de Tsvao bondit en avant, dans un court galop.
" Ma volonté est à moi", se répéta-t-il. La douleur au genou se fit plus puissante encore. ll suffoquait. Il sentait la prise des doigts du barbare sur sa nuque, des larmes lui venaient aux yeux.
"Je suis libre". Il aurait voulu le crier, le hurler, mais seul un sanglot put sortir de sa gorge meurtrie. Une douleur lancinante au bras. Des courbatures.
Le cheval de Tsvao, piqué par les coups répétés de son maître, était parti au grand galop. La douleur se faisait de plus en plus puissante, sa force l'abandonnait. Il lacha la bride, ses mains plaquées sur sa jambe gauche. Comme si une plaie béante s'était ouverte dans sa cuisse. Du sang dans la bouche. La nausée, de plus en plus forte. Un voile rouge. Alors que Tsvao glissait lentement de sa selle, il fut retenu par une main ferme. La douleur l'abandonna, ses forces lui revinrent. Sa lucidité reprenait lentement le dessus.
Erena, sur son cheval brun, toujours en amazone malgré le rythme du galop, le retenait avec force. Un courant noir passait de sa main à l'épaule du jeune homme.
- Pas de bêtises, Tsvao. Pas de bêtises avec ce genre de magie. Heureusement que je ressens ce genre de chose, fallait pas compter sur Eagal, ajouta-t-elle avec un sourire.
Tsvao jeta coup d'oeil derière lui. Le mage et la jeune fille peinaient à les rattraper, leur jetant des regards d'incompréhension.
- Qu'est ce qui s'est passé?
Erena eut une moue hésitante.
- Faut que tu demande à Eagal, je pense. J'ai juste senti ton attirance. Elle devenait plus violente, plus crue, plus.. intransigeante si tu veux, au fur et à mesure que tu t'éloignais. Ce qui m'étonne, c'est que ça te soit pas arrivé avant.
Tsvao crut bon de ne pas mentionner sa volonté de liberté, sa détermination. Il en parlerait à Eagal plus tard, à tête reposée. En attendant, mieux valait les rejoindre, et se laisser aller à l'enivrement du Sanctuaire. Tsvao se blâmait pour sa faiblesse. Pris d'un sentiment d'abattement profond, mélange de douleur et de fatigue, il tourna bride. Il avait perdu. Une douleur lancinante à la jambe lui rappelait son humiliante défaite. Contre lui même. Il valait mieux renoncer à se battre, au moins pour le voyage.
Eagal rattrapa enfin Tsvao et Erena. En sueur, fatigué par la chaleur et le galop, il était talonné par la jeune fille.
- Qu'est ce qui s'est encore passé ?
- On en parlera ce soir, éluda Tsvao.
Erena fit signe à son maître de ne pas insister. La jeune fille se rapprochait de Tsvao, un peu effrayée. Il évitait son regard, galopant à quelques mètres d'elle. Elle chercha un moment les yeux du mage, en quête de réconfort, ou même d'une explication, mais Eagal était toujours aussi distant. Pas même un souvenir dans lequel se réfugier. Le vide, le vide absolu. Comme une vie qui commence. Elle toucha machinalement la poignée de ses faucilles. Le seul lien qu'elle avait avec son passé. Un lien distant, une habitude du corps, des mouvements mécaniques. Du ressenti plutôt que de la pensée. Peut être que c'était ça, ce qui résistait, au bout du compte. Les sensations, les émotions diffuses, vagues, imprégnées dans le corps, enracinées dans les muscles et les organes. Pendant le combat contre Tsvao, elle s'était sentie être. Exister. Redevenir elle même, sans même savoir ce qu'elle était vraiment. Le néant s'était effacé, un peu. Le vide s'était comblé. Pour ce moment. Et puis... plus rien.
Juste l'envie de vivre. l'envie de continuer, quoi qu'il en soit. Sans même savoir pourquoi... Instincts humains, fous, idiots. Mais magnifiques. Se battre jusqu'au bout, sans réelle raison.
La nuit tombait peu à peu sur Yona. Un vent chaud s'était levé sur la plaine asséchée, brassant de la poussière. Devant eux, un désert d'herbe rase, parsemé de rares rochers et arbustes. Solitude désolée des plaines du sud, rendues stériles par la chaleur. Le soleil rouge se couchait à l'ouest, plongeant peu à peu dans la mer, éclairant de ses derniers rayons la roche de la falaise.
La jeune fille ne souffrait pas de la chaleur torride et lourde. Au contraire, les rayons du soleil la caressaient avec douceur, après l'humidité fraîche du donjon d'Eagal. Retroussant les manches de sa tenue, elle laissa ses avant bras libres. Elle ferma les yeux alors que la lumière rosée caressait sa joue.
Il y a des choses qu'on oublie pas. La beauté d'un coucher de soleil en est une.
01/08/12 à 18:54:11
Hm. Yes, t'as raison sur ces points. Disons que c'est plutot le paysage du sud d'Isgaar (qui correspond à ma Provence natale ) Je vais préciser ça avec un édit :D
(Merci pour tes commentaires, d'ailleurs, je ne te le dis pas assez. Je les prends toujours en compte bien sur !)
Pour le rythme : ils sont au trot effectivement, à part pendant le galop de Tsvao faudra que je me relise et que je clarifie.
31/07/12 à 12:44:55
Toujours aussi bon, aucune fautes (à part les problèmes de tirets) et un style agréable et imagé :)
Deux choses me dérangent : tu dis que le groupe est parti depuis plusieurs jours or tu dépeint le paysage de Ois... Donc en plusieurs jours ils n'ont pas encore quitté le port ?
Autre chose, purement technique, j'ai l'impression qu'ils galopent tout le temps. Pourtant un cheval ne peut pas tenir cette cadence très longtemps. L'allure plus appropriée serait le trot, voir le pas. Et partant de là tu pourras accentuer l'impression de fuite de Tsvao.
Toujours est-il que j'attends la suite
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