<h1>Noelfic</h1>

La mésaventure d'Aliz


Par : PaulAllender

Genre : Réaliste

Status : C'est compliqué

Note :


Chapitre 4

Aldébaran

Publié le 20/01/12 à 22:02:58 par PaulAllender

4

-... À Mar-seille... ? Je nage en plein délire, c'est une blague putain... !
-Désolé pour toi vieux, je t'avais bien dit que cette nana était pas facile à avoir.
-À Marseille putain...
-Ouais, surtout que je t'accompagnerai pas, j'te préviens...
-Je comptais pas te le demander t'en fais pas.
-Tu vas réussir à t'démerder là bas tu crois ?
-T'inquiéte pas va, je connais très bien quelqu'un sur place...
-T'es vraiment un putain d'baisé mec, j'tiens à ce que tu l'saches.
-Je sais mais bon, j'ai pas trop le choix hein.
-Ouais.
-Il a pris pour combien ?
-Un truc genre 6 mois... Il devrait pas tarder à sortir normalement.
-Et comment je pourrai le reconnaitre, tu connais son nom de famille ?
-Nan.
-Des détails sur ses activités ?
-Bah... Dealeur, rapeur amateur, et dans la présente, taulard.
-T'aurais pas une photo ou quoi ?
-J'ai des photos de nous en soirée sur mon ancien portable.
-Dis moi que tu l'as encore...
-En fait, c'est à dire que...
-C'est pas vrai...
-Respire, c'est bon, il est pas perdu. Je l'ai juste passé à mon cousin, il avait niqué le sien et sa mère voulait qu'il puisse la joindre pendant son séjour au ski avec le collège, alors je lui ai prêté.
-Il rentre quand de son voyage ?
-Dans 11 jours.
-De toutes manières, les vacances ne sont qu'en octobre j'ai le temps..
-En effet c'est pas hyper pressé.
-Ouais...
-Je comprends pas pourquoi tu veux te donner tout ce mal sérieux, mais si t'es vraiment chaud pour, j'ferai c'que j'peux pour t'aider.
-Cimer.
-T'inquiète... Soufflette ?
-Vas y.

Les onze jours qui suivirent me parurent terriblement longs. Il ne se passait rien, ou du moins, rien qui m'intéressait. J'étais obnubilé par l'envie de revoir Aliz, "Antarès" comme l'appelait Alex. Je n'avais de cesse de répéter inlassablement dans ma têtes des dialogues pour d'hypothétiques retrouvailles, tous dix, mille fois plus risibles les uns que les autres. Les questions concernant ce Karim allaient également bon train dans mon esprit. Qui était-il, à quoi ressemblait-il, accepterait-il de m'aider ? Tant de questions sans réponses auxquelles le futur répondrait, s'il le voulait.
C'était un mercredi, celui où le cousin d'Alex devait rentrer du ski. Incapable de me concentrer ou de rester attentif en cours, le visage de mon messie se dessinait petit à petit. Après deux interminables heures de maths, je retrouvai Alexandre devant le lycée, l'air gêné.

-Ça va gros ?
-Écoute, j'préfére te le dire maintenant, mais mon cousin a perdu le portable.
-... J'imagine que ça devait arriver hein.

Il posa sa main, bien qu'elle fut compatissante - et je n'en doutais pas - sur mon épaule, en une accolade sismique pour des espoirs affaissés comme un château de faïence. Je voyais bien sur son visage qu'il était déçu de ne pas pouvoir m'aider, et qu'il savait à quel point je pouvais l'être par rapport à lui. D'un coup, le brouillard ambiant de tension et d'amertume se dissipa et, par dépit, la risée du rire prit le dessus.

-Tu parles d'une sacrée couille, t'as vraiment pas d'chance mon gars... me dit-il amusé
-Putain ouais... Ouais. riais-je, tout aussi distrait qu'ecoeuré de cette mésaventure.
-Aller, j'te paye un coup et on oublie toute cette histoire.
-J'peux pas, j'ai un truc à faire.
-Comme tu veux, à d'main.
-See ya'


J'étais tombé d'mon nuage, plus d'espoir, c'était fini. Ça n'était pas plus mal en même temps, une semaine après, j'avais déjà une autre copine. Tout allait parfaitement dans la vie, je ne pensais même plus à Aliz, j'étais enfin débarrassé de cet envoûtement tapageur. C'était sans compter sur les coups du sort que la vie nous réserve dans sa grande ironie aussi aléatoire qu'arbitraitre, car ce n'est qu'à la date du 16 Octobre au soir que tout a basculé, une fois de plus. M'interrompant en pleine disert' de SES, mon portable vibra sur mon bureau.

-Allo ?
-Mec mec, tu devineras jamais !
-Quoi ? T'as retrouvé ta bite ?
-Ferme ta gueule et écoute plutôt ça ! Le chalet où mon cousin était pendant son séjour au ski a retrouvé mon portable, ils l'ont envoyé à son collège par La Poste. Ça a été un peu long parce qu'ils ont failli le paumer pour de bon, et devine quoi, ma tante me l'a rapporté il y a... 12 minutes de ça. Toujours chaud pour aller voir Karim ?
-Plus que jamais.


*Tututala*

-"Chers voyageurs, nous vous rappelons que ce train a pour destination la gare de Marseille Saint-Charles, nous vous souhaitons également un agréable trajet, n'hésitez pas à visiter le wagon-restaurant situé à l'arriere du train."

-Wagon d'mon cul, ces connards vous f'raient payer une bouchée d'pain 5€ !

La fin de la semaine - et les vacances avec - arrivée rapidement, je partis pour Marseille pendant une semaine chez un excellent pote à moi qui m'hébergeait pour les vacances. J'étais assis à côté d'un taré dans l'TGV, il était en pyjama et en moon boots, affublé d'un bonnet à pompon énorme. Le trajet fut long. Extrêmement long, même, pour autant que je me souviennes.

*Tututal*
-"Chers voyageurs, ce train vient d'arriver en gare de Marseille - Saint-Charles, tous les voyageurs sont invités à descendre du train*

Marseille était une belle ville, c'était la première fois que j'y allais. Il faisait une chaleur à crever ce jour là, je m'en rappelle. Le soleil tapait en des assauts continus d'ultraviolets perforants ; pas facile quand on venait de Paris. Mais bref, une fois arrivé et installé chez mon
ami Nicolas, dit "Kohd", je me dirigeai en sa compagnie vers le 9ème Arrondissement de Marseille, qui abritait l'objet de ma venue jusqu'ici ; la prison des Baumettes.

-J'en reviens toujours pas que tu fasses un truc comme ça mec, t'es taré, j'te l'ai toujours dit.
-T'as p't'être pas tord...
-Mais tu crois que tu pourras aller le voir comme ça ? Faut pas de la paperasse administrative pour ce genre de visites ?
-J'me suis même pas posé la question, t'as sûrement raison putain.
-Il aurait peut-être fallut !
-Ça sert à rien de me dire ça !
-Ah ces jeunes...
-Arrête de faire le daron enflure
!

Nicolas, par où commencer ? Juste un mot ; awesome. Dix-huit ans, père depuis même pas un an, ancien geek alcoolique aujourd'hui graphiste & guitariste, c'était le mec qui me connaissait le mieux depuis de nombreuses années, que je ne comptais plus. Il m'hébergeait dans son appart, profitant de l'absence de sa copine et de leur enfant, en vacance chez la grand-mère de ce dernier.

-Bon bah voilà c'est là.
-Attends moi devant si tu veux.
-Ouais j'vais m'en fumer une.

À peine rentré dans la prison, l'atmosphère glauque et lugubre des lieux m'envahit. Les longs couloirs de l'endroit parraissaient autant interminables qu'innombrables, et j'avais pas réellement envie de visiter pour être honnête. Je me dirigeai à un bureau parlant au surveillant en charge.

-Bonjour, c'est pour une visite.
-Vous avez les papiers pour ?
-Pas exactement...
-Et bien au revoir.
-Nan attendez écoutez moi. J'ai pris le train depuis Paris juste pour voir cette personne s'il vous plaît...
-Pas mon soucis, j'suis pas au dessus des lois et vous non plus.
-Je demande que cinq minutes, c'est très important, je vous en supplie...
-Laisse moi juger, et on verra ce que je peux faire.

Après lui avoir raconté l'histoire (en modifiant quelque détails, le type restait quand même flic de près ou de loin) et montré la photo, ce dernier me répondit de la sorte :

-Ah ouais... Ce Karim. Je pourrais peut-être t'arranger avec une info très utile...
-Combien ?
-50€
-... Escroc, prenez le votre argent.
-Merci p'tit gars. se réjouissait-il

Pfff, quel enfoiré, comme si je casquais pas déjà assez comme ça d'ma poche...

-Bon, tu vas pouvoir lui parler. Il est sorti ya trois jours.
-... Génial... Vous savez où je peux le trouver ?
-Oui, je sais.
-Combien cette fois ?
-Hey, me prends pas pour le dernier des connards, je vais pas te vampiriser tout ton blé p'tit, t'inquiète pas va.
-Trop aimable...
-Fais pas de l'esprit avec moi ou tu vas t'faire foutre.
-... C'est noté.


-Alors ?
-Il s'appelle Karim Djaouri, il est sorti ya trois jours. Il traine à Malpassé, dans le 13ème.
-Tu veux qu'on aille y faire tour ?
-Allons y.

Après un trajet un métro, nous arrivâmes dans ledit quartier. C'était pas magnifique, mais bon. Un petit tour dans le quartier effectué, et nous ne tardâmes pas à trouver notre homme. Je le voyais, au loin, au pied d'un bâtiment, entourés de plusieurs autres mecs. À mesure que nous nous rapprochions, des voix s'élevaient une musique se fit entendre, puis un chant. 



-Écoute vieux. Tu m'as d'mandé une clope, j't'ai filé la dernière qu'im'restait. Tu voulais un euro, j'te l'ai donné. Et là, t'insistes pour que j'te prête mon portable ? 

Mais franchement, c'pas la croix rouge ici,
tu m'prends pour qui ?
J'suis pas le chancre des idéaux humanitaires,
j'bosse pas non plus pour l'abbé Pierre,
J'suis pas du tout ton pote, 
me prends pas pour un enfant de Don Quichotte.
Tu crois que le monde est là pour toi ?
Des gens comme toi le crient sur tous les toits !
N'abuse pas de la générosité des gens,
C'est pas notre faute si t'as des soucis d'argent.
Si ton ventre gargouille,
Barre toi et nous casse pas les couilles.
Putain quoi, on vit a quelle époque ?
Aussi écœurante que d'l'amné au maroc,
J'suis du genre violence hard-rock en finesse hip-hop
J'peux lire dans ton regard que tu m'trouves trop top.
J'y peux rien si tout c'que j'dis te choque,
J'peux lire dans ton regard que tu m'trouves trop glauque.
Plus l'temps pour les pseudos gangster,
Surtout qu'tu serais pas le premier qu'j''enterre.
Alors si tu veux pas que j't'éclate,
Prends tes clic et tes clacs,
Décampe d'ici, ça vaut mieux pour toi,
J'suis sympa, j'compte jusqu'à trois.


C'était vraiment du pur délire. Karim, ou Aldébaran, était sûrement le seul mec sur Terre - ou du moins le premier que j'aie vu - à raper pour terminer un clodo. Le pire, c'est qu'il avait vraiment détalé comme un lapin. 

-C'est... lui... ?
-Ouais gros.
-Bon bah, allons y.

Nous nous approchâmes donc de lui, la musique avait cessé, et tous les regards étaient braqués sur nous. Je le regardai de haut en bas. Il était plus grand et bien plus large que moi, les yeux bleus, casquette, cheveux rasés, et des fringues dont une veste si chère qu'elle me rhabillait totalement, bien que je fus loin d'être habillé pour une misère. 

-Yo
-Wesh, c'est pour quoi ?
-J'suis venu pour parler.
-Ah ouais, t'es qui ?
-... Disons que je suis un ami d'Antarès.

Le silence s'était, on ne savait comment, intensifié, devenant presque palpable, voire coupable au couteau. Il me fixa, l'air grave, un temps et remarqua le collier d'Aliz à mon cou.

-Ah ouais... Toi tu blagues pas, tu viens vraiment de très très loin.
-C'est peu d'le dire...

Commentaires

Droran

21/01/12 à 12:18:29

Suite :noel:

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