Entre poussière et ruines
Par : Spyko
Genre : Action , Horreur
Status : C'est compliqué
Note :
Chapitre 12
Publié le 12/10/12 à 18:17:45 par Spyko
Laura ne savait plus quoi faire. David était complètement hébété, et n'était plus en mesure de faire quoi que ce soit pour l'instant. Il avait expliqué en bafouillant ce qu'il s'était passé dans les escaliers et ce qu'il avait découvert, avant de se refermer à nouveau comme une huître.
La chute de l'extincteur avait attiré de nombreux cinglés, comme en témoignaient les bruits de pas derrière la porte. Le lycéen qui s'était enfui en abandonnant son ami, lui, était resté introuvable. En ce moment, il devait probablement être terré dans les toilettes ou une salle de classe vide. Comme elle avant que le jeune homme n'apparaisse...
La jeune fille regarda à nouveau l'étudiant, qui se laissait lentement glisser le long de la porte, gardant le regard fixé sur le mur en face. Ses yeux tombèrent sur ses doigts couverts du sang du gamin, et il les secoua brutalement, avant de les essuyer comme il pouvait.
Elle soupira en étudiant les traits figés de celui qui risquait de l'accompagner pendant un bon bout de temps. Malgré les larmes qui rougissaient ses yeux et son visage inexpressif, il était plutôt mignon. Et il s'était montré adorable depuis qu'ils s'étaient rencontrés. Et courageux.
L'adolescente cligna des yeux à plusieurs reprises, comme pour chasser ses pensées. Si ce désastre se poursuivait et qu'ils restaient tous les deux, peut-être qu'elle s'autoriserait à y songer. Mais pour l'instant, il leur fallait tout deux se consacrer à la suite immédiate de cette fuite, afin de ne pas se laisser submerger. Même si pour le jeune homme, c'était peine perdue pour l'instant.
Agenouillée sur le carrelage, Laura glissa deux doigts dans l'une des poches de son jean et en tira son téléphone portable.
Elle appuya brièvement sur une touche et l'écran s'alluma, dévoilant l'heure. Il était déjà 9h43.
En voyant la lueur hypnotisante de l'appareil, une idée naquît dans la tête de la jeune fille, une idée à laquelle elle n'avait même pas songé depuis le début de la crise.
Elle tapota l'écran en divers endroits, jusqu'à arriver au répertoire, là où il était écrit ''maman''. Son doigt resta en suspens au-dessus de l'icône de téléphone vert, alors que d'autres pensées l'assaillaient.
Et si personne ne répondait ? Si la seule réponse qu'elle obtenait était une série de grognements ? Et si elle répond ? Elle voudra savoir que je vais bien... La sonnerie du téléphone pouvait aussi amener des cinglés sur sa mère. Elle se secoua mentalement. Le portable devait être en vibreur, puisque sa mère était au travail.
Elle cessa de se poser des questions, et pressa l'icône avant de porter l'appareil à son oreille.
La sonnerie retentit. Une fois. Deux fois. Cinq fois. Puis le répondeur.
*
Le téléphone échappa des mains de l'adolescente, rebondit sur l'un de ses genoux avant de toucher le sol. Ce fut ce son qui ramena David à la réalité. Il cligna des yeux, hébété, avant de se relever méthodiquement. Son bras droit, celui qui avait encaissé le contrecoup de l'extincteur, l'élançait légèrement, et il l'étira nerveusement, avant de faire quelques cercles avec. Son épaule craqua douloureusement, mais il ne semblait pas avoir quoi que ce soit de cassé.
L'adolescente avait toujours une main portée à son oreille, et sa bouche tremblait, entrouverte. Ses yeux se levèrent vers l'étudiant, restèrent accrochés quelques instants à son regard, avant de redescendre lentement.
Il se pencha, récupéra le portable et le tendit à la jeune fille. Laura hésita quelques instants avant de le prendre et de le ranger. David avait toujours le sien, mais à part ses amis, il n'avait plus personne à appeler, et ne tenait pas à courir le risque. S'il se mettait à vibrer dans sa poche, soit, mais sinon... la réaction de l'adolescente montrait très bien ce qui l'attendait s'il prenait ce risque.
Il lui tendit une main, qu'elle attrapa, et la releva.
Il posa doucement les mains sur ses épaules, mais elle devança sa question.
« Je voulais juste savoir... »
« Je sais, murmura t-il, qui tu appelais ? »
« Ma mère... »
« Si elle t'appelait, toi non plus tu ne pourrais peut-être pas répondre. »
Elle releva une nouvelle fois les yeux vers lui, et le remercia d'un sourire. C'était un mensonge, ils le savaient tous les deux, mais s'y raccrocher lui permettrait peut-être de mieux appréhender la situation. Quant au jeune homme, il n'avait plus à s'inquiéter de l'état de sa famille.
Cette pensée lui serra la gorge, et il la chassa d'un revers de main mental.
En attendant que Laura se redresse, il observa les lieux, se remémorant trois ans de bousculades amicales et de plaisanteries en faisant la queue pour la cantine. Des barrières vertes avaient été placées en serpentin, comme une véritable file d'attente, et, à travers une longue vitre, on pouvait voir le self, dont les tables étaient déjà prêtes à l'emploi.
Heureusement pour eux, personne ne s'y trouvait, car, durant cette longue immobilité, ils auraient pu se faire très facilement repérer. Et après tout, plus le temps passait, et plus les cinglés risquaient de se disperser, non ? La possibilité de tomber sur des meutes s'en trouverait largement réduite, mais celle d'être agressé par un pauvre hère solitaire au détour d'une rue serait en revanche augmentée.
Les deux jeunes gens commencèrent à suivre le long zigzag fait par les barrières, jusqu'à atteindre une porte verte avec une petite vitre incrustée sur une trentaine de centimètres de haut. David secoua la poignée. Fermée.
« On est pas venu ici pour rien quand même, soupira le jeune homme. »
« Les portes où les élèves passent sont fermées pour les empêcher d'entrer avant l'heure du repas, mais les cuisiniers entrent bien par ailleurs, eux. Celles-ci ont pas de verrou il me semblent, acheva t-elle en désignant deux portes, à l'intérieur du self. »
« Et comment on y va ? »
« On ressort. Y a peut-être même moyen de passer par la cantine des profs, c'est juste à côté de l'escalier. »
« Mais ils sont sûrement encore là ! »
« A moins que tu veuilles t'éclater l'épaule en essayant d'ouvrir cette porte, ou les alerter en cassant la vitre, on va pas avoir le choix, raisonna la jeune fille en le regardant comme s'il était un enfant en bas âge auquel il faut tout expliquer. »
David ouvrit la bouche, la referma, puis l'ouvrit à nouveau, comme un poisson qui chercherait sa nourriture à la surface de son aquarium, sans trouver quoi que ce soit à redire. Il soupira en levant les yeux au plafond, avant de lui indiquer qu'il la suivait. Elle lui adressa un sourire malicieux auquel il fut bien incapable de répondre.
L'adolescente colla son oreille à la porte, bien que le jeune homme doutât que ça lui serve réellement, puis poussa lentement le panneau. Elle se tourna vers lui, hocha la tête, puis se glissa dans l'ouverture. David la suivit doucement, et le temps qu'il referme la lourde porte sans la claquer elle avait déjà contournée la barrière et se tenait en face d'une autre entrée, collée à deux mètres de celle des escaliers sur un mur perpendiculaire. Dans sa précipitation, il ne l'avait pas vue, et elle était totalement sortie de ses souvenirs.
Le temps qu'il la rejoigne, elle avait déjà tourné la poignée sans la moindre résistance, et ils s'engouffrèrent tous deux dans une salle circulaire, avec plusieurs tables.
« Bon, plus qu'à espérer que ce sera ouvert... commença la jeune fille. »
David la saisit brutalement par les épaules et la jeta presque sur le côté, où elle manqua de s'écraser contre le mur. Lui-même trébucha sur le pied d'une chaise et faillit embarquer toute la table, ce qui aurait réduit à néant tout espoir de discrétion. La raison de cette brusque réaction du jeune homme était une vitre, à l'opposé de la salle, qui donnait sur le couloir derrière.
De l'autre côté de cette vitre, deux cinglés marchaient côte à côte.
Durant la seconde, temps infiniment court mais qui lui avait également paru affreusement long, qu'il avait mis à réagir, le jeune homme était persuadé d'avoir accroché le regard de l'un des lycéens. L'image de ces deux yeux rougis par le sang de ses vaisseaux éclatés fixés sur lui continua de flotter devant lui, comme celle qu'il aurait pu avoir après avoir fixé le flash d'un appareil photo.
Pendant les longues secondes où il garda l'adolescente plaquée contre le mur, la peur de voir le visage du cinglé s'appuyer contre la vitre ne cessa d'augmenter. Il sentait la respiration tremblante de Laura sur sa gorge, mais elle n'essaya même pas de se dégager.
C'était une bonne chose. Ils allaient devoir apprendre à se faire confiance mutuellement sans réfléchir s'ils voulaient survivre. Au moins dans ce genre de situations.
Les secondes défilaient, mais personne n'était venu. David se détendit.
« C'était quoi ? L'interrogea finalement la jeune fille. »
« Rien, je croyais qu'il m'avait vu mais... c'est bon. »
Elle hocha la tête, s'approcha d'une autre porte, et l'ouvrit doucement.
Le self était presque vide. A gauche, ils voyaient la vitre derrière laquelle ils s'étaient trouvé juste avant. Sur leur droite, à quelques mètres, une porte était placée à côté du rail automatique où les élèves déposaient leur plateaux. Derrière se trouvait la plonge. La salle était divisée en deux parties. Celle où ils se trouvaient était assez basse de plafond, et munie de trois longues tables. Un immense cylindre, que le jeune homme savait être une cuve d'eau, trônait en plein milieu. De chaque côté, un escalier permettait de monter à l'étage du self, qui était généralement verrouillé avant le repas. Puis, au-delà, la cantine s'élargissait et devenait nettement plus haute, avec cette fois ci cinq rangées de tables puis un comptoir où auraient en temps normal été disposé plusieurs bac de nourriture. Derrière ce comptoir se trouvaient plusieurs frigos et étagères, ainsi qu'une petite porte vitrée qui permettait d'accéder à l'autre file d'attente.
Gisant dans une flaque de sang et d'urine, une jeune fille était étalée de tout son long sur une chaise renversée, entre deux rangées de tables. Deux cahiers ainsi qu'une trousse s'y trouvaient, et Laura expliqua brièvement au jeune homme que le self servait de salle d'étude avant 8h. Son sac était posé sur une autre chaise, et c'est ce détail qui intéressa David.
Contrairement à ce à quoi il s'était attendu, ce n'était pas un sac à main, mais bel et bien un sac à dos traditionnel. Noir, avec une étoile blanche et cerclée au milieu. Il s'en approcha à grand pas, suivit par une Laura intriguée.
Quand il l'attrapa par une sangle et le vida sur la table, elle réagit beaucoup plus vivement.
« Mais qu'est-ce que tu fous ? Tu vas pas lui voler ses affaires ! »
« J'ai perdu mon sac y a un moment et on a pas pris le tien, expliqua l'étudiant en répandant cahiers, livres et feuilles en tout sens. »
« Alors du coup tu pilles cette... cette pauvre... s'étrangla l'adolescente. »
« Écoutes, tenta finalement le jeune homme en se tournant vers elle, je sais pas si cette merde va durer, ni où on va aller. Mais on va sûrement pas trimbaler de la nourriture à la main, même chose pour tout ce qui pourrait être utile. Je sais que c'est pas éthique, mais on a pas le droit de se mettre à chipoter. Elle est morte ! Acheva t-il d'une voix légèrement plus aiguë qu'au début. »
Cette fois, ce fut au tour de la jeune fille de ne pas pouvoir répondre. Elle se contenta de le fixer, les larmes aux yeux, et il termina de vider le sac, en s'assurant qu'il n'y avait rien d'utile. Les divers cahiers et livres ne serviraient à rien, et il les poussa de côté. Puis il retourna la trousse.
Elle contenait le matériel habituel du parfait lycéen, comptant des stylos, du blanc, de la colle et quelques crayons de couleurs. Elle contenait aussi un peu du matériel qu'il se souvenait avoir fugitivement vu dans les trousses de certaines de ses amies, des années plus tôt. Il mit ces objets de côté, ne retenant qu'un petit miroir rond, ainsi qu'un tube de colle forte. Mieux valait ne rien négliger.
Puis il passa à la poche à l'avant du sac. Elle dissimulait des trésors tels que deux paquets de mouchoir, un rouleau de scotch à moitié entamé, une boite à lunette et une calculatrice. Il fit glisser la boite vers la pile désordonnée de ce qu'il laissait là, mais conserva les mouchoirs et le scotch. Il retourna la calculette, força un peu sur le boîtier et parvint à ouvrir le compartiment à l'arrière. Quatre piles de 1,5 volts y étaient bien rangées, toutes neuves, et il les enleva de leur logement.
« Tu crois vraiment que ça nous servira tout ces trucs ? Demanda Laura d'une petite voix. »
« Aucune idée. Mais on sait jamais. »
Il rangea la colle, le miroir, le scotch et les piles dans la trousse. Après réflexion, il y ajouta une paire de ciseaux qui traînaient entre les cartouches d'encre et les crayons de couleur. La trousse atterrit au fond du sac désormais vide, et il glissa les paquets de mouchoirs dans la poche où ils se trouvaient auparavant.
David referma tout, puis hissa le sac sur son dos. Après l'avoir réglé à la bonne taille, et un dernier regard au cadavre aux yeux écarquillés de la lycéenne, il contourna la table.
« Bon, j'espère que t'avais raison, fit-il en s'approchant d'une porte verte et sans la moindre décoration. »
Il tira la poignée, qui ne résista pas.
La cuisine était plongée dans une semi-obscurité. Des vitres éclairaient légèrement la pièce, mais il y faisait toute fois assez sombre.
La main du jeune homme se posa sur un interrupteur, sur le mur. Il l'actionna, mais la lumière ne vint pas. Surpris, il répéta son geste plusieurs fois, avant de se rendre à l'évidence.
Plus de courant.
La chute de l'extincteur avait attiré de nombreux cinglés, comme en témoignaient les bruits de pas derrière la porte. Le lycéen qui s'était enfui en abandonnant son ami, lui, était resté introuvable. En ce moment, il devait probablement être terré dans les toilettes ou une salle de classe vide. Comme elle avant que le jeune homme n'apparaisse...
La jeune fille regarda à nouveau l'étudiant, qui se laissait lentement glisser le long de la porte, gardant le regard fixé sur le mur en face. Ses yeux tombèrent sur ses doigts couverts du sang du gamin, et il les secoua brutalement, avant de les essuyer comme il pouvait.
Elle soupira en étudiant les traits figés de celui qui risquait de l'accompagner pendant un bon bout de temps. Malgré les larmes qui rougissaient ses yeux et son visage inexpressif, il était plutôt mignon. Et il s'était montré adorable depuis qu'ils s'étaient rencontrés. Et courageux.
L'adolescente cligna des yeux à plusieurs reprises, comme pour chasser ses pensées. Si ce désastre se poursuivait et qu'ils restaient tous les deux, peut-être qu'elle s'autoriserait à y songer. Mais pour l'instant, il leur fallait tout deux se consacrer à la suite immédiate de cette fuite, afin de ne pas se laisser submerger. Même si pour le jeune homme, c'était peine perdue pour l'instant.
Agenouillée sur le carrelage, Laura glissa deux doigts dans l'une des poches de son jean et en tira son téléphone portable.
Elle appuya brièvement sur une touche et l'écran s'alluma, dévoilant l'heure. Il était déjà 9h43.
En voyant la lueur hypnotisante de l'appareil, une idée naquît dans la tête de la jeune fille, une idée à laquelle elle n'avait même pas songé depuis le début de la crise.
Elle tapota l'écran en divers endroits, jusqu'à arriver au répertoire, là où il était écrit ''maman''. Son doigt resta en suspens au-dessus de l'icône de téléphone vert, alors que d'autres pensées l'assaillaient.
Et si personne ne répondait ? Si la seule réponse qu'elle obtenait était une série de grognements ? Et si elle répond ? Elle voudra savoir que je vais bien... La sonnerie du téléphone pouvait aussi amener des cinglés sur sa mère. Elle se secoua mentalement. Le portable devait être en vibreur, puisque sa mère était au travail.
Elle cessa de se poser des questions, et pressa l'icône avant de porter l'appareil à son oreille.
La sonnerie retentit. Une fois. Deux fois. Cinq fois. Puis le répondeur.
*
Le téléphone échappa des mains de l'adolescente, rebondit sur l'un de ses genoux avant de toucher le sol. Ce fut ce son qui ramena David à la réalité. Il cligna des yeux, hébété, avant de se relever méthodiquement. Son bras droit, celui qui avait encaissé le contrecoup de l'extincteur, l'élançait légèrement, et il l'étira nerveusement, avant de faire quelques cercles avec. Son épaule craqua douloureusement, mais il ne semblait pas avoir quoi que ce soit de cassé.
L'adolescente avait toujours une main portée à son oreille, et sa bouche tremblait, entrouverte. Ses yeux se levèrent vers l'étudiant, restèrent accrochés quelques instants à son regard, avant de redescendre lentement.
Il se pencha, récupéra le portable et le tendit à la jeune fille. Laura hésita quelques instants avant de le prendre et de le ranger. David avait toujours le sien, mais à part ses amis, il n'avait plus personne à appeler, et ne tenait pas à courir le risque. S'il se mettait à vibrer dans sa poche, soit, mais sinon... la réaction de l'adolescente montrait très bien ce qui l'attendait s'il prenait ce risque.
Il lui tendit une main, qu'elle attrapa, et la releva.
Il posa doucement les mains sur ses épaules, mais elle devança sa question.
« Je voulais juste savoir... »
« Je sais, murmura t-il, qui tu appelais ? »
« Ma mère... »
« Si elle t'appelait, toi non plus tu ne pourrais peut-être pas répondre. »
Elle releva une nouvelle fois les yeux vers lui, et le remercia d'un sourire. C'était un mensonge, ils le savaient tous les deux, mais s'y raccrocher lui permettrait peut-être de mieux appréhender la situation. Quant au jeune homme, il n'avait plus à s'inquiéter de l'état de sa famille.
Cette pensée lui serra la gorge, et il la chassa d'un revers de main mental.
En attendant que Laura se redresse, il observa les lieux, se remémorant trois ans de bousculades amicales et de plaisanteries en faisant la queue pour la cantine. Des barrières vertes avaient été placées en serpentin, comme une véritable file d'attente, et, à travers une longue vitre, on pouvait voir le self, dont les tables étaient déjà prêtes à l'emploi.
Heureusement pour eux, personne ne s'y trouvait, car, durant cette longue immobilité, ils auraient pu se faire très facilement repérer. Et après tout, plus le temps passait, et plus les cinglés risquaient de se disperser, non ? La possibilité de tomber sur des meutes s'en trouverait largement réduite, mais celle d'être agressé par un pauvre hère solitaire au détour d'une rue serait en revanche augmentée.
Les deux jeunes gens commencèrent à suivre le long zigzag fait par les barrières, jusqu'à atteindre une porte verte avec une petite vitre incrustée sur une trentaine de centimètres de haut. David secoua la poignée. Fermée.
« On est pas venu ici pour rien quand même, soupira le jeune homme. »
« Les portes où les élèves passent sont fermées pour les empêcher d'entrer avant l'heure du repas, mais les cuisiniers entrent bien par ailleurs, eux. Celles-ci ont pas de verrou il me semblent, acheva t-elle en désignant deux portes, à l'intérieur du self. »
« Et comment on y va ? »
« On ressort. Y a peut-être même moyen de passer par la cantine des profs, c'est juste à côté de l'escalier. »
« Mais ils sont sûrement encore là ! »
« A moins que tu veuilles t'éclater l'épaule en essayant d'ouvrir cette porte, ou les alerter en cassant la vitre, on va pas avoir le choix, raisonna la jeune fille en le regardant comme s'il était un enfant en bas âge auquel il faut tout expliquer. »
David ouvrit la bouche, la referma, puis l'ouvrit à nouveau, comme un poisson qui chercherait sa nourriture à la surface de son aquarium, sans trouver quoi que ce soit à redire. Il soupira en levant les yeux au plafond, avant de lui indiquer qu'il la suivait. Elle lui adressa un sourire malicieux auquel il fut bien incapable de répondre.
L'adolescente colla son oreille à la porte, bien que le jeune homme doutât que ça lui serve réellement, puis poussa lentement le panneau. Elle se tourna vers lui, hocha la tête, puis se glissa dans l'ouverture. David la suivit doucement, et le temps qu'il referme la lourde porte sans la claquer elle avait déjà contournée la barrière et se tenait en face d'une autre entrée, collée à deux mètres de celle des escaliers sur un mur perpendiculaire. Dans sa précipitation, il ne l'avait pas vue, et elle était totalement sortie de ses souvenirs.
Le temps qu'il la rejoigne, elle avait déjà tourné la poignée sans la moindre résistance, et ils s'engouffrèrent tous deux dans une salle circulaire, avec plusieurs tables.
« Bon, plus qu'à espérer que ce sera ouvert... commença la jeune fille. »
David la saisit brutalement par les épaules et la jeta presque sur le côté, où elle manqua de s'écraser contre le mur. Lui-même trébucha sur le pied d'une chaise et faillit embarquer toute la table, ce qui aurait réduit à néant tout espoir de discrétion. La raison de cette brusque réaction du jeune homme était une vitre, à l'opposé de la salle, qui donnait sur le couloir derrière.
De l'autre côté de cette vitre, deux cinglés marchaient côte à côte.
Durant la seconde, temps infiniment court mais qui lui avait également paru affreusement long, qu'il avait mis à réagir, le jeune homme était persuadé d'avoir accroché le regard de l'un des lycéens. L'image de ces deux yeux rougis par le sang de ses vaisseaux éclatés fixés sur lui continua de flotter devant lui, comme celle qu'il aurait pu avoir après avoir fixé le flash d'un appareil photo.
Pendant les longues secondes où il garda l'adolescente plaquée contre le mur, la peur de voir le visage du cinglé s'appuyer contre la vitre ne cessa d'augmenter. Il sentait la respiration tremblante de Laura sur sa gorge, mais elle n'essaya même pas de se dégager.
C'était une bonne chose. Ils allaient devoir apprendre à se faire confiance mutuellement sans réfléchir s'ils voulaient survivre. Au moins dans ce genre de situations.
Les secondes défilaient, mais personne n'était venu. David se détendit.
« C'était quoi ? L'interrogea finalement la jeune fille. »
« Rien, je croyais qu'il m'avait vu mais... c'est bon. »
Elle hocha la tête, s'approcha d'une autre porte, et l'ouvrit doucement.
Le self était presque vide. A gauche, ils voyaient la vitre derrière laquelle ils s'étaient trouvé juste avant. Sur leur droite, à quelques mètres, une porte était placée à côté du rail automatique où les élèves déposaient leur plateaux. Derrière se trouvait la plonge. La salle était divisée en deux parties. Celle où ils se trouvaient était assez basse de plafond, et munie de trois longues tables. Un immense cylindre, que le jeune homme savait être une cuve d'eau, trônait en plein milieu. De chaque côté, un escalier permettait de monter à l'étage du self, qui était généralement verrouillé avant le repas. Puis, au-delà, la cantine s'élargissait et devenait nettement plus haute, avec cette fois ci cinq rangées de tables puis un comptoir où auraient en temps normal été disposé plusieurs bac de nourriture. Derrière ce comptoir se trouvaient plusieurs frigos et étagères, ainsi qu'une petite porte vitrée qui permettait d'accéder à l'autre file d'attente.
Gisant dans une flaque de sang et d'urine, une jeune fille était étalée de tout son long sur une chaise renversée, entre deux rangées de tables. Deux cahiers ainsi qu'une trousse s'y trouvaient, et Laura expliqua brièvement au jeune homme que le self servait de salle d'étude avant 8h. Son sac était posé sur une autre chaise, et c'est ce détail qui intéressa David.
Contrairement à ce à quoi il s'était attendu, ce n'était pas un sac à main, mais bel et bien un sac à dos traditionnel. Noir, avec une étoile blanche et cerclée au milieu. Il s'en approcha à grand pas, suivit par une Laura intriguée.
Quand il l'attrapa par une sangle et le vida sur la table, elle réagit beaucoup plus vivement.
« Mais qu'est-ce que tu fous ? Tu vas pas lui voler ses affaires ! »
« J'ai perdu mon sac y a un moment et on a pas pris le tien, expliqua l'étudiant en répandant cahiers, livres et feuilles en tout sens. »
« Alors du coup tu pilles cette... cette pauvre... s'étrangla l'adolescente. »
« Écoutes, tenta finalement le jeune homme en se tournant vers elle, je sais pas si cette merde va durer, ni où on va aller. Mais on va sûrement pas trimbaler de la nourriture à la main, même chose pour tout ce qui pourrait être utile. Je sais que c'est pas éthique, mais on a pas le droit de se mettre à chipoter. Elle est morte ! Acheva t-il d'une voix légèrement plus aiguë qu'au début. »
Cette fois, ce fut au tour de la jeune fille de ne pas pouvoir répondre. Elle se contenta de le fixer, les larmes aux yeux, et il termina de vider le sac, en s'assurant qu'il n'y avait rien d'utile. Les divers cahiers et livres ne serviraient à rien, et il les poussa de côté. Puis il retourna la trousse.
Elle contenait le matériel habituel du parfait lycéen, comptant des stylos, du blanc, de la colle et quelques crayons de couleurs. Elle contenait aussi un peu du matériel qu'il se souvenait avoir fugitivement vu dans les trousses de certaines de ses amies, des années plus tôt. Il mit ces objets de côté, ne retenant qu'un petit miroir rond, ainsi qu'un tube de colle forte. Mieux valait ne rien négliger.
Puis il passa à la poche à l'avant du sac. Elle dissimulait des trésors tels que deux paquets de mouchoir, un rouleau de scotch à moitié entamé, une boite à lunette et une calculatrice. Il fit glisser la boite vers la pile désordonnée de ce qu'il laissait là, mais conserva les mouchoirs et le scotch. Il retourna la calculette, força un peu sur le boîtier et parvint à ouvrir le compartiment à l'arrière. Quatre piles de 1,5 volts y étaient bien rangées, toutes neuves, et il les enleva de leur logement.
« Tu crois vraiment que ça nous servira tout ces trucs ? Demanda Laura d'une petite voix. »
« Aucune idée. Mais on sait jamais. »
Il rangea la colle, le miroir, le scotch et les piles dans la trousse. Après réflexion, il y ajouta une paire de ciseaux qui traînaient entre les cartouches d'encre et les crayons de couleur. La trousse atterrit au fond du sac désormais vide, et il glissa les paquets de mouchoirs dans la poche où ils se trouvaient auparavant.
David referma tout, puis hissa le sac sur son dos. Après l'avoir réglé à la bonne taille, et un dernier regard au cadavre aux yeux écarquillés de la lycéenne, il contourna la table.
« Bon, j'espère que t'avais raison, fit-il en s'approchant d'une porte verte et sans la moindre décoration. »
Il tira la poignée, qui ne résista pas.
La cuisine était plongée dans une semi-obscurité. Des vitres éclairaient légèrement la pièce, mais il y faisait toute fois assez sombre.
La main du jeune homme se posa sur un interrupteur, sur le mur. Il l'actionna, mais la lumière ne vint pas. Surpris, il répéta son geste plusieurs fois, avant de se rendre à l'évidence.
Plus de courant.
24/10/12 à 13:20:45
J'ai pas énormément d'avance, donc j'essaie de fixer un chapitre tous les mercredi, sauf exception, ça me laisse une semaine pour continuer tranquille
23/10/12 à 19:21:10
Dépêche, ça fait presque une semaine que j'attends
Et la saison 3 de The Walking Dead ne compense pas assez l'attente d'un nouveau chapitre
21/10/12 à 19:05:57
Merfi
21/10/12 à 15:46:33
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