Entre poussière et ruines
Par : Spyko
Genre : Action , Horreur
Status : C'est compliqué
Note :
Chapitre 1
Publié le 16/08/12 à 23:17:31 par Spyko
« Voila ton billet. Passes une bonne semaine ! »
« Merci, toi aussi, répondit David avec un signe de la main. »
Audrey, la jeune femme qui s'occupait du guichet de la gare, y répondit avec un sourire, avant de reporter son regard sur les papiers qui envahissaient le comptoir, derrière la vitre. Depuis deux ans que le jeune homme prenait le train, ils avaient fini par faire connaissance, à la manière dont un boulanger connaîtrait ses clients habituels, et répétaient ce même schéma à chaque début de semaine.
Il contourna les barrières et les quelques rares voyageurs qui consultaient les petits meubles chargés de divers prospectus, avant de franchir la double porte qui menait sur le quai qui longeait la voie. Plus loin, un aiguillage la doublerait, mais ici, il n'y en avait qu'une. Après tout, ce n'était qu'une petite gare, rien de plus. David s'adossa à l'un des piliers qui supportaient le auvent, laissant tomber son sac entre ses pieds. Il avait une bonne vingtaine de minutes d'avance, et il n'y avait plus qu'à attendre.
Quelque part dans la petite ville, une sirène d'ambulance résonna avec force dans les rues désertes. Il leva la tête, se demandant ce qui pouvait bien se passer à une heure aussi matinale. De l'autre côté du bâtiment, là où personne ne pouvait le voir, l'homme d'une soixantaine d'année avait cessé de tousser, et se tenait immobile, pantelant, en face du panneau d'affichage. Ceux qui passaient n'avaient qu'un bref regard pour lui, même si nombre d'entre eux semblaient avoir également écopé d'une toux virulente.
« Le train à destination de Lyon arrivera dans quelques instants, veuillez vous éloignez des voies, merci, fit la voix d'Audrey, rendu métallique et grésillante par le haut-parleur qui diffusait ces quelques mots. »
David sortit de sa torpeur, clignant stupidement des yeux et regardant autour de lui. Le nombre de voyageurs avait légèrement augmenté, et ils étaient une trentaine à attendre le TGV qui entamait son approche. Il jeta un regard vide sur le billet qu'il tenait toujours dans une main, afin de s'assurer de son wagon et de sa place. Au moins, il pourrait se rendormir partiellement une fois bien installé dans le train.
Un sifflement suraigu accompagné d'un crissement força tout le monde à tourner la tête sur le côté, où le museau aérodynamique de leur moyen de transport apparaissait, crevant les voiles déposés sur la voie par la brume qui se dissipait. Le jeune homme étouffa un bâillement de la main, et récupéra son sac. Par simple habitude, il y récupéra son porte-feuille, avant de le glisser dans la poche arrière de son jean. Puis, comme par un signal imperceptible que seuls les voyageurs auraient pu entendre, tout le monde se mit en marche vers les portes qui s'ouvraient.
A l'intérieur de la gare, Audrey venait tira nerveusement sur les manches de son chemisier, avant de passer une main dans sa chevelure noire attachée en un chignon pour son travail. La cause de cette soudaine nervosité était un vieil homme, auquel elle aurait facilement donné entre soixante et soixante-dix ans, qui déambulait dans le hall, comme un somnambule. Il s'était arrêté devant un stand qui proposait de participer à un petit sondage en remplissant un formulaire, à côté duquel se trouvait l'un de ces stylos qu'on trouve souvent, accrochés à un socle par une petite chaîne.
Et, arrivé là, il resta à nouveau immobile, dodelinant de la tête, comme s'il s'apprêtait à s'endormir. La jeune femme regarda aux alentours pour vérifier s'il y avait quelqu'un d'autre pour intervenir, mais ce n'était pas le cas. Elle soupira, hésitant entre appeler directement quelqu'un, ou aller voir cet étrange personnage. Finalement, Audrey s'extirpa de son siège, avant de sortir de son aquarium dans un claquement de talons.
L'homme s'était penché au-dessus des petites feuilles, et observait le stylo comme si c'était la première fois de sa vie qu'il en voyait un.
Audrey s'approcha de lui, et posa gentiment une main sur son épaule.
« Monsieur, vous allez bien ? Demanda t-elle par simple commodité. »
Alors qu'il continuait à fixer bêtement le stylo, la jeune femme sentit son estomac se contracter, et posa une main devant sa bouche. Elle toussa violemment à trois reprises, se courbant brusquement en avant. Lorsqu'elle écarta les doigts, son estomac se tordit une nouvelle fois, et elle manqua de vomir. Du sang frais dégoulina le long de son poignet, avant de tomber en petites gouttes sur le collant transparent qui couvrait son tibia, sous la jupe longue de son uniforme.
Elle ne pu pas résister, et cracha au sol. Le fluide produisit un bruit caractéristique en touchant le carrelage, comme un verre d'eau que l'on vide brutalement.
Une main solide l'attrapa par les cheveux, faisant glisser plusieurs mèches de son chignon impeccable. Le vieil homme n'était plus du tout amorphe. Dans son autre poing fermé, il tenait le stylo, si fort que ses articulations blanchissaient. Audrey tenta de hurler, mais la pointe du crayon s'enfonça dans la chair tendre entre la mâchoire et la gorge, et son cri se mua en un horrible gargouillement.
Le stylo s'abattit encore deux fois.
David venait de s'asseoir sur son siège, à côté d'une femme en tailleur d'une quarantaine d'année. Elle tourna légèrement la tête dans sa direction, avant de reporter son regard sur la vitre. De nombreuses personnes toussaient dans le wagon, et plusieurs d'entre elles s'étaient déjà levées pour courir aux toilettes les plus proches. Le jeune homme observait ce manège avec étonnement.
Qu'est-ce qu'il se passe ici ? Se demanda t-il en regardant une femme se lever en titubant et en s'accrochant aux sièges.
Le train était censé ne s'arrêter que quelques minutes, mais le haut-parleur s'enclencha bientôt pour annoncer aux voyageurs que l'un des conducteurs ayant été victime d'un malaise, le départ serait légèrement retardé.
David s'enfonça davantage dans son siège, anxieux.
La femme à côté de lui se mit à tousser de façon très violente. A la quatrième fois, sa tête partit si violemment en avant qu'elle heurta le fauteuil devant elle, avant qu'elle ne se laisse tomber en arrière, livide. Sa bouche dégoulinait de sang, et ses doigts en étaient imprégnés. Le jeune homme étouffa un cri et se pencha vers elle, inquiet.
« Madame ? Demanda t-il avec douceur. Vous allez bien ? »
Elle ne réagit pas, gardant le cou droit, ses yeux clignant à peine tandis qu'ils fixaient un point invisible devant elle. Puis sa bouche s'ouvrit, elle laissa échapper un sifflement, et son dos se raidit.
Alors que l'étudiant s'apprêtait à se lever pour demander de l'aide, malgré le fait qu'un nombre important de voyageurs souffrent eux aussi d'un mal étrange, la tête de la femme, avec une lenteur effrayante, tomba sur le côté. Ses yeux fixes se plantèrent dans le regard de son voisin, et un long frisson remonta le long du dos du jeune homme.
Il se pencha vers elle, levant une main pour lui secouer l'épaule.
Elle se jeta brutalement en avant, avec une force inattendue, ses ongles manucurés griffant l'air, comme pour arracher le visage de l'étudiant apeuré. Ses genoux heurtèrent l'accoudoir, l'empêchant d'agripper sa proie comme elle l'aurait souhaité, et David bascula en arrière, dans l'allée.
Il rampa désespérément en arrière, avant de se relever en s'aidant d'un autre siège.
Tout autour de lui, beaucoup de voyageurs étaient devenus complètement amorphes, et d'autres semblaient trop mal en point pour intervenir. Seuls quelques uns essayaient de s'extirper de leurs sièges, visiblement en bonne santé.
La femme en tailleur se hissa à quatre pattes sur les deux fauteuils, et s'écrasa elle aussi dans l'allée, perdant l'une de ses chaussures à talon dans la foulée. Elle fit un arc-de-cercle avant d'atterrir sur les genoux d'un homme qui venait visiblement de s'accorder quelques verres avant d'aller au travail. Il regarda l'objet d'un regard éteint, puis, regardant son voisin endormi, décida de tester si le talon était aussi pointu qu'il en avait l'air.
« Aidez-moi ! Hurla quelqu'un, sans doute dans un autre wagon. »
David leva les yeux, tandis le bras et saisit l'une des sangles de son sac, qui dépassait du porte-bagages, au-dessus des rangées. Il tira dessus, et le sac tomba de son rangement, avant de s'écraser sur la tête de la femme qui se relevait, la projetant à nouveau au sol.
« Désolé... murmura t-il maladroitement, sans réellement comprendre pourquoi. »
Il n'était pas vraiment lourd, mais il ne pouvait se résoudre à le laisser là, simplement parce que ses habitudes de vie prenaient momentanément le pas sur son instinct de survie. Et qu'il n'imaginait pas abandonner son sac simplement parce qu'une folle lui avait sauté dessus.
Il l'attrapa par la poignée, et fit demi-tour, avant de courir dans l'allée.
Plusieurs voyageurs se débattaient avec des fous furieux, mais il n'en vit aucun.
« Merci, toi aussi, répondit David avec un signe de la main. »
Audrey, la jeune femme qui s'occupait du guichet de la gare, y répondit avec un sourire, avant de reporter son regard sur les papiers qui envahissaient le comptoir, derrière la vitre. Depuis deux ans que le jeune homme prenait le train, ils avaient fini par faire connaissance, à la manière dont un boulanger connaîtrait ses clients habituels, et répétaient ce même schéma à chaque début de semaine.
Il contourna les barrières et les quelques rares voyageurs qui consultaient les petits meubles chargés de divers prospectus, avant de franchir la double porte qui menait sur le quai qui longeait la voie. Plus loin, un aiguillage la doublerait, mais ici, il n'y en avait qu'une. Après tout, ce n'était qu'une petite gare, rien de plus. David s'adossa à l'un des piliers qui supportaient le auvent, laissant tomber son sac entre ses pieds. Il avait une bonne vingtaine de minutes d'avance, et il n'y avait plus qu'à attendre.
Quelque part dans la petite ville, une sirène d'ambulance résonna avec force dans les rues désertes. Il leva la tête, se demandant ce qui pouvait bien se passer à une heure aussi matinale. De l'autre côté du bâtiment, là où personne ne pouvait le voir, l'homme d'une soixantaine d'année avait cessé de tousser, et se tenait immobile, pantelant, en face du panneau d'affichage. Ceux qui passaient n'avaient qu'un bref regard pour lui, même si nombre d'entre eux semblaient avoir également écopé d'une toux virulente.
« Le train à destination de Lyon arrivera dans quelques instants, veuillez vous éloignez des voies, merci, fit la voix d'Audrey, rendu métallique et grésillante par le haut-parleur qui diffusait ces quelques mots. »
David sortit de sa torpeur, clignant stupidement des yeux et regardant autour de lui. Le nombre de voyageurs avait légèrement augmenté, et ils étaient une trentaine à attendre le TGV qui entamait son approche. Il jeta un regard vide sur le billet qu'il tenait toujours dans une main, afin de s'assurer de son wagon et de sa place. Au moins, il pourrait se rendormir partiellement une fois bien installé dans le train.
Un sifflement suraigu accompagné d'un crissement força tout le monde à tourner la tête sur le côté, où le museau aérodynamique de leur moyen de transport apparaissait, crevant les voiles déposés sur la voie par la brume qui se dissipait. Le jeune homme étouffa un bâillement de la main, et récupéra son sac. Par simple habitude, il y récupéra son porte-feuille, avant de le glisser dans la poche arrière de son jean. Puis, comme par un signal imperceptible que seuls les voyageurs auraient pu entendre, tout le monde se mit en marche vers les portes qui s'ouvraient.
A l'intérieur de la gare, Audrey venait tira nerveusement sur les manches de son chemisier, avant de passer une main dans sa chevelure noire attachée en un chignon pour son travail. La cause de cette soudaine nervosité était un vieil homme, auquel elle aurait facilement donné entre soixante et soixante-dix ans, qui déambulait dans le hall, comme un somnambule. Il s'était arrêté devant un stand qui proposait de participer à un petit sondage en remplissant un formulaire, à côté duquel se trouvait l'un de ces stylos qu'on trouve souvent, accrochés à un socle par une petite chaîne.
Et, arrivé là, il resta à nouveau immobile, dodelinant de la tête, comme s'il s'apprêtait à s'endormir. La jeune femme regarda aux alentours pour vérifier s'il y avait quelqu'un d'autre pour intervenir, mais ce n'était pas le cas. Elle soupira, hésitant entre appeler directement quelqu'un, ou aller voir cet étrange personnage. Finalement, Audrey s'extirpa de son siège, avant de sortir de son aquarium dans un claquement de talons.
L'homme s'était penché au-dessus des petites feuilles, et observait le stylo comme si c'était la première fois de sa vie qu'il en voyait un.
Audrey s'approcha de lui, et posa gentiment une main sur son épaule.
« Monsieur, vous allez bien ? Demanda t-elle par simple commodité. »
Alors qu'il continuait à fixer bêtement le stylo, la jeune femme sentit son estomac se contracter, et posa une main devant sa bouche. Elle toussa violemment à trois reprises, se courbant brusquement en avant. Lorsqu'elle écarta les doigts, son estomac se tordit une nouvelle fois, et elle manqua de vomir. Du sang frais dégoulina le long de son poignet, avant de tomber en petites gouttes sur le collant transparent qui couvrait son tibia, sous la jupe longue de son uniforme.
Elle ne pu pas résister, et cracha au sol. Le fluide produisit un bruit caractéristique en touchant le carrelage, comme un verre d'eau que l'on vide brutalement.
Une main solide l'attrapa par les cheveux, faisant glisser plusieurs mèches de son chignon impeccable. Le vieil homme n'était plus du tout amorphe. Dans son autre poing fermé, il tenait le stylo, si fort que ses articulations blanchissaient. Audrey tenta de hurler, mais la pointe du crayon s'enfonça dans la chair tendre entre la mâchoire et la gorge, et son cri se mua en un horrible gargouillement.
Le stylo s'abattit encore deux fois.
David venait de s'asseoir sur son siège, à côté d'une femme en tailleur d'une quarantaine d'année. Elle tourna légèrement la tête dans sa direction, avant de reporter son regard sur la vitre. De nombreuses personnes toussaient dans le wagon, et plusieurs d'entre elles s'étaient déjà levées pour courir aux toilettes les plus proches. Le jeune homme observait ce manège avec étonnement.
Qu'est-ce qu'il se passe ici ? Se demanda t-il en regardant une femme se lever en titubant et en s'accrochant aux sièges.
Le train était censé ne s'arrêter que quelques minutes, mais le haut-parleur s'enclencha bientôt pour annoncer aux voyageurs que l'un des conducteurs ayant été victime d'un malaise, le départ serait légèrement retardé.
David s'enfonça davantage dans son siège, anxieux.
La femme à côté de lui se mit à tousser de façon très violente. A la quatrième fois, sa tête partit si violemment en avant qu'elle heurta le fauteuil devant elle, avant qu'elle ne se laisse tomber en arrière, livide. Sa bouche dégoulinait de sang, et ses doigts en étaient imprégnés. Le jeune homme étouffa un cri et se pencha vers elle, inquiet.
« Madame ? Demanda t-il avec douceur. Vous allez bien ? »
Elle ne réagit pas, gardant le cou droit, ses yeux clignant à peine tandis qu'ils fixaient un point invisible devant elle. Puis sa bouche s'ouvrit, elle laissa échapper un sifflement, et son dos se raidit.
Alors que l'étudiant s'apprêtait à se lever pour demander de l'aide, malgré le fait qu'un nombre important de voyageurs souffrent eux aussi d'un mal étrange, la tête de la femme, avec une lenteur effrayante, tomba sur le côté. Ses yeux fixes se plantèrent dans le regard de son voisin, et un long frisson remonta le long du dos du jeune homme.
Il se pencha vers elle, levant une main pour lui secouer l'épaule.
Elle se jeta brutalement en avant, avec une force inattendue, ses ongles manucurés griffant l'air, comme pour arracher le visage de l'étudiant apeuré. Ses genoux heurtèrent l'accoudoir, l'empêchant d'agripper sa proie comme elle l'aurait souhaité, et David bascula en arrière, dans l'allée.
Il rampa désespérément en arrière, avant de se relever en s'aidant d'un autre siège.
Tout autour de lui, beaucoup de voyageurs étaient devenus complètement amorphes, et d'autres semblaient trop mal en point pour intervenir. Seuls quelques uns essayaient de s'extirper de leurs sièges, visiblement en bonne santé.
La femme en tailleur se hissa à quatre pattes sur les deux fauteuils, et s'écrasa elle aussi dans l'allée, perdant l'une de ses chaussures à talon dans la foulée. Elle fit un arc-de-cercle avant d'atterrir sur les genoux d'un homme qui venait visiblement de s'accorder quelques verres avant d'aller au travail. Il regarda l'objet d'un regard éteint, puis, regardant son voisin endormi, décida de tester si le talon était aussi pointu qu'il en avait l'air.
« Aidez-moi ! Hurla quelqu'un, sans doute dans un autre wagon. »
David leva les yeux, tandis le bras et saisit l'une des sangles de son sac, qui dépassait du porte-bagages, au-dessus des rangées. Il tira dessus, et le sac tomba de son rangement, avant de s'écraser sur la tête de la femme qui se relevait, la projetant à nouveau au sol.
« Désolé... murmura t-il maladroitement, sans réellement comprendre pourquoi. »
Il n'était pas vraiment lourd, mais il ne pouvait se résoudre à le laisser là, simplement parce que ses habitudes de vie prenaient momentanément le pas sur son instinct de survie. Et qu'il n'imaginait pas abandonner son sac simplement parce qu'une folle lui avait sauté dessus.
Il l'attrapa par la poignée, et fit demi-tour, avant de courir dans l'allée.
Plusieurs voyageurs se débattaient avec des fous furieux, mais il n'en vit aucun.
20/09/12 à 18:07:24
Merci beaucoup, ça fait plaisir
20/09/12 à 14:24:15
wow, du très bon boulot, et je sais de quoi je parle. ça s'annonce vraiment bien, je me réjouis de lire la suite quand je serais rentré
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