*Lucie*







Dès qu'on eut entendu le dernier hurlement, ce fût la panique. Ma soeur et moi nous nous étions regardés, puis on avait couru à toute vitesse vers notre campement. Tous les lieux que nous avions visité depuis ce matin défilèrent devant nos yeux, et nous finîmes par apercevoir la clairière dans laquelle était établi notre camp.
A notre surprise, beaucoup de gens étaient déjà là. Il y avait Aymeric qui avait fait équipe avec Yohann, et Morgane qui avait fait équipe avec une fille dont j'ignorais le nom. Je m'avançais vers elles.

«-Morguy, on sait se qu'il se passe là? Lui demandais-je inquiète.
-Ah Marie et toi êtes rentrées, me dit-elle d'un air distrait. Bah euh nan on sait pas trop. Moi j'étais avec Marion à chercher notre deuxième objet quand on a entendu des cris. On a pas cherché plus loin et on est rentrées. Heureusement qu'on n'était pas loin.
-Oui, continua la fille nommée Marion, on est arrivées dans les premiers..»

J'essayais de voir à peu près combien de personnes nous étions, tandis que d'autres groupes continuaient à arriver. Nous devions être à peu près 20 à présent. Je vis Jean-Côme arriver, suivi de Nicolas.

«-Pfiouuu, lança Jean-Côme, j'vous dis pas comment on a failli y rester! Evidemment il a fallu que je fasse équipe avec le Rambo là, bravo Jean-Côme!! Oui bah j'y suis pour rien j'ai envie de dire! Et bien sûr ce débile ne voulait pas rentrer quand il devenait évident qu'on était en danger! Non, Môssieur préfère se tapisser dans un buisson et scruter autour, bah oui! Mais c'est pas fini, le mec il.... »

Je le laissais continuer son monologue et cherchais du regard les profs.

Aucun n'était rentré.

Nous attendîmes encore une heure d'éventuels retours, mais personne ne revint.

Finalement, nous décidâmes de nous asseoir en cercle et de faire un débriefing de ce qui s'était passé.

Apparemment, un premier hurlement avait été entendu à 12h, suivi d'un second une minute plus tard. C'est peu après que selon Mathieu, quelque chose les avait poursuivi et avait «prit» Esther. Apparemment les autres personnes disparues, les profs y compris le sont à cause de ça.
Tout le monde commença à parler à son voisin, et le brouhaha se fit bientôt.

Je vis Aymeric regarder Tonton.
Il prit la parole

«-On devrait peut-être en parler de ça.

Le silence se fit soudainement dans le groupe.

-Qu'est-ce que tu racontes? Lui lança Marie.

-En fait... on a déjà vu ce que Mathieu a vu tout à l'heure. Il nous a déjà attaqué.

Tout le monde semblait stupéfait.

La nuit dernière, quand on est allé porter Rodolphe à l'infirmerie... et bien...

-Et bien quoi? Lui demanda Thomas.

Et bien on n'a jamais été jusque l'infirmerie.. Cette chose que Mathieu a vu, cet Homme Noir.. On l'a rencontré. Il nous a interdit d'aller au village. Bien sûr on a refusé, vu que Rodolphe semblait mal en point. Il s'en est alors pris à Esther, qui a failli se prendre une balle. Il m'a mis KO et même Nicolas n'a rien pu faire contre lui. Quand à Tonton, il devait voir ses derniers poissons défiler devant les yeux.

-Je t'emmerde enculé, se défendit Tonton.

-... Il a finalement prit Rodolphe, et nous a conseillé de ne pas s'approcher du village.

-Mais pourquoi? Demanda Marion

-Ça on n'en sait rien! Vu l'état dans lequel on était on n'a pas trop pensé à discuter de ça avec lui autour d'un verre.


Le brouhaha reprit alors. Tout le monde se demandait se qui se passait, où on avait atterri. Pire que ça, des gens étaient portés disparus, et on n'avait aucun moyen de communiquer avec qui que ce soit.

En bref, c'était la merde.

Heureusement qu'il y avait ma soeur pour me soutenir. Je ne lui dis pas assez souvent, mais je la remercie pour me soutenir dans les mauvais moments, comme celui-là. Rien que de savoir qu'elle est là me rassure. Puis il y a Thomas, Mathieu et toute la troupe. Ensemble je pense qu'on ne peut pas être défaitistes.

-ON VA ALLER LES CHERCHER!


Tout le monde se tut. Je fus moi-même sortie de mes pensées par Jean-Côme qui s'était levé et avait commencé à parler.

-Ah ok le leader, lança Aymeric ironiquement.

Jean-Côme ignora ce qu'Aymeric disait, et continua à s'adresser à nous.

-Écoutez, On va pas rester ici à se tourner les pouces! Je refuse de croire qu'il leur soit arrivé quelque chose de mal tant que j'aurais pas vu leur corps devant mes yeux! Ceux qui me connaissent un peu savent que je peux rester déphasé face aux évènements qui arrivent autour de moi. Ça me permet de rester objectif et de pouvoir faire les meilleurs choix. Je pense qu'il faut aller les chercher. Je pense aussi qu'il faut aller au village. Si moyens de communication et matériel pour l'avion il y a, ils se trouveront là-bas.
Je propose donc de former deux groupes. Un partira à la recherche des disparus, et l'autre se rendra au village pour choper du matos de communication. Pendant ce temps-là, le reste des gens restera au camp. Pourquoi? Car le seul moyen pour ne pas être attaqué c'est de rester groupés. Comme disait un ami proche, et Dieu ait son âme, «boire ensemble ou mourir seul». Le seul moyen de sauver nos peaux c'est de rester groupés!
Bon ok on se sépare des quelques personnes qui formeront les deux groupes, mais se seront elles notre meilleure chance de survie. Je propose également que le pilote reste au camp et essaie de réparer l'avion avec le peu de matériel qu'on a!

Les gens avaient l'air dubitatifs...

-Maintenant il me faut des volontaires pour former deux groupes de...6 personnes je dirais.

Tout le monde regardait le sol, la tête baissée...

-Allez quoi... pour notre bien à tous!

Personne ne semblait motivé pour aller se balader vers l'inconnu.

-Moi, je viens.

Tonton s'était levé, et avait rejoint Jean-Côme au centre du cercle.

J'en suis aussi, avait continué Yohann.

-Moi aussi, lança Morgane, suivie de Marion et Elise.

-Ok moi aussi les copains, dit Mathilde, faut bien que je retrouve ma soeur.. Thomas tu viens avec moi!

-Quoi? Mais je voulais aider le pilote à réparer l'avion moi!

-Tu seras plus utile avec nous... Imagine on trouve de quoi appeler quelqu'un, tu connais ces trucs là mieux que nous tous réunis..

Thomas réfléchissait. Les sourcils froncés, il fixait Mathilde.
Les secondes passèrent et aucun des deux ne détournait les yeux. Ils avaient l'air de savoir ce que l'autre pensait.

Puis tout à coup une lumière sembla s'enflammer dans les yeux de Thomas.

-Ok vous pouvez compter sur moi. Il s'avança vers le petit groupe, armé de sa flûte de Pan.

Mathieu lui n'avait pas l'air de vouloir voir partir son frère tout seul.

-Je viens avec vous.. j'aimerais retrouver Esther moi aussi..

Je te suis, lança Marie.

Que devais-je faire? Je n'avais pas vraiment envie de partir vers l'inconnu. Mais d'un autre côté je voulais qu'elle puisse compter sur moi en cas de pépin, et vice-versa.

-Je t'accompagne, lui lançais-je.

Elle avait l'air ravie.

Bon, nous lança Jean-Côme. En considérant que je fais moi-même partie de l'expédition, on est 11. Il nous manque donc une personne.

Il balaya le campement des yeux, puis son regard s'arrêta sur Aymeric.

-Écoute vieux, je suis pas chaud pour ce coup là. Je sais de quoi est capable ce mec, je sais ce qu'on risque. Crois-moi, je serai beaucoup plus utile en restant au camp.

-Aymeric, je te connais assez pour te dire qu'on aura besoin de toi. En plus t'es un des seuls à avoir rencontré l'Homme Noir!

-Mais y'a pas que moi! Il y a Nicolas aussi!

-Je compte l'utiliser autrement. Enfin vous aurez tous les détails plus tard. Allez, viens!

Aymeric avait arrêté de le regarder. Il fixait son regard quelque part sur le sol.

-S'il te plait...

Il continua à réfléchir comme ça plusieurs minutes.

Puis il commença à se lever.



-Et beh, moi qui pensais que j'allais dormir tranquillement ce soir!