Malédiction
Par : ElBloobs
Genre : Action
Status : C'est compliqué
Note :
Chapitre 6
Insomnie
Publié le 09/02/13 à 23:44:11 par ElBloobs
Je garde les yeux ouverts. Impossible de les fermer. Leurs rugissements sont tout près.
La nuit est tellement sombre. Mais surtout, tellement longue.
Mes yeux restent en éveil. Mais je ne vois rien. La lune, presque pleine, est cachée. Je ne vois rien, mais j'entends. Ils sont là, tout près. Ils n'attendent qu'une seule chose : que je les libère. Que je les invoque. Une nouvelle fois. Et que je les aide à nous conquérir, nous, les humains. Je suis leur chef. Leur commandant. Leur mère. Je pourrais faire de grandes choses avec une armée de monstres à mes ordres. Tellement de choses...
C'est plus fort que moi, je souris.
C'est vrai, après tout, pourquoi lutter ? Ils sont là, ils ne demandent qu'à être libres. Pourquoi continuer à les confiner ainsi ? Les pauvres chéris ...
Mais... Qu'est-ce qui me prends ?! Il est hors de questions que je pense à ce genre de méfaits. Je ne peux pas faire une chose pareille. Je ne peux pas ! C'est impensable !
Et les autres alors ? Si je fais ça, l'espèce humaine s'éteindra. Et je vivrais entourée de monstres à tout jamais. Est-ce vraiment ce que je souhaite ?
Ils devinent mes pensées... Ils me hurlent dessus pour me faire craquer. Ils pleurent. Ils crient. Ils supplient. A tel point que, même si je sais pertinemment que ça ne sert à rien, je me bouche les oreilles. C'est la seule protection que j'ai trouvé. Et j'attends que le jour se lève, et qu'enfin, ils se taisent.
Toutes les nuits, ils me tortureront. Toutes les nuits, sans exception. C'est certain. Je les trouve particulièrement déchaînés cette nuit-là. Sûrement parce que la pleine lune approche. Ils veulent me dissuader de faire le rituel. Alors, ils me torturent. Encore et encore.
Combien de temps tiendrais-je ainsi ?
Mes migraines sont de plus en plus fréquentes. Je sursaute au moindre bruit. Je suis tellement nerveuse que je tremble tout le temps. Ma vie est devenue un enfer. Et je ne peux même pas en finir.
La vie des autres dépend de la mienne.
Ils gémissent toujours. Des plaintes de plus en plus insupportables. Je ne vais pas pouvoir tenir longtemps comme cela. Personne ne le pourrait. Personne.
Je souffre atrocement. Comme si j'étais prisonnière dans un étau qu'ils serreraient de plus en plus fort jusqu'à ce que j'explose en lambeaux de chair rougeâtre. Je me sens défaillir. Je me sens mourir.
Les cernes sous mes yeux arrivent presque à mes joues. Je manque de m'évanouir à chacun de mes pas. Je ne suis plus rien. Je veux disparaître.
Heureusement, je n'ai pas cours demain. Je pourrais peut-être me reposer un peu. Il faut que je dorme. C'est devenu vital, maintenant.
Enfin, le soleil pointe à l'horizon. Les pleurs se font plus rares. Plus doux. Puis, s'estompent.
Je flotte dans les airs. Je ne vois que du blanc autour de moi. Suis-je morte ?
Non... Maintenant, je sens le sol dur sous mes pieds. Où suis-je tombée ? Je commence à distinguer des formes dans ce brouillard blanc. Des formes étranges, d'ailleurs.
Soudain, le ciel s'assombrit. Les éclairs jaillissent. Le sol tremble. Je perds l'équilibre, et tombe à la renverse. Le sol est brûlant, comme chauffé à blanc. Je me relève avec un petit cri de douleur, et remarque le paysage autour de moi. Tout semble sorti tout droit des enfers : du feu. De la lave. De la cendre voletant dans l'air brûlant. Partout.
« Où suis-je ? Que se passe-t-il ? » Me dis-je. Mais je ne trouve pas de réponse.
Tout se met à tourner autour de moi. Le tonnerre gronde. Dans le ciel, je vois un tourbillon de nuages rouges se former et devenir progressivement une immense tornade menaçant de m'entraîner loin de la terre. Je crie. Je hurle, même. Je me bats contre le vent qui est étonnamment froid malgré toutes ces flammes. Mais rien n'y fait, et je me retrouve emportée dans ce cyclone de sang. Mon corps est projeté dans les airs. Je tourne. Tourne. Tourne. A n'en plus finir. Je perds tous mes repères. Je ne sais même plus qui je suis. Ni où je suis. Ni ce que je dois faire.
C'est à ce moment-là que je les vois.
Ils sont là eux aussi. Emmenés contre leur gré. Comme moi. Ils pleurent. Ils ont peur.
« Non ! N'ayez pas peur ! Je suis là, mes chéris, je suis là ! » Je crie.
Et j'agis d'instinct. J'attrape par la patte le premier qui passe à ma portée et le serre contre mon cœur. Reniflant son odeur de décomposition. Embrassant sa peau gluante, pourrie, et sanglante. Lui, pleure toujours, et se blotti contre moi.
De grosses larmes roulent sur mes joues quand je regarde tous les autres se faire démembrer par la force du vent. Je suis en train de tous les perdre. Mes enfants. Mes bébés...
Je tourne toujours dans les airs, mais je ne m'inquiète pas pour moi. Je m'inquiète pour eux. Mes chéris adorés... Ils sont tous morts ! Tous ! Leur sang éclabousse mon visage, et mes pleurs deviennent hystériques. Je ne parviens plus à les contrôler.
Soudain, le dernier qu'il me reste, celui dans mes bras, cesse brusquement de pleurer.
Rassurée, je pose des yeux tendres sur lui, heureuse qu'il se sente mieux. Mais mon bonheur laisse sa place à la stupéfaction.
« Miles ?! Qu'est-ce que ... ?! »
Mon bébé ! Sa tête ! C'est Miles ! Cette tête qui parait tellement immense sur ce petit corps sanglant mais frêle.
« T'as compris maintenant, Sheeb ? » Murmure-t-il, avant de m'embrasser.
Je me réveille en hurlant. Le corps et le visage en sueur. Haletante.
Ma mère accourt presque immédiatement dans ma chambre et me demande ce qui se passe.
« Je... Je... Rien du tout. » Parviens-je à répondre, encore étourdie. Elle s'en va, perplexe.
Mon cœur bat à mille à l'heure, la tête me tourne. Soudain, je saute de mon lit, et cours aux toilettes. Je vomis tout ce que j'ai dans l'estomac depuis hier soir. Des muffins pré-digérés éclaboussent l'émail blanc, et je me relève, tremblante. Puis, je retourne vers mon lit en titubant, encore nauséeuse. Ma mère accourt encore une fois avec des médicaments que je prends sans sourciller.
« Voilà ! Ça devrait t'éclaircir les idées ! » Dit-elle en m'embrassant sur le front avant de s'en aller.
Mes idées sont loin d'être claires. Je décide de me rendormir.
Plus de rêves, cette fois. Je me réveille, en pleine forme. Je m'étire et regarde l'heure : Sept heures et demi du soir. Ma mère n'a même pas appelé le docteur. Sans doute s'imaginait-elle que ma soudaine maladie était liée au stress des examens. Tant mieux.
Mon rêve me revient soudain en tête : la tornade de sang, le vent glacé, le déchirement de voir tous ces monstres se faire tuer, et surtout... Miles. Qu'est-ce que cela signifie ? Je me souviens de sa phrase : « T'as compris maintenant, Sheeb ? »
Qu'a-t-il fait par la suite ? Il m'a embrassée ? Mais... Pourquoi ? Je ne comprends plus rien. Et j'ai mal à la tête. Que signifie ce rêve ? Qu'est-ce que je dois comprendre à la fin ?!
Ça me met les nerfs en pelote. Je respire profondément et décide finalement d'aller parler à Miles de ce rêve. Il est tard, mais je dois absolument lui parler.
J'enfile une veste par-dessus ma chemise de nuit, et sors dans le crépuscule.
La maison de Miles n'est qu'à environ cent mètres de la mienne. Je me mets en route, le cœur battant, craignant comme toujours ces ignobles créatures.
Tiens ! Une autre chose m'intrigue dans ce rêve : ce soudain amour pour toutes ces immondes bestioles. Quelle horreur ! Quand j'y repense, la nausée me submerge. Comment ai-je pu serrer dans mes bras cette petite ordure ?! Comment ai-je pu... L'embrasser ?! Je manque d'étouffer de dégoût. Mieux vaut cesser d'y penser.
J'arrive enfin à la maison de Miles, et frappe timidement à sa porte. Sa mère m'ouvre, l'air surprise.
« Tiens, Sheebee ! Que fais-tu là, si tard ? Demande-t-elle.
-Bonsoir, excusez-moi de vous déranger. Je dois parler à Miles, c'est urgent.
-Urgent ? Bon, très bien. Entre. »
Elle m'ouvre la porte et je me faufile dans l'entrée. Je la remercie, puis je me dirige vers la chambre de Miles. Je frappe, et entre.
Je le trouve assis sur son lit. Face à la porte. On aurait dit qu'il m'attendait.
« Miles ? Je dois te parler. Je murmure en fermant la porte.
-Ça a l'air vachement confidentiel dis-moi ! Rit-il.
-Ça l'est, figure-toi ! J'ai fait un rêve vraiment très bizarre. Et tu étais dedans.
-Vraiment ? Raconte. »
Et je lui parle de ce maudit rêve qui n'a pas cesser de me hanter depuis que j'y ai repensé, à mon deuxième réveil. Quand j'ai terminé, il me regarde longuement, puis hoche la tête. Comme s'il avait compris quelque chose. Sauf qu'il me dit :
« Ouais, vraiment bizarre. Tu ferais mieux d'oublier tout ça.
Puis, il se lève, comme pour clore la conversation.
-Oublier ? Mais... C'est peut-être important ! Imagine qu'ils essayent de me faire passer un message !
Là, Miles s'est franchement marré.
-Un message ?! Tu divagues ? Tu l'as dis toi-même ! Ces monstres n'ont pas d'âme, aucune conscience ! Ils ne pensent qu'à tuer, c'est tout.
Là, il marque un point.
-Tu as sûrement raison... Je capitule en me levant à mon tour.
-Oublie tout ça, et rentre chez toi. Déclare-t-il, sèchement.
Qu'est-ce qui lui prends tout à coup ?
-Tu es sûr que tu n'as pas d'idées sur ce rêve ? Je tente néanmoins, pleine d'espoir.
Il est dos à moi. Il semble réfléchir, se retourne et me réponds :
-Non. Rien du tout. »
... Est-ce que j'ai bien vu ? Il me semble avoir vu mon ami réprimer un sourire.
Non. Ce doit être mon imagination. Il a l'air vraiment sérieux.
Miles et moi nous connaissons depuis maintenant dix ans. Jamais l'un sans l'autre, plus qu'inséparables. On ne se cache rien. Et ce depuis toujours.
Il se propose pour me raccompagner et j'accepte avec soulagement. Je ne me sentais vraiment pas de refaire le chemin seule à nouveau.
Un peu plus tard, nous sommes en route vers chez moi. Il ne parle pas. Moi non plus. Nous sommes souvent en alerte quand nous sortons, tous les deux. Moi, par rapport aux monstres. Lui, par rapport à moi. Il guette mes réactions pour savoir si une créature est dans le coin.
J'ai froid. Ma veste ne me suffit pas, je n'ai que ma mince chemise de nuit en dessous. Miles le remarque et pose son blouson de cuir sur mes épaules, sans un mot.
Je le remercie d'un regard, et il me sourit. Un petit sourire triste, et inquiet.
Le trajet se déroule encore une fois sans embûches, et je me retrouve bientôt devant ma maison. Je remercie Miles, lui rend son blouson, et rentre chez moi.
Une fois dans ma chambre, je vérifie l'heure : minuit moins vingt.
Je dois commencer les préparatifs du Rituel de Protection Lunaire. Je regarde ce disque rond et brillant dans le ciel d'un noir d'encre, sans étoiles.
La lune est parfaite.
J'éteins toutes les lumières, prends le livre, le glaive, la coupe, et commence le Rituel sauveur.
La nuit est tellement sombre. Mais surtout, tellement longue.
Mes yeux restent en éveil. Mais je ne vois rien. La lune, presque pleine, est cachée. Je ne vois rien, mais j'entends. Ils sont là, tout près. Ils n'attendent qu'une seule chose : que je les libère. Que je les invoque. Une nouvelle fois. Et que je les aide à nous conquérir, nous, les humains. Je suis leur chef. Leur commandant. Leur mère. Je pourrais faire de grandes choses avec une armée de monstres à mes ordres. Tellement de choses...
C'est plus fort que moi, je souris.
C'est vrai, après tout, pourquoi lutter ? Ils sont là, ils ne demandent qu'à être libres. Pourquoi continuer à les confiner ainsi ? Les pauvres chéris ...
Mais... Qu'est-ce qui me prends ?! Il est hors de questions que je pense à ce genre de méfaits. Je ne peux pas faire une chose pareille. Je ne peux pas ! C'est impensable !
Et les autres alors ? Si je fais ça, l'espèce humaine s'éteindra. Et je vivrais entourée de monstres à tout jamais. Est-ce vraiment ce que je souhaite ?
Ils devinent mes pensées... Ils me hurlent dessus pour me faire craquer. Ils pleurent. Ils crient. Ils supplient. A tel point que, même si je sais pertinemment que ça ne sert à rien, je me bouche les oreilles. C'est la seule protection que j'ai trouvé. Et j'attends que le jour se lève, et qu'enfin, ils se taisent.
Toutes les nuits, ils me tortureront. Toutes les nuits, sans exception. C'est certain. Je les trouve particulièrement déchaînés cette nuit-là. Sûrement parce que la pleine lune approche. Ils veulent me dissuader de faire le rituel. Alors, ils me torturent. Encore et encore.
Combien de temps tiendrais-je ainsi ?
Mes migraines sont de plus en plus fréquentes. Je sursaute au moindre bruit. Je suis tellement nerveuse que je tremble tout le temps. Ma vie est devenue un enfer. Et je ne peux même pas en finir.
La vie des autres dépend de la mienne.
Ils gémissent toujours. Des plaintes de plus en plus insupportables. Je ne vais pas pouvoir tenir longtemps comme cela. Personne ne le pourrait. Personne.
Je souffre atrocement. Comme si j'étais prisonnière dans un étau qu'ils serreraient de plus en plus fort jusqu'à ce que j'explose en lambeaux de chair rougeâtre. Je me sens défaillir. Je me sens mourir.
Les cernes sous mes yeux arrivent presque à mes joues. Je manque de m'évanouir à chacun de mes pas. Je ne suis plus rien. Je veux disparaître.
Heureusement, je n'ai pas cours demain. Je pourrais peut-être me reposer un peu. Il faut que je dorme. C'est devenu vital, maintenant.
Enfin, le soleil pointe à l'horizon. Les pleurs se font plus rares. Plus doux. Puis, s'estompent.
Je flotte dans les airs. Je ne vois que du blanc autour de moi. Suis-je morte ?
Non... Maintenant, je sens le sol dur sous mes pieds. Où suis-je tombée ? Je commence à distinguer des formes dans ce brouillard blanc. Des formes étranges, d'ailleurs.
Soudain, le ciel s'assombrit. Les éclairs jaillissent. Le sol tremble. Je perds l'équilibre, et tombe à la renverse. Le sol est brûlant, comme chauffé à blanc. Je me relève avec un petit cri de douleur, et remarque le paysage autour de moi. Tout semble sorti tout droit des enfers : du feu. De la lave. De la cendre voletant dans l'air brûlant. Partout.
« Où suis-je ? Que se passe-t-il ? » Me dis-je. Mais je ne trouve pas de réponse.
Tout se met à tourner autour de moi. Le tonnerre gronde. Dans le ciel, je vois un tourbillon de nuages rouges se former et devenir progressivement une immense tornade menaçant de m'entraîner loin de la terre. Je crie. Je hurle, même. Je me bats contre le vent qui est étonnamment froid malgré toutes ces flammes. Mais rien n'y fait, et je me retrouve emportée dans ce cyclone de sang. Mon corps est projeté dans les airs. Je tourne. Tourne. Tourne. A n'en plus finir. Je perds tous mes repères. Je ne sais même plus qui je suis. Ni où je suis. Ni ce que je dois faire.
C'est à ce moment-là que je les vois.
Ils sont là eux aussi. Emmenés contre leur gré. Comme moi. Ils pleurent. Ils ont peur.
« Non ! N'ayez pas peur ! Je suis là, mes chéris, je suis là ! » Je crie.
Et j'agis d'instinct. J'attrape par la patte le premier qui passe à ma portée et le serre contre mon cœur. Reniflant son odeur de décomposition. Embrassant sa peau gluante, pourrie, et sanglante. Lui, pleure toujours, et se blotti contre moi.
De grosses larmes roulent sur mes joues quand je regarde tous les autres se faire démembrer par la force du vent. Je suis en train de tous les perdre. Mes enfants. Mes bébés...
Je tourne toujours dans les airs, mais je ne m'inquiète pas pour moi. Je m'inquiète pour eux. Mes chéris adorés... Ils sont tous morts ! Tous ! Leur sang éclabousse mon visage, et mes pleurs deviennent hystériques. Je ne parviens plus à les contrôler.
Soudain, le dernier qu'il me reste, celui dans mes bras, cesse brusquement de pleurer.
Rassurée, je pose des yeux tendres sur lui, heureuse qu'il se sente mieux. Mais mon bonheur laisse sa place à la stupéfaction.
« Miles ?! Qu'est-ce que ... ?! »
Mon bébé ! Sa tête ! C'est Miles ! Cette tête qui parait tellement immense sur ce petit corps sanglant mais frêle.
« T'as compris maintenant, Sheeb ? » Murmure-t-il, avant de m'embrasser.
Je me réveille en hurlant. Le corps et le visage en sueur. Haletante.
Ma mère accourt presque immédiatement dans ma chambre et me demande ce qui se passe.
« Je... Je... Rien du tout. » Parviens-je à répondre, encore étourdie. Elle s'en va, perplexe.
Mon cœur bat à mille à l'heure, la tête me tourne. Soudain, je saute de mon lit, et cours aux toilettes. Je vomis tout ce que j'ai dans l'estomac depuis hier soir. Des muffins pré-digérés éclaboussent l'émail blanc, et je me relève, tremblante. Puis, je retourne vers mon lit en titubant, encore nauséeuse. Ma mère accourt encore une fois avec des médicaments que je prends sans sourciller.
« Voilà ! Ça devrait t'éclaircir les idées ! » Dit-elle en m'embrassant sur le front avant de s'en aller.
Mes idées sont loin d'être claires. Je décide de me rendormir.
Plus de rêves, cette fois. Je me réveille, en pleine forme. Je m'étire et regarde l'heure : Sept heures et demi du soir. Ma mère n'a même pas appelé le docteur. Sans doute s'imaginait-elle que ma soudaine maladie était liée au stress des examens. Tant mieux.
Mon rêve me revient soudain en tête : la tornade de sang, le vent glacé, le déchirement de voir tous ces monstres se faire tuer, et surtout... Miles. Qu'est-ce que cela signifie ? Je me souviens de sa phrase : « T'as compris maintenant, Sheeb ? »
Qu'a-t-il fait par la suite ? Il m'a embrassée ? Mais... Pourquoi ? Je ne comprends plus rien. Et j'ai mal à la tête. Que signifie ce rêve ? Qu'est-ce que je dois comprendre à la fin ?!
Ça me met les nerfs en pelote. Je respire profondément et décide finalement d'aller parler à Miles de ce rêve. Il est tard, mais je dois absolument lui parler.
J'enfile une veste par-dessus ma chemise de nuit, et sors dans le crépuscule.
La maison de Miles n'est qu'à environ cent mètres de la mienne. Je me mets en route, le cœur battant, craignant comme toujours ces ignobles créatures.
Tiens ! Une autre chose m'intrigue dans ce rêve : ce soudain amour pour toutes ces immondes bestioles. Quelle horreur ! Quand j'y repense, la nausée me submerge. Comment ai-je pu serrer dans mes bras cette petite ordure ?! Comment ai-je pu... L'embrasser ?! Je manque d'étouffer de dégoût. Mieux vaut cesser d'y penser.
J'arrive enfin à la maison de Miles, et frappe timidement à sa porte. Sa mère m'ouvre, l'air surprise.
« Tiens, Sheebee ! Que fais-tu là, si tard ? Demande-t-elle.
-Bonsoir, excusez-moi de vous déranger. Je dois parler à Miles, c'est urgent.
-Urgent ? Bon, très bien. Entre. »
Elle m'ouvre la porte et je me faufile dans l'entrée. Je la remercie, puis je me dirige vers la chambre de Miles. Je frappe, et entre.
Je le trouve assis sur son lit. Face à la porte. On aurait dit qu'il m'attendait.
« Miles ? Je dois te parler. Je murmure en fermant la porte.
-Ça a l'air vachement confidentiel dis-moi ! Rit-il.
-Ça l'est, figure-toi ! J'ai fait un rêve vraiment très bizarre. Et tu étais dedans.
-Vraiment ? Raconte. »
Et je lui parle de ce maudit rêve qui n'a pas cesser de me hanter depuis que j'y ai repensé, à mon deuxième réveil. Quand j'ai terminé, il me regarde longuement, puis hoche la tête. Comme s'il avait compris quelque chose. Sauf qu'il me dit :
« Ouais, vraiment bizarre. Tu ferais mieux d'oublier tout ça.
Puis, il se lève, comme pour clore la conversation.
-Oublier ? Mais... C'est peut-être important ! Imagine qu'ils essayent de me faire passer un message !
Là, Miles s'est franchement marré.
-Un message ?! Tu divagues ? Tu l'as dis toi-même ! Ces monstres n'ont pas d'âme, aucune conscience ! Ils ne pensent qu'à tuer, c'est tout.
Là, il marque un point.
-Tu as sûrement raison... Je capitule en me levant à mon tour.
-Oublie tout ça, et rentre chez toi. Déclare-t-il, sèchement.
Qu'est-ce qui lui prends tout à coup ?
-Tu es sûr que tu n'as pas d'idées sur ce rêve ? Je tente néanmoins, pleine d'espoir.
Il est dos à moi. Il semble réfléchir, se retourne et me réponds :
-Non. Rien du tout. »
... Est-ce que j'ai bien vu ? Il me semble avoir vu mon ami réprimer un sourire.
Non. Ce doit être mon imagination. Il a l'air vraiment sérieux.
Miles et moi nous connaissons depuis maintenant dix ans. Jamais l'un sans l'autre, plus qu'inséparables. On ne se cache rien. Et ce depuis toujours.
Il se propose pour me raccompagner et j'accepte avec soulagement. Je ne me sentais vraiment pas de refaire le chemin seule à nouveau.
Un peu plus tard, nous sommes en route vers chez moi. Il ne parle pas. Moi non plus. Nous sommes souvent en alerte quand nous sortons, tous les deux. Moi, par rapport aux monstres. Lui, par rapport à moi. Il guette mes réactions pour savoir si une créature est dans le coin.
J'ai froid. Ma veste ne me suffit pas, je n'ai que ma mince chemise de nuit en dessous. Miles le remarque et pose son blouson de cuir sur mes épaules, sans un mot.
Je le remercie d'un regard, et il me sourit. Un petit sourire triste, et inquiet.
Le trajet se déroule encore une fois sans embûches, et je me retrouve bientôt devant ma maison. Je remercie Miles, lui rend son blouson, et rentre chez moi.
Une fois dans ma chambre, je vérifie l'heure : minuit moins vingt.
Je dois commencer les préparatifs du Rituel de Protection Lunaire. Je regarde ce disque rond et brillant dans le ciel d'un noir d'encre, sans étoiles.
La lune est parfaite.
J'éteins toutes les lumières, prends le livre, le glaive, la coupe, et commence le Rituel sauveur.
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