Un an plus tôt:

C'était la période de Noël, et l'atmosphère devenait de plus en plus joyeuse au fur et à mesure qu'approchait le 25 décembre. Les gens se préparaient pour le réveillon; des sapins enguirlandés se dressaient le long des avenues; des décorations lumineuses éclairaient les rues et les vitrines; des montagnes de jouets emplissaient les boutiques du sol au plafond.
...
Je m'était posté devant la vitrine d'un magasin de jeux avec quelques camarades de classe.
Certains pénétrèrent dans le magasin pour faire leur emplettes, mais je restai dehors.

- Pourquoi ne rejoignez-vous pas vos amis jeune homme ? Me demanda une vieille dame.
- C'est que j'ai déjà ce que je veux madame (le dernier pack de contenu de Battlefield 3 ).
- Et vous n'avez pas de cadeaux à faire ?
- Je n'ai pas d'amis et on fête pas Nöel dans ma famille lui répondis-je.

La vieille dame trébucha sur le sol à cause de la neige. Je la laissai s'appuyer sur moi pour se relever et l'aidai à ramasser les légumes qui avaient glissé de son cageot.

- Merci jeune homme, vous êtes bien aimable.
A ce moment-là, la dame me glissa une feuille dans la poche, puis elle était partie soudainement.

Sur le papier était marqué en lettres dorées:

Freeboard [BadFarmer] jojolepingouinn XVykeX
DaySukyyyy Assama91 xXSNIP-H3ROXx lirort
Noisy_fuck Pikachips Vullyn NeoNadroj
D4rKiwi Geek-Onomh Epic_Trololol Hollydaays
xXSpartanAranXx Nathax PtitChamalow onchonchonch2
AleksiaNoel [LautisteJVC] Otmane Le-Maraudeur
Approkssimatif RiverTown mattvi sweN
The_Gamer_88 Bobby Tonio2899 darkonyds
TmZ William Elinaori [totospeed]
TonyoPizza iCrazyTurtle Istoman Warkkkk
Complextro pyrra1801 ChangeLiche Hamilton_4_ever

J'entendis la voix de la dame résonner à travers ma tête: "Par la poudre de perlimpinpin, j'exauce ton voeu, voici une liste d'amis, pour la vie !
Joyeux Noël, Joyeux Noël à tous hohohoho !"

Qu'est ce que c'était que cette connerie ? Elle veut rien dire cette liste...
On aurait dit des pseudos.

Il me restait deux possibilités. Soit je suivais les traces de pas de la vieille qui s'avérait peut-être être le travelo de Père Noël, soit j'attendais mes potes de galère pour aller faire la fête chez eux et peut-être choper la cousine de l'un d'eux, et on commencerait à se fréquenter, on s'aimerait et on se marierait... (Magie de Noël m'voyez)

Je suivis donc les pas dans la neige (Je suis tro d4rK, je crois pas en la magie).
Les traces s'arrêtaient à la devanture d'un magasin de vêtements.

Mon attention fut capté par une écharpe, pas parce qu'elle était belle ou de bonne facture, mais parce qu'elle me rappelait quelque chose.

Cette écharpe, celle-ci, je l'avais imaginé autour du cou de la fille de mes rêves. Je me voyais avec elle, nous marchions dans la rue un soir de Noël. Nous nous serions remémoré des vieux souvenirs liés à notre rencontre et des beaux moments que nous avions passé ensemble. La neige aurait commencé à tomber et nous serions passé à côté d'un magasin de ce genre, je lui aurais dit de m'attendre et je serais ressorti avec cette fameuse écharpe et je le lui aurais noué autour du cou...

Il recommença à neiger et j'allais rentrer chez moi quand mes potes m'interpellèrent. Je pensais qu'ils m'auraient abandonné sans hésitation, mais non... Je les rejoignis sur cette dernière pensée :

Si le destin existe, il devait forcément y avoir une personne qui m'était promise. Peut-être ne la rencontrerai-je pas cette année, mais elle viendra, et je saurai que c'est elle. Le sait-elle aussi ?

Au même moment, pas loin de Stockholm :

- De retour pour les fêtes ?
- Oui, ça fait bientôt deux ans maintenant...
- C'est quelque chose de devoir s'éloigner de sa famille si longtemps.
- C'est vrai... Et vous ? Vous n'êtes pas avec votre famille le soir de Noël ?
- Je conduis un taxi, c'est mon travail, la vie est dure pour nous... Et vous qu'est-ce que vous faites dans la vie ?
- Moi ? Je suis étudiant en France. Mon père m'y a envoyé pour nouer des liens avec des entreprises qui y sont situés.
- Ambitieux votre père, il travaille dans quel boîte ?
- Il a fondé Kungliger Energetics...
- J'en ai entendu parler, c'est une petite entreprise qui monte non ?
- Oui, je pourrais en parler longtemps, mais ce qui m'intéresse maintenant c'est de rejoindre ma famille.
- Comme vous avez raison, chaque chose en son temps.

Il me déposa juste devant la maison. Les lumières étaient éteintes mais on pouvait apercevoir la lueur des bougies à travers les fenêtres.

Je poussai le portail du domaine et marchai sur les pavés couverts de neige. Je gravis les marches et toquai à la porte. Une clé tourna dans la serrure. La porte s'ouvrit.

- Grand frère ! Tu es vraiment rentré ! Cria-t-elle de joie en sautant dans mes bras.
Je la serrai tendrement dans mes bras.
- Cela fait une éternité... Mia...

...

Je me rendais au parloir, escorté par un garde qui me tenait fermement le bras.
J’étais seul à y aller, ça ne devait pas être les heures de visites... Je savais donc à quoi m’attendre.
Il m’ouvrit la porte donnant sur une grande salle blanche ou y étaient dispersés quelques tables et des bancs oranges.

Mon père était assis à l’une d’elle, l’air grave. Le garde me détacha et je vis combien mes mains étaient mutilées.
Il me dit qu’il reviendrait dans cinq minutes puis s’en alla en fermant derrière nous. J’allai m’asseoir avec mon visiteur.

- Bonjour père.
- Je m’étais mis en tête le rêve fou que la prochaine fois que je te verrais, ce serait autour d’une table de négociation.
Toi, habillé comme un homme d’affaire, président à la tête du conseil d’administration... À ma place.
- Désolé de te décevoir... Mais il n’y avait pas d’autre alternative.
- D’autre alternative ? Tu te rends compte de ce que tu as fais ?! Cria-t-il en frappant la table du poing.
- Juste un dérapage incontrôlé.
- Tu es allé sonner à la porte de ce garçon, Joran, à deux heures du matin alors qu’il faisait la fête. Tu l’as traîné hors de chez lui et tabassé devant tous ses amis, et pourquoi ?! Pour une histoire d’amourette de jeunesse ?
- Mia, ma sœur, ta fille je te rappelle.
- Reviens à la raison bon sang ! Hurla-t-il en se levant.

Il fit quelques pas autour de la table et revint s’asseoir.
- C’est amusant de voir combien vous êtes opposés tous les deux... Tu as toujours été trop impulsif et ta sœur trop passive.
- Tu devrais donc comprendre pourquoi je devais le faire...
- Non, sûrement pas. Ça aurait dû être à ta mère de le faire... D’expliquer à cette petite inconsciente...
- Mère est morte depuis longtemps, c’était ton rôle d’être là pour elle...
- Arrête avec tes leçons de moral, si je suis absent, c’est pour vous ! Pour que vous puissiez faire quelque chose de plus grand avec vos vies. Et regarde-toi. Jeter ainsi le fruit de mon travail aux orties...
- Il reste Mia... Elle peut prendre ma place jusqu’à que je sois acquitté.
- Pauvre naïf, notre entreprise à besoin de quelqu’un de fort, une image de leader respecté ! Pas d’une fille qui ne sait plus où donner de la tête... Il m’a fallu t’envoyer toutes ses années en France pour que tu deviennes l’homme de la situation...

Le garde revint pour me ramener à ma cellule. Juste avant de franchir la porte, je me retournai et dit à mon père.
- Il n’est pas trop tard. Mia peut devenir forte.

La porte se referma sur ses dernières paroles. Les projets démesurés de mon père venaient de s’écrouler en une nuit. Sauf si Mia se ressaisissait... Elle en était capable, je le sais. Quant à moi ? Il ne me restait plus qu’à attendre.


FIN DE LA SUITE DE NOËL