Note de la fic : :noel: :noel: :noel:

La pomme d'Adam


Par : Javier
Genre : Réaliste
Statut : C'est compliqué



Chapitre 2 : Aubaine


Publié le 27/07/2012 à 20:48:25 par Javier

Saison 1 Chapitre deux : Aubaine

Une semaine de cours s'était déjà écoulé dans mon collège de Bagneux. Rien de bien passionnant à conter. J'ai néanmoins pu éviter quelques déconvenues grâce à l'absence de mon professeur d'EPS. J'ai toujours été très mauvais dans chaque discipline physique, et malgré mon amour de l'effort, côtoyer des jeunes de mon âge qui se moquerait constamment de ma médiocrité m'a toujours découragé. En ce moment, notre chère professeure nous enseignait les joies du rugby. Quoi de mieux que de plaquer violemment Adam dès que l'on en a l'occasion pour se sentir vivant ? L'absence de ma bien-aimée institutrice m'aura donc permis d'éviter quelques fortes douleurs aux côtes, et une raison de plus d'entretenir mon chagrin continuel. Je revenais des cours, seul comme à mon habitude. Je préférais ma solitude que la présence d'un rejeté qui penserait que notre présumé similitude nous rapprocherait. Mais je ne suis pas une simple victime de la bêtise adolescente, je suis autrement supérieur, je ne suis pas à ma place, et flétrir mes capacités en étant accompagné d’un véritable déchet ne m’intéresse que très peu. C'est donc en étant sur le chemin du retour que mon portable sonna. C'était mon cousin ! L'élément déclencheur de la mince étincelle d'espoir illuminant le lumineux vide en mon sein...

Pour comprendre cela, Revenons légèrement en arrière.

__________________________________________________



En début de semaine, je rentrai comme chaque soir chez moi à la même heure tout en passant chercher mes deux soeurs à leur école primaire. Certainement un lieu que je maudissais plus encore que mon collège. Je profitais souvent de mes passages pour "admirer" la prochaine génération, et elle ne m'inspirait que du dégoût. Le mauvais goût n'a clairement plus d'âge. Florilège d'insultes, vocabulaire douteux, l'innocence attribuée aux enfants est aujourd'hui révolue. Les têtes blondes actuelles ressemblent à de joyeux panneaux publicitaires qui rendraient Don Draper et sa bande folle de joie. Casquette Snapback, énormes chaussures Nike et survêtement de la même marque, le tout parfois déjà couplé à un Iphone, et ce à moins de 10 ans. De jolis suppôts de la société consumériste américaine ! Mais je ne juge pas, si cela les rend heureux, qu'il en soit ainsi.

Accompagné de mes deux soeurs, nous ignorions qu'une heureuse visite nous attendait chez nous. Notre Tante Maylis était venu nous rendre visite, et avait ramené avec elle mon cousin Antonin. J'attribuais une affection relativement sommaire à mon cousin. C'était un jeune garçon, du même âge que le mien, 15 ans, un brun aux cheveux mi-longs, élancé et aux yeux marron tenant un regard bienveillant. Malgré le fait que je n'éprouvais rien de particulier pour sa personne, lui, en revanche, m’appréciait tout particulièrement, et ce jour-là, il m'avait annoncé une nouvelle plutôt spéciale.

Ma mère avait confiée à la sienne qu'après le collège, elle allait tout faire pour me trouver un petit appartement en plein Paris afin d'y poursuivre mes études et d’accéder à un lycée de qualité. Je jugeais cette initiative très intéressante, et c'était en grande partie la raison du redressement de mes notes scolaires. Mais, en épiant les déboires de ma mère à la recherche d'un gît destiné à m'accueillir, j'ai très vite pris conscience que ses recherches ne s'avéraient pas fructueuses, et que j'avais de grandes chance de me retrouver dans mon affreux lycée de secteur ou je continuerais à vivre la peur au ventre. L’immobilier à Paris reste souvent hors de prix, même dans les quartiers jugés douteux. Mon cousin était au courant de cela, et m'informa sans attendre qu'il avait convaincu sa mère de m’héberger le temps de ma scolarité pour un moindre loyer. Ce moment restera ancrée dans ma mémoire comme l'un des seuls sourires sincères de mon existence. Aurais-je donc une chance de m'en sortir et de prendre un nouveau départ ?

Malheureusement, la maxime dit souvent que rien n'est tout blanc ou tout noir, et c'était exactement le cas ici. La sœur d'Antonin, nommé Lucie, était formellement contre mon arrivée, ce qui compliquait fortement les choses. Mon cousin avait dit que malgré les manœuvres les plus complexes, il n'avait pas réussi à faire changer de position sa sœur d'un iota. Pourquoi me vouloir tant de mal alors que je ne la connaissais que très peu ? Voila bien une lubie de parisienne.
Il arrive de ces moments ou une idée que l'on pense formidable nous vient sans sommation. Ce moment était l'un des leurs. Je lui demandai de me décrire un peu la façon d'être sa sœur. Sans surprise, je devinai entre la description neutre d’Antonin que c'était une de ces filles gâtées matérialiste au possible et qui, comme un bon oiseau, était attiré par ce qui brille. Je n’avais aucun souvenir d’elle. Je savais seulement qu’Antonin et elle était jumeau.

J'étais décidé à changer ma façon de vivre, je devais agir maintenant. Je lui avais demandé si je pouvais voir sa sœur seul à seul, afin d'essayer de la convaincre. Je prétextai avoir un don d'argumentation et de persuasion sans équivalent, ce qui suffit à mon cousin pour arranger une entrevue qui aurait du se dérouler le mois prochain. Je ne suis pas mauvais quand il s'agit de convaincre quelqu'un. Et puis, même si c'était ma cousine, pourquoi ne pas tenter de la charmer pour pouvoir obtenir ce que je veux ?

__________________________________________________



Je décidai de répondre à mon cousin.

"Allo, mec, salut, bon écoute j'ai vraiment pas le temps de te parler, c'est juste pour te dire que ma soeur est à Bagneux là, c'est le seul moment ou tu pourras la capter, elle refuse de te voir le mois prochain, elle t'attend au centre commercial de la Vache Noir, grouille-toi ! Je t'envoie son num par texto, bonne chance mec"

Et il raccrocha dans la foulée. Je pensais avoir le temps d'économiser afin de me pourvoir d'un habit correct pour maximiser mes chances, me préparer psychologiquement, pourquoi pas mémoriser quelques routines, mais ma seul chance était maintenant. Je stressai horriblement pour un évènement qui paraîtrait sans raison de trembler pour certain, mais pas pour ceux qui manquent de confiance.


Commentaires