La pomme d'Adam
Par : Javier
Genre : Réaliste
Status : C'est compliqué
Note :
Chapitre 3
Imprévue
Publié le 29/07/12 à 02:48:22 par Javier
Saison 1 Chapitre 3 : Imprévue
"Allô, mec, salut, bon écoute j'ai vraiment pas le temps de te parler, c'est juste pour te dire que ma soeur est à Bagneux là, c'est le seul moment ou tu pourras la capter, elle refuse de te voir le mois prochain, elle t'attend au centre commercial de la Vache Noir, grouille-toi !"
Ces mots retentissaient dans ma tête comme l'un de ces sons commerciaux qui vous transpercent le crâne et ne vous lâchent plus. Dans ma tête, le plan était simple, sa soeur était certainement l'une de ces filles au mode de vie consumériste, bourgeoise parisienne matérialiste dont l'apparence est le maître mot. Avec une bonne répartie, une tenue correcte, une bonne stature et une étude approfondie de ce type de personne, j'aurais pu lui plaire suffisamment, lui montrer des choses qui lui sont familières, afin de la rassurer, de gagner son approbation afin d'espérer quelque chose. J'aurais même pu - pourquoi pas - tenter divers approches avec d'autres bourgeoises conditionnées du même type un mercredi après-midi ensoleillé, après une journée de cours harassante, sans pression, car après tout j'aurais eu le temps ! L’échec n'aurait absolument aucun effet sur mes convictions inébranlables, et comme dans un bon film optimiste, j'aurais réussi toute mes approches, car elles auront été minutieusement préparée... (Vision idyllique sachant que je n'ai jamais eu le courage d'effectuer pareille chose...)
Mais la réalité est tout autre, elle est si violente, si abrupte, vous happe si violemment lorsque vous êtes en plein songe, qu'elle peut-être la plus cruelle des ennemis, la plus perfide des conseillères.
Le fait est que je n'étais clairement pas en position avantageuse : pas tout proche du lieu de rendez-vous convenu, c'est à dire à 20 minutes à pied du centre commercial en question, le mental en compote après une journée de cours ou j'ai encore goûté à la bienveillance de mes gentils camarades de classes. j'avais aussi repoussé cette fille qui me collait au derrière tel un fourmi couplé à un morceau de sucre, ce qui faisais culpabiliser le petit être sensible que j'étais ! Et en apparence... si les vêtements reflétaient notre personnalité, la mienne serait bien moribonde.
T-shirt ample, jean mal taillé couplé à des sneakers qui ont fait leur temps et légèrement troué de part en part, j'avais mon habituel teint blafard, mes cernes creusées tendant doucement mais surement à prendre cette légère teinte violacée caractéristique des nuits solitaire passées devant un écran le tout couronné de mes cheveux secs en bataille. J'allais devoir faire appel à des trésors d'ingéniosité si je voulais convaincre quelque personne que ce soit dans l'état ou j'étais, encore plus si c'était une de ces filles gâtées jusqu'à la moelle qui campera sur sa décision jusqu'au dernier moment comme le lui enseigne son banquier de père. Je comptais actuellement sur l'empathie de mon prochain interlocuteur, qui prendrait conscience que se cache un garçon sublime et sensible derrière ma gueule d'ange.
Je décidai de ne pas laisser l'appréhension de l'inconnu me paralyser et de prendre immédiatement le bus pour arriver à temps. Le destin eut voulu que je cours pour rattraper le bus qui était sur le point de démarrer, un bus pratiquement vide à une heure pourtant jugée "de pointe", alors que j'étais encore parfaitement dans les temps. J'aurais même pu retourner chez moi prendre un petit remontant pour me remettre d'aplomb, mais on ne pense pas à ces choses-là lorsque le stress et la peur s'empare de vous au point que vous n'êtes plus sur de contrôler totalement vos faits et gestes. Je montais donc de justesse dans cet autocar, chose que je n'aurais jamais du faire. N'ayant aucun ticket, et encore moins de carte orange parce qu'après tout, ça n'est pas réservé aux prolétaires comme moi au prix ou ça l'est, la sempiternel fraude me tendait à nouveaux ses bras longs, et chose qui ne me surprit guère, le conducteur ne s'étonna même pas de voir un marmot de quinze ans épais comme son pouce pénétrer son véhicule de fonction sans gêne, et surtout sans payer. Pour l'instant je ne m'étais jamais fait avoir par d’éventuels contrôleurs, à vrai dire ils ne risquaient pas trop leur jolis uniformes dans des quartiers pareils, je m'en remettais encore à ma bonne étoile pour éviter un contrôle qui ferait écrouler tout mes espoirs.
Je m'installai au fond du bus, pour être proche de la sortie et ainsi vite retrouver la cousine d'Antonin. Les yeux rivés sur mon portable, je tentai déjà de mémoriser le numéro de sa soeur afin de le composer plus rapidement si besoin. Dans la précipitation, je n'avais pas remarqué les trois racailles en face de moi qui montèrent à l'arrêt suivant, jusqu'à ce que l'un deux m'apostrophe en jouant de sa doucereuse voix habituelle d'adolescent en pleine puberté :
"Wesh gros t'aurais pas l'heure stp"
Pas très original comme technique. On aura vu mieux.
Connaissant la combine et grisé par le contexte je lui lançai un regard glacial, puis le jaugeai. C'était surement un jeune loubard comme il y'en a tant par ici. Après examen de son teint et la forme de ses cheveux, c'était un portugais, fils aîné d'une famille de plus de trois enfants, il est en manque d'attention et profite du peu de temps que lui consacrent ses parents en rackettant les chétives personnes, et seules qui plus est. J'avais pour ainsi dire le profil idéal.
"C'est moi qu'tu regardes comme ça batard ? Tu vas t'en prendre une là passe ton phone je te dis !"
Je venais de regretter mon regard un peu trop sec, "eye contact" qui allait précipiter ma perte. J'ai fait la bêtise de me placer au fond, là ou personne ne se met, encore plus à cette horaire ou tout le monde est encore à son travail me disais-je enfin. Que faire ? J'allais avoir besoin de mon portable pour appeler ma cousine... et accessoirement pour pleins d'autres choses, mais voyez comme la peur bride nos pensées.
"J'en ai pas"
"Fais-moi voir tes poches allez bouge pas"
Le bus arriverait bientôt à quai. Il fallait gagner du temps.
"Ok, je vais t'..."
"TRANQUILLE LA ATTENDS"
Elever la voix fait toujours son petit effet quand on ne s'y attend pas, cela me permit surtout de gagner quelques secondes. Le bus s'arrêta, et la porte s'ouvrit. Le bruit que fis mon petit cri alerta le conducteur qui s'affaissa pour observer ce qui se passait. C'était alors le moment opportun pour s'eclipser.
"Oh regarde Ruben il se taille ce mioche vas-y rattrape-le là putain !"
Alors que je fuyais le plus vite possible, la peur me donnant des ailes, seul le portugais m'ayant interpellé me poursuivit dans ces petites rues peu fréquentées. Le gaillard ne lâchait pas et allait me rattraper d'une seconde à l'autre. La rue était vide, je n'avais aucune alternative, hurler ne servirait à rien, je n'avais plus rien à perdre. Une fois arrivé à une nouvelle rue au croisement, je décidai alors de vite la traverser tout en priant pour ne pas me faire renverser, j'entendis alors un bruit sourd lorsque je fus à nouveau sur la chaussée.
Une voiture avait percuté de plein fouet mon poursuivant qui gisait en pleine route, à l'agonie. Il avait déjà perdu connaissance.
"Allô, mec, salut, bon écoute j'ai vraiment pas le temps de te parler, c'est juste pour te dire que ma soeur est à Bagneux là, c'est le seul moment ou tu pourras la capter, elle refuse de te voir le mois prochain, elle t'attend au centre commercial de la Vache Noir, grouille-toi !"
Ces mots retentissaient dans ma tête comme l'un de ces sons commerciaux qui vous transpercent le crâne et ne vous lâchent plus. Dans ma tête, le plan était simple, sa soeur était certainement l'une de ces filles au mode de vie consumériste, bourgeoise parisienne matérialiste dont l'apparence est le maître mot. Avec une bonne répartie, une tenue correcte, une bonne stature et une étude approfondie de ce type de personne, j'aurais pu lui plaire suffisamment, lui montrer des choses qui lui sont familières, afin de la rassurer, de gagner son approbation afin d'espérer quelque chose. J'aurais même pu - pourquoi pas - tenter divers approches avec d'autres bourgeoises conditionnées du même type un mercredi après-midi ensoleillé, après une journée de cours harassante, sans pression, car après tout j'aurais eu le temps ! L’échec n'aurait absolument aucun effet sur mes convictions inébranlables, et comme dans un bon film optimiste, j'aurais réussi toute mes approches, car elles auront été minutieusement préparée... (Vision idyllique sachant que je n'ai jamais eu le courage d'effectuer pareille chose...)
Mais la réalité est tout autre, elle est si violente, si abrupte, vous happe si violemment lorsque vous êtes en plein songe, qu'elle peut-être la plus cruelle des ennemis, la plus perfide des conseillères.
Le fait est que je n'étais clairement pas en position avantageuse : pas tout proche du lieu de rendez-vous convenu, c'est à dire à 20 minutes à pied du centre commercial en question, le mental en compote après une journée de cours ou j'ai encore goûté à la bienveillance de mes gentils camarades de classes. j'avais aussi repoussé cette fille qui me collait au derrière tel un fourmi couplé à un morceau de sucre, ce qui faisais culpabiliser le petit être sensible que j'étais ! Et en apparence... si les vêtements reflétaient notre personnalité, la mienne serait bien moribonde.
T-shirt ample, jean mal taillé couplé à des sneakers qui ont fait leur temps et légèrement troué de part en part, j'avais mon habituel teint blafard, mes cernes creusées tendant doucement mais surement à prendre cette légère teinte violacée caractéristique des nuits solitaire passées devant un écran le tout couronné de mes cheveux secs en bataille. J'allais devoir faire appel à des trésors d'ingéniosité si je voulais convaincre quelque personne que ce soit dans l'état ou j'étais, encore plus si c'était une de ces filles gâtées jusqu'à la moelle qui campera sur sa décision jusqu'au dernier moment comme le lui enseigne son banquier de père. Je comptais actuellement sur l'empathie de mon prochain interlocuteur, qui prendrait conscience que se cache un garçon sublime et sensible derrière ma gueule d'ange.
Je décidai de ne pas laisser l'appréhension de l'inconnu me paralyser et de prendre immédiatement le bus pour arriver à temps. Le destin eut voulu que je cours pour rattraper le bus qui était sur le point de démarrer, un bus pratiquement vide à une heure pourtant jugée "de pointe", alors que j'étais encore parfaitement dans les temps. J'aurais même pu retourner chez moi prendre un petit remontant pour me remettre d'aplomb, mais on ne pense pas à ces choses-là lorsque le stress et la peur s'empare de vous au point que vous n'êtes plus sur de contrôler totalement vos faits et gestes. Je montais donc de justesse dans cet autocar, chose que je n'aurais jamais du faire. N'ayant aucun ticket, et encore moins de carte orange parce qu'après tout, ça n'est pas réservé aux prolétaires comme moi au prix ou ça l'est, la sempiternel fraude me tendait à nouveaux ses bras longs, et chose qui ne me surprit guère, le conducteur ne s'étonna même pas de voir un marmot de quinze ans épais comme son pouce pénétrer son véhicule de fonction sans gêne, et surtout sans payer. Pour l'instant je ne m'étais jamais fait avoir par d’éventuels contrôleurs, à vrai dire ils ne risquaient pas trop leur jolis uniformes dans des quartiers pareils, je m'en remettais encore à ma bonne étoile pour éviter un contrôle qui ferait écrouler tout mes espoirs.
Je m'installai au fond du bus, pour être proche de la sortie et ainsi vite retrouver la cousine d'Antonin. Les yeux rivés sur mon portable, je tentai déjà de mémoriser le numéro de sa soeur afin de le composer plus rapidement si besoin. Dans la précipitation, je n'avais pas remarqué les trois racailles en face de moi qui montèrent à l'arrêt suivant, jusqu'à ce que l'un deux m'apostrophe en jouant de sa doucereuse voix habituelle d'adolescent en pleine puberté :
"Wesh gros t'aurais pas l'heure stp"
Pas très original comme technique. On aura vu mieux.
Connaissant la combine et grisé par le contexte je lui lançai un regard glacial, puis le jaugeai. C'était surement un jeune loubard comme il y'en a tant par ici. Après examen de son teint et la forme de ses cheveux, c'était un portugais, fils aîné d'une famille de plus de trois enfants, il est en manque d'attention et profite du peu de temps que lui consacrent ses parents en rackettant les chétives personnes, et seules qui plus est. J'avais pour ainsi dire le profil idéal.
"C'est moi qu'tu regardes comme ça batard ? Tu vas t'en prendre une là passe ton phone je te dis !"
Je venais de regretter mon regard un peu trop sec, "eye contact" qui allait précipiter ma perte. J'ai fait la bêtise de me placer au fond, là ou personne ne se met, encore plus à cette horaire ou tout le monde est encore à son travail me disais-je enfin. Que faire ? J'allais avoir besoin de mon portable pour appeler ma cousine... et accessoirement pour pleins d'autres choses, mais voyez comme la peur bride nos pensées.
"J'en ai pas"
"Fais-moi voir tes poches allez bouge pas"
Le bus arriverait bientôt à quai. Il fallait gagner du temps.
"Ok, je vais t'..."
"TRANQUILLE LA ATTENDS"
Elever la voix fait toujours son petit effet quand on ne s'y attend pas, cela me permit surtout de gagner quelques secondes. Le bus s'arrêta, et la porte s'ouvrit. Le bruit que fis mon petit cri alerta le conducteur qui s'affaissa pour observer ce qui se passait. C'était alors le moment opportun pour s'eclipser.
"Oh regarde Ruben il se taille ce mioche vas-y rattrape-le là putain !"
Alors que je fuyais le plus vite possible, la peur me donnant des ailes, seul le portugais m'ayant interpellé me poursuivit dans ces petites rues peu fréquentées. Le gaillard ne lâchait pas et allait me rattraper d'une seconde à l'autre. La rue était vide, je n'avais aucune alternative, hurler ne servirait à rien, je n'avais plus rien à perdre. Une fois arrivé à une nouvelle rue au croisement, je décidai alors de vite la traverser tout en priant pour ne pas me faire renverser, j'entendis alors un bruit sourd lorsque je fus à nouveau sur la chaussée.
Une voiture avait percuté de plein fouet mon poursuivant qui gisait en pleine route, à l'agonie. Il avait déjà perdu connaissance.
29/07/12 à 19:46:12
Oui, en fait je voulais jouer sur quelque chose, mais j'ai complètement raté mon truc donc il en ressort une légère incohérence !
Je note tout tes conseils, tu sais vraiment viser là ou il faut, merci beaucoup
29/07/12 à 15:48:50
Un tournure franchement inattendue mais géniale
J'ai quand même relevé une petite incohérence : tu dis qu'Adam prend le bus à une heure de pointe puis tu te contredis en disant qu'à cette heure tout le monde est à son bureau. C'est pas grand chose mais ça fait tiquer.
D'autre par, certaines phrases sont vraiment beaucoup trop longue. De qualité certes mais tu devrais les découper. Je pense notamment à la description des vêtements d'Adam.
Enfin, il y a quelques pléonasmes, je n'en ai relevé qu'un : "des sneakers qui ont fait leur temps et légèrement troué de part en part" là tu te répètes, on devine que si elles ont fait leur temps elles sont abîmés voir trouées :)
Cependant ton texte reste d'une excellente qualité (autant l'histoire que l'écrit) essaye au moins de recouper tes phrases, celles qui sont trop longues sont plus difficiles à lire. Lis-les à l'oral pour trouver où mettre la ponctuation.
Bonne continuation :)
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