Note de la fic : :noel: :noel: :noel:

Le Royaume de la Pénombre


Par : Sebantey
Genre : Fantastique
Statut : Abandonnée



Chapitre 1


Publié le 09/07/2012 à 00:37:37 par Sebantey

C'était une journée calme et tranquille, accompagnée d'un ciel dégagé et ensoleillé. Le genre de journées qui étaient pour certains remplies d'activités diverses, et pour d'autres synonymes d'un ennui profond. Tandis que le centre-ville remuait nerveusement, les alentours étaient plutôt calmes, et tout se tenait tranquille. Parmi les différents bâtiments qui encerclaient le coeur de la ville, il y avait un grand immeuble presque entièrement jaune, qui abritait plusieurs dizaines de logements à prix accessibles.

Par la fenêtre d'un appartement situé au deuxième étage, un jeune homme d'une vingtaine d'années contemplait la ville. Cela faisait près de trente minutes qu'il était là, à regarder paresseusement vers l'extérieur. Ses yeux étaient affaissés comme s'il somnolait, et il regardait dans le vide en réfléchissant ; il s'appelait Sebante.

Derrière lui, son frère était allongé sur un petit canapé marron, occupé à regarder le plafond. On pouvait lire l'ennui sur son visage relativement pâle, et ses yeux parcouraient le petit appartement ; il s'appelait Lunae. Son regard s'attarda sur les horribles peintures qui ornaient les murs, les stupides bibelots accrochés un peu partout, la moquette poussiéreuse, les fauteuils inconfortables, les meubles d'un autre âge, et surtout, sur l'hideuse tapisserie qui achevait de lui donner la nausée.

Il soupira, et, pour ce qui devait être la dixième fois depuis le début de la journée, déclara : « Franchement, j'aimerais bien savoir qui a eu l'idée de construire un immeuble jaune avec des appartements jaunes. C'est juste... immonde ! Non vraiment, j'ai beau y mettre toute la bonne volonté du monde, je déteste cet appartement.

- Je sais, répondit son frère sans cesser de regarder par la fenêtre. »

Le ciel commençait à se couvrir ; de gros nuages glissaient doucement dans le ciel en direction du centre-ville.

« Je plains sincèrement les gens qui vivent ici, reprit Lunae. T'imagines un peu ? Ca doit être déprimant de passer sa vie dans ce temple de mauvais goût. On dirait qu'il a été conçu pour punir les gens de ne pas vivre dans un hôtel de luxe.

- Comme je te l'ai déjà dit, répliqua son frère avec lassitude, tu n'as qu'à le demander et on changera d'appartement. »

A présent, les nuages gagnaient de plus en plus de terrain, et certains opposaient déjà leur noirceur à la lumière du soleil. Lunae réfléchit un instant, puis répondit :

« Non, ce ne serait pas raisonnable. Il n'y a pas des masses d'endroits où vivre dans le coin, alors autant rester ici encore un peu. Par contre le prochain, c'est moi qui choisi !

- Si tu veux. De toute façon, on ne va pas s'éterniser ici. »

Sebante soupira. Son frère passait son temps à changer d'avis, et ne cessait de se plaindre pour la stupide raison que l'appartement ne lui plaisait pas. Il était difficile de nier que l'endroit était un véritable crachat au nom du bon goût, mais contrairement à ce que pensait son frère, ce qui était vraiment déprimant, c'était d'avoir quelqu'un qui vous le rappelait sans cesse. Le problème avec Lunae, c'est qu'il s'ennuyait. Et quand il s'ennuyait, il ne manquait pas de le faire savoir.

« Je sais que je devrais me réjouir de n'avoir rien à faire, poursuivit-il en se redressant. Pas de travail, donc pas d'attaques, donc pas de dégâts ! Mais franchement, je déteste rester toute une journée sans bouger.

- La journée est loin d'être finie, tu sais. »

Comme Lunae ne répondait pas, Sebante ajouta :

« On peut aller en ville si tu veux.

- Non je n'ai pas envie. C'est ça le pire dans l'histoire : on se désole de n'avoir rien à faire, mais en même temps on n'a pas envie de bouger... On est donc condamné à mourir d'ennui. »

Puis il s'allongea à nouveau, et continua à pester mentalement sur l'horrible jaune qui teintait les murs et le plafond. Les minutes passèrent, et il aurait sans doute recommencé à s'en plaindre à voix haute si les puissantes vibrations du téléphone de Sebante n'avaient pas brutalement brisé le silence. Ils furent tous deux surpris, et tandis que Lunae se levait en s'exclamant « Enfin ! », Sebante saisit son téléphone et regarda de quoi il s'agissait.

« Alors, qu'est-ce que ça dit ? questionna Lunae.

- C’est Gabriel, répondit précipitamment son frère. On doit se dépêcher. »

Il lui montra le téléphone : au-dessus de l'écran, un petit voyant rouge vif scintillait. En voyant cela, Lunae réagit brusquement : il se mit soudain à courir partout dans l'appartement, en poussant régulièrement des « Allez, allez ! ». Et en effet, ils avaient tout intérêt à être rapides. Ils sortirent de l'appartement et dévalèrent les escaliers à toute vitesse. Tandis qu’ils se dirigeaient vers la sortie, Lunae interrogea :

« Il est où ?

- Dans le centre-ville, mais de l'autre côté. »

Lunae jura. Bien sûr, il ne fallait surtout pas que ce soit à proximité, ça aurait été trop simple... L'immeuble paraissait vide. Ce n'est qu'en déboulant dans l'accueil qu'ils virent un réceptionniste qui devait être proche de sa retraite. Ils l'entendirent vaguement marmonner à propos « de ces jeunes qui n'avaient pas le temps ». Ils passèrent les doubles portes d'entrée pour se retrouver dans la rue. La pluie commençait à tomber dans la ruelle silencieuse. On n'entendait que le bruit de la circulation qui rugissait au loin. Ils coururent à leur droite pour atteindre leurs véhicules. Lunae fonça à l’intérieur de sa voiture blanche et mit le contact. Pendant ce temps, Sebante enfourcha sa moto noire et démarra.

Ils partirent en trombe et se dirigèrent vers le centre-ville. La route parut déserte un instant, mais elle se remplissait au fur et à mesure qu'ils se rapprochaient de leur destination. Ils eurent cependant suffisamment de chance pour ne pas se retrouver coincé dans un embouteillage. Pendant qu'il roulait, Sebante gardait un oeil inquiet sur son téléphone, surveillant nerveusement le voyant aussi rouge qu'une braise ardente. Malheureusement, ils eurent beau aller aussi vite qu'ils le pouvaient, ils n'eurent pas le temps d'arriver avant que le voyant ne devienne noir. Un formidable grondement déchira alors le ciel, et la pluie tomba de plus belle.

Les téléphones de Sebante et Lunae étaient équipés d'un système leur permettant de communiquer rapidement et efficacement avec toutes personnes possédant un téléphone similaire - chose relativement rare. Quand le système s'activait, il envoyait une onde électrique dans tous les sens, et chaque téléphone pareillement équipé se trouvant à proximité recevaient de précieuses informations, telles que le nom de l'utilisateur, sa position, et son état. Ce dernier était indiqué par le petit voyant qui surmontait l'écran. Si tout allait bien, il était vert. S'il passait à l'orange, cela voulait dire que l'utilisateur était en danger - entrain de combattre. Quand le voyant devenait rouge, cela signifiait que la personne se trouvait confrontée à un danger mortel, et avait besoin d'aide immédiate. Enfin, si par malheur le voyant virait au noir, les chances de survie de l'utilisateur étaient presque nulles ; en fait, il était peut-être déjà mort.

Il est donc facile de comprendre que la vue de la lumière passant du rouge au noir poussa Lunae à appuyer nerveusement sur la pédale d'accélération, dans une tentative désespérée d'arriver plus vite auprès de son ami. Sebante passa devant, et lui fit signe de ralentir et de se calmer. Il aurait été particulièrement stupide d'avoir un accident maintenant. « De toutes manières, pensa tristement Sebante, arriver un peu plus tard ne changera pas grand-chose. »


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