Le 21ème siècle devait être le siècle de la maturité des hommes. Après 3000 ans d'adolescence puérile, l'humanité devait enfin atteindre sa majorité, prendre ses responsabilités et réparer ses fautes. Voilà plusieurs décennies que l'alarme avait été tirée. En vain. Les puissants continuaient de faire la sourde oreille. Bientôt, la consommation humaine effrénée, principalement en matière d'énergie, ne fit pas qu'épuiser les ressources naturelles de la planète. La course au progrès filait à mesure que la surpopulation mondiale prenait une ampleur lourde de conséquences.

Vinrent les premiers changements climatiques. D'abord insignifiants (orages, tempêtes...) puis de plus en plus lourds. Tous furent surpris de la rapidité avec laquelle la situation se dégradait. A l'heure où tous pensaient encore pouvoir rétablir un équilibre et freiner la course folle vers le mur qui se profilait à l'horizon, il s'est avéré que les kilomètres à parcourir étaient moins nombreux que les plus alarmistes ne l'avaient imaginé.

La température terrestre monte irrémédiablement. Les glaces fondent et libèrent d'importantes quantités d'eau qui viennent grossir les océans, engloutissant les villes côtières, balayant des archipels entiers. Loin d'avoir réussi à protéger la biodiversité, l'humanité regarde tristement la majeure partie des espèces végétales et animales disparaître, du moins dans leur forme naturelle. L'équilibre est rompu jusque dans ses bases les plus absolues : l'oxygène, maître de la vie sur terre, se raréfie dangereusement, faute de photosynthèse suffisante.

Mais les guerres qui sévissent sur la majorité du globe se chargent de faire baisser le chiffre. L'homme est devenu bien pire qu'un loup pour l'homme. Il est devenu son propre bourreau. La terre, épuisée par la masse grouillante qui l'arpente, ne peut plus fournir. Le manque cruel de terres arables, de bêtes saines et d'eau pousse les États à investir dans l'expérimentation agroalimentaire. Le clonage animal se développe. La chimie prend le pas sur les cultures...et la vie.

Le SIDA est éradiqué et quelques mois plus tard sera découverte une nouvelle maladie, plus malicieuse encore. Le NUX-1, transmit par le Tang, grosse mouche à dard et ses larves. Le scandale éclata lorsque le chef du groupe écologique convoqua la presse du monde entier pour faire une conférence qui allait alors bouleverser le monde. Le géant pharmaceutique Hill-Rousse, fabriquait les maladies. « Dans quel but ? Me direz vous », avait-il lancé à la foule de micros, avec un sourire triomphant mais néanmoins écoeuré, « Réguler la population mondiale ». C’était net et précis pour tous, les industries fabriquaient des vaccins pour des maladies qu’ils avaient eux-mêmes crées pour faire de l’argent. Tout était comme ça à cette époque là. Mais ce qui allait alors changer le monde ce fut les vidéos prises à l’insu de l’entreprise, d’un jeune laborantin. Cette vidéo montrait une grande pièce carrelée blanche. Sans fenêtre, juste la fenêtre par laquelle l’équipe de scientifiques observaient les cobayes.

La salle de journalistes fut parcourue d’un frisson mêlé d’exclamations de stupeurs. La vidéo montrait en effet, des hommes, des femmes mêmes enceintes et des enfants nus dans cette pièce. Une trentaine.
« Veuillez ouvrir la trappe, merci » ordonna le médecin référant.
Une nuée de mouche déferla par 3 trappes disposées à intervalles régulières assaillant les cobayes humains tentant de se protéger le visage des nombreuses piqures. Ces hommes, femmes et enfants courraient en tous sens, se fauchant et se cognant. Implorant de les libérer de ce supplice. Puis le médecin appuya sur un bouton bleu. Une épaisse fumée blanche envahie alors la pièce. Pendant quelques minutes, aucune image autre qu’un mur blanc ne passait sur les écrans de la conférence. Peu à peu la fumée ce dissipait. Les mouches formaient un tapis noir grouillant. Les cobayes eux, étaient recroquevillés sur eux même. Pleurant en silence. Puis un homme hurla en se tenant le ventre, puis un autre et un autre ! Sous leur peau semblait grouiller mille et un insectes, leur assenant une douleur sans nom.
Le médecin s’exclama.

« Test réussi mes amis ! Voici le NUX-1 ! Maintenant on va laisser les manutentionnaires nettoyer la salle. Après vous messieurs ! »
Une boule de feu enveloppa la salle carrelée. Le jeune laborantin filmait derrière la vitre. Puis la vidéo s’arrêta.

La salle étaient silencieuse puis un flot de question s’éléva. Les journalistes avides de scoop se coupaient la parole se frappant avec leur matériel pour atteindre le chef des écologistes.

« Qui sont ces cobayes », « Quel est le nom du vidéaste ? » « Où es-ce que cela à été pris ! » « la vidéo à t’elle été expertisée ? »

Le chef se leva puis la salle se calma.
« Les pauvres cobayes, sont des sans domiciles, des marginaux, des internés, des prisonniers. C’est ce que notre pays à trouver comme solution pour nettoyer les rues, les hôpitaux, les prisons... L’heure est grave ! Nous devons agir ! Nous ne pouvons plus fermer les yeux ! »

La salle était attentive griffonnant, enregistrant, filmant tout ce qu’ils pouvaient. Mais rien ne pouvait laisser imaginer que cette après-midi du 6 juin 2063, serait la fin d’une ère et le début d’une autre..