<h1>Noelfic</h1>

L'achèvement d'une ère.


Par : Spyko

Genre : Action , Science-Fiction

Status : Terminée

Note :


Chapitre 66

Le pire de tous.

Publié le 16/04/12 à 13:58:38 par Spyko

Il reculèrent, et je m'approchai de la porte. Je posai la main sur la commande, et le sas roula sur lui même avant de s'ouvrir. Je m'engouffrai dans la salle, avant de refermer le panneau. Derrière une vitre blindée, on pouvait voir le canon pointé vers la pont du vaisseau. Dans le même axe, la créature s'agitait, arrachant des pans entiers de coque. Je m'installai dans le siège, et des hologrammes apparurent.
Je tapotai l'un d'eux, et une commande plus classique glissa vers moi. Je l'empoignai, et maniai doucement l'arme. Les quatre tubes de tirs pivotèrent dans la direction voulue, et, l'espace d'un instant, je me revis sur la colline de notre ville, dirigeant le canon surpuissant vers l'un des titans de chair. Avant que cette créature abjecte ne l'arrache.
Il était grand temps de prendre ma revanche.

*Tu crois réellement que tu pourras le faire!?*
« La ferme, marmonnais-je, cette fois tu changeras rien. »
*Continue à le croire, ça te conduira directement à ta perte!*

Je secouai une enième fois la tête. Je venais de pointer l'arme vers les propulseurs qu'on pouvait apercevoir un peu plus loin, dépassant à l'arrière du vaisseau. Saisi d'un violent tremblement, je ramenai le canon dans la direction voulue. Je pressai le bouton de tir, et les lasers quittèrent les tubes.
Ils heurtèrent la créature sans provoquer davantage de chose qu'un puissant hurlement. Elle se ramassa sur elle-même, tendis le cou en avant et rugit encore plus fort, toutes ses dents dirigées vers moi. Une nouvelle salve accueillit ce mouvement, et elle éclata sur son crâne recouvert d'une épaisse carapace, sauf au niveau de l'un des yeux. L'un des tirs toucha cette zone légèrement sensible, et elle secoua violemment la tête en couinant.
Puis le dragon passa définitivement à l'attaque. Ses griffes se détachèrent du métal dans un crissement horrible, et il rampa vers moi. Me doutant déjà de ce qu'il ferait, je gardai les doigts au-dessus de la commande de tir, prêt à faire feu dès que le moment se présenterait. Il y avait bien sûr une chance qu'il choisisse de défoncer purement et simplement la vitre avant de m'avaler, mais cette simple pensée me fit frissonner. Je sentis que mes mains devenaient moites et que de la sueur coulait légèrement dans mon cou, mais je ne m'en préoccupai pas.
Ses puissantes mâchoires se refermèrent sur le canon, et il tira dessus. Le siège étant relié au reste du système, je me sentis glisser légèrement en avant lorsqu'il tenta d'arracher l'arme. Toujours immobile, je ne bougeai qu'un doigt.
La salve partit directement à l'intérieur de sa gueule, lacérant sa gorge et tous les tissus internes de cet endroit. Il glapit de douleur, tandis qu'un flot de sang coulait entre ses dents acérées. En hurlant de rage et de douleur, ses yeux rouges rivés sur moi, il saisit cette fois ci le canon directement avec ses griffes.

« Alex, fit la voix de Matt dans l'oreillette, c'est toi qui fait tout ce boucan? »
« Ouais...., murmurais-je, la gorge nouée. J'crois que cette fois c'est mort, tirez-vous... »
« Wop, qu'est-ce que tu nous raconte là, on arrive. »
« Non! Si il arrache le canon, toute la salle va partir avec, restez pas là, je vais voir ce que je peux faire! »

Sa deuxième patte avant percuta de plein fouet la vitre, la fracturant de manière largement visible. Je sentis un courant d'air glacé envahir la pièce. Nous n'étions pas encore en orbite, mais suffisamment haut pour que la température soit assez basse. Un mélange de salive et de sang coulait sur les tubes de tirs, que la créature arrachait en tirant doucement dessus.
Incapable de décrocher le regard du monstre, je ne pus qu'assister à la scène, impuissant.
Puis tout changea.
Le dragon cessa de grogner, et sa poigne se desserra. Son regard se fit brutalement plus inquiet, et j'aurais juré qu'il était saisi d'un violent spasme. Un silence morbide se fit, seulement rompu par les grondements du vaisseau. Le cou de la créature s'écrasa en avant, et ses yeux perdirent de leur éclat, tandis qu'il émettait un couinement de douleur plaintif, à peine audible. Le monstre s'étala de toutes ses centaines de mètres sur le vaisseau, ses pattes griffant la coque avec fébrilité.
Son dos se souleva, puis un immense appendice transperça la peau cuirassée dans l'espace entre les deux ailes, arrachant un nouveau cri à la créature. Des lambeaux de chair volèrent en tous sens, et il tenta de ramper sur quelques mètres. Le tentacule s'agita un instant, puis disparut. Je le vis glisser le long de la paroi, et il semblait infiniment long.
Je ne pouvais plus contrôler les tremblements qui m'agitaient, et demeurais incapable de faire le moindre mouvement. Mes mains s'étaient crispées sur le rebord du siège, et la chair de poule me parcourrait les bras. Il n'y avait qu'une seule chose qui me venait à l'esprit. Une phrase que j'avais lu dans les quartiers du capitaine.

''Il y a quelque chose d'autre''

Quelque chose d'autre... Ce... quelque chose... venait de tuer le dragon, que nous pensions être notre ennemi le plus redoutable. Et ce quelque chose était là, désormais. Nous croyions que le monstre ailé demeurerait le seul nécromorph à pouvoir réellement mettre fin à nos jours. Qu'il était le pire.
Mais il y avait pire. Il y a toujours pire.
De nouveaux appendices glissèrent sur le pont, enroulant le vaisseau dans un anneau de chair. Je vis l'acier se tordre et se plier aux endroits où les tentacules faisaient pression. Le cadavre de notre ennemi ailé gisait toujours au même endroit, baignant dans des dizaines de litres de sang.
Puis son meurtrier se décida enfin à apparaître. Une masse noire jaillit à l'arrière du vaisseau désormais immobilisé. C'était même plus qu'une masse. Dressé à quelques centaines de mètres au-dessus de nous, le nouveau venu poussa un rugissement, tellement fort que je crus être sourd pendant les secondes qui suivirent. La créature était indescriptible.
La seule chose que l'on pouvait relever, à l'exception de ses innombrables tentacules et de son corps épais semblable à celui d'un ver, c'était sa gueule. Circulaire, elle était en majeure partie occupée par un trou béant cerclé de dents qui devaient faire plus d'une dizaine de mètres chacune. Tout autour, on devinait des globes oculaires protégés par une coquille noirâtre. Cette simple vision manqua de venir à bout du peu de courage qui pouvait rester en moi.
Le nécromorph, très certainement le fruit de millions, voire de milliards de cadavres, se pencha en avant et engouffra entièrement la carcasse sanglante du dragon. Il ne restait plus qu'une flaque de fluide qui coulait sur la coque lorsqu'il releva sa tête monstrueuse, en produisant des craquements répugnants.
Ce fut ce spectacle qui réveilla une once de jugeote en moi. Je me relevai et quittai mon siège, impatient de quitter cette salle, et ce vaisseau. En me levant, mon genoux enfonça la commande de tir, et, le dos tourné, j'entendis le bruit des lasers qui quittaient leurs tubes.

« Alex, c'est quoi, qu'est-ce qu'il se passe? Alex? »

Le créature ne poussa même pas un rugissement de colère, rien. Elle se contenta de faire ramper un tentacule, qui s'enroula sans peine autour du canon. Je fermai les yeux et sentis quelques larmes de désespoir couler sur mes joues.

« Alex! Réponds! »

D'une unique traction, le nécromorph arracha l'arme. La vitre blindée, la paroi métallique et tout le système de commande fut happé en même temps. Le sol roula sous mes pieds, et je m'y écrasai. Toute la salle sembla s'incliner vers l'extérieur. Je glissai sur l'acier, voyant le vaisseau de plus près que jamais. Mes mains griffèrent le sol pour essayer d'agripper quelque chose, mais l'intégralité de la zone tombait.
Je vis le mur du fond s'arracher lui aussi, ainsi que la porte, et j'entendis quelques cris de peur dans mon oreillette. Des poutres me dépassèrent avec fracas, et allèrent se planter dans la coque. Le pan de métal où je me trouvais heurta la paroi du vaisseau, et je fus précipité sur un bloc à part. De là, je me mis à descendre bien malgré moi le long du mur incliné qui menait à la tranchée de tir.
Je roulai plusieurs fois sur moi-même en touchant le fond et restait immobile. Des débris s'écrasèrent tout autour, certains ricochaient parfois. L'abomination, d'un simple mouvement de son tentacule, balança le canon qu'elle retenait toujours, et il alla s'encastrer dans la carlingue.
A plat ventre, épuisé, meurtri et paralysé par la peur, je n'étais capable de rien. J'avais pensé que la fin de notre petite aventure avait débuté avec le début de l'infection à bord, et l'attaque du dragon. A aucun moment je ne m'étais attendu à autre chose.
Et, abattu, je me surpris à penser que j'aurais préféré cela.

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