L'achèvement d'une ère.
Par : Spyko
Genre : Action , Science-Fiction
Status : Terminée
Note :
Chapitre 28
Rencontres et décisions.
Publié le 19/03/12 à 18:37:43 par Spyko
Si la scène avait pris fin depuis déjà plus d'une heure, le sommeil, lui, ne vint que progressivement, et beaucoup plus tard. Et il n'apporta pas que du soulagement. Aucun rêve ne vint apaiser les situations vécues précédemment, et seuls des cauchemars affreux occupèrent ma nuit. Si la plupart ne représentaient que des scènes déjà vécues incroyablement exagérées au niveau de la violence, l'un d'entre eux s'avéra plus précis.
Les cadavres de nos trois coéquipiers perdus au cours de notre avancée hantèrent donc la dernière partie de mon repos, me fixant de leurs yeux blancs, avant d'être brutalement déchiquetés par des nécromorphs. Ils se reconstituaient alors, puis périssaient à nouveau entre les lames de ces hideuses créatures. Max s'approcha à petit pas, en répétant que je l'avais tué d'une voix terreuse.
Puis, ses pupilles se changèrent en monolithe, et se mirent à briller d'un intense éclat. La structure grossit jusqu'à inonder ma vision, puis j'aperçus la silhouette du dragon à travers la pierre, à laquelle se superposa une autre silhouette, plus humaine. Cette silhouette tenait un fragment du monolithe et se mit à rire aux éclats.
C'est suite à cela que j'ouvris les yeux, et je m'aperçus que j'étais en sueur. Une pâle lueur passait à travers la vitre maculée de sang, de cervelle et de fragments d'os, signe qu'il commençait à faire jour. Je me redressai doucement, les cheveux légèrement en bataille. Matt était recroquevillé sur sa couverture, et les deux sœurs s'étaient endormis en se tenant la main, des traces de larmes visibles à travers la cendre qui recouvrait en partie leur visage. Prudemment, je me relevai, enjambai Matt, mis mes chaussures et m'engageai dans le couloir.
J'ouvris la porte menant au magasin où se rassemblaient les rescapés, et m'immobilisai en voyant déjà une cinquantaine de personnes assises par terre, malgré l'heure matinale. Ils firent d'ailleurs tous de même, et leurs regards se braquèrent sur moi. Un homme s'avança vers moi en tendant la main. Je la serrai, tout en gardant un œil rivé sur la foule qui continuait de me dévisager, ce qui commençait sincèrement à m'agacer.
« Ah, c'est donc vous les rescapés du crash? On s'est brièvement parlé à la radio hier, je m'appelle Cédric, enchanté. »
« Pareil... »
« Je suis en quelque sorte le chef de cette petite troupe, navré de ne pas avoir pu vous accueillir hier, j'avais quelques petites affaires à régler. Vous voulez manger? »
« Peut-être tout à l'heure. Y a pas un endroit où on pourrait se laver un peu? Ça fait quelque jours qu'on est parti de notre ville maintenant, donc bon... »
« Il faudra que vous nous racontiez ça. Sinon, oui, vous avez quelques salles de bains qui fonctionnent encore à l'étage. Pas d'eau chaude, mais vous vous y habituerez. »
« On s'y est déjà fait, merci. »
Je tournai les talons, la mâchoire serrée, toujours fixé par la cinquantaine de personnes présentes. Je montais à l'étage, et me laissai guider par le bruit de l'eau qui coulait. Une jeune femme, les cheveux encore humides, sortit d'une salle, et se figea, elle aussi. Je me retins de pousser un soupir de découragement, et l'abordai en tentant de conserver une voix normale.
« Vous avez terminé? »
« Hein? Euh... Oui, oui, vous pouvez y aller. »
« Merci. »
Je passai à côté d'elle, et elle me suivit lentement du regard, sans ciller. Je serrai tellement le poing droit que mes ongles s'enfonçaient dans ma paume. Si ces survivants ne changeaient pas d'attitude à notre égard et ne cessaient pas de nous considérer comme des bêtes sauvages, je finirais pas perdre mon calme. Heureusement que notre présence ici n'était que provisoire.
Elle dut sentir mon agacement, car elle me retint au moment où je franchissais la porte. J'appuyai une main sur l'encadrement et pivotai vers elle, mais cette fois, sans tenter de paraître parfaitement calme.
« Désolé si ça vous gêne qu'on vous regarde comme ça. C'est la première fois qu'on voit des soldats nous rejoindre. D'habitude, les autres ne font que passer, et se font massacrer par les nécromorphs embusqués. »
« Et vous croyez que ça nous met à l'aise de nous faire regarder comme des animaux en cage? répliquais-je d'un ton provoquant. »
« Non... Il paraît que vous êtes ici parce que vous vous êtes écrasés, c'est vrai? »
Je sortis de la salle où je venais d'entrer et m'adossai au mur du couloir en laissant échapper un soupir. Ma douche allait apparemment être légèrement décalée.
« Oui. On a été pourchassés par une sorte de dragon, notre aile a été endommagée et on a pas eu d'autre choix. »
« Votre vaisseau peut fonctionner? »
Je soupirai à nouveau, mais cette fois en songeant à la carcasse fumante et inutilisable du véhicule...
« Pas vraiment, non. On risque d'être bloqués ici un moment, mais pas trop longtemps j'espère. »
« Vous n'avez pas l'intention de rester? fit-elle, avec comme une lueur d'espoir dans les yeux. »
« Non, on ignorait même l'existence de cette ville, on avait assez de carburant pour atteindre notre destination en paix, mais visiblement, on est de vrais aimants à ennuis. »
« Et... Où est-ce que vous alliez? continua t-elle prudemment. »
« Vous n'êtes pas au courant? m'étonnais-je. Un vaisseau est en construction quelque part au Sud, et il sera bientôt prêt, on avait prévu de le rejoindre. »
Ses yeux se mirent à pétiller de bonheur, et je redoutai que nous ne nous offrions une centaine de compagnons dans notre quête.
« On est au courant, mais personne n'ose quitter la ville, parce qu'on sait qu'on survivra pas à l'extérieur. » Elle sembla réfléchir un instant, son regard fixant le mur au-dessus de mon épaule, puis ajouta « Je pourrais venir avec vous? »
La question me prit totalement au dépourvu. Cette jeune femme avait apparemment envie de saisir sa seule chance de s'en sortir, mais je devais tout d'abord en parler à mes compagnons, d'autant plus qu'elle n'avait pas la moindre expérience en matière de combat, et risquait surtout d'être un véritable poids mort. Et puis, il fallait encore trouver un moyen de partir...
« Je ne sais pas, je ne peux pas prendre cette décision tout seul. J'en parlerais aux autres tout à l'heure, mais de toute façon, on doit réfléchir à un moyen de partir. »
« D'accord. Je m'appelle Jessica. »
« Alex... »
« Ravie de te rencontrer. Fais moi signe quand vous aurez décidé... »
Elle s'engagea dans le couloir d'un air enjoué. Je la suivis des yeux tandis qu'elle s'avançait vers l'escalier, observant ses cheveux châtains qui tombaient entre ses épaules. Dans quoi m'étais-je encore fourré? Il me fallait trouver un moyen d'aborder ce point avec les autres, ce qui me vaudrait surement quelques commentaires désobligeants. Et puis, comment refuser à cette personne une chance de survivre, surtout qu'elle paraissait absolument enchantée d'avoir cette occasion?
Laissant ces réflexions de côté, j'entrai dans la salle de bain, me déshabillai et laissai couler l'eau froide le long de mon corps. Habitué à cette température depuis le début de l'Infection, je frissonnai malgré tout. Je profitai de cette douche pour regarder d'un peu plus près les nombreuses éraflures et cicatrices laissées depuis le début de notre périple.
Finalement, j'arrêtai le liquide, me séchai et enfilai mes vêtements déchiquetés, avant de descendre dans la chambre où dormaient les trois autres. Tout du moins, l'endroit où je pensais les trouver, car ils n'y étaient plus. Je fis alors demi-tour pour aller dans le supermarché. Je les vis tous les trois, assis à l'écart, en train de discuter avec Cédric. Jessica était un peu plus loin, avec d'autres personnes. Elle leva la tête en me voyant entrer et me suivis du regard, voyant que j'allais vers mes coéquipiers.
Ils me saluèrent lorsque je m'assis parmi eux, firent quelques commentaires sur l'humidité de mes cheveux, puis me proposèrent un petit-déjeuner sommaire.
« On discutait avec Cédric pour savoir s'ils avaient des moyens de transport, mais apparemment... »
« On a rien, les sentinelles vont à leurs postes à pieds. D'ailleurs, Seb' est pas encore revenu, j'espère qu'il va bien... Sinon, j'ai appris que vous comptiez aller au site de construction. Si vous voulez mon avis, c'est du suicide, mais vous avez l'air de savoir ce que vous faites. Ne le prenez pas mal, mais j'aimerais que vous évitiez de mettre des idées de bravoure dans la tête de ces survivants. Vous avez peut-être survécus, mais si eux tentaient l'aventure, ils n'iraient pas loin. »
Je baissais la tête, sachant qu'il me fallait aborder le sujet de Jessica au plus tôt, et de préférence en présence du dirigeant de cette troupe.
« Euh... Justement, à ce sujet... Tout à l'heure, j'ai croisé une jeune femme, et... Elle... m'a demandé si elle pouvait nous accompagner... »
Sentant que les autres ouvraient de grands yeux, je me tournait vers l'intéressée et lui fis signe d'approcher. Elle se leva, et parcourut la distance qui nous séparait. Matt et les deux filles la regardèrent approcher, et le jeune homme me donna un petit coup de coude dans les côtés, en affichant un sourire narquois à mon intention. Je l'ignorai et me concentrai plutôt pour réfléchir à ce que j'allais dire.
Quelque peu intimidée, la jeune femme s'arrêta devant nous et commença à rougir en voyant mes trois compagnons. Elle leva finalement la tête vers nous et se présenta. Je fis un résumé de notre discussion aux autres, tout en gardant un œil sur Cédric. Autour de nous, la soixantaine de rescapés présents n'avaient pas manqué le mouvement de la femme, et regardaient discrètement la scène.
Le chef avait un air songeur, et mes trois amis tentaient de départager le pour et le contre. Leurs trois regards bifurquèrent alors vers moi, l'air de me demander ce que je voulais. Je hochai imperceptiblement la tête, mais le message passa. S'ils m'avaient demandé à moi, alors que j'étais presque l'auteur de cette proposition, c'était que la présence de la jeune femme ne les dérangeait pas. Cédric, en revanche, paraissait beaucoup plus dubitatif. Il fit signe à Jessica d'approcher, se pencha vers nous et parla dans un chuchotement.
« Je ne vais pas, et je ne peux pas m'opposer à ça. Simplement, comme je vous l'ai dis, je préfèrerais éviter que d'autres prennent votre exemple. J'imagine que vous ne pourrez pas transporter beaucoup de monde. »
« Effectivement. On a déjà eu un mal fou à survivre, alors nous entourer d'une dizaine de personnes qui pourraient difficilement nous aider nous handicaperais plus qu'autre chose. On pourrait emmener une, deux, peut-être quatre personnes avec nous, selon la taille du transport qu'on trouvera. »
« C'est bien ce que je pensais. Ce que je vous propose, c'est que, le jour de votre départ, Jessie vous rejoigne discrètement, afin de ne pas ameuter tout le peuple. »
« Compris, on sera discret. Jessica, tu peux rejoindre tes amis, on mettra du temps à trouver de quoi partir d'ici, si on y arrive. Mais t'inquiètes pas, on va pas te laisser là. »
« D'accord... Merci. »
La jeune femme retourna de là où elle venait, et je me surpris à la suivre discrètement des yeux, avant de me reprendre. L'exemple du choc subi par Carmen à la mort de Ben' devrait normalement me servir d'exemple pour ne pas regarder la jeune femme de cette façon, et pourtant.... Après avoir mangé, mes trois coéquipiers désirèrent aller se laver. Cedric leur indiqua où aller pour cela, et ils s'y dirigèrent, quand Matt s'arrêta, plongeant son regard dans le mien.
« T'as prévu de faire quelque chose aujourd'hui? Qu'on sache si on doit se préparer, ou si on peut rester tranquille. »
« J'ai réfléchis, et j'aimerais bien retourner au vaisseau. »
« Pourquoi!? s'exclama t-il, faisant se retourner plusieurs personnes. »
Je m'approchai encore un peu plus de lui, baissant la voix tout en surveillant un peu autour.
« Le fragment. J'aime pas toute cette histoire, je veux le détruire. »
Les cadavres de nos trois coéquipiers perdus au cours de notre avancée hantèrent donc la dernière partie de mon repos, me fixant de leurs yeux blancs, avant d'être brutalement déchiquetés par des nécromorphs. Ils se reconstituaient alors, puis périssaient à nouveau entre les lames de ces hideuses créatures. Max s'approcha à petit pas, en répétant que je l'avais tué d'une voix terreuse.
Puis, ses pupilles se changèrent en monolithe, et se mirent à briller d'un intense éclat. La structure grossit jusqu'à inonder ma vision, puis j'aperçus la silhouette du dragon à travers la pierre, à laquelle se superposa une autre silhouette, plus humaine. Cette silhouette tenait un fragment du monolithe et se mit à rire aux éclats.
C'est suite à cela que j'ouvris les yeux, et je m'aperçus que j'étais en sueur. Une pâle lueur passait à travers la vitre maculée de sang, de cervelle et de fragments d'os, signe qu'il commençait à faire jour. Je me redressai doucement, les cheveux légèrement en bataille. Matt était recroquevillé sur sa couverture, et les deux sœurs s'étaient endormis en se tenant la main, des traces de larmes visibles à travers la cendre qui recouvrait en partie leur visage. Prudemment, je me relevai, enjambai Matt, mis mes chaussures et m'engageai dans le couloir.
J'ouvris la porte menant au magasin où se rassemblaient les rescapés, et m'immobilisai en voyant déjà une cinquantaine de personnes assises par terre, malgré l'heure matinale. Ils firent d'ailleurs tous de même, et leurs regards se braquèrent sur moi. Un homme s'avança vers moi en tendant la main. Je la serrai, tout en gardant un œil rivé sur la foule qui continuait de me dévisager, ce qui commençait sincèrement à m'agacer.
« Ah, c'est donc vous les rescapés du crash? On s'est brièvement parlé à la radio hier, je m'appelle Cédric, enchanté. »
« Pareil... »
« Je suis en quelque sorte le chef de cette petite troupe, navré de ne pas avoir pu vous accueillir hier, j'avais quelques petites affaires à régler. Vous voulez manger? »
« Peut-être tout à l'heure. Y a pas un endroit où on pourrait se laver un peu? Ça fait quelque jours qu'on est parti de notre ville maintenant, donc bon... »
« Il faudra que vous nous racontiez ça. Sinon, oui, vous avez quelques salles de bains qui fonctionnent encore à l'étage. Pas d'eau chaude, mais vous vous y habituerez. »
« On s'y est déjà fait, merci. »
Je tournai les talons, la mâchoire serrée, toujours fixé par la cinquantaine de personnes présentes. Je montais à l'étage, et me laissai guider par le bruit de l'eau qui coulait. Une jeune femme, les cheveux encore humides, sortit d'une salle, et se figea, elle aussi. Je me retins de pousser un soupir de découragement, et l'abordai en tentant de conserver une voix normale.
« Vous avez terminé? »
« Hein? Euh... Oui, oui, vous pouvez y aller. »
« Merci. »
Je passai à côté d'elle, et elle me suivit lentement du regard, sans ciller. Je serrai tellement le poing droit que mes ongles s'enfonçaient dans ma paume. Si ces survivants ne changeaient pas d'attitude à notre égard et ne cessaient pas de nous considérer comme des bêtes sauvages, je finirais pas perdre mon calme. Heureusement que notre présence ici n'était que provisoire.
Elle dut sentir mon agacement, car elle me retint au moment où je franchissais la porte. J'appuyai une main sur l'encadrement et pivotai vers elle, mais cette fois, sans tenter de paraître parfaitement calme.
« Désolé si ça vous gêne qu'on vous regarde comme ça. C'est la première fois qu'on voit des soldats nous rejoindre. D'habitude, les autres ne font que passer, et se font massacrer par les nécromorphs embusqués. »
« Et vous croyez que ça nous met à l'aise de nous faire regarder comme des animaux en cage? répliquais-je d'un ton provoquant. »
« Non... Il paraît que vous êtes ici parce que vous vous êtes écrasés, c'est vrai? »
Je sortis de la salle où je venais d'entrer et m'adossai au mur du couloir en laissant échapper un soupir. Ma douche allait apparemment être légèrement décalée.
« Oui. On a été pourchassés par une sorte de dragon, notre aile a été endommagée et on a pas eu d'autre choix. »
« Votre vaisseau peut fonctionner? »
Je soupirai à nouveau, mais cette fois en songeant à la carcasse fumante et inutilisable du véhicule...
« Pas vraiment, non. On risque d'être bloqués ici un moment, mais pas trop longtemps j'espère. »
« Vous n'avez pas l'intention de rester? fit-elle, avec comme une lueur d'espoir dans les yeux. »
« Non, on ignorait même l'existence de cette ville, on avait assez de carburant pour atteindre notre destination en paix, mais visiblement, on est de vrais aimants à ennuis. »
« Et... Où est-ce que vous alliez? continua t-elle prudemment. »
« Vous n'êtes pas au courant? m'étonnais-je. Un vaisseau est en construction quelque part au Sud, et il sera bientôt prêt, on avait prévu de le rejoindre. »
Ses yeux se mirent à pétiller de bonheur, et je redoutai que nous ne nous offrions une centaine de compagnons dans notre quête.
« On est au courant, mais personne n'ose quitter la ville, parce qu'on sait qu'on survivra pas à l'extérieur. » Elle sembla réfléchir un instant, son regard fixant le mur au-dessus de mon épaule, puis ajouta « Je pourrais venir avec vous? »
La question me prit totalement au dépourvu. Cette jeune femme avait apparemment envie de saisir sa seule chance de s'en sortir, mais je devais tout d'abord en parler à mes compagnons, d'autant plus qu'elle n'avait pas la moindre expérience en matière de combat, et risquait surtout d'être un véritable poids mort. Et puis, il fallait encore trouver un moyen de partir...
« Je ne sais pas, je ne peux pas prendre cette décision tout seul. J'en parlerais aux autres tout à l'heure, mais de toute façon, on doit réfléchir à un moyen de partir. »
« D'accord. Je m'appelle Jessica. »
« Alex... »
« Ravie de te rencontrer. Fais moi signe quand vous aurez décidé... »
Elle s'engagea dans le couloir d'un air enjoué. Je la suivis des yeux tandis qu'elle s'avançait vers l'escalier, observant ses cheveux châtains qui tombaient entre ses épaules. Dans quoi m'étais-je encore fourré? Il me fallait trouver un moyen d'aborder ce point avec les autres, ce qui me vaudrait surement quelques commentaires désobligeants. Et puis, comment refuser à cette personne une chance de survivre, surtout qu'elle paraissait absolument enchantée d'avoir cette occasion?
Laissant ces réflexions de côté, j'entrai dans la salle de bain, me déshabillai et laissai couler l'eau froide le long de mon corps. Habitué à cette température depuis le début de l'Infection, je frissonnai malgré tout. Je profitai de cette douche pour regarder d'un peu plus près les nombreuses éraflures et cicatrices laissées depuis le début de notre périple.
Finalement, j'arrêtai le liquide, me séchai et enfilai mes vêtements déchiquetés, avant de descendre dans la chambre où dormaient les trois autres. Tout du moins, l'endroit où je pensais les trouver, car ils n'y étaient plus. Je fis alors demi-tour pour aller dans le supermarché. Je les vis tous les trois, assis à l'écart, en train de discuter avec Cédric. Jessica était un peu plus loin, avec d'autres personnes. Elle leva la tête en me voyant entrer et me suivis du regard, voyant que j'allais vers mes coéquipiers.
Ils me saluèrent lorsque je m'assis parmi eux, firent quelques commentaires sur l'humidité de mes cheveux, puis me proposèrent un petit-déjeuner sommaire.
« On discutait avec Cédric pour savoir s'ils avaient des moyens de transport, mais apparemment... »
« On a rien, les sentinelles vont à leurs postes à pieds. D'ailleurs, Seb' est pas encore revenu, j'espère qu'il va bien... Sinon, j'ai appris que vous comptiez aller au site de construction. Si vous voulez mon avis, c'est du suicide, mais vous avez l'air de savoir ce que vous faites. Ne le prenez pas mal, mais j'aimerais que vous évitiez de mettre des idées de bravoure dans la tête de ces survivants. Vous avez peut-être survécus, mais si eux tentaient l'aventure, ils n'iraient pas loin. »
Je baissais la tête, sachant qu'il me fallait aborder le sujet de Jessica au plus tôt, et de préférence en présence du dirigeant de cette troupe.
« Euh... Justement, à ce sujet... Tout à l'heure, j'ai croisé une jeune femme, et... Elle... m'a demandé si elle pouvait nous accompagner... »
Sentant que les autres ouvraient de grands yeux, je me tournait vers l'intéressée et lui fis signe d'approcher. Elle se leva, et parcourut la distance qui nous séparait. Matt et les deux filles la regardèrent approcher, et le jeune homme me donna un petit coup de coude dans les côtés, en affichant un sourire narquois à mon intention. Je l'ignorai et me concentrai plutôt pour réfléchir à ce que j'allais dire.
Quelque peu intimidée, la jeune femme s'arrêta devant nous et commença à rougir en voyant mes trois compagnons. Elle leva finalement la tête vers nous et se présenta. Je fis un résumé de notre discussion aux autres, tout en gardant un œil sur Cédric. Autour de nous, la soixantaine de rescapés présents n'avaient pas manqué le mouvement de la femme, et regardaient discrètement la scène.
Le chef avait un air songeur, et mes trois amis tentaient de départager le pour et le contre. Leurs trois regards bifurquèrent alors vers moi, l'air de me demander ce que je voulais. Je hochai imperceptiblement la tête, mais le message passa. S'ils m'avaient demandé à moi, alors que j'étais presque l'auteur de cette proposition, c'était que la présence de la jeune femme ne les dérangeait pas. Cédric, en revanche, paraissait beaucoup plus dubitatif. Il fit signe à Jessica d'approcher, se pencha vers nous et parla dans un chuchotement.
« Je ne vais pas, et je ne peux pas m'opposer à ça. Simplement, comme je vous l'ai dis, je préfèrerais éviter que d'autres prennent votre exemple. J'imagine que vous ne pourrez pas transporter beaucoup de monde. »
« Effectivement. On a déjà eu un mal fou à survivre, alors nous entourer d'une dizaine de personnes qui pourraient difficilement nous aider nous handicaperais plus qu'autre chose. On pourrait emmener une, deux, peut-être quatre personnes avec nous, selon la taille du transport qu'on trouvera. »
« C'est bien ce que je pensais. Ce que je vous propose, c'est que, le jour de votre départ, Jessie vous rejoigne discrètement, afin de ne pas ameuter tout le peuple. »
« Compris, on sera discret. Jessica, tu peux rejoindre tes amis, on mettra du temps à trouver de quoi partir d'ici, si on y arrive. Mais t'inquiètes pas, on va pas te laisser là. »
« D'accord... Merci. »
La jeune femme retourna de là où elle venait, et je me surpris à la suivre discrètement des yeux, avant de me reprendre. L'exemple du choc subi par Carmen à la mort de Ben' devrait normalement me servir d'exemple pour ne pas regarder la jeune femme de cette façon, et pourtant.... Après avoir mangé, mes trois coéquipiers désirèrent aller se laver. Cedric leur indiqua où aller pour cela, et ils s'y dirigèrent, quand Matt s'arrêta, plongeant son regard dans le mien.
« T'as prévu de faire quelque chose aujourd'hui? Qu'on sache si on doit se préparer, ou si on peut rester tranquille. »
« J'ai réfléchis, et j'aimerais bien retourner au vaisseau. »
« Pourquoi!? s'exclama t-il, faisant se retourner plusieurs personnes. »
Je m'approchai encore un peu plus de lui, baissant la voix tout en surveillant un peu autour.
« Le fragment. J'aime pas toute cette histoire, je veux le détruire. »
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