Discordance
Par : Fukaï
Genre : Fantastique
Status : Abandonnée
Note :
Chapitre 12
Publié le 02/04/12 à 22:35:30 par Fukaï
Ayé, la suite! Je VEUX des commentaires! I need it!
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-HIVER-
Ce furent des oiseaux piaillant à la fenêtre qui me tirèrent de ma torpeur. J'entrouvrais les paupières, cette impression de sable me piquant les yeux, conjointe à la lumière aveuglante m'arrachèrent un maugrément. Je basculais sur le coté pour ne plus avoir les rayons du soleil directement dans les pupilles. Une fois les brumes qui épaississaient mon esprits dissipées, je me trouvais vautré à même le plancher hérissé d'échardes, à quelques mètres d'une paillasse en piteux état constituant tout le mobilier de la pièce. Mon pseudo matelas m'avait laissé tout courbaturé et ne m'avais octroyé que peu repos. J'étais encore dans la vapes lorsque je tentais de me lever. Tout se dédoubla devant mes yeux avant de s'obscurcir pour finalement tenter de me renvoyer dans les pommes. Mais les planches grossières constituant le sol ne l'entendirent pas de cette oreille et vinrent durement à la rencontre de ma tête, m'empêchant définitivement de finir ma nuit. Je pris donc mon temps cette fois-ci pour me décoller du plancher des vaches. Mon premier réflexe fut de jeter un oeil par la fenêtre où mes réveils vivants chantaient encore gaiement, inconscients de leur méfait. Je ne vis pas l'orbe céleste depuis le carré de verre mais ses rayons éclairaient déjà les alentours.
Je fis donc le tour de la maisonnette, ne récupérant malheureusement rien pouvant être utile à ma survie. Mon estomac me signala son mécontentement face à l'absence de résultat de ma quête. Bien heureusement, j'avais gardé quelques provisions de mes maigres rations chapardées avant mon coup d'éclat. Je sortis pour profiter du soleil, m'assis sur le perron et observais les lieux.
La cabane, une petite maison de trois pièces tout en bois grossier, se tenait sur une petite colline à l'orée d'une épaisse forêt de conifères. De l'autre coté, une immense plaine verte pâle piquetée de petites fleurs blanches et de gros blocs de granite s'étendait sur plusieurs centaines de kilomètres. Je me trouvais quelque part au nord du Consulat, à la frontière d'une petite principauté qui dès les premiers jours de la guerre, s'était ralliée au Roi de notre belle nation. Je sentis une brise fraîche sur mon visage, elle me porta hors de ma contemplation. Je repris une activité plus terre à terre: manger.
Tout en mâchonnant, je tentais de mettre de l'ordre dans mes idées et dans la chronologie des événements, sans oublier leur conséquences. Hier, j'avais lâché à mes trousses toute personne du Consulat aimant le roi ou étant capable de changer d'avis sous la pression des menaces ou de l'argent. La nourriture prit soudainement un goût amer. J'avalais tant bien que mal et me maudis. Puis virent les insultes. Mes ennemis allaient tout faire pour retrouver. Tout faire.
Oh non. Lena. Lucie. Il fallait de je les mette en sécurité. Mais où? Ici n'était désormais plus un lieu sûr, ainsi que toutes mes propriétés. Il me fallait trouver un endroit et vite. Un endroit loin de la guerre. Évidement, en dehors du Consulat. Je me mis à faire les cent pas au bord d'un ruisseau d'eau fraîche. J'en bu une gorgée, avec l'espoir fugace qu'elle m'apaiserait. Sans résultat. Aussitôt je me remis sur pied et recommençais à tourner en rond et à me lamenter plus qu'à me concentrer sur comment mon problème. Je ne réalisais ma bêtise que quelques minutes après et décidais de me téléporter à la tour pour prendre provisions, argent, documents, tout ce qui pourrait nous être utile. Sans oublier de brûler le reste. Ils pourraient y trouver des indices. Je courrais donc à la cabane, remis ma cape sur mes épaules et posais ma main contre le mur. Rapidement, je trouvais l'arbre dans le jardin de la tour et rapprochais son n½ud de celui du mur.
Quelque chose clochait, au lieu de venir vers moi, il me semblait que l'arbre s'éloignait. Un mouvement de panique me pris et je retournais dans la réalité physique. Je me tenais la main qui avait touchée le bois comme si cette étrange réaction avait pu la brûler. Malgré une observation silencieuse et minutieuse, je ne remarquais rien de différent. De toute façon pourquoi elle aurait été différente, ce n'est pas elle qui faisait la manipulation mais mon esprit. Serait donc lui qui ne fonctionnait pas comme il le devrait? Cette supposition provoqua un frisson qui me traversa tout le corps. Un seul moyen d'être sûr. Je retentais la téléportation. Je saisi le n½ud de l'arbre et quand je l'approchais de celui du mur, cette fois ci, tout fonctionna à merveille. Je m?empressais donc de me rendre chez moi.
De la fumée entra dans mes poumons, me piqua les yeux et me rendit nauséeux dès la première inspiration. Je tombais à genoux, plaquant mes mains contre mon visage pour me protéger. Une puissante vague chaleur se fit sentir à ce moment, accompagnée d'une odeur agressante de résine calcinée. Les faits se mirent en relation dans ma tête, je me relevais d'un bond et constata l'horreur. J'arrivais trop tard, ils étaient déjà passés. Ils avaient mis le feu à tout le bâtiment. D'immenses langues chatoyantes sortaient par les fenêtres, tordant le décor autour d'elles. Ils avaient osé détruire des années de travaux, des sommes incalculables de savoir, d?inestimables trésors et souvenirs. Une rage bien différente de celle que j'avais pu ressentir hier s'empara de moi. Ils allaient payer. Ils allaient le payer de leur vie. Ils allaient me le payer. Ils étaient morts. J'éclatais de rire, levant les yeux aux ciel, le prenant à témoin. Ils allaient mourir. Non, pas mourir. Pas tout de suite. Je devais d'abord les faire souffrir. Ils devaient comprendre. Ils devaient ressentir.
Je me téléportais de nouveau. Cette fois-ci à la ferme de Lucie. Je savais déjà ce que j'allais y trouver. Une petite surprise, en partant, j'emmenais avec moi un peu de la chaleur de l'incendie. Très facile de déplacer de la chaleur, beaucoup plus que d'en créer. J'entrais donc avec fracas, propulsant sur les hommes présents une horrible vague infernale, leur faisant sentir le brasier qui rongeait mon c½ur. J'accompagnais ce châtiment de mon rire, un rire de dément. Ils m'avaient rendu fou, ils devaient le savoir! J'expulsais en seul mot toute haine que je leur vouais et par la même occasion le sort que je leur réservais.
«Mourrez!»
J'observais mes potentielles victimes, les jaugeant. Une dizaine d'homme, soldats et mages confondus. Des hommes de la garnison du village, pas très confiants, peu entraînés et habitués au grabuge, ils devaient se sentir mal après avoir détruit la principale source nourriture du coin. Quand aux mages, ils devaient faire partis d'une brigade spécialisée dans la traque des fuyards et des rebelles. Cinq d'entre eux se tenaient derrière les deux femmes. Elles avaient un couteau sous la gorge. Un mage s'avança, probablement le plus expérimenté. Il me somma d'une voix claire et forte:
«Rends toi. Dix hommes t'encadrent, dix de plus peuvent être appelés en un instant. De plus, nous avons fouillé des papiers, et nous sommes à présents en possession d'une liste de tout les endroits où tu pourrais te terrer comme le lâche et le traître que tu es. Tout, je dis bien tout; Propriétés, contacts, la liste est longue, mais il ne te reste plus aucune cachette.» Il marqua une pause pour déchiffrer l'impact de ses dires sur mon visage. Mes traits étaient toujours tendus dans cet immense sourire. Ne constatant aucun résultat il reprit: «Et naturellement, nous sommes disposé à laisser la vie sauve à ces deux là.» Joignant le geste à la parole, il pointa du doigt Lena et Lucie. Menteur. Il mentait aussi aisément qu'il respirait. Lui aussi avait un sourire aux lèvres, il était confiant quant à l'issue de la rencontre.
Je ne remarquais qu'à cet instant le bandeau sur leurs yeux. Cela me perturba. Tout les condamnés à mort par le Consulat se faisaient bandés les yeux. Crétin que j'étais. Je les avais condamnées. Je n'avais pas réfléchis aux conséquences de mes actes. Pas un seul instant. Et elles allaient le payer de leur vie. Elles allaient mourir pour une guerre ont elles ne se souciaient pas, pour laquelle elles n'avaient aucun parti pris. Elles n'avaient rien fait et elles allaient mourir à cause de moi. Je les avais tuées. De chaudes larmes commencèrent à couler le long de mes joues. J'étais un imbécile. Un crétin. Une ordure. Elles ne devaient pas, elles ne pouvaient pas... C'est de ma faute, c'est moi qui devait être tué, pas elles... Qu'avais-je donc fais ? Je n'étais qu'un monstre égoïste et irréfléchi. C'est moi qui devait mourir, moi qui devait sentir la morsure de l'acier, pas elles. Mes larmes ne formaient plus qu'une ligne continue de mes yeux au fil de ma mâchoire. Tout ce qui me restait à faire était de regretter.
Mais au lieu de ça. Au lieu de me recroquevillé et t'attendre patiemment la mort que je méritais, je me suis relevé. Et j'ai regardé droit dans les yeux mon interlocuteur, un simple murmure prononcé avec un magnifique sourire digne d'un psychopathe :
« Non. »
Et je jetais sur lui, plus rapide qu'il ne l'avait prévu puisque ma lame lui déversa les entrailles au sol ; je les piétinais allègrement en écrasant par mes pouvoirs la tranchée d'un homme posté derrière Lena.
La suite, prévisible, se déroula comme au ralenti : l'homme à la tranchée broyée s'écroula de coté, un mage juste derrière lui s'avança, la concentration lisible sur le visage. Un autre soldat sortit sa dague et se positionna derrière ma petite fille. Pendant ce temps, une autre dague, celle-ci posée sur la gorge délicate de Lucie, dessina une épaisse ligne rouge qui ne mit qu'une seconde avant de dégouliner. Tout aussi rapidement, une même ligne se découpa sur le jeune cou de ma fille. Voir cet odieux liquide rouge comme la passion fut un affront à mes yeux. Cette ligne écarlate réduisit à néant toute ma joie, mes raisons de vivre, mes passions, ... Mon gosier sec exprima toute la fureur de ma condition en un cri bestial. Je vis les corps inertes de mes deux anges chuter l'un après l'autre, s'écraser mollement au sol. Mon imagination me poussa à voir un regard plein d?incompréhension et de désapprobation derrière le ruban gris qui leur cacher les yeux. Je couru dans leur direction. Je pouvais peut-être les sauver. Oui, si je me dépêchais, je refermerais leur plaies avant que l?hémorragie ne les vident de leur sang. En liant les n½ud du bord des plaies, je pourrais peut-être les faire cicatrisées, cela me viderait de mon énergie mais je devais le faire.
Je savais au plus profond de moi que cela était faux, mais je ne voulais pas y croire. Tout ceci n'était qu'un cauchemar. Oui, un horrible cauchemar. D'ailleurs le violent choc à l'arrière de mon crâne n'était que le résultat d'un sommeil mouvementé et j'allais me réveiller au chaud dans mon lit, Lucie avec la tête posée sur mon torse, et Lena en sûreté à la tour. Tout allait rentrer dans l'ordre.
Le pinson vampire est un oiseau , qui se nourrit occasionnellement du sang d?autres oiseaux.
Non ?
*
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J'ouvrais les yeux pour la seconde fois en peu de temps. Peu de temps pour moi. Je ne sais combien de temps il s'était écoulé depuis que je m'étais écroulé près des corps sans vie de Lena et Lucie. Me yeux me semblaient pleins de sables. Lorsque je tentais de bouger, je fis trois constats ; Premièrement, tout mes muscles, os et organes me disaient clairement de me débrouiller tout seul. Deuxièmement, je sentais du sang séché sur tout l'arrière de mon crâne, ainsi qu'un bonne partie de mon dos. Et troisièmement, je n'étais pas sur de la terre mais sur de la pierre. Du moins je le cru jusqu'à ce que je vis que la surface était lisse, aucune aspérité. J'étais sur une immense plaque en acier. Je réussi, défiant mon corps et la gravité, à me mettre debout pour observer ma cellule. Un carré de trois mètre de coté. Je disposais quand même d'un léger mobilier ; une bassine, d'eau, un seau pour faire office de pot de chambre., et une palliasse à même le sol. Je m'asseyais dessus en tailleur. Je levais les yeux et découvrais la sortie. Douze mètre au dessus de moi une lourde grille de fer filtrait la lumière. C'était par la que l'on m'avait descendu. Et que l'on me remonterait.
On me remonterait. Je pris soudainement conscience que je n'étais pas mort. Pourquoi ? Ils voulaient ma mort, pourquoi ne n'avaient-ils pas exécuter pendant que j'étais inconscient ? La réponse vint rapidement, une mise à mort publique à titre d'exemple. Et me voilà condamné à périr devant des centaines de gens pour qu'aucun d'entre eux ne soit tenté de faire les mêmes bêtises que moi. Puis vint un autre fait, eau coup triste. Lena et Lucie avaient été tuées. Un poids immense s?abattit d'un coup sur mes épaules. Des larmes virent brouiller ma vue. Elles étaient mortes par ma faute. Je les avais tuées. Les gouttelettes salées dévalèrent mes joues et s'écrasèrent sur mon torse.
« -Enfin ! C'est à mon tour de venir dans ton monde !
Je quitte ainsi le mien, bien plus immonde !
-Qui est là ? » Tentais-je d'une voix tremblante.
Cette voix... C'était la mienne. D'où venait elle ? Qui avait parlé ? J'entendis des bruits de pas mais ne vis rien.
« Tu es là toi aussi,
ensemble, nous, ici !
C'est fou, n'est-ce pas ?
Qui aurait pu croire,
que je sortirais de là ?
Que j'en aurais le pouvoir ! »
Je sentis une pression une pression sur mon front mais toujours aucun aperçu de la personne qui prenait ma voix. Je me mis sur mes deux pied, alerte, guettant chaque coin d'ombre d'où pourrais sortit l'imitateur.
« Tu te demande qui je suis ?
Je suis une partie de toi ?
Celui qui s'est langui,
Tant d'années en toi !
Ne le saurais tu donc pas ?
De ton attitude,
me voilà profondément déçu.
Je pensais que tu m'aurais reconnu,
avec on ne peu plus d'exactitude !
Mais, puisque je suis là,
Pourquoi ne fêtons nous pas cela ? »
Et il tomba doucement du sommet de mon champ visuel. Il avait toute une posture, un sourire qui tranchait son visage d'une oreille à l'autre, les poings sur les hanches, le buste un tout petit peu penché vers avant comme s'il s'adressait à un enfant. Ses pieds, dont un battait l'air, comme s'il attendait une réponse, s'arrêtèrent à quelque centimètres du sol. Il me fixa. Il ne clignait pas des yeux. Il flottait là, au milieu de l'oubliette, l'air d'attendre ma réaction. La lumière spectrale offerte par la grille qui me séparait de la liberté éclaira son visage. Quand je le reconnu, le mien se décomposa. Je me précipitais au baquet d'eau pour confirmer ce que j'avais vu.
Il n'avait pas que ma voix, il avait aussi mon visage. Et mes vêtements. C'était moi. Je me retournais et le vis adossé au mur, les bras croisés sur la poitrine, l'air désinvolte. Le temps que je cligne des yeux, il était à coté de moi, regardant mon reflet.
« Je te sens encore bien indécis,
quant à ma nature imprécis'.
Peut-être qu'en tendant l'oreille
tu entendra des conseils.
Suivant son, ou mon conseil, je retins ma respiration et entendis des voix au loin. Deux personnes discutaient, en me concentrant un peu plus, je parvint à distinguer leur mots :
« -...réussi.
-Et vous avez tout tenté ? Toutes les méthodes qui vous sont venues à l'esprit ?
-Bien entendu ! Pour qui nous prenez vous ? Nous sommes des gens qualifiés, respectés et demandés pour des services comme celui là. Mais ici, ce cas là, cet homme dépasse notre entendement. On a jugé plus sage de le transporter ici, dans une cellule anti-magique, plutôt que de perdre bêtement notre temps à attendre qu'il se réveille et qu'il ne soit instoppable.
-Oui, oui, sage décision. Nous serons en mesure d'annihiler toute tentative venant de lui. Enfin j'espère.
-Faites très attention avec lui. Comme je vous l'ai dis, après le choc qu'il a reçu au crâne, plus rien ne s'est passé comme prévu. Et même avant cela, il a réussi à vaincre un de nos meilleurs éléments.
-Comment avez-vous qualifié son cas ? Votre point de vue et votre expérience pourrait nous éviter de perdre bien du temps.
-Pour le peu de temps que j'ai passé avec lui, à tenter de le tuer ou de le transporter, il m'est apparu comme... Une fausse note, oui, une dissonance. Une discordance dans la trame de l'espace et du temps. Comme si... Comment dire, c'est tellement différent de ce dont nous avons l'habitude... Par exemple, tenez, prenez une ficelle, tendez là. Elle deviendra droite et opposera une résistance plus importante qu'avant. Mais si lui prenait la même ficelle et qu'il effectuait la même action, écarté les deux bouts, la corde ne se tendrait pas, elle ferait autre chose, quelque chose d'aléatoire, par exemple, elle changerait de couleur, ferait une boucle, ou que sais-je ! Mais je peux affirmer qu'elle ne se tendrait pas. Maintenant appliquez cela à toute une partie de l'espace et du temps. Les lois physiques de notre monde semblaient se tordre ou disparaître autour de lui. C'était profondément... déstabilisant. »
Les deux hommes se turent, ils étaient au bord de l'oubliette, m'observant. Je leur rendis leur regard. Une minute passa, sans un cillement, sans un clignement de paupières, presque sans respiration. Puis ils firent demi-tour. Une fois sûr qu'il étaient loin, je retournais me scruter dans la bassine. Mon reflet me lorgna, me scruta, m'examina durant quelques instants. Qu'est ce que j'étais devenu ? Depuis quand ? Je plongeais les mains, brouillant le fil de mes pensées ainsi que le monstre qui me fixait. Je me mouillais le visage avec l'eau probablement croupie issue de la bassine en fer-blanc. Et quand je fixais à nouveau la surface agitée du liquide légèrement verdâtre, je senti de nouveau sa présence. Comme si on m'écrasait une partie de l'arrière du crâne. Je sentis sa main se poser sur mon épaule, mais ne vis pas son reflet.
« Que voici, que voilà,
des informations sur moi ?
Des renseignement ainsi donnés,
que sèment donc ces attardés ! »
Il se mit à rire frénétiquement. De plus en plus fort. Je riais avec lui. Après un court instant, mon oreille me confirma que j'étais le seul à rire. Je riais exactement comme ce qui devait être hier.
« Bien, assez plaisanté,
une bien longue histoire,
que je dois te conter.
Ce sont tes mémoires.
Ou plutôt, notre passé :
Il s'en est allé loin,
loin de sa douce vie,
loin de son doux logis.
Et une fois son passé loin
derrière lui, il a construit
Et puis...
Un germe de la folie,
s'est fiché en toi, noir
comme de l'ébène poli.
Et petit à petit,
il a grandi, grossit !
Jusqu'à devenir une
partie opportune,
prenant complètement
contrôle de ton corps,
travaillant - »
Je me me coupais la parole. Je commençais déjà à le percevoir comme moi. Je l'avais toujours perçu comme moi, mais il semblait, si ? différent, si étrange, pourtant, toutes ses attitudes, sa manière de parler, de se tenir... étaient en quelque sorte pour moi un absolu que j'avais toujours voulu atteindre. Une étincelle d'espoir se raviva en moi, peut-être qu'il savait, qu'il me dirait la vérité :
« -Réponds juste à mes questions, tu m'expliquera tout après, pour l'instant, dis moi juste ce que tu sais de Lena et Lucie ? Combien de temps s'est-il écoulé depuis que nous nous sommes évanouis ? »
L'espace de quelques secondes, j'eus l'espoir qu'il en sache plus que moi, mais quand je vis mon visage se déconfire, je sus avant même qu'il ne réponde que je connaissais déjà la réponse. Il était bel et bien moi, il n'en savait pas plus que moi. Moi, toujours moi.
« Je suis fou ? Schizophrène ? Depuis comment de temps tu es là ?
-Minute, minute,
réfléchis bien à ce que tu m'impute.
Je suis toi, je suis moi,
nous sommes nous, nous sommes toi.
Je possède ton savoir,
ainsi que toi, le mien.
Cela ne me confère pas des dons de devins !
Cesse un peu de croire
que je suis omnipotent.
Je ne sais seulement
que, non, tu n'es pas fou
Pas plus que schizophrène,
tu es simplement empli de haine.
Quant à tes autres questions,
Je pense qu'il s'est écoulé
une ou deux petites journées.
Voilà de quoi t'apporter satisfaction. »
Je laissais un instant de silence, les yeux toujours rivés sur mon reflet dans la bassine. Je me cramponnais aux bords du baquet comme si le moindre relâchement pouvait me faire chuter dans l'inconscience. Et puis je repris :
« -Tu n'as rien dis à propos de Lucie et Lena.
-Regarde dans quel état
tu te trouve, inadmissible !
Comment peux tu être aussi peu présentable ! »
Et je vis mes mains s'affairer. Et sans que je ne puisse faire quoi que se soit elles plongèrent dans l'eau pour nettoyer le sang coller sur ma nuque et mon dos, ou juste passer de l'eau sur mon visage pour retirer le maximum de poussière. Une fois lavé, elles glissèrent dans mes cheveux, tentant de les coiffer aussi correctement que possible, piètre résultat, mais acceptable tout de même. Elles s'attaquèrent ensuite à mes vêtements ôtant ici aussi une quantité impressionnante de poussières, de cendres et d'autres saletés. Ce nettoyage improvisé me mit du baume au c½ur surtout quand je vis mon reflet dans l'eau, j'avais vraiment changé en quelques instants. Je repris le contrôle de mon corps et passais ma main à l'arrière de mon crâne : Je cherchais la blessure acquise au cours de l'embuscade. Je ne sentis que de la peau nue, cicatrisée, mais aucune croûte ou quoi que se soit. Je me tournais vers lui, le questionnant du regard. Il était adossé contre un mur et fit non de la tête tout en souriant. Peu importe, je ne garderai sûrement pas plus qu'une mèche blanche.
Puis, après un instant de silence, je reposais la question qu'il venait d'éviter. Il se déplaça devant moi en un battement de cil, sans un aucun mouvement et aucun bruit. Il posa ses mains sur mes épaules et me regarda droit dans les yeux. Non. Je le savais. Je ne voulais pas. Je serrais la mâchoire et mes poings. Je le savais depuis que je les avais vu choir au sol, mais je ne voulais pas y croire. Il me restait un tout petit fond d'espoir, minime, mais présent. Maintenant... Anéanti.
« -Cela nous plairait de nous changer les idées ?
Allez, viens, on doit encore s'évader ! »
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Petit bonus:
http://s4.noelshack.com/uploads/images/11966490401283_discordance_001.jpg
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-HIVER-
Ce furent des oiseaux piaillant à la fenêtre qui me tirèrent de ma torpeur. J'entrouvrais les paupières, cette impression de sable me piquant les yeux, conjointe à la lumière aveuglante m'arrachèrent un maugrément. Je basculais sur le coté pour ne plus avoir les rayons du soleil directement dans les pupilles. Une fois les brumes qui épaississaient mon esprits dissipées, je me trouvais vautré à même le plancher hérissé d'échardes, à quelques mètres d'une paillasse en piteux état constituant tout le mobilier de la pièce. Mon pseudo matelas m'avait laissé tout courbaturé et ne m'avais octroyé que peu repos. J'étais encore dans la vapes lorsque je tentais de me lever. Tout se dédoubla devant mes yeux avant de s'obscurcir pour finalement tenter de me renvoyer dans les pommes. Mais les planches grossières constituant le sol ne l'entendirent pas de cette oreille et vinrent durement à la rencontre de ma tête, m'empêchant définitivement de finir ma nuit. Je pris donc mon temps cette fois-ci pour me décoller du plancher des vaches. Mon premier réflexe fut de jeter un oeil par la fenêtre où mes réveils vivants chantaient encore gaiement, inconscients de leur méfait. Je ne vis pas l'orbe céleste depuis le carré de verre mais ses rayons éclairaient déjà les alentours.
Je fis donc le tour de la maisonnette, ne récupérant malheureusement rien pouvant être utile à ma survie. Mon estomac me signala son mécontentement face à l'absence de résultat de ma quête. Bien heureusement, j'avais gardé quelques provisions de mes maigres rations chapardées avant mon coup d'éclat. Je sortis pour profiter du soleil, m'assis sur le perron et observais les lieux.
La cabane, une petite maison de trois pièces tout en bois grossier, se tenait sur une petite colline à l'orée d'une épaisse forêt de conifères. De l'autre coté, une immense plaine verte pâle piquetée de petites fleurs blanches et de gros blocs de granite s'étendait sur plusieurs centaines de kilomètres. Je me trouvais quelque part au nord du Consulat, à la frontière d'une petite principauté qui dès les premiers jours de la guerre, s'était ralliée au Roi de notre belle nation. Je sentis une brise fraîche sur mon visage, elle me porta hors de ma contemplation. Je repris une activité plus terre à terre: manger.
Tout en mâchonnant, je tentais de mettre de l'ordre dans mes idées et dans la chronologie des événements, sans oublier leur conséquences. Hier, j'avais lâché à mes trousses toute personne du Consulat aimant le roi ou étant capable de changer d'avis sous la pression des menaces ou de l'argent. La nourriture prit soudainement un goût amer. J'avalais tant bien que mal et me maudis. Puis virent les insultes. Mes ennemis allaient tout faire pour retrouver. Tout faire.
Oh non. Lena. Lucie. Il fallait de je les mette en sécurité. Mais où? Ici n'était désormais plus un lieu sûr, ainsi que toutes mes propriétés. Il me fallait trouver un endroit et vite. Un endroit loin de la guerre. Évidement, en dehors du Consulat. Je me mis à faire les cent pas au bord d'un ruisseau d'eau fraîche. J'en bu une gorgée, avec l'espoir fugace qu'elle m'apaiserait. Sans résultat. Aussitôt je me remis sur pied et recommençais à tourner en rond et à me lamenter plus qu'à me concentrer sur comment mon problème. Je ne réalisais ma bêtise que quelques minutes après et décidais de me téléporter à la tour pour prendre provisions, argent, documents, tout ce qui pourrait nous être utile. Sans oublier de brûler le reste. Ils pourraient y trouver des indices. Je courrais donc à la cabane, remis ma cape sur mes épaules et posais ma main contre le mur. Rapidement, je trouvais l'arbre dans le jardin de la tour et rapprochais son n½ud de celui du mur.
Quelque chose clochait, au lieu de venir vers moi, il me semblait que l'arbre s'éloignait. Un mouvement de panique me pris et je retournais dans la réalité physique. Je me tenais la main qui avait touchée le bois comme si cette étrange réaction avait pu la brûler. Malgré une observation silencieuse et minutieuse, je ne remarquais rien de différent. De toute façon pourquoi elle aurait été différente, ce n'est pas elle qui faisait la manipulation mais mon esprit. Serait donc lui qui ne fonctionnait pas comme il le devrait? Cette supposition provoqua un frisson qui me traversa tout le corps. Un seul moyen d'être sûr. Je retentais la téléportation. Je saisi le n½ud de l'arbre et quand je l'approchais de celui du mur, cette fois ci, tout fonctionna à merveille. Je m?empressais donc de me rendre chez moi.
De la fumée entra dans mes poumons, me piqua les yeux et me rendit nauséeux dès la première inspiration. Je tombais à genoux, plaquant mes mains contre mon visage pour me protéger. Une puissante vague chaleur se fit sentir à ce moment, accompagnée d'une odeur agressante de résine calcinée. Les faits se mirent en relation dans ma tête, je me relevais d'un bond et constata l'horreur. J'arrivais trop tard, ils étaient déjà passés. Ils avaient mis le feu à tout le bâtiment. D'immenses langues chatoyantes sortaient par les fenêtres, tordant le décor autour d'elles. Ils avaient osé détruire des années de travaux, des sommes incalculables de savoir, d?inestimables trésors et souvenirs. Une rage bien différente de celle que j'avais pu ressentir hier s'empara de moi. Ils allaient payer. Ils allaient le payer de leur vie. Ils allaient me le payer. Ils étaient morts. J'éclatais de rire, levant les yeux aux ciel, le prenant à témoin. Ils allaient mourir. Non, pas mourir. Pas tout de suite. Je devais d'abord les faire souffrir. Ils devaient comprendre. Ils devaient ressentir.
Je me téléportais de nouveau. Cette fois-ci à la ferme de Lucie. Je savais déjà ce que j'allais y trouver. Une petite surprise, en partant, j'emmenais avec moi un peu de la chaleur de l'incendie. Très facile de déplacer de la chaleur, beaucoup plus que d'en créer. J'entrais donc avec fracas, propulsant sur les hommes présents une horrible vague infernale, leur faisant sentir le brasier qui rongeait mon c½ur. J'accompagnais ce châtiment de mon rire, un rire de dément. Ils m'avaient rendu fou, ils devaient le savoir! J'expulsais en seul mot toute haine que je leur vouais et par la même occasion le sort que je leur réservais.
«Mourrez!»
J'observais mes potentielles victimes, les jaugeant. Une dizaine d'homme, soldats et mages confondus. Des hommes de la garnison du village, pas très confiants, peu entraînés et habitués au grabuge, ils devaient se sentir mal après avoir détruit la principale source nourriture du coin. Quand aux mages, ils devaient faire partis d'une brigade spécialisée dans la traque des fuyards et des rebelles. Cinq d'entre eux se tenaient derrière les deux femmes. Elles avaient un couteau sous la gorge. Un mage s'avança, probablement le plus expérimenté. Il me somma d'une voix claire et forte:
«Rends toi. Dix hommes t'encadrent, dix de plus peuvent être appelés en un instant. De plus, nous avons fouillé des papiers, et nous sommes à présents en possession d'une liste de tout les endroits où tu pourrais te terrer comme le lâche et le traître que tu es. Tout, je dis bien tout; Propriétés, contacts, la liste est longue, mais il ne te reste plus aucune cachette.» Il marqua une pause pour déchiffrer l'impact de ses dires sur mon visage. Mes traits étaient toujours tendus dans cet immense sourire. Ne constatant aucun résultat il reprit: «Et naturellement, nous sommes disposé à laisser la vie sauve à ces deux là.» Joignant le geste à la parole, il pointa du doigt Lena et Lucie. Menteur. Il mentait aussi aisément qu'il respirait. Lui aussi avait un sourire aux lèvres, il était confiant quant à l'issue de la rencontre.
Je ne remarquais qu'à cet instant le bandeau sur leurs yeux. Cela me perturba. Tout les condamnés à mort par le Consulat se faisaient bandés les yeux. Crétin que j'étais. Je les avais condamnées. Je n'avais pas réfléchis aux conséquences de mes actes. Pas un seul instant. Et elles allaient le payer de leur vie. Elles allaient mourir pour une guerre ont elles ne se souciaient pas, pour laquelle elles n'avaient aucun parti pris. Elles n'avaient rien fait et elles allaient mourir à cause de moi. Je les avais tuées. De chaudes larmes commencèrent à couler le long de mes joues. J'étais un imbécile. Un crétin. Une ordure. Elles ne devaient pas, elles ne pouvaient pas... C'est de ma faute, c'est moi qui devait être tué, pas elles... Qu'avais-je donc fais ? Je n'étais qu'un monstre égoïste et irréfléchi. C'est moi qui devait mourir, moi qui devait sentir la morsure de l'acier, pas elles. Mes larmes ne formaient plus qu'une ligne continue de mes yeux au fil de ma mâchoire. Tout ce qui me restait à faire était de regretter.
Mais au lieu de ça. Au lieu de me recroquevillé et t'attendre patiemment la mort que je méritais, je me suis relevé. Et j'ai regardé droit dans les yeux mon interlocuteur, un simple murmure prononcé avec un magnifique sourire digne d'un psychopathe :
« Non. »
Et je jetais sur lui, plus rapide qu'il ne l'avait prévu puisque ma lame lui déversa les entrailles au sol ; je les piétinais allègrement en écrasant par mes pouvoirs la tranchée d'un homme posté derrière Lena.
La suite, prévisible, se déroula comme au ralenti : l'homme à la tranchée broyée s'écroula de coté, un mage juste derrière lui s'avança, la concentration lisible sur le visage. Un autre soldat sortit sa dague et se positionna derrière ma petite fille. Pendant ce temps, une autre dague, celle-ci posée sur la gorge délicate de Lucie, dessina une épaisse ligne rouge qui ne mit qu'une seconde avant de dégouliner. Tout aussi rapidement, une même ligne se découpa sur le jeune cou de ma fille. Voir cet odieux liquide rouge comme la passion fut un affront à mes yeux. Cette ligne écarlate réduisit à néant toute ma joie, mes raisons de vivre, mes passions, ... Mon gosier sec exprima toute la fureur de ma condition en un cri bestial. Je vis les corps inertes de mes deux anges chuter l'un après l'autre, s'écraser mollement au sol. Mon imagination me poussa à voir un regard plein d?incompréhension et de désapprobation derrière le ruban gris qui leur cacher les yeux. Je couru dans leur direction. Je pouvais peut-être les sauver. Oui, si je me dépêchais, je refermerais leur plaies avant que l?hémorragie ne les vident de leur sang. En liant les n½ud du bord des plaies, je pourrais peut-être les faire cicatrisées, cela me viderait de mon énergie mais je devais le faire.
Je savais au plus profond de moi que cela était faux, mais je ne voulais pas y croire. Tout ceci n'était qu'un cauchemar. Oui, un horrible cauchemar. D'ailleurs le violent choc à l'arrière de mon crâne n'était que le résultat d'un sommeil mouvementé et j'allais me réveiller au chaud dans mon lit, Lucie avec la tête posée sur mon torse, et Lena en sûreté à la tour. Tout allait rentrer dans l'ordre.
Le pinson vampire est un oiseau , qui se nourrit occasionnellement du sang d?autres oiseaux.
Non ?
*
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J'ouvrais les yeux pour la seconde fois en peu de temps. Peu de temps pour moi. Je ne sais combien de temps il s'était écoulé depuis que je m'étais écroulé près des corps sans vie de Lena et Lucie. Me yeux me semblaient pleins de sables. Lorsque je tentais de bouger, je fis trois constats ; Premièrement, tout mes muscles, os et organes me disaient clairement de me débrouiller tout seul. Deuxièmement, je sentais du sang séché sur tout l'arrière de mon crâne, ainsi qu'un bonne partie de mon dos. Et troisièmement, je n'étais pas sur de la terre mais sur de la pierre. Du moins je le cru jusqu'à ce que je vis que la surface était lisse, aucune aspérité. J'étais sur une immense plaque en acier. Je réussi, défiant mon corps et la gravité, à me mettre debout pour observer ma cellule. Un carré de trois mètre de coté. Je disposais quand même d'un léger mobilier ; une bassine, d'eau, un seau pour faire office de pot de chambre., et une palliasse à même le sol. Je m'asseyais dessus en tailleur. Je levais les yeux et découvrais la sortie. Douze mètre au dessus de moi une lourde grille de fer filtrait la lumière. C'était par la que l'on m'avait descendu. Et que l'on me remonterait.
On me remonterait. Je pris soudainement conscience que je n'étais pas mort. Pourquoi ? Ils voulaient ma mort, pourquoi ne n'avaient-ils pas exécuter pendant que j'étais inconscient ? La réponse vint rapidement, une mise à mort publique à titre d'exemple. Et me voilà condamné à périr devant des centaines de gens pour qu'aucun d'entre eux ne soit tenté de faire les mêmes bêtises que moi. Puis vint un autre fait, eau coup triste. Lena et Lucie avaient été tuées. Un poids immense s?abattit d'un coup sur mes épaules. Des larmes virent brouiller ma vue. Elles étaient mortes par ma faute. Je les avais tuées. Les gouttelettes salées dévalèrent mes joues et s'écrasèrent sur mon torse.
« -Enfin ! C'est à mon tour de venir dans ton monde !
Je quitte ainsi le mien, bien plus immonde !
-Qui est là ? » Tentais-je d'une voix tremblante.
Cette voix... C'était la mienne. D'où venait elle ? Qui avait parlé ? J'entendis des bruits de pas mais ne vis rien.
« Tu es là toi aussi,
ensemble, nous, ici !
C'est fou, n'est-ce pas ?
Qui aurait pu croire,
que je sortirais de là ?
Que j'en aurais le pouvoir ! »
Je sentis une pression une pression sur mon front mais toujours aucun aperçu de la personne qui prenait ma voix. Je me mis sur mes deux pied, alerte, guettant chaque coin d'ombre d'où pourrais sortit l'imitateur.
« Tu te demande qui je suis ?
Je suis une partie de toi ?
Celui qui s'est langui,
Tant d'années en toi !
Ne le saurais tu donc pas ?
De ton attitude,
me voilà profondément déçu.
Je pensais que tu m'aurais reconnu,
avec on ne peu plus d'exactitude !
Mais, puisque je suis là,
Pourquoi ne fêtons nous pas cela ? »
Et il tomba doucement du sommet de mon champ visuel. Il avait toute une posture, un sourire qui tranchait son visage d'une oreille à l'autre, les poings sur les hanches, le buste un tout petit peu penché vers avant comme s'il s'adressait à un enfant. Ses pieds, dont un battait l'air, comme s'il attendait une réponse, s'arrêtèrent à quelque centimètres du sol. Il me fixa. Il ne clignait pas des yeux. Il flottait là, au milieu de l'oubliette, l'air d'attendre ma réaction. La lumière spectrale offerte par la grille qui me séparait de la liberté éclaira son visage. Quand je le reconnu, le mien se décomposa. Je me précipitais au baquet d'eau pour confirmer ce que j'avais vu.
Il n'avait pas que ma voix, il avait aussi mon visage. Et mes vêtements. C'était moi. Je me retournais et le vis adossé au mur, les bras croisés sur la poitrine, l'air désinvolte. Le temps que je cligne des yeux, il était à coté de moi, regardant mon reflet.
« Je te sens encore bien indécis,
quant à ma nature imprécis'.
Peut-être qu'en tendant l'oreille
tu entendra des conseils.
Suivant son, ou mon conseil, je retins ma respiration et entendis des voix au loin. Deux personnes discutaient, en me concentrant un peu plus, je parvint à distinguer leur mots :
« -...réussi.
-Et vous avez tout tenté ? Toutes les méthodes qui vous sont venues à l'esprit ?
-Bien entendu ! Pour qui nous prenez vous ? Nous sommes des gens qualifiés, respectés et demandés pour des services comme celui là. Mais ici, ce cas là, cet homme dépasse notre entendement. On a jugé plus sage de le transporter ici, dans une cellule anti-magique, plutôt que de perdre bêtement notre temps à attendre qu'il se réveille et qu'il ne soit instoppable.
-Oui, oui, sage décision. Nous serons en mesure d'annihiler toute tentative venant de lui. Enfin j'espère.
-Faites très attention avec lui. Comme je vous l'ai dis, après le choc qu'il a reçu au crâne, plus rien ne s'est passé comme prévu. Et même avant cela, il a réussi à vaincre un de nos meilleurs éléments.
-Comment avez-vous qualifié son cas ? Votre point de vue et votre expérience pourrait nous éviter de perdre bien du temps.
-Pour le peu de temps que j'ai passé avec lui, à tenter de le tuer ou de le transporter, il m'est apparu comme... Une fausse note, oui, une dissonance. Une discordance dans la trame de l'espace et du temps. Comme si... Comment dire, c'est tellement différent de ce dont nous avons l'habitude... Par exemple, tenez, prenez une ficelle, tendez là. Elle deviendra droite et opposera une résistance plus importante qu'avant. Mais si lui prenait la même ficelle et qu'il effectuait la même action, écarté les deux bouts, la corde ne se tendrait pas, elle ferait autre chose, quelque chose d'aléatoire, par exemple, elle changerait de couleur, ferait une boucle, ou que sais-je ! Mais je peux affirmer qu'elle ne se tendrait pas. Maintenant appliquez cela à toute une partie de l'espace et du temps. Les lois physiques de notre monde semblaient se tordre ou disparaître autour de lui. C'était profondément... déstabilisant. »
Les deux hommes se turent, ils étaient au bord de l'oubliette, m'observant. Je leur rendis leur regard. Une minute passa, sans un cillement, sans un clignement de paupières, presque sans respiration. Puis ils firent demi-tour. Une fois sûr qu'il étaient loin, je retournais me scruter dans la bassine. Mon reflet me lorgna, me scruta, m'examina durant quelques instants. Qu'est ce que j'étais devenu ? Depuis quand ? Je plongeais les mains, brouillant le fil de mes pensées ainsi que le monstre qui me fixait. Je me mouillais le visage avec l'eau probablement croupie issue de la bassine en fer-blanc. Et quand je fixais à nouveau la surface agitée du liquide légèrement verdâtre, je senti de nouveau sa présence. Comme si on m'écrasait une partie de l'arrière du crâne. Je sentis sa main se poser sur mon épaule, mais ne vis pas son reflet.
« Que voici, que voilà,
des informations sur moi ?
Des renseignement ainsi donnés,
que sèment donc ces attardés ! »
Il se mit à rire frénétiquement. De plus en plus fort. Je riais avec lui. Après un court instant, mon oreille me confirma que j'étais le seul à rire. Je riais exactement comme ce qui devait être hier.
« Bien, assez plaisanté,
une bien longue histoire,
que je dois te conter.
Ce sont tes mémoires.
Ou plutôt, notre passé :
Il s'en est allé loin,
loin de sa douce vie,
loin de son doux logis.
Et une fois son passé loin
derrière lui, il a construit
Et puis...
Un germe de la folie,
s'est fiché en toi, noir
comme de l'ébène poli.
Et petit à petit,
il a grandi, grossit !
Jusqu'à devenir une
partie opportune,
prenant complètement
contrôle de ton corps,
travaillant - »
Je me me coupais la parole. Je commençais déjà à le percevoir comme moi. Je l'avais toujours perçu comme moi, mais il semblait, si ? différent, si étrange, pourtant, toutes ses attitudes, sa manière de parler, de se tenir... étaient en quelque sorte pour moi un absolu que j'avais toujours voulu atteindre. Une étincelle d'espoir se raviva en moi, peut-être qu'il savait, qu'il me dirait la vérité :
« -Réponds juste à mes questions, tu m'expliquera tout après, pour l'instant, dis moi juste ce que tu sais de Lena et Lucie ? Combien de temps s'est-il écoulé depuis que nous nous sommes évanouis ? »
L'espace de quelques secondes, j'eus l'espoir qu'il en sache plus que moi, mais quand je vis mon visage se déconfire, je sus avant même qu'il ne réponde que je connaissais déjà la réponse. Il était bel et bien moi, il n'en savait pas plus que moi. Moi, toujours moi.
« Je suis fou ? Schizophrène ? Depuis comment de temps tu es là ?
-Minute, minute,
réfléchis bien à ce que tu m'impute.
Je suis toi, je suis moi,
nous sommes nous, nous sommes toi.
Je possède ton savoir,
ainsi que toi, le mien.
Cela ne me confère pas des dons de devins !
Cesse un peu de croire
que je suis omnipotent.
Je ne sais seulement
que, non, tu n'es pas fou
Pas plus que schizophrène,
tu es simplement empli de haine.
Quant à tes autres questions,
Je pense qu'il s'est écoulé
une ou deux petites journées.
Voilà de quoi t'apporter satisfaction. »
Je laissais un instant de silence, les yeux toujours rivés sur mon reflet dans la bassine. Je me cramponnais aux bords du baquet comme si le moindre relâchement pouvait me faire chuter dans l'inconscience. Et puis je repris :
« -Tu n'as rien dis à propos de Lucie et Lena.
-Regarde dans quel état
tu te trouve, inadmissible !
Comment peux tu être aussi peu présentable ! »
Et je vis mes mains s'affairer. Et sans que je ne puisse faire quoi que se soit elles plongèrent dans l'eau pour nettoyer le sang coller sur ma nuque et mon dos, ou juste passer de l'eau sur mon visage pour retirer le maximum de poussière. Une fois lavé, elles glissèrent dans mes cheveux, tentant de les coiffer aussi correctement que possible, piètre résultat, mais acceptable tout de même. Elles s'attaquèrent ensuite à mes vêtements ôtant ici aussi une quantité impressionnante de poussières, de cendres et d'autres saletés. Ce nettoyage improvisé me mit du baume au c½ur surtout quand je vis mon reflet dans l'eau, j'avais vraiment changé en quelques instants. Je repris le contrôle de mon corps et passais ma main à l'arrière de mon crâne : Je cherchais la blessure acquise au cours de l'embuscade. Je ne sentis que de la peau nue, cicatrisée, mais aucune croûte ou quoi que se soit. Je me tournais vers lui, le questionnant du regard. Il était adossé contre un mur et fit non de la tête tout en souriant. Peu importe, je ne garderai sûrement pas plus qu'une mèche blanche.
Puis, après un instant de silence, je reposais la question qu'il venait d'éviter. Il se déplaça devant moi en un battement de cil, sans un aucun mouvement et aucun bruit. Il posa ses mains sur mes épaules et me regarda droit dans les yeux. Non. Je le savais. Je ne voulais pas. Je serrais la mâchoire et mes poings. Je le savais depuis que je les avais vu choir au sol, mais je ne voulais pas y croire. Il me restait un tout petit fond d'espoir, minime, mais présent. Maintenant... Anéanti.
« -Cela nous plairait de nous changer les idées ?
Allez, viens, on doit encore s'évader ! »
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Petit bonus:
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