La Marque Du Lion Ecarlate
Par : Tacitus42
Genre : Action , Science-Fiction
Status : C'est compliqué
Note :
Chapitre 1
21 : Black Jack!
Publié le 24/02/12 à 21:45:08 par Tacitus42
Prologue :
0. Twenty one : Black Jack !
Nous étions à présent en dehors de la ville et de sa coupole rétractée : dans un petit bunker pas bien loin du grand.
Nota bene : ouais, je sais, j’ai l’ellipse trop facile…
Nous avons mis trois plombes pour nous y rendre (étant donné que nous étions à pied).
On est sorti en douce pas loin d’un des échangeurs qui donnent au-dessus des pans de dôme baissés.
Je suivais donc en guise d’acolyte, un peu en retrait, la main gauche dans la poche de mon imper et l’autre bringuebalant sensiblement à l’air libre tout le long du trajet.
…
De dehors, la structure enterrée ressemblait à un de ces antiques tombeaux abandonné (comme on le voit dans des reportages tout aussi antiques) et dont on voyait clairement que l’entrée (sous le niveau du sol) avait récemment été dégagée.
Elle devait demeurer sous une bonne couche de sable jusque-là.
Dedans, ça ressemblait juste à une citée dôme en miniature.
Et mis à part les corps qui jonchaient le sol, il n’y avait plus personne : faut croire qu’on n’a pas eu le temps de faire le ménage.
Enfin, c’est surtout Héraclès qui s’est tapé le sale boulot.
Je dois d’ailleurs avouer que c’est assez impressionnant de voir un exécuteur en action. C’était la première fois que j’en voyais un en plein effort et je dois dire que je n’aimerais pas avoir à m’y frotter (même pour m’exercer).
Le truc, c’est qu’il a une vision périphérique, puisque son heaume intégral serait muni de mini facettes photosensibles (comme les mouches).
C’est en tout cas ce qu’il m’a confié…
Mais cela lui permet de se servir tant de l’épée dans un sens que du fléau d’arme énergétique que forment ses cheveux attachés par leurs anneaux coulissants constamment dans l’autre.
Il peut donc facilement se battre sur deux fronts à chaque fois et à l’instar des chevaliers jedis, il se sert de sa flamberge comme déflecteur de projectiles : mais pas exactement de la même manière.
C’est quelque chose de bien moins ostensible en fait… vu que s’il tenait sa lame de manière perpendiculaire au tir, elle se briserait.
Il suffit juste de placer l’épée dans la trajectoire du canon, de manière à ce que l’angle d’incidence lors de l’impact soit le bon compromis entre l’éloignement de la normale par rapport à l’épée.
Si l’angle est trop court, comme je l’ai dit, le tir briserait (ou perforerait) la lame alors qu’il ne dévie pratiquement rien si l’angle est trop obtus.
Il ne faut pas grand-chose en degrés de toute façon puisque le guerrier reste la tête derrière la garde de son épée (comme pour mettre en joue en vue de tirer).
Le seul problème avec cette méthode, c’est qu’elle oblige à rester au moins immobile sinon à reculer (contre les armes de plus gros calibre).
Avancer augmente la puissance de l’impact.
C’est une raison pour laquelle, l’exécuteur ne se sert de cette méthode qu’en dernier recours.
Tout est dans le mouvement sinon : et un exécuteur multiplie les feintes, se dérobe à n’importe quelle trajectoire (fut-elle létale) pour se rapprocher le plus possible de son ennemi et le tuer d’un coup, d’un seul.
C’est au plus près qu’il lui arrive de stopper un temps sa course, pour dévier un tir, parfois même le dernier du chargeur (le coup qui reste toujours dans la chambre) et pas par cruauté…
Simplement parce que c’est le seul qui soit réellement dangereux (étant donné que les feintes ennemies au corps à corps ne sont pas bien efficaces).
Le type n’a pas toujours le temps de s’apercevoir qu’il est à court munition (et encore moins le temps de se rendre à fortiori).
Les exécuteurs ne finassent pas.
Si l’opposant ne se rend pas, il meurt (point barre) !
C’est une des choses que je n’aime pas chez ces émissaires du Vatican : comme je le dis tout le temps, je préfère encore les méthodes de ce bon vieux Domakhol.
…
Pour le reste, l’intérieur était crade et encombré de débris divers dont la couleur se mariait mal avec le rouge d’hémoglobine fraîche qui tapissait à présent le planché.
Et je ne voyais pas bien ce que nous foutions dans ce foutu foutoir quand un singulier détail attira mon attention.
« Gretc…o. »
C’est tout ce qu’on pouvait lire sur la pancarte à moitié effacée que quelqu’un avait bien du ramener à l’intérieur.
Je n’ai pas mis longtemps à percuter.
(Tu penses !)...
On venait de tomber sur la putain de fabrique de la mythique pétoire de Victor : Gretch & company ou Gretch & co.
Le fameux long fusil de feu le commandeur stellaire (et dont il tenait son illustre nom) avait selon toute vraisemblance été usiné ici.
Une trouvaille qui aurait valu la postérité minimum si je n’avais pas tant tenu à ma tranquillité.
J’aurais peut-être du ramener Archibald (vu que Victor était encore une sorte de père spirituel pour lui : il conservait d’ailleurs la raie sur le côté droit de sa chevelure d’enfant sage in memoriam).
Je dois dire que j’ai senti monté l’espièglerie d’un enfant qui met la main sur les antiques jouets de ses parents dans le coffre du grenier familial.
C’est exactement ça : comme un gamin qui trouve un trésor.
D’autant que ce n’était pas tout.
Après une rapide exploration des lieux, nous nous sommes aperçu qu’il s’agissait d’un complexe beaucoup plus vaste que ne le laisse penser le niveau de surface.
Il comprenait entre autres une culture hydroponique assez étendue (sous lumière artificielle donc) couplée à un élevage de volaille et de lapins (plus restreints).
Et la « fameuse » fabrique d’arme…
Que les contrebandiers avaient déjà pillée.
L’étage inférieur comptait aussi une chambre de construction d’androïde (qui était endommagée et vraisemblablement hors d’usage), un autre local s’apparentant à une crèche ou une maternité pouvant abriter plus de dix enfants.
Il y avait aussi des quartiers d’habitations déserts ainsi que ce qui devait être une salle d’entraînement …
Les types qui devaient pieuter là depuis un jour ou deux seulement avaient quand même eu le temps de réactiver la centrale mais pas certains systèmes auxiliaires : la chambre de construction des androïdes, par exemple, nécessitait des réparations qu’ils n’auraient pas eu le temps de faire.
La salle de surveillance se trouvait être une annexe du rez-de-chaussée si je puis dire : c’est de là que nos ennemis ont alerté le reste de la meute et c’est là que nous nous rendîmes finalement pour en savoir d’avantage sur les intentions des assassins du frère d’Héraclès.
Je crois pouvoir dire à présent que l’idée première du meurtrier de Magnus était de réhabiliter le complexe dans son entièreté.
Les contrebandiers étaient juste payés pour monter la garde.
Mais je ne pouvais pas le comprendre tout de suite pour lors : pas même après avoir pris note de la présence d’un androïde posé par terre, simplement assis, tête contre le mur dans un coin à l’entrée.
Ni moi, ni mon nouveau comparse d’ailleurs…
Il nous a fallu regarder les vidéos de surveillance puisque chaque salle ou compartiment de la structure était truffé de senseurs.
C’est là que je l’ai vu, c’est là que j’ai su que j’avais toujours eu raison durant tout ce temps (même si je m’étais bien gardé d’étaler l’affaire : puisqu’en fin de compte ça ne me regardait pas).
On reconnaissait bien le jeune Victor sur les vidéos les plus récentes (bien que nous regardions les vidéos un peu dans le désordre) : il devait avoir quatorze ou quinze ans.
Son histoire bidon de perte des parents, c’était du pipeau parce qu’on voyait encore parfaitement celle qui devait nécessairement être sa mère sur les dernières.
Parce qu’il n’y avait qu’eux deux (et qu’il l’appelait « maman » à fortiori).
Détail qui aurait du me mettre la puce à l’oreille, elle se baladait à poil (mais j’avais vu les gens des maternités de Lilith faire de même, alors « pourquoi pas » me disais-je)…
Je n’ai compris qu’en remontant le filon.
Sa mère n’était autre que l’androïde à côté de l’accès qui tenait lieu d’entrée.
Sur une des vidéos plus ancienne, je n’ai pu qu’attester à ma grande surprise que le robot n’avait que le bas d’humain.
C’était une chose étrange et obscène : un cyborg donc, comme m’informa placidement Héraclès.
A ce que j’ai cru comprendre (des explications du frère du simplet à la flamberge), l’androïde femelle (comme il précisa) était la reine d’une sorte de ruche.
Lorsque je suis ressorti pour l’examiner, je n’ai pu que constater qu’il y avait un creux au niveau de son abdomen (sensé abrité les organes reproducteurs humains).
C’était une sorte d’arachnide qui tissait les tissus tels qu’elle en avait besoin, à même sa structure superficielle qui la différenciait encore clairement de l’être humain (elle constituait rarement la chair et les muscles : uniquement la peau par-dessus son endosquelette).
Sa dernière mue a pourri avec le temps, ne laissant plus que le robot mis à nu.
En explorant les fichiers de la banque de données internes, nous apprîmes entre autre qu’il s’agissait jusque-là d’une expérience datant d’avant 2166 qui allait de paire avec les raisons qui amenèrent la construction des citées dômes.
C’était un protocole de survie plus que de repeuplement (au cas où les habitants de la citée jouxtant l’infrastructure auraient été éradiqués d’une manière ou d’une autre : ce qui n’arriva pas).
Nous constatâmes à notre grande surprise que des outils de recensement de la population interne au dôme avaient été prévus à cet effet…
Le tronçon central était effectivement muni de senseurs calorifiques puissants (dont nous n’avions jamais vraiment compris l’usage jusque-là et que Victor avait fait lui-même désactivé).
Le protocole de repopulation ne se lançait pas s’il y avait au moins mille êtres vivants des deux sexes sous le dôme (c.à.d. compris dans sa section), lesquels devaient être plus grands qu’un mètre vingt (pour ne pas compter les rats pour des humains si vous voulez).
Les bébés ne comptaient donc pas (d’autant qu’ils ne survivent pas seuls).
En regardant de plus près les films de famille, nous nous aperçûmes que Victor avait lui-même arrêté le tout avant de s’enfuir du douillet domicile armé de son bon vieux fusil.
Il a même désactivé sa propre mère.
Il l’a « éteinte »…
A partir de là, Héraclès et moi avons su qu’il faudrait reprendre l’histoire depuis le début (ce qui risquait de prendre longtemps étant donné qu’après analyse il s’avéra qu’il demeura plus de treize ans dans ces lieux).
Il avait deux géniteurs : un mâle, une femelle, les deux n’étant constitués humainement que de leurs organes reproducteurs.
Ils n’enfantèrent jamais qu’un enfant par génération ou presque (homme ou femme), lequel était muni d’une puce de traçage et n’était autorisé à rentrer dans la citée dôme qu’une fois arrivé à maturité (après des études spécifiques dispensés par ses pseudo-parents).
Il n’était toutefois pas autorisé à revenir dans son bunker d’origine : il ne fallait pas compromettre l’expérience en ramenant des externes…
Chaque génération était différente génétiquement de la précédente : pas de filiation, pas de parenté (pour éviter toute consanguinité).
Le résultat d’un programme performant : un séquenceur aléatoire de gènes (humains toujours : nombre stable de chromosomes donc) prévu dans le protocole d’origine, lequel comptait deux plans directeurs :
Le premier plan étant celui qui a été décrit : le couple n’enfante qu’un seul enfant et ne procrée qu’à son départ de l’infrastructure.
Nota bene : le décès des gens provenant de ce laboratoire n’advenait pas si vite qu’on pourrait le croire (même une fois lâché dans l’enfer qu’était le premier secteur).
Les directives régissant la vie du sujet humain comprenaient entre autre un enseignement militaire (dans le cadre d’une éducation complète en général) qui permettait théoriquement à un enfant de survivre longtemps dans le plus grand nombre de situations possibles.
Victor est né après le départ de Vingt (qui vit peut-être encore, vas savoir).
Sa mère l’appelait donc Vingt-et-un : « Black Jack » comme il se surnommait lui-même.
Ca m’a arraché un sourire malgré-moi de voir qu’il exigeait fréquemment de sa mère qu’elle le nomme ainsi (ce qu’elle n’a jamais fait : elle était encore sa mère et il avait déjà un matricule).
Il aurait pu se faire appeler de la sorte par ses compères par la suite mais je crois que le vieux bougre estimait qu’il revenait à autrui de définir notre propre nature : on n’est jamais que le reflet des autres et donc à eux de vous trouver le nom qui convienne (comme tentent de le faire chaque parent du reste mais trop tôt à mon goût).
C’est à son propre sobriquet qu’il pensait en regardant le chiffre qui ornait l’entrée du vingt-et-unième bastion du premier district du cœur (après sa victoire écrasante sur Khor).
Mais il y avait un protocole de secours qui démarrait sous deux conditions :
La première d’entre-elles étant la destruction ou la mise hors d’état de la chambre de construction des androïdes (ce qui était le cas depuis 2166 pour les mêmes raisons que partout ailleurs).
La seconde était le décès du père qui survint peu après que Victor eut fêté son treizième anniversaire (une panne définitive : il était en service depuis cent ans au moins tout de même).
Hors donc, si le premier protocole de survie avait deux vitesses (selon qu’il y ait plus ou moins milles individus adultes dans le dôme), le second prévoyait une mise en boucle des reproductions (faute de mieux).
La mère avait alors autorité pour devenir la reine d’une colonie composée uniquement de mâles, lesquels devaient alors rester dans l’enceinte du bunker.
…
Que je m’explique…
Comme je l’ai dit, la génitrice changeait d’ADN fréquemment : elle n’était génétiquement la mère d’un fils que pendant un laps de temps variable (jusqu’à la mort du dit fils ou la mise en route du protocole de secours).
Nota bene : Pour des raisons d’éthiques, elle ne pouvait plus mettre au monde de fille puisque les mâles avaient appris à forniquer avec leur propre mère…
Le « défaut » moral pouvait potentiellement se perpétuer de manière générationnelle et la consanguinité aurait touché une partie de la colonie (au risque de la mettre à mal).
C’est la raison pour laquelle, elle s’est recouverte de peau devant Victor : pour susciter la libido du jeune mâle.
Mais comme les deux clauses étaient réunies, le destin de Black Jack était scellé : il était désormais condamné à être enfermé à l’intérieur.
Faut croire que le complexe d’Œdipe a ses limites parce qu’à contrario, Jack le noir s’est fait la malle en désactivant sa génitrice sans jamais la touchée…
Enfin, je suppose…
(De toute façon, elle avait nécessairement du changer d’ADN).
C’était en tout les cas une expérience débile qui ne servait pas à grand-chose si ce n’est à prouver que l’être humain à du mal à accepter qu’il faudra sans doute passer le relais à la machine…
Il s’agissait-là d’une sorte de compromis inutile entre deux mondes : celui des humains (qui tendrait peut-être à disparaître) et celui des machines (qui avait des chances de succéder).
Ils auraient mieux fait d’établir des crèches de clonages tout de suite tant qu’à faire : mais je suppose qu’un père et une mère (même s’il s’agissait de machines), c’était éthiquement parlant plus acceptable…
Une manière de faire moins pire (un moindre mal si vous préférez).
Ils auraient même pu faire des duplications différenciées, des variations grâce notamment au séquenceur d’ADN (mais ils l’ont peut-être fait ailleurs, vas savoir).
M’enfin, je trouve qu’il y a néanmoins une certaine poésie dans tous cela : une forme de pudeur scientifique comme on en voit trop rarement par les temps qui courent.
Quoiqu’il en soit, il ne valait mieux pas réactiver la mère de Gretchencko : elle avait beau avoir une petite fille, elle risquait fort de fermer les portes pour nous obliger à procréer nous-même à la place de son défunt fils.
Je l’ai emportée avec moi par la suite (ça ne pèse pas tant que ça un robot en fin de compte : la plupart des parties sont en plastocs).
Elle servira pitete un jour qui sait (nous n’avons pas écrasé ses données par respect pour Gretchencko).
Et j’imagine que si le commandeur a fait en sorte de garder l’endroit secret, c’est précisément pour protéger sa mère : les gens n’auraient pas compris et risquaient de foutre le feu à ce qui fut son domicile, son cocon familial pendant treize ans facile.
Qui plus est, on aurait pu le taxer de monstre, d’abomination ou de toutes conneries du genre que les humains aiment bien proférer quand ils ne comprennent pas.
Pour le reste, je crois que les contrebandiers ne savaient pas quoi faire de leur trouvaille : il n’avait peut-être même pas visionné les vidéos de surveillance (sans quoi ils auraient peut-être réactivé l’androïde).
Mais si Héraclès m’avait amené-là c’est que la chose intéresserait à fortiori quelqu’un.
Ce qui est bien avec les exécuteurs, c’est qu’ils ne parlent pratiquement pas.
Mais ça devient vite un problème quand on a un tas de questions à leur poser (et qu’on ne sait pas par laquelle commencer).
J’avais vaguement compris que son frère avait découvert le filon avant lui : il n’avait trouvé ma trace que parce que le prêtre de Lilith qu’avait occis Magnus avait disposé des capteurs tridimensionnels (dans l’espoir déçu de disposer d’un souvenir du sacrifice)…
C’est par ce biais qu’Héraclès m’a pisté (et parce que j’étais de faction devant le Neuvième Cercle où son frère s’est fait dézingué).
A ce que j’ai cru comprendre, le type que Magnus devait rencontrer ce soir-là (et qui l’a tué) a trouvé un moyen de droguer le novice peu de temps avant sa mort (puisque tout le monde est encore obligé de manger et que le goût est la seule chose que le casque d’exécuteur n’affine pas)…
Raison pour laquelle l’émissaire du Vatican s’est fait tué si facilement.
Mais il serait mort de toute façon à cause précisément des substances qu’il a ingérées et a du s’en rendre compte trop tard de sa raideur musculaire alors même qu’il se rendait au Neuvième Cercle pour achever une partie du travail (en vain).
Il a toutefois eu le temps d’informer son frère des quelques avancées de sa quête lui disant au passage ce qu’il avait lu dans mes pensées : la campagne contre Lilith (sa défunte mère)…
Nota bene : pourquoi diantre Magnus m’a-t-il souri sachant qu’on m’avait ordonné par le passé de tuer sa propre génitrice?
La seconde piste (puisque nous n’avions pour lors aucun moyen de retrouver l’assassin de son frère) menait à ces lieux.
Je me dis qu’on aurait mieux fait d’essayer de garder un ou l’autre contrebandier en vie (mais ils n’ont pas cru bon de se rendre malheureusement).
Je ne pouvais que me fier aux dires de l’exécuteur confirmé…
Mais ils ne mentent jamais en l’occurrence (et je ne vois pas pourquoi il l’aurait fait : d’autant qu’il est le fils de Lilith après tout).
Et si nous nous sommes rendus en ces lieux en priorité, c’était précisément parce que nous pensions trouver le meurtrier de Magnus.
Le Neuvième Cercle a ses capteurs lui aussi : nous avions donc une image du tueur et de ses complices (par le biais de Pandora avec laquelle je suis perpétuellement en relais via mon unité portable : elle tient ça directement du rapport de Stanton, lequel se trouve être dans la banque de données de notre bel hôtel de police)…
Mais comme je m’y attendais, ils n’ont jamais fait un tour en prison.
Certains d’entre eux sont cependant soupçonnés d’appartenir à des groupes paramilitaires (et nous allions avoir du mal à les isoler de leur troupe pour les questionner).
C’était déjà mieux que rien…
Enfin et de toute façon, je ne pouvais pas passer ma vie à côté de l’exécuteur…
L’opération nous avait pris tout le restant de la nuit.
L’aube arrivait déjà au dehors.
J’ai mis l’ancienne planque du commandeur sous surveillance (par le biais de la salle de contrôle que Pandora a piraté).
Nota bene : j’ai peur qu’on ne se fasse griller à force de ce genre de conneries vu qu’il faut passer par les relais des Tours centrales (mais tant pis).
Avec de la chance, le salopard qui a buté Magnus y reviendra un jour (bien que j’en doute).
Pour le reste, j’avais déjà pris mes congés pour raconter la suite de mes chroniques (et à fortiori, j’ai tout loisir pour réfléchir à la suite des opérations).
De toute façon, je n’ai plus le choix : il va falloir que je m’arrange avec Pandora pour éviter d’avoir à cumuler les absences inutiles au boulot.
L’exécuteur a précisé qu’il me re-contacterait si besoin était : mais il ne m’a même pas demandé mon nom (il connaît mon adresse, c’est déjà ça).
Mais il allait encore falloir que je bosse après journée (ce qui n’aurait pas été si grave si j’avais eu la certitude d’être rétribué).
0. Twenty one : Black Jack !
Nous étions à présent en dehors de la ville et de sa coupole rétractée : dans un petit bunker pas bien loin du grand.
Nota bene : ouais, je sais, j’ai l’ellipse trop facile…
Nous avons mis trois plombes pour nous y rendre (étant donné que nous étions à pied).
On est sorti en douce pas loin d’un des échangeurs qui donnent au-dessus des pans de dôme baissés.
Je suivais donc en guise d’acolyte, un peu en retrait, la main gauche dans la poche de mon imper et l’autre bringuebalant sensiblement à l’air libre tout le long du trajet.
…
De dehors, la structure enterrée ressemblait à un de ces antiques tombeaux abandonné (comme on le voit dans des reportages tout aussi antiques) et dont on voyait clairement que l’entrée (sous le niveau du sol) avait récemment été dégagée.
Elle devait demeurer sous une bonne couche de sable jusque-là.
Dedans, ça ressemblait juste à une citée dôme en miniature.
Et mis à part les corps qui jonchaient le sol, il n’y avait plus personne : faut croire qu’on n’a pas eu le temps de faire le ménage.
Enfin, c’est surtout Héraclès qui s’est tapé le sale boulot.
Je dois d’ailleurs avouer que c’est assez impressionnant de voir un exécuteur en action. C’était la première fois que j’en voyais un en plein effort et je dois dire que je n’aimerais pas avoir à m’y frotter (même pour m’exercer).
Le truc, c’est qu’il a une vision périphérique, puisque son heaume intégral serait muni de mini facettes photosensibles (comme les mouches).
C’est en tout cas ce qu’il m’a confié…
Mais cela lui permet de se servir tant de l’épée dans un sens que du fléau d’arme énergétique que forment ses cheveux attachés par leurs anneaux coulissants constamment dans l’autre.
Il peut donc facilement se battre sur deux fronts à chaque fois et à l’instar des chevaliers jedis, il se sert de sa flamberge comme déflecteur de projectiles : mais pas exactement de la même manière.
C’est quelque chose de bien moins ostensible en fait… vu que s’il tenait sa lame de manière perpendiculaire au tir, elle se briserait.
Il suffit juste de placer l’épée dans la trajectoire du canon, de manière à ce que l’angle d’incidence lors de l’impact soit le bon compromis entre l’éloignement de la normale par rapport à l’épée.
Si l’angle est trop court, comme je l’ai dit, le tir briserait (ou perforerait) la lame alors qu’il ne dévie pratiquement rien si l’angle est trop obtus.
Il ne faut pas grand-chose en degrés de toute façon puisque le guerrier reste la tête derrière la garde de son épée (comme pour mettre en joue en vue de tirer).
Le seul problème avec cette méthode, c’est qu’elle oblige à rester au moins immobile sinon à reculer (contre les armes de plus gros calibre).
Avancer augmente la puissance de l’impact.
C’est une raison pour laquelle, l’exécuteur ne se sert de cette méthode qu’en dernier recours.
Tout est dans le mouvement sinon : et un exécuteur multiplie les feintes, se dérobe à n’importe quelle trajectoire (fut-elle létale) pour se rapprocher le plus possible de son ennemi et le tuer d’un coup, d’un seul.
C’est au plus près qu’il lui arrive de stopper un temps sa course, pour dévier un tir, parfois même le dernier du chargeur (le coup qui reste toujours dans la chambre) et pas par cruauté…
Simplement parce que c’est le seul qui soit réellement dangereux (étant donné que les feintes ennemies au corps à corps ne sont pas bien efficaces).
Le type n’a pas toujours le temps de s’apercevoir qu’il est à court munition (et encore moins le temps de se rendre à fortiori).
Les exécuteurs ne finassent pas.
Si l’opposant ne se rend pas, il meurt (point barre) !
C’est une des choses que je n’aime pas chez ces émissaires du Vatican : comme je le dis tout le temps, je préfère encore les méthodes de ce bon vieux Domakhol.
…
Pour le reste, l’intérieur était crade et encombré de débris divers dont la couleur se mariait mal avec le rouge d’hémoglobine fraîche qui tapissait à présent le planché.
Et je ne voyais pas bien ce que nous foutions dans ce foutu foutoir quand un singulier détail attira mon attention.
« Gretc…o. »
C’est tout ce qu’on pouvait lire sur la pancarte à moitié effacée que quelqu’un avait bien du ramener à l’intérieur.
Je n’ai pas mis longtemps à percuter.
(Tu penses !)...
On venait de tomber sur la putain de fabrique de la mythique pétoire de Victor : Gretch & company ou Gretch & co.
Le fameux long fusil de feu le commandeur stellaire (et dont il tenait son illustre nom) avait selon toute vraisemblance été usiné ici.
Une trouvaille qui aurait valu la postérité minimum si je n’avais pas tant tenu à ma tranquillité.
J’aurais peut-être du ramener Archibald (vu que Victor était encore une sorte de père spirituel pour lui : il conservait d’ailleurs la raie sur le côté droit de sa chevelure d’enfant sage in memoriam).
Je dois dire que j’ai senti monté l’espièglerie d’un enfant qui met la main sur les antiques jouets de ses parents dans le coffre du grenier familial.
C’est exactement ça : comme un gamin qui trouve un trésor.
D’autant que ce n’était pas tout.
Après une rapide exploration des lieux, nous nous sommes aperçu qu’il s’agissait d’un complexe beaucoup plus vaste que ne le laisse penser le niveau de surface.
Il comprenait entre autres une culture hydroponique assez étendue (sous lumière artificielle donc) couplée à un élevage de volaille et de lapins (plus restreints).
Et la « fameuse » fabrique d’arme…
Que les contrebandiers avaient déjà pillée.
L’étage inférieur comptait aussi une chambre de construction d’androïde (qui était endommagée et vraisemblablement hors d’usage), un autre local s’apparentant à une crèche ou une maternité pouvant abriter plus de dix enfants.
Il y avait aussi des quartiers d’habitations déserts ainsi que ce qui devait être une salle d’entraînement …
Les types qui devaient pieuter là depuis un jour ou deux seulement avaient quand même eu le temps de réactiver la centrale mais pas certains systèmes auxiliaires : la chambre de construction des androïdes, par exemple, nécessitait des réparations qu’ils n’auraient pas eu le temps de faire.
La salle de surveillance se trouvait être une annexe du rez-de-chaussée si je puis dire : c’est de là que nos ennemis ont alerté le reste de la meute et c’est là que nous nous rendîmes finalement pour en savoir d’avantage sur les intentions des assassins du frère d’Héraclès.
Je crois pouvoir dire à présent que l’idée première du meurtrier de Magnus était de réhabiliter le complexe dans son entièreté.
Les contrebandiers étaient juste payés pour monter la garde.
Mais je ne pouvais pas le comprendre tout de suite pour lors : pas même après avoir pris note de la présence d’un androïde posé par terre, simplement assis, tête contre le mur dans un coin à l’entrée.
Ni moi, ni mon nouveau comparse d’ailleurs…
Il nous a fallu regarder les vidéos de surveillance puisque chaque salle ou compartiment de la structure était truffé de senseurs.
C’est là que je l’ai vu, c’est là que j’ai su que j’avais toujours eu raison durant tout ce temps (même si je m’étais bien gardé d’étaler l’affaire : puisqu’en fin de compte ça ne me regardait pas).
On reconnaissait bien le jeune Victor sur les vidéos les plus récentes (bien que nous regardions les vidéos un peu dans le désordre) : il devait avoir quatorze ou quinze ans.
Son histoire bidon de perte des parents, c’était du pipeau parce qu’on voyait encore parfaitement celle qui devait nécessairement être sa mère sur les dernières.
Parce qu’il n’y avait qu’eux deux (et qu’il l’appelait « maman » à fortiori).
Détail qui aurait du me mettre la puce à l’oreille, elle se baladait à poil (mais j’avais vu les gens des maternités de Lilith faire de même, alors « pourquoi pas » me disais-je)…
Je n’ai compris qu’en remontant le filon.
Sa mère n’était autre que l’androïde à côté de l’accès qui tenait lieu d’entrée.
Sur une des vidéos plus ancienne, je n’ai pu qu’attester à ma grande surprise que le robot n’avait que le bas d’humain.
C’était une chose étrange et obscène : un cyborg donc, comme m’informa placidement Héraclès.
A ce que j’ai cru comprendre (des explications du frère du simplet à la flamberge), l’androïde femelle (comme il précisa) était la reine d’une sorte de ruche.
Lorsque je suis ressorti pour l’examiner, je n’ai pu que constater qu’il y avait un creux au niveau de son abdomen (sensé abrité les organes reproducteurs humains).
C’était une sorte d’arachnide qui tissait les tissus tels qu’elle en avait besoin, à même sa structure superficielle qui la différenciait encore clairement de l’être humain (elle constituait rarement la chair et les muscles : uniquement la peau par-dessus son endosquelette).
Sa dernière mue a pourri avec le temps, ne laissant plus que le robot mis à nu.
En explorant les fichiers de la banque de données internes, nous apprîmes entre autre qu’il s’agissait jusque-là d’une expérience datant d’avant 2166 qui allait de paire avec les raisons qui amenèrent la construction des citées dômes.
C’était un protocole de survie plus que de repeuplement (au cas où les habitants de la citée jouxtant l’infrastructure auraient été éradiqués d’une manière ou d’une autre : ce qui n’arriva pas).
Nous constatâmes à notre grande surprise que des outils de recensement de la population interne au dôme avaient été prévus à cet effet…
Le tronçon central était effectivement muni de senseurs calorifiques puissants (dont nous n’avions jamais vraiment compris l’usage jusque-là et que Victor avait fait lui-même désactivé).
Le protocole de repopulation ne se lançait pas s’il y avait au moins mille êtres vivants des deux sexes sous le dôme (c.à.d. compris dans sa section), lesquels devaient être plus grands qu’un mètre vingt (pour ne pas compter les rats pour des humains si vous voulez).
Les bébés ne comptaient donc pas (d’autant qu’ils ne survivent pas seuls).
En regardant de plus près les films de famille, nous nous aperçûmes que Victor avait lui-même arrêté le tout avant de s’enfuir du douillet domicile armé de son bon vieux fusil.
Il a même désactivé sa propre mère.
Il l’a « éteinte »…
A partir de là, Héraclès et moi avons su qu’il faudrait reprendre l’histoire depuis le début (ce qui risquait de prendre longtemps étant donné qu’après analyse il s’avéra qu’il demeura plus de treize ans dans ces lieux).
Il avait deux géniteurs : un mâle, une femelle, les deux n’étant constitués humainement que de leurs organes reproducteurs.
Ils n’enfantèrent jamais qu’un enfant par génération ou presque (homme ou femme), lequel était muni d’une puce de traçage et n’était autorisé à rentrer dans la citée dôme qu’une fois arrivé à maturité (après des études spécifiques dispensés par ses pseudo-parents).
Il n’était toutefois pas autorisé à revenir dans son bunker d’origine : il ne fallait pas compromettre l’expérience en ramenant des externes…
Chaque génération était différente génétiquement de la précédente : pas de filiation, pas de parenté (pour éviter toute consanguinité).
Le résultat d’un programme performant : un séquenceur aléatoire de gènes (humains toujours : nombre stable de chromosomes donc) prévu dans le protocole d’origine, lequel comptait deux plans directeurs :
Le premier plan étant celui qui a été décrit : le couple n’enfante qu’un seul enfant et ne procrée qu’à son départ de l’infrastructure.
Nota bene : le décès des gens provenant de ce laboratoire n’advenait pas si vite qu’on pourrait le croire (même une fois lâché dans l’enfer qu’était le premier secteur).
Les directives régissant la vie du sujet humain comprenaient entre autre un enseignement militaire (dans le cadre d’une éducation complète en général) qui permettait théoriquement à un enfant de survivre longtemps dans le plus grand nombre de situations possibles.
Victor est né après le départ de Vingt (qui vit peut-être encore, vas savoir).
Sa mère l’appelait donc Vingt-et-un : « Black Jack » comme il se surnommait lui-même.
Ca m’a arraché un sourire malgré-moi de voir qu’il exigeait fréquemment de sa mère qu’elle le nomme ainsi (ce qu’elle n’a jamais fait : elle était encore sa mère et il avait déjà un matricule).
Il aurait pu se faire appeler de la sorte par ses compères par la suite mais je crois que le vieux bougre estimait qu’il revenait à autrui de définir notre propre nature : on n’est jamais que le reflet des autres et donc à eux de vous trouver le nom qui convienne (comme tentent de le faire chaque parent du reste mais trop tôt à mon goût).
C’est à son propre sobriquet qu’il pensait en regardant le chiffre qui ornait l’entrée du vingt-et-unième bastion du premier district du cœur (après sa victoire écrasante sur Khor).
Mais il y avait un protocole de secours qui démarrait sous deux conditions :
La première d’entre-elles étant la destruction ou la mise hors d’état de la chambre de construction des androïdes (ce qui était le cas depuis 2166 pour les mêmes raisons que partout ailleurs).
La seconde était le décès du père qui survint peu après que Victor eut fêté son treizième anniversaire (une panne définitive : il était en service depuis cent ans au moins tout de même).
Hors donc, si le premier protocole de survie avait deux vitesses (selon qu’il y ait plus ou moins milles individus adultes dans le dôme), le second prévoyait une mise en boucle des reproductions (faute de mieux).
La mère avait alors autorité pour devenir la reine d’une colonie composée uniquement de mâles, lesquels devaient alors rester dans l’enceinte du bunker.
…
Que je m’explique…
Comme je l’ai dit, la génitrice changeait d’ADN fréquemment : elle n’était génétiquement la mère d’un fils que pendant un laps de temps variable (jusqu’à la mort du dit fils ou la mise en route du protocole de secours).
Nota bene : Pour des raisons d’éthiques, elle ne pouvait plus mettre au monde de fille puisque les mâles avaient appris à forniquer avec leur propre mère…
Le « défaut » moral pouvait potentiellement se perpétuer de manière générationnelle et la consanguinité aurait touché une partie de la colonie (au risque de la mettre à mal).
C’est la raison pour laquelle, elle s’est recouverte de peau devant Victor : pour susciter la libido du jeune mâle.
Mais comme les deux clauses étaient réunies, le destin de Black Jack était scellé : il était désormais condamné à être enfermé à l’intérieur.
Faut croire que le complexe d’Œdipe a ses limites parce qu’à contrario, Jack le noir s’est fait la malle en désactivant sa génitrice sans jamais la touchée…
Enfin, je suppose…
(De toute façon, elle avait nécessairement du changer d’ADN).
C’était en tout les cas une expérience débile qui ne servait pas à grand-chose si ce n’est à prouver que l’être humain à du mal à accepter qu’il faudra sans doute passer le relais à la machine…
Il s’agissait-là d’une sorte de compromis inutile entre deux mondes : celui des humains (qui tendrait peut-être à disparaître) et celui des machines (qui avait des chances de succéder).
Ils auraient mieux fait d’établir des crèches de clonages tout de suite tant qu’à faire : mais je suppose qu’un père et une mère (même s’il s’agissait de machines), c’était éthiquement parlant plus acceptable…
Une manière de faire moins pire (un moindre mal si vous préférez).
Ils auraient même pu faire des duplications différenciées, des variations grâce notamment au séquenceur d’ADN (mais ils l’ont peut-être fait ailleurs, vas savoir).
M’enfin, je trouve qu’il y a néanmoins une certaine poésie dans tous cela : une forme de pudeur scientifique comme on en voit trop rarement par les temps qui courent.
Quoiqu’il en soit, il ne valait mieux pas réactiver la mère de Gretchencko : elle avait beau avoir une petite fille, elle risquait fort de fermer les portes pour nous obliger à procréer nous-même à la place de son défunt fils.
Je l’ai emportée avec moi par la suite (ça ne pèse pas tant que ça un robot en fin de compte : la plupart des parties sont en plastocs).
Elle servira pitete un jour qui sait (nous n’avons pas écrasé ses données par respect pour Gretchencko).
Et j’imagine que si le commandeur a fait en sorte de garder l’endroit secret, c’est précisément pour protéger sa mère : les gens n’auraient pas compris et risquaient de foutre le feu à ce qui fut son domicile, son cocon familial pendant treize ans facile.
Qui plus est, on aurait pu le taxer de monstre, d’abomination ou de toutes conneries du genre que les humains aiment bien proférer quand ils ne comprennent pas.
Pour le reste, je crois que les contrebandiers ne savaient pas quoi faire de leur trouvaille : il n’avait peut-être même pas visionné les vidéos de surveillance (sans quoi ils auraient peut-être réactivé l’androïde).
Mais si Héraclès m’avait amené-là c’est que la chose intéresserait à fortiori quelqu’un.
Ce qui est bien avec les exécuteurs, c’est qu’ils ne parlent pratiquement pas.
Mais ça devient vite un problème quand on a un tas de questions à leur poser (et qu’on ne sait pas par laquelle commencer).
J’avais vaguement compris que son frère avait découvert le filon avant lui : il n’avait trouvé ma trace que parce que le prêtre de Lilith qu’avait occis Magnus avait disposé des capteurs tridimensionnels (dans l’espoir déçu de disposer d’un souvenir du sacrifice)…
C’est par ce biais qu’Héraclès m’a pisté (et parce que j’étais de faction devant le Neuvième Cercle où son frère s’est fait dézingué).
A ce que j’ai cru comprendre, le type que Magnus devait rencontrer ce soir-là (et qui l’a tué) a trouvé un moyen de droguer le novice peu de temps avant sa mort (puisque tout le monde est encore obligé de manger et que le goût est la seule chose que le casque d’exécuteur n’affine pas)…
Raison pour laquelle l’émissaire du Vatican s’est fait tué si facilement.
Mais il serait mort de toute façon à cause précisément des substances qu’il a ingérées et a du s’en rendre compte trop tard de sa raideur musculaire alors même qu’il se rendait au Neuvième Cercle pour achever une partie du travail (en vain).
Il a toutefois eu le temps d’informer son frère des quelques avancées de sa quête lui disant au passage ce qu’il avait lu dans mes pensées : la campagne contre Lilith (sa défunte mère)…
Nota bene : pourquoi diantre Magnus m’a-t-il souri sachant qu’on m’avait ordonné par le passé de tuer sa propre génitrice?
La seconde piste (puisque nous n’avions pour lors aucun moyen de retrouver l’assassin de son frère) menait à ces lieux.
Je me dis qu’on aurait mieux fait d’essayer de garder un ou l’autre contrebandier en vie (mais ils n’ont pas cru bon de se rendre malheureusement).
Je ne pouvais que me fier aux dires de l’exécuteur confirmé…
Mais ils ne mentent jamais en l’occurrence (et je ne vois pas pourquoi il l’aurait fait : d’autant qu’il est le fils de Lilith après tout).
Et si nous nous sommes rendus en ces lieux en priorité, c’était précisément parce que nous pensions trouver le meurtrier de Magnus.
Le Neuvième Cercle a ses capteurs lui aussi : nous avions donc une image du tueur et de ses complices (par le biais de Pandora avec laquelle je suis perpétuellement en relais via mon unité portable : elle tient ça directement du rapport de Stanton, lequel se trouve être dans la banque de données de notre bel hôtel de police)…
Mais comme je m’y attendais, ils n’ont jamais fait un tour en prison.
Certains d’entre eux sont cependant soupçonnés d’appartenir à des groupes paramilitaires (et nous allions avoir du mal à les isoler de leur troupe pour les questionner).
C’était déjà mieux que rien…
Enfin et de toute façon, je ne pouvais pas passer ma vie à côté de l’exécuteur…
L’opération nous avait pris tout le restant de la nuit.
L’aube arrivait déjà au dehors.
J’ai mis l’ancienne planque du commandeur sous surveillance (par le biais de la salle de contrôle que Pandora a piraté).
Nota bene : j’ai peur qu’on ne se fasse griller à force de ce genre de conneries vu qu’il faut passer par les relais des Tours centrales (mais tant pis).
Avec de la chance, le salopard qui a buté Magnus y reviendra un jour (bien que j’en doute).
Pour le reste, j’avais déjà pris mes congés pour raconter la suite de mes chroniques (et à fortiori, j’ai tout loisir pour réfléchir à la suite des opérations).
De toute façon, je n’ai plus le choix : il va falloir que je m’arrange avec Pandora pour éviter d’avoir à cumuler les absences inutiles au boulot.
L’exécuteur a précisé qu’il me re-contacterait si besoin était : mais il ne m’a même pas demandé mon nom (il connaît mon adresse, c’est déjà ça).
Mais il allait encore falloir que je bosse après journée (ce qui n’aurait pas été si grave si j’avais eu la certitude d’être rétribué).
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