<h1>Noelfic</h1>

Agents et plus si affinités...


Par : Folle2conneries

Genre : Action

Status : C'est compliqué

Note :


Chapitre 23

Alizée, Vincent &amp; Claire.

Publié le 19/08/13 à 01:14:54 par Folle2conneries

Je me sentis tout de suite plus à l'aise une fois à l'intérieur, cet environnement m'était familier. Le stress me quittait peu à peu, mais je ne lâchais pas Will d'une semelle pour autant. Il serrait d'innombrables mains, faisant la bise à un nombre incalculable de fille, la soirée s'accéléra d'avantage à son arrivée, comme s'il agissait en moteur de la dépravation : amplifiant les débits des torrents d'alcool se déversant dans quelques entrailles anonymes noyées par les flots d'éthanol ; et l'opacité du brouillard chanvreux embrumant doucereusement les esprits déjà enivrés. Se comportant en maitre des lieux, il faisait le tour de la maison. Je sentais que beaucoup de regards étaient braqués sur moi, mais je m'en fichais...

La maison était plutôt spacieuse, un immense salon, grand comme mon appartement, visiblement démeublé pour la soirée, tapissé de matelas et oreillers en tous genres. Un jardin tout aussi imposant à la verdure ivre et luxuriante dont la rosée éthylique scintillait en de fines opales pintées aux lueurs halogènes des lampes tamisées de l'intérieur. Le séjour donnait sur d'infinnissables couloirs pavés de marbre, hypothétique dédale de l'incertitude dans lequel Will s'engouffra, me disant qu'il devait discuter avec un pote à lui, mais que je pouvais venir si j'en avais envie.

-... Nan, merci... Ca va aller.
-Ok, amuse toi bien !
-... Ouais... !

Ouf... J'avais réussi à m'en détacher pour un moment. Soulagé, je retournai dans le salon, m'asseyant sur un canapé vide. Je posai mes coudes contre mes genoux et enfouit ma tête dans mes mains et me frottant le visage.

"Putain, mais qu'est ce que je fous là bordel...."

Alors que je me morfondais, je sentis une personne s'asseoir sur le canapé, juste à côté de moi.

-Bah alors, ça va pas ? T'veux tirer une taffe ?

Sans tourner la tête, je vis qu'une main, dans une mitaine de cuir cloutée et aux ongles vernis d'un noir aux tons écarlates me tendit un joint.

-Ah, ouais, merci...

Je glissai le joint entre mes lèvres et tirai une latte de sept bonnes secondes avant d'en emplir mes poumons et de recracher le reste de la fumée. Je tournai la tête d'un seul coup, fixant la personne qui quelques secondes plus tôt m'avait adressé la parole.

C'était une fille, environ quatorze ou quinze ans. Sa tête était encadrée d'une longue crinière rouge ardente qui lui arrivait jusqu'en bas des seins. De fins sourcils aux couleurs de sa chevelure, de longs cils pourpres, et du crayon noir entouraient ses grands yeux d'un gris-bleu semblable à du givre arctique. Un petit nez, un sourire en coin, des lèvres pulpeuses recouvertes d'un beau rouge pétasse et des joues ni trop creuses ni trop ronde, maquillées ça et là d'une fine pointe de blush constituaient un visage angélique, contrastant nettement avec tout cet apparat cosmétique.

Elle portait une chemise de bucheron rouge et blanche, à carreaux, ouverte, montrant un débardeur noir à l'effigie de la pochette de l'album Surrealistic Pillow de Jefferson airplane, laissant apparaître une poitrine plutôt normale (décolleté dans lequel tombait un pendentif du symbole Peace & Love ) et un ventre plat. Pour finir, elle portait une jupe noir, des rangers rouges vernies aux pieds, de très nombreux bracelets aux deux poignets et ladite mitaine de cuir à la main droite.

Je lui tendis son joint qu'elle récupéra en me souriant.

-Merci.
-... Pas de soucis, c'est même à moi de te dire merci en fait..
-Ouais, fais pas chier tu veux... C'est la première fois que tu viens en soirée ?
-Depuis que je suis à Marseille, ouais.
-Ah, j'me disais que t'as tronche m'évoquait pas grand chose.
-Bah je sais pas, j'vais au lycée dans Marseille à...
-Si ça m'avait intéressé, j'aurais posé la question tu vois...

Je savais même pas quoi répondre. La rouquine tourna la tête et tira sur son joint, puis me regarda en rigolant.

-J'te charrie haha, t'vexe pas. A propose, moi, c'est Alizée, et toi ?
-Alizée comment ?
-Alizée. Et toi ?
-Alice.
-Alice comment ?
-... Alice.

Alizée se mit à rire bruyamment en tapant ses pieds au sol.

-Ah, tu m'plais bien toi !

Nous passâmes ainsi une bonne heure et demi à fumer, à boire et à parler. Je lui racontai toute mon histoire, depuis l'échange de corps avec Maxime jusqu'à la soirée qui se déroulait en ce moment ; il faut dire que l'alcool et la drogue m'empêchaient de vraiment réfléchir.

-Attends... Tu veux m'dire qu'à la base, t'es un mec, et que t'as échangé de corps avec une fille ?
-Ouaaaaaaaiiiis !
-Puis il t'es arrivé que des merdes et t'as atterri ici, à Marseille ?
-Ouaaaaaaaiiiis !
-Tu m'prends vraiment pour une conne là ?
-.... OUAAAAAAAIIIIIS !
-Embrasse moi...

Sans que je comprenne ce qui s'était passé, Alizée avait posé une main sur chacune de mes joues puis avait approché sa tête ; avant de coller ses lèvres aux miennes.


-


Je restais de marbre face à l'annonce du vieux. Il avait hurlé, se râpant littéralement la gorge comme en témoignait le léger filet sanguin dans lequel ses propos paraissaient avoir baigné. Ses yeux gris-métal habituels paraissent fondre, comme posés sur un large rideau de veines brûlantes, superposant l'uvée par son flux ardent d'ébriété sanguine, prêtes à exploser. Il retomba lourdement sur sa chaise, comme si quelque chose en lui c'était brisé, répandant une tristesse infinie débordant extérieurement. Des ondées de larmes vinrent apaiser la déflagration veineuse qui brûlait son regard, goûtant sur la table.

-Quand je pense que j'ai laissé ma p'tite Claire avec son frère...

Je ne comprenais pas tellement ce changement soudain de comportement, ça faisait presque peur. Enfin, c'était sûrement l'alcool ; j'en avais vu des gens mal finir à cause de ça...

-Oh mais... Vous l'avez dit vous même, vous aviez pas le choix...
-Mais... Ma p'tite Claire... C'était pas à Vincent de s'en occuper... J'lui ai bouffé sa jeunesse... Puis, on voit comment il a finit...
-Claire... Vin... Vincent ?

Ces prénoms paraissaient pris dans la toile d'araignée de mes tympans, comme deux moucherons embaumés dans un filet de soie au travers duquel ils auraient tenté de passer.

-Oui, Viiiin-ceent ! Claaaaaire !
-... Et, c'est qui au juste ?

Le vieux sécha ses larmes, se mit debout et pris le cadre où il avait posé avec "son ami".

-Voilà, Vincent, et voilà Claire...

Il avait pointé la personne qu'il avait première désigné comme "son ami" et "sa fille".

-... Mes pauvres gosses...
-... Vos enfants ?
-Oui... Vincent... Il est mort, ya 12 ans environ... Après avoir laissé croire à sa soeur toutes ces années qu'il était son père, il n'a jamais pu lui révéler la vérité.

C'en était trop. Mon cerveau surchauffait, un écran vaporeux semblait s'échapper des mes oreilles, mon nez sifflait comme une bouilloire ; mon crâne menaçait presque d'exploser. Rouge, en sueur, je m'éventais avec mes mains, brassant un air brulant qui augmentait un peu plus ma fièvre ascendante.

-Claire, par contre, s'est mariée, elle a même eu deux gosses. Même à mon retour, j'ai pas osé aller la voir, sa famille était pas plus solide qu'un château de cartes... Puis avec tous leurs soucis... Du coup bah j'connais ni Claire, ma file, ni Alice, ma petite fille, ni..
-FERMEZ LA !!

J'en pouvais plus. J'étais écarlate, ruisselant de sueur, comme noyée dans ma peur. Il fallait qu'il se taise, je pouvais pas en entendre d'avantage.

-Ouvrez moi la porte, et laissez moi partir, tout de suite.

Le vieux, silencieux, s'exécuta, l'air triste. Il m'ouvrit la porte, et la ferma après m'avoir laissé sortir. De dehors, je l'entendis s'y adosser et en glisser tout du long, avant de soupirer longuement, dans un sursaut de déception corrosive.

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