Note de la fic : :noel: :noel: :noel: :noel:

L'Homme Du Temps


Par : MassiveDynamic
Genre : Science-Fiction, Sentimental
Statut : C'est compliqué



Chapitre 4 : L'Homme Et L'Avarice


Publié le 20/09/2011 à 19:59:50 par MassiveDynamic




" - Un million... ?

- Un million. "

Un million. Là, à portée de main, net d'impôt. Une somme extravagante, le joker de la vie, la boite de pandore prête à imploser. Je faisais des allers et retours dans mon salon, slalomant entre la table et le canapé, fixant le sol nerveusement. Théo, lui, me fixait avec ses gros yeux écarquillés. Puis il se risqua à me porter conseil.

" - Ben... dépense-les. Achète-toi un vrai lieu ! Ou épargne-les, et payez-vous vos études avec Emma ! "

Perspicace, le Théo. Mais un brin utopique. Rien n'est simple dans la vie.

"- Tu plaisantes ? Je ne toucherai pas à cet argent tant que je ne connaîtrai pas sa provenance, lui rétorquai-je, partagé entre la joie et la peur.

- T'es pas sérieux là ? Putain, t'es riche ! Qu'est-ce que t'en as à foutre de savoir d'où vient l'argent ? Tu sais pas pourquoi t'es sur terre, ça t'empêche pas de vivre ! Me lança-t-il, avançant sa main gauche, comme pour faire un plaidoyer.

- Parce que c'est peut-être une erreur, tout simplement. Je n'ai passé aucun contrat, ça a du merder quelque part. Je te paris que demain, y'aura plus rien.

- Et la lettre, alors ? Et ça a bien été versé à ton nom, non ? Y'a pas d'erreur mon gars ! T'es peut-être l’héritier d'une tante éloignée morte au Luxembourg, va savoir. Le fait est que là, maintenant, t'es riche. "

Théo s'évertuait à me rappeler l'évidence. Oui, j'étais riche. Depuis quelques minutes, mais je l'étais. Oui, j'avais un large éventail de choix à ma disposition. Et oui, une telle somme signifiait pour moi la fin des problèmes, d'une bonne partie, du moins. Seulement voilà, je n'y croyais pas. Je ne croyais pas à tout ça. Ca n'était de toute évidence pas une mauvaise blague. Alors à quoi cela rimait-il ? Qui était l'auteur de la lettre anonyme ?

J'arrêtai de tourner dans tous les sens et m'assis sur le canapé. Théo vint me rejoindre. Je m'allumai une cigarette. Je ressentais vraiment le besoin d'en fumer une.

" - Je sais pas. J'aime pas ça. C'est peut-être un coup des stups ou de la BAC. Va savoir.

- Hein ? Mais arrête tes conneries, c'est pas parce que t'as un peu dealé et que tu consommes encore un peu que les condés vont se mettre à te surveiller. Et puis, sérieusement, t'es pas un cartel, gars. Jamais ils utiliseraient un million, même fictif, pour t’appâter. T'es riche, point. Si le donateur veut jouer au mystérieux, grand bien lui fasse, mais t'as aucune raison de te priver. C'est plus son argent" , m'expliqua Théo, rationalisant un peu la situation.

Je ne sais pas. Il n'a pas totalement faux. Et puis, après tout, c'est vrai, qu'est-ce peut ça peut bien foutre ? Quand on tombe sur un billet de cinq euros dans la rue, on le ramasse et on le garde pour nous, on ne cherche pas à savoir à qui il appartenait. Même chose avec cette affaire du camion brinks ayant perdu un pactole sur l'autoroute. On s'approprie l'argent sans chercher à y trouver quelque chose de logique. Mais une chose demeurait étrange. Le contrat. Et quel contrat ?

La journée passa rapidement. Théo m'expliquait le réseau de drogue qu'il aurait mit en place s'il avait mon million, et nous avions fêté la nouvelle en commandant un grand cru vieux d'une soixantaine d'année. J'avais gardé une bouteille de côté pour le retour d'Emma. Et, très honnêtement, elle eut un peu de mal à accepter la nouvelle. Elle n'y croyait pas, au départ, puis voulait tout réguler, ensuite. " Economise-le" par-ci, "Ne dépense rien ! " par-là. Elle avait raison, dans le fond. Mais merde, le goût de l'argent trainait dans le fond de ma gorge depuis tout petit. Et maintenant que j'en ai en abondance, m'en priver était un véritable calvaire.

Nous avions exceptionnellement commandé un repas luxueux pour accueillir dignement la bonne nouvelle. Puis, au cours du repas, dans une ambiance tamisée, Emma songeait à avoir une longueur d'avance.

" - J'ai un peu réfléchi, et toute cette histoire est évidemment louche. Mais le plus étrange, c'est la clause de confidentialité qui te lit apparemment à ce contrat. Tu vas me prendre pour une parano, mais honnêtement, il vaudrait mieux prendre un avocat, ou mieux, un détective privé chargé d'enquêter. Comme ça, on contourne le problème de fiscalité, et surtout, les éventuels soucis judiciaires. Rien ne nous dit qu'on essaie pas de te piéger avec de l'argent sale pour te faire porter le chapeau. Donc, dès demain, plus de dépenses avant de connaître l'identité du donateur et surtout la raison d'une telle offre. "

Elle parlait avec aisance, après chaque bouchée. C'est pour ça que je l'aimais. Elle avait l'art de pointer directement les problèmes et leurs éventuelles solutions, quand je pataugeais dans un océan d'alternatives floues et surréalistes. Nous essayions de mettre cette histoire dans un coin de notre tête pour la soirée, mais même devant un film, il n'y avait rien à faire. Ma pensée était focalisée sur l'argent. Encore l'argent, toujours l'argent. Je cherchais à comprendre, balayant mentalement chacune de mes connaissances. Et, probablement à cause du stress, je commençais à avoir un important mal de tête aux alentours de minuit. Quand je fermais les yeux, c'était comme si le son se tordait jusqu'à ressembler à un courant d'air. Et ma tête tremblait, comme sur un bateau chancelant, en train de couler. Cette sensation persista pendant une bonne heure. Quand la douleur se dissipa, j'allais me coucher, songeant à tout ce que je m’achèterai demain. Emma avait posé des règles, mais les règles ne sont-elles pas faites pour être transgressées ?


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