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Sunrise


Par : Sheyne
Genre : Action, Polar
Statut : C'est compliqué



Chapitre 17 : Chapitre 9 - 1/1


Publié le 15/01/2014 à 18:31:15 par Sheyne

« Désolé, mais on ne peut rien pour vous. Le service des plaintes est ouvert de seize heures à dix-huit heures, le lundi et vendredi. Revenez donc sur l'un de ces créneaux.»

La procédure était claire. Le policier était un bon flic, il respectait donc la procédure :

« Écoutez... Si ça vous titille tant que ça, on peut toujours effectuer un dépôt, qui sera traité sous sept jours.»

Après tout, rien ne concernait les dépôts dans le manuel. La procédure n'était pas claire, il pouvait donc ne pas la respecter... Mais pas autant ! Euh... Pas autant que quoi ? Là-dessus aussi, la procédure n'était pas claire, et c'était tant mieux !

Frustré, Walter implora, les larmes aux yeux :

« Je vous en prie ! Ma femme a disparu, elle... Elle a été kidnappée...»

La lumière terne grésillait légèrement dans le commissariat. Là où ça faisait « tic», c'est que ce n'était qu'un bâtiment de quartier, chargé de vérifier les parcmètres, d'effectuer les contraventions, de relever les plaques d'immatriculation... Enfin tout ça quoi. Ils n'étaient absolument pas formés pour faire face à un mythomane en force. Dans le silence naissant, les deux policiers se regardèrent sans un mot.
Brusquement, ils implosèrent, partant d'un violent rire gras, l'un d'un pouffa :

« Et comment vous savez ça ? Ça fait combien de temps que vous ne l'avez pas vu ? Et puis par qui elle a été kidnappée ? On va ouvrir une enquête immédiatement, on aura besoin du maximum d'informations pour mettre nos meilleurs hommes dessus, je connais personnellement une quinzaine d'inspecteurs qui seraient ravis de vous aider !»

Bordel, ces deux abrutis de flic donnaient une sacrée image des forces de l'ordre... Mais il n'avait pas le choix... Il devait les convaincre qu'il disait vrai, et se faire protéger. Lorsque les grilles s'étaient refermées, elles s'étaient stoppées juste à temps, s'ouvrant à nouveau pour le laisser sortir... Il s'en était fallu d'un cheveu, son dernier rétroviseur avait explosé... ça ne pouvait pas être une coïncidence, il y avait forcement quelque chose là dessous... Et au vu des caméras, ils savaient qui il était. Ils tenaient sa femme, ils le tenaient lui !

Lui qui se moquait de mourir quelques instants plus tôt... Lui qui avait manqué de se suicider... Il ne pouvait rien faire d'autre qu'espérer, prier pour arriver à les persuader de sa bonne foi :

« Écoutez, je sais exactement qui l'a kidnappée, et qui retient en otage plus de quatre cents personnes. Je suis au courant du plus grand complot de tous les temps, et si vous daignez m'écouter, je vous relaterais tout, vous serez sans doute promus !»

Avec ça, il était certain de les tenir, au moins de les appâter pour qu'ils écoutent avec sérieux. Mais le résultat fut tout autre. Redoublant de puissance, leur hilarité atteignit des sommets. Le premier des deux, légèrement grassouillet tomba à la renverse, s'écroulant de sa chaise, tandis que le second plié en deux s'esclaffait, avec la voix de la raison :

« Vous savez, vous êtes une véritable aubaine, on s'ennuie tellement ici... Mais à votre regard dépité, on pourrait penser que vous croyez à votre propre histoire, alors j'ai un scoop pour vous. Votre femme s'est juste barrée pour coucher avec un autre type ! C'est dur à accepter, mais on a un minimum de vingt-quatre heures pour déclarer disparu. La procédure, vous voyez ? Demain matin elle sera revenue, prétextant être allée faire les courses, c'est la vie ! Faut vous y faire, il y a pas mal de failles spatio-temporelles au supermarché.
— Mais pour qui vous me prenez ?! Walter explosait. Ce n'est pas une pute comme vous semblez le penser ! Elle est raffinée, fidèle, douce et aimante ! Mais là n'est pas la question, elle est retenue prisonnière à la NASA headquarter ! Je le sais, bordel, j'y étais !»

Les forces de l'ordre à présent bien en place sur leurs fauteuils ne riaient plus du tout. Leurs yeux, baignés de reproches le fixait en être méprisable. Pour toute réponse, il n'eut le droit qu'au pire :

« C'est votre voiture garée devant la fenêtre ?
— Oui... Pourquoi ?
— Il vous manque deux rétroviseurs, je vais vous verbaliser. C'est pour votre bien.»

Walter prit peur, un ton tremblant s'éleva avec peine. Il tenta :

« Mais... je vais tout vous dire... Il faut m'écouter, me protéger... J'ai besoin d'aide...
— Ou alors... poursuivit l'autre, vous pouvez nous payer en nature ; juste dégager votre sale gueule. La réunion exceptionnelle de la NASA est passée aux infos ! Ici on bosse dur, on planche sur de véritables affaires, on a déjà deux vols de deux roues, et une contravention impayée, alors je vous prierais de sortir immédiatement ! C'était sympathique, mais nous avons perdu assez de temps à écouter vos conneries !»

L'échange n'avait duré que quelques minutes. Un psychopathe bon à interner... voilà pour qui... non... pour quoi ils le prenaient !
Claquant violemment sa portière en manifestation de haine, Walter mit le contact. Ses doigts agités tripotèrent le miroir du pare-brise. Les deux abrutis le surveillaient derrière lui, à travers la fenêtre. Lui qui espérait emboutir une de leurs bagnoles, c'était raté...

Pour une fois, il prit bien son temps pour rentrer chez lui. Usant la route à grands coups de freins, ralentissant tant que possible. Si cette journée semblait avoir duré des semaines, sa soirée promettait l'éternité. La maison serait entièrement vide à son arrivée... Tristement morne, un avant-goût de l'au-delà... Loin de son épouse, il dormirait seul cette nuit. S'il parvenait à fermer les yeux.

Il n'avait jamais était aussi vivant et rayonnant qu'aujourd'hui. C'est tellement paradoxal, mais à présent il se rendait compte d'une chose : on n’a jamais vraiment vécu qu'avant l'annonce de sa mort... Alors, seulement, on se rend compte à quel point on a raté notre vie, combien on aurait pu profiter plus encore, au lieu d'avoir peur des conséquences...
Toutefois, il savait n'être plus le seul dans son cas. Bien que personne ne soit au courant...

Walter soupira, désespéré. Il se sentit soudain coupable. Coupable d'avoir souhaité leur mort ce matin. C'était un peu comme si une malédiction qu'il aurait lancée prenait forme...
Mais de toute manière, il leur annoncerait, dévoilerait cette vérité aux yeux du monde ! Ce que la NASA tentait de faire ! Avant de mourir, il leur devait bien ça ! Il réparerait cette injustice, et peut être les sauverait tous... Il tenait enfin là l'occasion de faire quelque chose de grand de sa pitoyable existence !

Freinant légèrement, l'allure de sa voiture se fit encore plus posée. Son avenue approchait.

Ses yeux s'écarquillèrent, sa bouche s'ouvrit de stupéfaction. À moitié camouflée par l'ombre, une personne s'avançait à travers le jardin, rentrant dans son allée.
Le souffle court, son cerveau cessa de fonctionner. Ils l'avaient retrouvé, venaient pour le tuer. Personne n'échappe à la liste de la mort...

À travers l'obscurité de ses émotions, l'homme se plia en deux, vomissant ses poumons ; vrillé d'un éclat sanglant, il éructait misérablement.


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