Note de la fic : :noel: :noel: :noel:

Cent jours


Par : MonsieurClayton
Genre : Sentimental
Statut : C'est compliqué



Chapitre 1 : Première partie.


Publié le 04/08/2011 à 12:29:47 par MonsieurClayton

[c]ELLE[/c]

On m'a raconté il y a longtemps l'histoire d'une courtisane à qui un ménestrel faisait la cour. La jeune femme l'appréciait, mais se méfiait des hommes. Ainsi, pour mesurer ses sentiments, elle lui imposa de rester cent nuits devant son balcon à attendre. Au matin de la centième nuit, elle se donnerait à lui. Le ménestrel accepta et vint le soir même s'asseoir sous le balcon. Les nuits passèrent. Une dizaine, une vingtaine, une trentaine. La jeune femme croyait de plus en plus en l'amour que lui portait le musicien. Mais au matin de la quatre-vingt-dix-neuvième nuit le ménestrel se leva et quitta le jardin de la courtisane pour ne jamais revenir.
Je trouvais cette histoire sotte jusqu'au jour où j'ai moi-même éprouvé la trahison d'un homme. Je compris alors ce que cette femme a voulu vérifier.

[c]LUI[/c]

Je la regardais tous les matins quitter peu avant moi son appartement. Juste en face du mien. Je doute cependant qu'elle m'ait jamais remarqué. Je ne la trouvais pas seulement belle, ou attirante. J'avais l'impression qu'elle absorbait tout l'espace autour d'elle, si bien qu'elle se mêlait parfaitement à lui et qu'elle apparaissait comme le point central du monde, là où mon regard devait se poser, là où mes pas devaient me mener. Jamais je n'avais osé lui parler. Ce n'était pas tant le fait qu'elle soit déjà en couple qui me freinait, mais garder notre relation dans le domaine du fantasme me donnait l'impression de posséder un trésor inestimable, qui n'appartenait et n'appartiendrai qu'à moi. Il était parfait, et personne ne pouvait le souiller.
Vint cependant le jour où elle se sépara de son ami. Je les voyais se disputer. Je la voyais le supplier. Et, alors que je n'avais jamais éprouvé un quelconque sentiment négatif à son égard, je le haïssais. Ma relation avec elle bascula brutalement du fantasme au concret. Je voulais la protéger.
J'attendis que le type quitte l'appartement pour le suivre. Quand le bon moment se présenta, je posai ma main sur son épaule. Il se retourna. J'écrasai immédiatement mon front contre son nez et parti aussitôt. Lui était au sol et se tenait le nez dans les mains.

[c]ELLE[/c]

Il frappa à ma porte le lendemain de ma rupture. Il était un peu plus âgé que moi, plutôt beau, et il se montra très sympathique. Il se présenta comme étant le voisin d'en face. Je ne l'avais jamais vu. Il me dit qu'il avait assisté à ce qu'il s'était passé la veille et que, ayant vécu quelque chose de semblable, il voulait m'aider. Je lui préparais un café. Puis un autre, et encore un autre. Nous parlâmes pendant des heures. Il m'offrit un verre au bar du coin, et notre conversation se poursuivit tard dans la nuit. Nous discutions de tout et de rien. Et j'avoue m'être sentie à l'aise avec lui. Je n'arrivais cependant absolument pas à lui faire confiance. Comme j'aurais été incapable de faire confiance à n'importe quel autre homme.

[c]LUI[/c]

Ma relation avec elle commençait très bien et j'aurais presque pu m'en accommoder. Je lui montrais mes meilleurs côtés, affichais à quel point j'étais passionné par la littérature et le cinéma sans être enfermé dans ces intérêts. Je la faisais rire, la taquinait. Très vite nous étions devenu très proche. Mais je réussissais habilement à ne pas être considéré comme un ami. Un mois passa ainsi sans que nous nous perdions de vue pendant plus d'une semaine. Elle cherchait elle-même régulièrement à me voir quand je ne donnais volontairement plus de nouvelles. J'étais heureux. Mais je voulais plus. Plus je me rapprochais d'elle et plus j'avais envie d'être avec elle. J'avais continuellement l'envie de l'embrasser, de la prendre dans mes bras. Et je du me retenir plusieurs fois pour ne rien tenter. J'étais cependant persuadé que cela arriverait tôt ou tard.
Le moins que l'on puisse dire, c'est que lorsque cela arriva, sa réaction me surpris au plus haut point.
Nous étions chez elle. La chaine hi-fi passait un disque que je lui prêtais et que j'avais très spécialement choisis pour l'occasion. La sensualité du rythme et de la musique ne pouvait que m'amener vers un résultat concluant. Profitant d'un silence, je pris sa main. Je me rapprochais doucement d'elle, sans la quitter des yeux. Un léger sourire se dessinait sur nos visages. Et, enfin, nous nous embrassâmes. Cet instant me paru durer une trop courte éternité. Je me sentais traversé d'un sentiment unique. Sa langue avait l'effet d'un drap chaud qui glissant le long de mon corps. Son odeur m'enveloppait intégralement. Et, finalement, elle s'écarta en me poussant doucement avec la paume de sa main. Elle me dit d'attendre, qu'elle ne se livrerait à moi qu'à une seule condition. Je me sentais capable de tout accepter. Et c'est ce que je fis.

[c]ELLE[/c]

Je ne voulu pas lui raconter l'histoire de la courtisane. Mais je décidai de l'adapter. Je pensais qu'aujourd'hui il en fallait plus pour tester la véracité des sentiments d'un homme. Je lui expliquai qu'il ne m'aurait que s'il attendait dans un endroit clos pendant cent jours. Il ne compris pas tout de suite. Je lui apporterais à manger et à boire tous les jours. Il aurait tout ce qu'il faut. Mais il ne devait en aucun cas quitter la pièce. Il me regardait avec des grands yeux, incrédule, pensant que je blaguais. Mais il accepta dès qu'il compris que j'étais sérieuse.


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