Lundi, 7h00.
Mon réveil sonne, je me lève seul, contrairement aux autres, ce matin, je n’ai pas de mère pour venir me faire la morale parce que je me suis couché tard hier. Certains aimeraient peut-être être à ma place, mais vivre seul, sans parents, est une chose très difficile à supporter. Surtout quand on a grandi avec des parents pareils.

Bref ce matin, c’est la rentrée au lycée, je dois ne pas me louper, et encore moins déprimer. Après tout, ce n’est pas ma première rentrée en seconde mais bon, faut faire bonne impression dans ce nouveau lycée. L’orphelinat dans lequel j’ai grandi m’a autorisé a vivre seul a condition d’être suivi régulièrement, j’entretient donc le rêve de nombreux ados de 17 ans, rêve qui ressemble pour l’instant davantage à un cauchemar pour moi. Je me lave et m’habille rapidement, attaque une biscotte de Nutella et sors de mon petit studio, direction l’arrêt de bus.
Je m’assoie et attend patiemment, mon casque sur les oreilles, tandis que j’aperçois au loin une fille qui doit avoir à peu près mon âge se diriger vers l’arrêt. Cheveux châtains, à peu près 1m70, assez banale somme toute, habillée jean, débardeur, bref, comme les ¾ des filles de notre époque.

-« Excuse moi, c’est bien ici que le bus pour le lycée Duteil passe ? »
-« Normalement oui »
-« D’accord merci, je peux m’assoir ? »
« S’tu veux… »

Elle s’assoie et commence à griller une clope, m’en propose une, je refuse en grimaçant, encore une qui fume pour se faire des copains copines…

-« Alors t’es nouveau dans le coin ? »
-« Pas vraiment ? »
-« T’es pas très bavard, c’est la rentrée qui fait ça ? »
-« Peut-être… »
-« On va peut être dans la même classe, t’es bien en seconde ? »
-« Ouais ouais »

Pff, qu’est ce qu’elle peut être chiante, je m’en fous de savoir si on sera dans la même classe, en fait, non, j’espère vraiment qu’on ne sera pas ensemble.
Le bus arrive et je me dirige vers le fond, et m’assoie entre une vieille et un gosse qui doit certainement débarquer au collège. Ne sachant pas quoi faire, je l’observe discrètement, et le vois sortir un Iphone, le gosse doit avoir à peine 13 ans, affligeant… Encore un fils a papa.
Pour éviter de passer pour un pédophile, je braque mon regard dehors, même le soleil n’arrive pas à donner a cette ville un air joyeux, tout est gris, morose, ou peut-être que c’est moi qui voit les choses comme ça.
Au loin, j’aperçois mon lycée, le même que dans mes souvenirs. En effet, j’ai grandis dans cette ville, avant que tout dégénère, que mon monde se brise, et que mes parents commettent l’irréparable.
Et merde, je ressasse encore le passé, c’est pas ça qui va m’aider à avancer…