A 16h, je décida d'aller voir mon frère. Il habitait à 500m de mon appartement ce qui étais agréable. J'avais passé mon près-midi à dormir, tant les toilettes de l'aire d’autoroute étaient inconfortables. Je m'étais trouvé un smoking qui était à mon goût beaucoup plus joli que l'ancien (que j'avais d'ailleurs mis au sale sans autres formes de procès). J'aurais eu l'air parfaitement normal si mes cernes ne me faisaient pas une belle paire de lunettes de soleil. Je flâna un peu dans les rues et fini par arriver chez mon frère. Il vivait dans un petit appartement avec la future-mariée depuis 5 ans. Mon frère n'aimant pas le changement, il n'avais jamais songé à changer d'appartement, même si celui-ci était devenu trop petit pour deux et dans un quartier peu recommandé pour un jeune couple. Le hall était poussiéreux, quelques boites aux lettres avaient été éventrées à coups de couteau et l’ascenseur ne marchait plus depuis longtemps. Un vieux vélo était posé contre un mur. Il manquait la roue avant. Je monta l'escalier (les marches étaient affreusement petites, il m'était arrivé d'y tomber quand je rentrais dans le noir et que l'éclairage était bousillé). Sur le palier, je frappa à la porte numéro 2. La porte numéro 1 avait été murée, cela assurait à mon frère une certaine tranquillité. Je frappa et un petit homme m'ouvrit, l'air chétif et un peu apeuré. Il me dévisagea une dizaine de seconde avant de lâcher un timide : « Vous désirez ? »

-J'viens voir Craig. Craig Cooper.
-Je...qui le demande ?
-Son frère. Henry Cooper.

L'homme réfléchit une longue minute. Le genre de minute gênante où, ne sachant que faire, on regardais ces pieds ou comptait le nombre de crénelures dont était doté le papier peint. Puis, il me jeta un regard qui signifiait clairement « ne me tuez pas » avant d 'en finir : « Connais pas ».

-Mais...il habite ici. Avec sa compagne, Jena. Une grande blonde.
-Écoutez...j'habite ici depuis 7 ans et je peut vous assurer que je n'ai jamais entendu de « Cooper » et encore moins vu de grande blonde. A part des dealeurs et des camés ici...

Je poussa alors le vieil homme qui, de toute façon était bien trop petit pour me faire du mal. J'étais jamais entré dans cet appartement. La décoration, le mobilier et même la taille et la disposition des pièces n'était pas le même. Je n'étais pas chez mon frère et pourtant, j'étais chez lui.
Je m'assis sur une table et réfléchis. Je n'étais pas dans un rêve ni sous l'emprise d'alcool. « Bordel, mais qu'est ce qui m'arrive ? ». Le vieil homme me rejoint et, armé d'une canne, me dit « Monsieur, bien que vous n'ayez pas l'air hostile, je vous prie de partir avant que je n'ai besoin d'appeler la police » . Je me leva et sortit. J'entendis le vieil homme fermer la porte à double tour et mettre un loquet. Je m'assis sur les marches de l'escalier. « Arrêter de m'observer par le judas si vous voulez pas que je vous botte le cul » grondais-je en direction de la porte numéro 4. J'entendis des pas qui partirent dans la direction opposés. J'allumai une cigarette et réfléchis. Je savais pas où était mon frère mais si je le retrouvais, j'allais lui faire regretter de m'avoir fait loué un costume à 30$ pour rien.