À feu et à sang.
Par : humx_xchantilly
Genre : Sentimental , Fantastique
Status : C'est compliqué
Note :
Chapitre 2
Toi que j'aimais tant
Publié le 05/07/11 à 03:32:24 par humx_xchantilly
Alice gara sa voiture dans une rue à l’entrée du centre-ville de Dreux, puis continua à pied. Elle marchait d’un pas vif et passa la boutique d’un opticien, dont la vitrine était principalement constituée de miroir. Elle jeta un coup d’œil discret pour vérifier sa tenue, puis arriva dans la Grande Rue. Elle jeta un regard rapide à sa montre : dix heures moins cinq, elle avait cinq minutes d’avance.
Elle fixa la terrasse du Grand Café, essayant de repérer son père. Ne l’apercevant pas, elle poussa la porte et rentra. Elle vit tout de suite son père, qui était à une table près de l’entrée.
Henry Coolst était un homme d’une cinquantaine d’années, au bronzage artificiel qui lui donnait l’air de passer sa vie dans les îles. Il avait les cheveux châtain foncé, grisonnants sur les côtés. La plupart du temps un cigare à la main, il devait sa fortune à son agence immobilière aux Etats-Unis, une affaire florissante.
Il se leva pour la saluer, tout de suite imité par l’homme assis en face. Ce dernier se retourna, et… Non, c’est impossible, pensa Alice, qui avait cessé de respiré, sous le choc. Elle se trouvait à un peu moins d’un mètre de cet homme, de ce visage et de ce sourire.
Son père prit la parole, pensant bien faire :
- Alice, je te présente… commença-t-il.
- Eymric ? l’interrompit Alice d’une voix blanche. Eymric, comment est-ce que… ?
Elle ne parvint pas à finir sa phrase. Se rendant compte du malaise qu’elle avait installé, elle se détourna de l’homme pour faire la bise à son père. Pendant qu’ils s’asseyaient, Alice garda son regard fiché sur son « éditeur », insouciante de la gêne apparente que cela provoquait chez lui.
Il n’avait pas changé, à part cette barbe qui mangeait le bas de son visage, il avait le même visage de gamin qui, six ans auparavant, la faisait craquer. À l’époque, il avait dix-sept ans, et une crinière blonde encadrait son visage d’ange, aujourd’hui coupés un peu plus court, il n’en était pas moins un très bel homme.
Submergée par les souvenirs, elle ne vit pas que le serveur était arrivé. Son père toussota, la ramenant du même coup à la réalité. Elle s’excusa et annonça qu’elle ne prenait rien. Après que les deux hommes aient passé leur commande, le père d’Alice prit la parole, légèrement bredouillant:
- Alors c’est une sacrée coïncidence ! Vous vous connaissez, d’après ce que j’ai pu constater, je peux savoir d’où ?demanda-t-il avec une curiosité non feinte.
- Oh, c’est-à-dire que… commença Alice.
- … le lycée ! s’écria Eymric.
- Oui, le lycée, renchérit Alice, lançant un regard entendu à Eymric, qui lui aussi semblait ne rien vouloir dévoiler de leur histoire. Nous nous sommes rencontrés lors d’un échange sportif entre nos lycées.
- Mais, ma chérie, tu n’a jamais fait partie d’un club de sport, si ? s’étonna son père, dubitatif.
Alice se mordit la lèvre. Son père ne devait pas savoir ce qui s’était passé six ans plus tôt. La blessure était encore trop fraîche pour l’aborder ouvertement aujourd’hui. Elle s’éclaira soudain, après une courte réflexion :
- J’étais venue voir Amanda faire son tournoi de hand. Et Eymric…
- … on est devenus amis très vite. C’est Amanda qui nous à présentés. On est sortis ensembles en Terminale.
- Non ! On n’est pas sort… euh… non… c’était en Première je crois…hein ? tenta-t-elle de se rattraper, fusillant Eymric du regard, furieuse qu’il ait osé dire ça.
- En première, oui, approuva Eymric, en souriant à Alice.
- Oh et bien c’est génial, ça vous permettra de renouer, plaisanta Henry tout en lançant un clin d’œil à Alice, n’ayant apparemment pas remarqué sa gêne. En plus, j’ai proposé à M. Loyle de s’installer momentanément chez toi le temps qu’il trouve un logement. Naturellement, cela ne te pose aucun problème, n’est-ce pas Alice ?
Elle ne répondit pas tout de suite, furieuse. Son père osait lui imposer ça. Elle ne pouvait pas mettre sur le tapis le manque de place, c’était Henry qui avait fait bâtir la villa, il la contredirait tout de suite, énumérant les chambres d’amis. Elle secoua donc la tête, signe qu’elle ne s’y opposait pas, de peur que sa voix ne trahisse son énervement.
- C’est formidable !s’exclama gaiement Henry. Je vous laisse les jeunes, je dois passer à mon hôtel récupérer mes bagages. Je repars en Californie ce soir, et je ne veux pas être en retard à l’aéroport, sachant que j’ai pas mal de choses à faire d’ici là. (Il déposa un baiser sur la joue de sa fille) Alice ça m’a fait très plaisir de te permettre, involontairement certes, de revoir ton ami. C’était agréable de passer un peu de temps avec toi. (Il se tourna vers Eymric, souriant :) J’ai été très heureux de passer ce peu de temps avec vous, ravi que le roman de ma fille vous ait plu.
- Au revoir Monsieur, c’était un plaisir partagé, déclara Eymric, lui aussi tout sourire.
- Bye Papa. À bientôt… j’espère, dit Alice, sachant malgré tout qu’elle ne le reverrait probablement pas, à cause de son travail, avant plusieurs mois.
M. Coolst s’empressa de sortir du café, leur adressant un signe de la main du dehors. Alice se retrouva face à Eymric, qui lui aussi, n’en menait pas large, et avait cessé de sourire. Elle était furieuse contre son père de lui avoir imposé cette situation. Mais elle allait au moins avoir ce qu’elle espérait depuis six ans maintenant : des réponses.
Elle le regarda dans les yeux, puis dit :
- Je suppose que tu n’a pas de voiture non plus ?
- Tout juste, répondit-il d’une toute petite voix.
- Et bien, aucune importance, je t’emmène avec moi à la maison. Mais ne compte pas sur moi pour jouer les taxis si tu veux courir à droite à gauche…
- Ce n’était pas mon intention.
Sa voix était froide, le fait qu’elle s’adresse à lui de la sorte semblait l’avoir vexé. La collocation promettait d’être fort agréable.
Ils rejoignirent la petite Clio verte silencieusement, ni l’un ni l’autre n’était apparemment gêné par ce silence. Eymric proposa de conduire, ce à quoi Alice n’avait rien à redire. Elle alluma donc son téléphone pendant le trajet, pas le moins du monde surprise de constater qu’Amanda lui avait envoyé trois SMS.
Le premier disait : Je t’avais dit que ça finirait par arriver ! Tu vois ! À mon avis, cela annonce une surprise prochaine. Mon livre pour interpréter les rêves le confirme. Pour moi, le meilleur moyen de faire cesser ton angoisse vis-à-vis de ton mystérieux ex serait de le retrouver et de parler avec lui. Bisous, Amanda.
Alice soupira, se disant qu’Amanda allait être aux anges en apprenant que le mystérieux ex en question se trouvait à quelques centimètres seulement d’elle. Elle soupira en ouvrant le second message : Pourquoi tu réponds pas ? .Et le dernier : T’es toujours en RDV ?
Elle pianota sur le clavier de son portable et envoya simplement : Je t’appelle ce soir, j’ai quelque chose à te dire. PS : inutile de me supplier, tu ne sauras rien avant mon appel. Satisfaite, elle éteint son téléphone et le fourra dans la poche de son manteau.
La voyant sourire, Eymric crut entrevoir une occasion de détendre l’atmosphère et lança :
- Ton chéri te harcèle ?
- Non, rigola-t-elle.
- Tu n’as personne, enfin je veux dire…
- Hé ! Ca ne te regarde pas, répondit-elle riant toujours.
Voyant qu’il attendait réellement une réponse, elle ajouta :
- Non, personne, je n’ai ni le temps, ni l’envie pour le moment.
Cette réponse parut le satisfaire, car il n’ajouta rien. Alice profita de l’ambiance propice pour lui dire franchement :
- Tu réussis toujours à me faire rire, pourtant…
- Pourtant ? demanda-t-il.
- Je suis furieuse contre toi, et tu sais que j’ai raison de l’être.
Elle avait dit cela en regardant droit devant elle, évitant soigneusement son regard. Il ne répondit pas, semblant profondément plongé dans ses pensées.
Ils arrivaient en vue de la villa et Alice décida d’attendre d’êtres posés devant un café pour poursuivre la discussion.
Eymric se gara, toujours absorbé dans ses pensées, visiblement. Alice appuya sur sa télécommande et le portillon s’ouvrit pour les laisser entrer, se refermant derrière eux.
La villa avait été entièrement équipée durant sa construction de caméras au dehors et tout était électrique, si bien que sans la télécommande, personne ne pouvait entrer. Ainsi, aucun risque que quelqu’un force une serrure, étant donné qu’il n’y en avait pas.
Après avoir suivi l’allée qui menait à la maison en elle-même, elle appuya sur un autre bouton de sa télécommande et déverrouilla la porte. Ils pénétrèrent dans l’entrée et posèrent leurs manteaux sur les patères de fer forgé qu’Alice avait acheté la semaine précédente. Elle alluma les lampes, n’ayant pas jugé nécessaire d’ouvrir les volets ce matin. Elle l’invita à le suivre et lui montra la chambre qu’il occuperait, où il déposa sa valise. C’était la plus petite des trois chambres d’amis, meublée simplement d’un lit et de sa table de nuit, d’une commode et d’un bureau, l’ensemble du même bois sombre. Les murs étaient nus, blancs et la pièce était impersonnelle au possible. Alice espérait que ça découragerait son invité de rester trop longtemps.
Ils passèrent ensuite à la cuisine où ils s’installèrent sur les hauts tabourets du bar, tandis que la machine à café préparait deux capuccinos. Alice dévisagea l’homme qu’elle n’avait pas revu depuis six ans, et qui allait vivre sous son toit à durée indéterminée. Elle ne se rendait compte de l’énormité de la chose que maintenant. Elle le contempla, et dit, d’un ton rêveur :
- Tu n’as pas changé, tu sais ?
Il ne répondit pas tout de suite, malgré que la remarque ait ressuscité son sourire. Il semblait encore absorbé par ses pensées, néanmoins, il répondit :
- Toi non plus. Tu es toujours la même, rigola-t-il.
- Oh que non, répliqua Alice. J’ai changé en beaucoup de choses.
Les capuccinos étaient prêts. Elle en déposa un devant Eymric et porta l’autre tasse à ses lèvres. Le liquide lui brûlant la langue. Elle grimaça, puis poursuivit :
- Tu me trouve inchangée à ce point-là ?
- Oui, tu es la même, en tous points, il sourit à ces mots.
Alice ne répondit pas. Son ton l’avait fait rêver. Pendant quelques instants, elle s’était revue lorsqu’elle avait seize ans, pendue à son cou, buvant ses paroles. Elle pinça les lèvres. Aujourd’hui, elle ne le laisserait pas la détruire une seconde fois. Elle dit :
- Je crois que j’aurais préféré que tu changes… au moins, je pourrais te voir sans repenser à nous…
- Je ne comprends pas, tu as l’air ne pas être heureuse de me revoir…, dit-il d’une voix où perçait l’étonnement.
- Heureuse.., répéta-t-elle, heureuse ?! Tu es revenu, et tu pensais que je serais heureuse ? s’écria-t-elle, soudain furieuse qu’il puisse être aussi naïf.
Soudain, Alice entrevit une possibilité qu’elle n’avait pas imaginée avant.
- Tu es revenu pour moi ? demanda-t-elle soudain, essayant de se calmer.
- Qu’est-ce que tu veux dire ?
- Tu savais, … je veux dire… moi je ne savais pas,… je ne connaissais pas ton nom. Toi tu…
- Tu crois vraiment que je serais venu pour ton livre ? rigola-t-il. Je ne l’ai même pas ouvert.
Il partit à rire, il semblait trouver cela très drôle. Lice sentit le rouge lui monter aux joues, en même temps que sa colère, il se moquait ouvertement d’elle dans sa propre maison. C’en était trop.
- Sors immédiatement de chez moi.
Elle avait dit cela en essayant de se contenir, mais son énervement était visible dans sa voix. Il la regardait sans comprendre, et elle ne put pas se retenir, elle cria :
- Dehors !
Il se leva, un air résigné sur le visage. Il récupéra son manteau, s’autorisa un dernier sourire et referma la porte de l’entrée. Alice se laissa tomber à genoux, laissant couler les larmes qu’elle n’avait pas la force de contenir.
Elle réalisait à peine ce qui venait de se passer. Cela n’avait plu aucune importance. Les larmes coulaient sur ses joues sans vouloir s’arrêter. Elle était secouée de violents sanglots lorsque tout à coup on entendit une sorte d’explosion, puis, toutes les lumières s’éteignirent.
Alice attendit, dans le silence et dans le noir. Elle avait arrêté de pleurer lorsqu’elle se releva, cherchant à tâtons la fenêtre pour ouvrir les volets. Elle s’immobilisa, se rappelant soudain que toute la maison était automatisée, si l’électricité avait lâché, elle allait toujours pouvoir appuyer sur le bouton pour ouvrir ses volets.
Soudain, elle entendit un bruit étouffé derrière elle, puis quelque chose toucha son épaule. Elle hurla, tout en faisant volte face. Elle tomba en avant, déséquilibrée et totalement paniquée. Eymric la rattrapa adroitement, la remettant sur ses pieds. Elle s’éloigna d’un pas de lui, essayant de discerner ses traits dans la pénombre.
Il n’avait pas l’air en colère à ce qu’elle pouvait en juger. Elle entendait sa respiration, il était totalement calme, semblant attendre qu’elle prenne la parole. Ne sachant trop quelle attitude adopter, elle demanda, de la voix la plus neutre possible :
- Tu sais ce qui s’est passé ?
On aurait dit la voix d’une petite fille, effrayée par l’orage.
- Aucune idée, répondit-il. Mais arrivé au portillon, impossible de l’ouvrir. Je suis donc revenu, et, coup de chance la porte n’était pas complètement enclenchée ; j’ai pu entrer.
- Tu l’as refermée après être entré ? demanda vivement Alice, craignant le pire.
Voyant qu’il semblait ne pas comprendre, elle précisa :
- La porte, je veux dire, tu l’as fermée ?
- Et bien, oui je…
- Merde !
- Je… je dois t’avouer que je ne comprends pas tout là, déclara-t-il, d’une voix incertaine, craignant ce qu’elle allait lui apprendre.
Alice soupira, et finit par lui expliquer :
- La maison est entièrement automatisée, la porte, les fenêtres, l’éclairage.. Tout.
- Donc on est… enfermés ?
- Tout juste.
Elle fixa la terrasse du Grand Café, essayant de repérer son père. Ne l’apercevant pas, elle poussa la porte et rentra. Elle vit tout de suite son père, qui était à une table près de l’entrée.
Henry Coolst était un homme d’une cinquantaine d’années, au bronzage artificiel qui lui donnait l’air de passer sa vie dans les îles. Il avait les cheveux châtain foncé, grisonnants sur les côtés. La plupart du temps un cigare à la main, il devait sa fortune à son agence immobilière aux Etats-Unis, une affaire florissante.
Il se leva pour la saluer, tout de suite imité par l’homme assis en face. Ce dernier se retourna, et… Non, c’est impossible, pensa Alice, qui avait cessé de respiré, sous le choc. Elle se trouvait à un peu moins d’un mètre de cet homme, de ce visage et de ce sourire.
Son père prit la parole, pensant bien faire :
- Alice, je te présente… commença-t-il.
- Eymric ? l’interrompit Alice d’une voix blanche. Eymric, comment est-ce que… ?
Elle ne parvint pas à finir sa phrase. Se rendant compte du malaise qu’elle avait installé, elle se détourna de l’homme pour faire la bise à son père. Pendant qu’ils s’asseyaient, Alice garda son regard fiché sur son « éditeur », insouciante de la gêne apparente que cela provoquait chez lui.
Il n’avait pas changé, à part cette barbe qui mangeait le bas de son visage, il avait le même visage de gamin qui, six ans auparavant, la faisait craquer. À l’époque, il avait dix-sept ans, et une crinière blonde encadrait son visage d’ange, aujourd’hui coupés un peu plus court, il n’en était pas moins un très bel homme.
Submergée par les souvenirs, elle ne vit pas que le serveur était arrivé. Son père toussota, la ramenant du même coup à la réalité. Elle s’excusa et annonça qu’elle ne prenait rien. Après que les deux hommes aient passé leur commande, le père d’Alice prit la parole, légèrement bredouillant:
- Alors c’est une sacrée coïncidence ! Vous vous connaissez, d’après ce que j’ai pu constater, je peux savoir d’où ?demanda-t-il avec une curiosité non feinte.
- Oh, c’est-à-dire que… commença Alice.
- … le lycée ! s’écria Eymric.
- Oui, le lycée, renchérit Alice, lançant un regard entendu à Eymric, qui lui aussi semblait ne rien vouloir dévoiler de leur histoire. Nous nous sommes rencontrés lors d’un échange sportif entre nos lycées.
- Mais, ma chérie, tu n’a jamais fait partie d’un club de sport, si ? s’étonna son père, dubitatif.
Alice se mordit la lèvre. Son père ne devait pas savoir ce qui s’était passé six ans plus tôt. La blessure était encore trop fraîche pour l’aborder ouvertement aujourd’hui. Elle s’éclaira soudain, après une courte réflexion :
- J’étais venue voir Amanda faire son tournoi de hand. Et Eymric…
- … on est devenus amis très vite. C’est Amanda qui nous à présentés. On est sortis ensembles en Terminale.
- Non ! On n’est pas sort… euh… non… c’était en Première je crois…hein ? tenta-t-elle de se rattraper, fusillant Eymric du regard, furieuse qu’il ait osé dire ça.
- En première, oui, approuva Eymric, en souriant à Alice.
- Oh et bien c’est génial, ça vous permettra de renouer, plaisanta Henry tout en lançant un clin d’œil à Alice, n’ayant apparemment pas remarqué sa gêne. En plus, j’ai proposé à M. Loyle de s’installer momentanément chez toi le temps qu’il trouve un logement. Naturellement, cela ne te pose aucun problème, n’est-ce pas Alice ?
Elle ne répondit pas tout de suite, furieuse. Son père osait lui imposer ça. Elle ne pouvait pas mettre sur le tapis le manque de place, c’était Henry qui avait fait bâtir la villa, il la contredirait tout de suite, énumérant les chambres d’amis. Elle secoua donc la tête, signe qu’elle ne s’y opposait pas, de peur que sa voix ne trahisse son énervement.
- C’est formidable !s’exclama gaiement Henry. Je vous laisse les jeunes, je dois passer à mon hôtel récupérer mes bagages. Je repars en Californie ce soir, et je ne veux pas être en retard à l’aéroport, sachant que j’ai pas mal de choses à faire d’ici là. (Il déposa un baiser sur la joue de sa fille) Alice ça m’a fait très plaisir de te permettre, involontairement certes, de revoir ton ami. C’était agréable de passer un peu de temps avec toi. (Il se tourna vers Eymric, souriant :) J’ai été très heureux de passer ce peu de temps avec vous, ravi que le roman de ma fille vous ait plu.
- Au revoir Monsieur, c’était un plaisir partagé, déclara Eymric, lui aussi tout sourire.
- Bye Papa. À bientôt… j’espère, dit Alice, sachant malgré tout qu’elle ne le reverrait probablement pas, à cause de son travail, avant plusieurs mois.
M. Coolst s’empressa de sortir du café, leur adressant un signe de la main du dehors. Alice se retrouva face à Eymric, qui lui aussi, n’en menait pas large, et avait cessé de sourire. Elle était furieuse contre son père de lui avoir imposé cette situation. Mais elle allait au moins avoir ce qu’elle espérait depuis six ans maintenant : des réponses.
Elle le regarda dans les yeux, puis dit :
- Je suppose que tu n’a pas de voiture non plus ?
- Tout juste, répondit-il d’une toute petite voix.
- Et bien, aucune importance, je t’emmène avec moi à la maison. Mais ne compte pas sur moi pour jouer les taxis si tu veux courir à droite à gauche…
- Ce n’était pas mon intention.
Sa voix était froide, le fait qu’elle s’adresse à lui de la sorte semblait l’avoir vexé. La collocation promettait d’être fort agréable.
Ils rejoignirent la petite Clio verte silencieusement, ni l’un ni l’autre n’était apparemment gêné par ce silence. Eymric proposa de conduire, ce à quoi Alice n’avait rien à redire. Elle alluma donc son téléphone pendant le trajet, pas le moins du monde surprise de constater qu’Amanda lui avait envoyé trois SMS.
Le premier disait : Je t’avais dit que ça finirait par arriver ! Tu vois ! À mon avis, cela annonce une surprise prochaine. Mon livre pour interpréter les rêves le confirme. Pour moi, le meilleur moyen de faire cesser ton angoisse vis-à-vis de ton mystérieux ex serait de le retrouver et de parler avec lui. Bisous, Amanda.
Alice soupira, se disant qu’Amanda allait être aux anges en apprenant que le mystérieux ex en question se trouvait à quelques centimètres seulement d’elle. Elle soupira en ouvrant le second message : Pourquoi tu réponds pas ? .Et le dernier : T’es toujours en RDV ?
Elle pianota sur le clavier de son portable et envoya simplement : Je t’appelle ce soir, j’ai quelque chose à te dire. PS : inutile de me supplier, tu ne sauras rien avant mon appel. Satisfaite, elle éteint son téléphone et le fourra dans la poche de son manteau.
La voyant sourire, Eymric crut entrevoir une occasion de détendre l’atmosphère et lança :
- Ton chéri te harcèle ?
- Non, rigola-t-elle.
- Tu n’as personne, enfin je veux dire…
- Hé ! Ca ne te regarde pas, répondit-elle riant toujours.
Voyant qu’il attendait réellement une réponse, elle ajouta :
- Non, personne, je n’ai ni le temps, ni l’envie pour le moment.
Cette réponse parut le satisfaire, car il n’ajouta rien. Alice profita de l’ambiance propice pour lui dire franchement :
- Tu réussis toujours à me faire rire, pourtant…
- Pourtant ? demanda-t-il.
- Je suis furieuse contre toi, et tu sais que j’ai raison de l’être.
Elle avait dit cela en regardant droit devant elle, évitant soigneusement son regard. Il ne répondit pas, semblant profondément plongé dans ses pensées.
Ils arrivaient en vue de la villa et Alice décida d’attendre d’êtres posés devant un café pour poursuivre la discussion.
Eymric se gara, toujours absorbé dans ses pensées, visiblement. Alice appuya sur sa télécommande et le portillon s’ouvrit pour les laisser entrer, se refermant derrière eux.
La villa avait été entièrement équipée durant sa construction de caméras au dehors et tout était électrique, si bien que sans la télécommande, personne ne pouvait entrer. Ainsi, aucun risque que quelqu’un force une serrure, étant donné qu’il n’y en avait pas.
Après avoir suivi l’allée qui menait à la maison en elle-même, elle appuya sur un autre bouton de sa télécommande et déverrouilla la porte. Ils pénétrèrent dans l’entrée et posèrent leurs manteaux sur les patères de fer forgé qu’Alice avait acheté la semaine précédente. Elle alluma les lampes, n’ayant pas jugé nécessaire d’ouvrir les volets ce matin. Elle l’invita à le suivre et lui montra la chambre qu’il occuperait, où il déposa sa valise. C’était la plus petite des trois chambres d’amis, meublée simplement d’un lit et de sa table de nuit, d’une commode et d’un bureau, l’ensemble du même bois sombre. Les murs étaient nus, blancs et la pièce était impersonnelle au possible. Alice espérait que ça découragerait son invité de rester trop longtemps.
Ils passèrent ensuite à la cuisine où ils s’installèrent sur les hauts tabourets du bar, tandis que la machine à café préparait deux capuccinos. Alice dévisagea l’homme qu’elle n’avait pas revu depuis six ans, et qui allait vivre sous son toit à durée indéterminée. Elle ne se rendait compte de l’énormité de la chose que maintenant. Elle le contempla, et dit, d’un ton rêveur :
- Tu n’as pas changé, tu sais ?
Il ne répondit pas tout de suite, malgré que la remarque ait ressuscité son sourire. Il semblait encore absorbé par ses pensées, néanmoins, il répondit :
- Toi non plus. Tu es toujours la même, rigola-t-il.
- Oh que non, répliqua Alice. J’ai changé en beaucoup de choses.
Les capuccinos étaient prêts. Elle en déposa un devant Eymric et porta l’autre tasse à ses lèvres. Le liquide lui brûlant la langue. Elle grimaça, puis poursuivit :
- Tu me trouve inchangée à ce point-là ?
- Oui, tu es la même, en tous points, il sourit à ces mots.
Alice ne répondit pas. Son ton l’avait fait rêver. Pendant quelques instants, elle s’était revue lorsqu’elle avait seize ans, pendue à son cou, buvant ses paroles. Elle pinça les lèvres. Aujourd’hui, elle ne le laisserait pas la détruire une seconde fois. Elle dit :
- Je crois que j’aurais préféré que tu changes… au moins, je pourrais te voir sans repenser à nous…
- Je ne comprends pas, tu as l’air ne pas être heureuse de me revoir…, dit-il d’une voix où perçait l’étonnement.
- Heureuse.., répéta-t-elle, heureuse ?! Tu es revenu, et tu pensais que je serais heureuse ? s’écria-t-elle, soudain furieuse qu’il puisse être aussi naïf.
Soudain, Alice entrevit une possibilité qu’elle n’avait pas imaginée avant.
- Tu es revenu pour moi ? demanda-t-elle soudain, essayant de se calmer.
- Qu’est-ce que tu veux dire ?
- Tu savais, … je veux dire… moi je ne savais pas,… je ne connaissais pas ton nom. Toi tu…
- Tu crois vraiment que je serais venu pour ton livre ? rigola-t-il. Je ne l’ai même pas ouvert.
Il partit à rire, il semblait trouver cela très drôle. Lice sentit le rouge lui monter aux joues, en même temps que sa colère, il se moquait ouvertement d’elle dans sa propre maison. C’en était trop.
- Sors immédiatement de chez moi.
Elle avait dit cela en essayant de se contenir, mais son énervement était visible dans sa voix. Il la regardait sans comprendre, et elle ne put pas se retenir, elle cria :
- Dehors !
Il se leva, un air résigné sur le visage. Il récupéra son manteau, s’autorisa un dernier sourire et referma la porte de l’entrée. Alice se laissa tomber à genoux, laissant couler les larmes qu’elle n’avait pas la force de contenir.
Elle réalisait à peine ce qui venait de se passer. Cela n’avait plu aucune importance. Les larmes coulaient sur ses joues sans vouloir s’arrêter. Elle était secouée de violents sanglots lorsque tout à coup on entendit une sorte d’explosion, puis, toutes les lumières s’éteignirent.
Alice attendit, dans le silence et dans le noir. Elle avait arrêté de pleurer lorsqu’elle se releva, cherchant à tâtons la fenêtre pour ouvrir les volets. Elle s’immobilisa, se rappelant soudain que toute la maison était automatisée, si l’électricité avait lâché, elle allait toujours pouvoir appuyer sur le bouton pour ouvrir ses volets.
Soudain, elle entendit un bruit étouffé derrière elle, puis quelque chose toucha son épaule. Elle hurla, tout en faisant volte face. Elle tomba en avant, déséquilibrée et totalement paniquée. Eymric la rattrapa adroitement, la remettant sur ses pieds. Elle s’éloigna d’un pas de lui, essayant de discerner ses traits dans la pénombre.
Il n’avait pas l’air en colère à ce qu’elle pouvait en juger. Elle entendait sa respiration, il était totalement calme, semblant attendre qu’elle prenne la parole. Ne sachant trop quelle attitude adopter, elle demanda, de la voix la plus neutre possible :
- Tu sais ce qui s’est passé ?
On aurait dit la voix d’une petite fille, effrayée par l’orage.
- Aucune idée, répondit-il. Mais arrivé au portillon, impossible de l’ouvrir. Je suis donc revenu, et, coup de chance la porte n’était pas complètement enclenchée ; j’ai pu entrer.
- Tu l’as refermée après être entré ? demanda vivement Alice, craignant le pire.
Voyant qu’il semblait ne pas comprendre, elle précisa :
- La porte, je veux dire, tu l’as fermée ?
- Et bien, oui je…
- Merde !
- Je… je dois t’avouer que je ne comprends pas tout là, déclara-t-il, d’une voix incertaine, craignant ce qu’elle allait lui apprendre.
Alice soupira, et finit par lui expliquer :
- La maison est entièrement automatisée, la porte, les fenêtres, l’éclairage.. Tout.
- Donc on est… enfermés ?
- Tout juste.
05/07/11 à 09:35:23
Dreux
Je continue à lire mais ça commence bien, à espérer qu'elle ne va juste pas finir embarqué avec un lapin et que l'on découvre ses tendances zoophiles
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