D'une certaine manière, le cours des choses était prévu de cette façon, et pas d'une autre. Elle était sortie de sa voiture. C'était un doux matin d'hiver, quelques rayons de soleil filtraient de l'immense couche de nuages difformes et réchauffait sa douce peau. La neige est nacrée, blanche, pure. Son histoire n'est que tissus de mensonges, un bouquin à l'eau de rose à lire dans le métro pour aller travailler, qu'on ramasse dans des petites boîtes dans la rue. De chaudes larmes réchauffaient ce visage mélancolique, désireux d'une âme consolante. Elle se mit à marcher avec ardeur dans l?épaisse couche de neige. L?endroit était encore désert à l?aube d?une journée venteuse et neigeuse. Elle tomba dans la neige, s?étouffa un peu, mais se releva, d?un pas déterminé. Les arbres tremblaient sous la force du vent, les branches craquaient, les oiseaux, frigorifiés, virevoltaient dans les airs. Elle arriva en face du pont. La chaussée est glissante, du sel venait d?être jeté. Elle repensa à tous ces moments vécus, les choses faites ou pas faites. Choses corrigées ou celles qui devraient l?être. Elle s?approcha de la rambarde, et se mit dessus. Les pieds joints, tremblante de froid. Elle sortit une petite boite, et en tira une cigarette. Elle l?alluma. La fumée réchauffait doucement ses entrailles et son c½ur. Une chaleur lui manquait. Une chaleur pour se réchauffer. Une chaleur pour vivre. Une chaleur sur laquelle compter. Elle en tira une nouvelle bouffée, et la finit, à la merci de la puissance de la nature. Elle se détacha les cheveux, et s?assit sur la rambarde. Elle contempla le paysage pendant plusieurs minutes, avant de lâcher un « Merci » et de sauter. La chute fut courte, le craquèlement brusque de ses os se fit en une seconde, le choc pénétra son corps et la tua.

« La mort n?est que le prélude d?une vaste aventure où la vie en fut le brouillon »