- Mais t'es con ! s'exclame Mehdi
- Le boulet..., soupire Cristobal.
- T'es homo ou quoi ? demande Jean.
Chacune de ces chaleureuses phrases s'adressent à moi. J'ai raconté ce qui s'est passé avec Chloé à mes potes et leur réaction ne m'étonne pas. Ils ont raison, je n'ai pas géré... Je me demande si une occasion pareille se représentera à nouveau mais j'ai peu d'espoir... En plus, la nouvelle comme quoi j'ai tabassé Thomas a circulé au lycée et ses amis rugbymen veulent me fracasser à leur tour. Cependant, les gens qui les haïssent me félicitent.
Pour en revenir à Chloé, elle ne m'a pas parlé de la matinée. La veille, le dimanche matin, elle m'a à peine dit " Au revoir ". Je sens que tout ça va me rester en travers de la gorge pendant un petit moment. Mélanie essaye de me rassurer en me disant que c'est un signe. Mouais... Et pour couronner les dernières heures que je viens de vivre, je viens de me choper un 4 en littérature.. Me tarde que cette putain de journée soit terminée ! A la récréation de l'après-midi, je préfère être tout seul, à déprimer en écoutant de la musique comme " When I'm gone " d'Eminem.

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Des élèves passent dans le couloir où je suis assis, appuyé contre le mur. Je fixe ceux qui me regardent en pensant : '" Qu'est-ce que t'as, sale enculé ? ". Oui, je suis comme ça quand ça va pas. C'est débile pourtant mais je le fais quand même. J'attends alors un bruit de talons. Oh putain ! Une poufiasse ! J'attends qu'elle tourne pour pouvoir qui est ce déchet. C'est Chloé ! Mon regarde croise le sien avant de reporter mon attention à mes godasses. J'attends qu'elle passe pour relever la tête. Je peux patienter longtemps car elle vient s'asseoir à côté de moi. Je commence alors à transpirer comme un fou.
- Qu'est-ce que tu fais si je te dis que je veux sortir avec toi ? me demande soudainement Chloé.
Je la regarde alors avec des yeux ronds. Elle sourit et ses magnifiques yeux pétillent. Je rougis. J'aurais jamais pensé qu'elle me poserait cette question. Elle attend une réponse tandis que je la fixe, bouche bée. Je sais que j'ai l'air stupide.
- Allez, vas-y ! me dit-elle.
Elle a compris sans que je lui dise. Bon, en même temps, c'est pas très dur...
- Euh maintenant ? je lui demande bêtement.
- Ben oui !
Bon, je vais pas la faire attendre encore. Je tends ma tête vers la sienne. Elle pose une de ses douces mains sur ma joue. Je ferme les yeux et et continue d'avance ma tête. C'est alors que mes lèvres touchent les siennes.On s'embrasse ainsi pendant quelques secondes. Elle retire ses lèvres et me sourit. Elle semble être heureuse. Moi, je la regarde, inexpressif. Son sourire s'effaça.
- Qu'est-ce que tu as ?
- Rien, ça va....
- Non, ça va pas !
Chloé se lève brusquement et part en courant. Je n'essaie pas de la rattraper. Qu'est-ce que je peux lui dire ? Le baiser que l'on s'est échangé n'a éveillé aucune sensation en moi. Je l'ai même trouvé nase. J'ai un peu de mal à comprendre. Chloé est la fille que je convoite depuis beaucoup de temps et quand vient le moment de l'embrasser, ça m'a fait le même effet que de serrer la main à quelqu'un.

La sonnerie retentit. Cours d'espagnol et après fin de la journée.
Chloé me regardait d'un air à la fois triste et énervé. Mélanie l'a d'ailleurs remarqué. Elle me demande ce qui s'est passé. Je n'ai pas trop envie d'en parler. C'est ma vie privée, quoi ! Mais Cristobal, Mehdi et Jean veulent savoir aussi. Je leur explique donc ce que s'est produit dans le couloir avec Chloé. Quand mon récit est terminé, Mehdi et Cristobal lèvent les yeux tandis que Jean se retient de rire.
- Je trouve que tu fais un peu trop ton difficile, plaisante Cristobal.
- C'est parce qu'elle a pas mis la langue ? me demande Mehdi.
- Ben chais pas. J'ai pas aimé, en tout cas. Je pense qu'avec la langue, ça aurait été pareil.
- Comment tu l'as embrassée ? me demande Mélanie.
Et là, je ne sais pas ce qui m'a pris mais je penche vers Mélanie et l'embrasse. Elle me repousse aussitôt en hurlant :
- Mais t'es pas bien, toi !!
Putain mais pourquoi j'ai fait ça ? Tout le monde me regarde,y compris Chloé qui éclate en sanglots. La prof d'espagnol me vire de cours. Jean, délégué de la classe, m'amène dehors, à la vie scolaire. On sort tous les deux devant des yeux exprimant de la surprise et de la colère. Jean, tout aussi abasourdi, me demande :
- Mais qu'est-ce que t'as foutu, Sylvain ?
- Je... je sais pas...
- T'as pété un plomb, vieux !
Cette nouvelle ne va pas tarder se répandre... Ma classe va me haïr, mes parents vont me tuer. Je vais passer pour un gros obsédé... Je crois que j'ai plus que deux choix : me suicider ou quitter cette endroit à jamais...