6h00, le réveil sonne. Je me lève sans efforts malgré une nuit assez courte. Je regarde avidement autour de moi, il n’y a plus rien, juste ce satané de réveil et ce futon improvisé qui traîne dans cette chambre vide. Je tourne le regard et aperçois mes habits du jour préparés sur une chaise. Pas motivé, je me résigne tout de même à aller me laver. Une fois sur place, je remarque que mes affaires de toilettes sont toujours à leur place mais bon, c’est pas comme si c’était anormal. Après une douche rapide, je me dirige rapidement vers la cuisine ou quelques douceurs m’attendent. Je déguste mon petit déjeuner en regardant pour la dernière fois le ciel français.

- Déjà levé ? L’avion est à 11h tu sais ?
- Inutile de me le rappeler, je le sais très bien… Tu me le rabâches depuis 2 semaines maintenant.
- C’est le réveil qui est dur ou bien c’est ton humeur ?
- Un peu des deux je dois t’avouer, bon je vais préparer mon sac à dos.
- Ok ça marche, n’oublie pas d’appeler Axel pour qu’il vienne chercher le reste des affaires.
- C’est déjà fait, il passe à 9h.

Sans dire un mot de plus, je quitte la pièce, je pouvais sentir le regard de mon père me fusillait le dos, il faut dire qu’il était pas du matin non plus enfin bon. Je me dirigeais d’un pas décidé vers ce qui me restait de chambre afin de préparé mes occupations pendant ces 18heures de vol… Je prend mon sac à dos et y enfourche mon Ipod, ma console portable, plusieurs livres dont quelques ouvrages tirés de l’univers futuriste de Games Workshop.
Après avoir pensé à mes occupations futuristes, maintenant je pense paradoxalement au primordial, mon passeport, ma carte d’identité où on pouvait voir à côté de ma photo douteuse mon no…Ah mais j’y pense ! Je ne me suis pas encore présenté ! Je m’appelle Alex ! Alex Delacour, Adolescent de 17 ans, plutôt bien dans sa peau. Je vis seul avec mon père depuis mes 7 ans. Ma mère ? Évitons le sujet pour l’instant… Comme vous l’avez remarqué, je m’apprête à partir en voyage ! Destination ? Japon… Bon c’est sur j’aurais préféré les Etats-Unis mais que voulez vous, c’est ça d’avoir un père surdiplômé qui travaille à Toyota et qui est muté sur place… tout ça afin d’enseigner le management « français » aux cadres nippons.

Papa : On sonne ! Va ouvrir ça doit être Axel.

Waouh ! J’étais tellement dans mes pensées que je n’avais pas entendu la sonnette ! Je me lève donc d’un trait et part ouvrir, c’est peut être la dernière fois que j’allais voir mon meilleur ami : Axel. On se connaît depuis le primaire et on est inséparable depuis toujours ! Pour tout dire, nos noms forment une anagramme commune ! Aucun rapport je sais mais… c’est amusant.

Axel : ...
Moi : Euh… tu vas bien ?
Axel : Putain mais merde mon Alexounet part chez les Chinois…
Moi : Japonais…
Axel : … et me laisse seul au monde dans cette contrée parisienne !
Moi : Te plaint pas… je vais être tokyoïte pendant deux ans minimum… J’aurais préféré rester parisien, crois moi.

Axel dégagea le seuil et rentra dans l’appartement, il regarda autour de lui par simple curiosité et remarqua mon père qui enfilait sa cravate devant le miroir du salon.
Axel : Eh le vieux ! Comment tu vas ?
Papa : Ta gueule, casse toi.
Axel : Eh ! C’est quoi cette façon de parler ? Dire que je venais vous aider…
Alex : Je vais assembler ce que tu dois prendre…

Axel : Uhm, il n’a pas l’air bien
Papa : Oui, ça fait quelques jours déjà. Je sais que ce n’est pas facile mais c’est une expérience qui s’offre à lui. Je pense que plusieurs jeunes de son âge tueraient pour avoir sa place, surtout vu l’impact qu’a la culture japonaise maintenant.
Axel : Ouais fin bon… Je le connais bien votre fils vous savez ! C’est juste qu’il n’aime pas le changement c’est tout ! Croyez moi, il s’y fera très vite.
Papa : J’espère que tu as raison ! C’était une mutation que je ne pouvais pas refuser, ça me changera un peu de la vie parisienne.
Axel : Je comprends… Bon je vais aller rejoindre Alex, à tout de suite le vieux !
Papa : Va crever !

Je vis en appartement et de plus j’ai les oreilles assez fines... Je n’ai donc eu aucun mal à entendre leur conversation. Axel me connaît vraiment bien, d’un côté je suis assez content d’y aller mais, j’ai peur que ma vie la bas soit moins bonne que celle que j’ai maintenant. Déjà sans Axel c’est pas pareil ! Enfin soit, c’est pas comme si je le reverrais jamais. De plus, les japonaises sont plutôt mignonne et c’est un pays très développé… ça pourrait être agrêable.

Axel : Waah tout ça ?
Alex : Ouais
Alex : Bah charge tout dans la camionnette, je vais t’aider.

Après quelques allers-retours, la camionnette était pleine et l’appartement était vide. J’eu un pincement au cœur, j’allais quitter l’endroit où j’ai grandis, la ville où j’ai grandis, les gens avec qui j’ai grandis…

Axel : Piouuuh ! Eh beh quel bordel ! Heureusement que ce n’est pas tous les jours qu’on déménage un pote !
Papa : Tu remercieras encore ton grand-père de prendre à sa charge ce qu’on ne pouvait transporter.
Axel : Pas de soucis ! Toutes vos autres affaires sont sur place ?
Papa : En partie, on a revendu pas mal de choses, on achètera là bas. Ma boîte s’est occupée de tout.
Axel : Efficaces ces chinois !
Moi : Japonais….
Papa : Bon, on va y aller. Alex tout est prêt ?
Moi : Ouais tout est ok, je t’attend.
Papa : Je te laisse dire au revoir à ton ami alors. Axel, à bientôt, prend soin de toi mon fils…

Woh… plus dramatique tu meurs ! C’est vrai qu’il l’a toujours considéré comme son fils mais bon… c’est un peu abusé là, c’est pas comme si on allait se scratcher avec l’avion… quoi que… c’est quoi la compagnie déjà ?!

Axel : Bon ben, mon grand-père m’attend, je vais pas tarder, on a quelques trucs à ranger.
Moi : Encore désolé pour le gène !

Je fis signe au grand-père d’Axel qui était déjà dans la camionnette, j’admirais cet homme ! Il avait prit soin d’Axel à la mort de ses parents et ce malgré les tentatives désespérés des actions sociales afin d’en enlever la garde… « Trop inapte » disaient t’il.

Axel : Ton père va s’impatienter là ! C’est pas trop mon truc les adieux…
Moi : Faut dire qu’on a jamais eu à se faire d’adieux
Axel : Ouais… on se reverra hein ? Pense à m’envoyer quelques mails de temps en temps… ainsi que quelques sextapes nipponnes !
Moi : HAHAHA ! Ca marche… Bon aller, prend soin de toi… Axel
Axel : Toi aussi mon frère ! Epargne moi les larmes et les câlins par contre !
Moi : Dans ce cas là lâche moi et arrête de pleurer…
Axel : Héhéhé ! Allez dégage !

Je partis sans me retourner, j’avais trop de souvenir en tête… nos 400 coups, nos bagarres, nos emmerdes communes, nos délires, nos soirées, notre adolescence… J’ouvris la portière de la voiture et m’installa sans jeter un seul coup d’œil à la fenêtre. Etait-il encore là ? Me regardé t-il encore ? Je ne le saurais jamais…
Mon père démarra la voiture et klaxonna plusieurs fois, il ne disait pas un mot… comme si il avait compris la situation. Mon père avait toujours été perspicace.

Je levai seulement les yeux vers le tableau de bord après quelques kilomètres parcourus. J’étais trop occupé à me morfondre avant pour regarder la route. Mon père me donna un léger coup de coude et indiqua avec son doigt un panneau : Charles de Gaulle Aéroport International. Tokyo… me voilà !