Déambulation d'estropiés
Par : MonsieurClayton
Genre : Réaliste
Status : C'est compliqué
Note :
Chapitre 4
Publié le 01/05/11 à 14:01:43 par MonsieurClayton
Deux semaines plus tard. Nous sommes tous les trois chez moi, autour d'une table sur laquelle est posée un pack de bière, vide depuis une bonne demi-heure déjà. Un CD tourne depuis un moment dans la chaine hi-fi, mais le son est si bas qu'on l'oublie.
Il est tard. On s'ennuie.
On rigole vaguement. Il n'y a rien à la télévision, on a pas assez d'argent pour sortir, personne d'autre n'est joignable.
On boue, tous les trois. Mais on ne peut rien faire.
Cette situation dure jusqu'à ce que Thomas se redresse, comme un petit chien qui aurait vu de loin son maître avec un paquet de croquette dans les mains, mimique qu'il aime utiliser à la dérision.
Il a un plan. Et quel plan!
Dans les cinq minutes suivantes nous sommes dans la voiture de Claude. Je suis sur la banquette arrière, Thomas est à la place passager et guide le conducteur sans grande certitude à l'aide du GPS de son téléphone portable.
On passe un village, un deuxième. On roule entre deux champs. On zigzague sur une, deux collines. On traverse un pont. On s'arrête à un feu qui reste rouge dix minutes alors qu'il n'y a aucune autre voiture.
"-On le grille?
-Non.
-On le grille?
-Non.
-Bon, vas-y, grille le.
-J'ai dit non."
Le feu passe au vert. "Pourquoi tu l'as pas grillé?"
A mesure que l'on se perd et se retrouve, que l'on s'approche de notre destination, je gagne ce sourire et cette impression fantastiques, cette sensation qui me prouve que, finalement, je suis bel et bien vivant.
On atteint finalement le panneau du village "Puche", village dont nous ne pouvions ne serait-ce que soupçonner l'existence.
On se gare devant la salle des fêtes. Légers doutes quant à la fiabilité des informations qu'on a donné à Thomas lorsque nous croisons le regards de vieux joueurs de pétanque, inquiets de nous voir arriver là à minuit passé.
Finalement, la porte de la salle des fêtes s'ouvre, et en sortent deux jeunes filles, connues par Thomas, à peine par moi. Nous ne parlerons pas de Claude.
Elles sont contentes de nous voir, nous attirent à l'intérieur. Dedans, une trentaine de personnes. Nous n'avons d'affinité qu'avec une minorité d'entre eux, mais cela ne compte plus quand nous voyons la table remplie d'alcool au milieu de la salle.
Trou noir.
Il est bientôt quatre heure, Claude conduit. Thomas et moi sommes à l'arrière et l'on ne peut s'empêcher de rire. On insulte les panneaux de signalisation, les stops et les intersections prioritaires, les feux et les cédez le passage, ces salauds nous empêchant de rentrer rapidement chez nous. Ou sans raison, peut-être. Claude est sobre, mais il nous engueule pour que l'on se taise, car on le fait rire et qu'il n'arrive pas à se concentrer sur la route, noire. On lui dit d'aller se faire voir.
Je me rappelle alors que j'ai embrassé la fille qui fêtait son anniversaire ce soir là, et que j'en ai profité pour voler trois litres de whiskys, habillement cachés dans mon caleçon...
Pour trois estropiés, n'importe quelle petite preuve de vie, n'importe quel moment où l'on ne désire pas être ailleurs... Tout cela devient une bénédiction.
Et c'est en pensant cela, de façon moins claire surement, que l'on rentre tous les trois chez nous. Cette fois, en souriant.
Il est tard. On s'ennuie.
On rigole vaguement. Il n'y a rien à la télévision, on a pas assez d'argent pour sortir, personne d'autre n'est joignable.
On boue, tous les trois. Mais on ne peut rien faire.
Cette situation dure jusqu'à ce que Thomas se redresse, comme un petit chien qui aurait vu de loin son maître avec un paquet de croquette dans les mains, mimique qu'il aime utiliser à la dérision.
Il a un plan. Et quel plan!
Dans les cinq minutes suivantes nous sommes dans la voiture de Claude. Je suis sur la banquette arrière, Thomas est à la place passager et guide le conducteur sans grande certitude à l'aide du GPS de son téléphone portable.
On passe un village, un deuxième. On roule entre deux champs. On zigzague sur une, deux collines. On traverse un pont. On s'arrête à un feu qui reste rouge dix minutes alors qu'il n'y a aucune autre voiture.
"-On le grille?
-Non.
-On le grille?
-Non.
-Bon, vas-y, grille le.
-J'ai dit non."
Le feu passe au vert. "Pourquoi tu l'as pas grillé?"
A mesure que l'on se perd et se retrouve, que l'on s'approche de notre destination, je gagne ce sourire et cette impression fantastiques, cette sensation qui me prouve que, finalement, je suis bel et bien vivant.
On atteint finalement le panneau du village "Puche", village dont nous ne pouvions ne serait-ce que soupçonner l'existence.
On se gare devant la salle des fêtes. Légers doutes quant à la fiabilité des informations qu'on a donné à Thomas lorsque nous croisons le regards de vieux joueurs de pétanque, inquiets de nous voir arriver là à minuit passé.
Finalement, la porte de la salle des fêtes s'ouvre, et en sortent deux jeunes filles, connues par Thomas, à peine par moi. Nous ne parlerons pas de Claude.
Elles sont contentes de nous voir, nous attirent à l'intérieur. Dedans, une trentaine de personnes. Nous n'avons d'affinité qu'avec une minorité d'entre eux, mais cela ne compte plus quand nous voyons la table remplie d'alcool au milieu de la salle.
Trou noir.
Il est bientôt quatre heure, Claude conduit. Thomas et moi sommes à l'arrière et l'on ne peut s'empêcher de rire. On insulte les panneaux de signalisation, les stops et les intersections prioritaires, les feux et les cédez le passage, ces salauds nous empêchant de rentrer rapidement chez nous. Ou sans raison, peut-être. Claude est sobre, mais il nous engueule pour que l'on se taise, car on le fait rire et qu'il n'arrive pas à se concentrer sur la route, noire. On lui dit d'aller se faire voir.
Je me rappelle alors que j'ai embrassé la fille qui fêtait son anniversaire ce soir là, et que j'en ai profité pour voler trois litres de whiskys, habillement cachés dans mon caleçon...
Pour trois estropiés, n'importe quelle petite preuve de vie, n'importe quel moment où l'on ne désire pas être ailleurs... Tout cela devient une bénédiction.
Et c'est en pensant cela, de façon moins claire surement, que l'on rentre tous les trois chez nous. Cette fois, en souriant.
01/05/11 à 19:21:40
C'est ce que j'appels: écrire.
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