Février 2008

Encore une journée chiante à souhait. A enchaîner les sourires forcés devant les professeurs. J'allais encore ramener un 16/20 à la maison, pour que mes tuteurs soient contents de moi. Au final, quelle importance ? Je n'étais pas heureux. J'étais condamné à suivre une brillante carrière, mais toujours me faire marcher sur les pieds. Bien sûr, que je ne pouvais pas supporter ça. Mais qu'est ce que je pouvais y faire ? Fin de cette journée d'hiver, je sortais du collège avec difficulté, avec comme une sorte de grosse boule dans le bide. A peine le pied posé vers la sortie, que mes trois cauchemars apparaissaient là devant moi. Un mètre quatre-vingt de muscles. Je savais ce qui m'attendait. Sans me défendre, je les suivais vers une zone abandonnée où mes pleurs resteraient silencieux. Tout le long du trajet, l'un d'eux me tirait les cheveux, me disant d'avancer plus vite. On ne va pas dire à un condamné à mort d'avancer plus vite vers la guillotine. Ça n'avait aucun sens. Du moins pour moi. J'avançais, les larmes aux yeux. Mes pieds laissaient des marques sur le sol, ils traînaient, s'attardaient sur le gravier. On s'arrêta sur un chantier visiblement abandonné. Tous trois me saisirent par le col et me projetèrent violemment au sol. Mon t-shirt d'un blanc uni se déchira légèrement sous le choc au niveau de la manche droite. Le plus grand d'entre eux – et le plus musclé – s'approcha de moi. Il leva le bras droit, son poing était fermé. Je fermais mes paupières, je ne voulais pas voir le coup arriver. Les frissons montaient dans le dos. Je m'attendais à ce que ça fasse si mal que mes vertèbres craqueraient sous le coup. Mais là... Rien. Le gars ne m'avait pas frappé. J'ouvrais doucement les yeux, et me rendis compte de l'impossible. De ce qui n'arrive que dans les films. La main d'un inconnu avait stoppé son poignet. Pour la première fois de ma vie, quelqu'un me sauvait. Je stressais, le gars ne savait pas où il mettait les pieds... Il était à présent seul contre trois mecs. Il avait déjà eu le courage de venir me défendre et rien que pour ça je me sentais lui devoir une dette éternelle. Je me mis à l'écart, le combat allait débuter, ce n'était qu'une question de secondes... Non, à ma grande surprise l'un d'eux avait quand même voulu parlé avec cet inconnu :

- T'es qui toi ? Qu'est ce que tu fais là le vieux ? Tu veux subir le même sort que cette merde ?!
- Cette « merde » comme tu dis ne t'as rien fait. J'te laisses le choix, pour l'instant je suis calme, soit tu le laisses tranquille, soit je serais obligé de me fâcher...
- Ha ! Très drôle ! Venez les mecs on va lui mettre la misère à ce p'tit rigolo
- Comme tu voudras. dit mon protecteur d'une voix sombre