Chapitre de description... Bonne (chance pour la) lecture

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-T'es vivant? Dis, t'es vivant?
-Laisse moi dormir...
-Pas envie.
-AIE! T'es dingue!
-T'es vivant.

Aux côtés d'Ivan se tenait une petite fille. Cette petite peste, pour vérifier que sa trouvaille n'était pas morte, et ce bien qu'elle lui avait répondu, lui avait envoyé son pied dans les côtes. Se redressant, le nolife la regarda. La fillette devait avoir dix ans, ses yeux étaient verts et ses cheveux blonds étaient noués par un ruban rouge. Pour une raison qu'il ignorait, Ivan n'arrivait pas à fixer son regard sur le reste du corps de la fille.

-Comment tu t'appelles en fait?
-Ivan. Et toi, t'es qui?
-Pourquoi t'as fait ça, Ivan?
-Fait quoi?
-Tuer ta mère?
-Quoi?
-Tu lui as tiré dessus deux fois...
-Hein?
-Regarde...

Elle désigna quelque chose du doigt, dans la direction du cadavre du monstre. Mais, lorsqu'Ivan regarda, ce ne fut pas le monstre qu'il vit, mais le corps sanguillonant de sa mère.

-Que...

Un grognement se fit entendre derrière lui. Ivan se retourna et regarda la créature qui se trouvait à la place de la petite fille. Ouvrant ses quatre mandibules, la bête lui sauta au visage...


Ivan vomit. Il ne s'était pas attendu à ce que tuer puisse faire aussi mal. Une fois de plus, il maudit les concepteur de jeux-vidéos de lui avoir donner l'illusion stupide que tuer pouvait être facile, même s'il devait reconnaître qu'il y avait une différence entre tirer sur des pixels et sur un corps. Mais voilà... Le jeune nolife, ayant besoin de s'accrocher à quelque chose, avait choisi de pester inutilement contre des types qui se foutaient royalement de lui et qu'il n'avait jamais vus.

Et puis ce cauchemar... Il comprenait pourquoi il avait vu la bête vivante, de même que le cadavre de sa mère. Mais la présence d'une fillette inconnue lui posait problème.

Pris d'une envie de vérifier certaines choses, Ivan regarda le cadavre et soupira de soulagement en voyant le corps du prédateur, bien que, en y réfléchissant bien, il eut préféré que se soit un rêve... Puis, il alla vers le miroir des toilettes vérifier que son visage était toujours intact, ce qui était bien entendu le cas. Le nolife resta un moment à regarder son reflet, à contempler sa peau bronzée, souvenir de vacances durant lesquelles il fut privé d'ordinateur, ses yeux verts tirant sur le jaune et ses cheveux bruns. Ses amis geek n'avaient jamais compris qu'il se lava consciencieusement et ne fasse pas comme eux en restant sale le plus souvent possible, ce à quoi le jeune homme répondait qu'il ne voulait pas devenir un boutonneux aux cheveux gras. En réalité, Ivan, en plus d'être un peu nolife, se sentait obliger de se laver, rester sale lui étant pour lui un supplice. Selon son psychiatre, il souffrait tout simplement d'un trouble obsessionnel compulsif et il n'y avait pas d'autres explication à ses dix lavages quotidiens.

Soudain effrayé par une horrible éventualité, Ivan tourna le robinet du lavabo et, comme il le craignait, aucune goutte n'en sortit. Sa main trembla et des larmes coulèrent de ses yeux. Il voulait se laver, il devait se laver. Il regarda de nouveau le miroir, songeant à l'utiliser pour se taillader les veines. Dans sa tête, la petite voix saine lui dit ne pas la faire, qu'il devait saisir cette occasion pour se soigner de son toc. Un rictus défigura le visage du garçon. Se soigner. Il avait déjà essayer plusieurs fois, et cela s'était à chaque fois soldé soit par une tentative de suicide, soit par une crise de violence. Enfin, comme d'habitude, la partie saine de son esprit allait essayer.

Reportant son attention sur son reflet, Ivan caressa la cicatrice sous son oeil gauche. Cette cicatrice datait de sa première tentative pour guérir, ou plutôt de l'envie de s'énucléer qui avait suivi. Souriant de ses dents propres et légèrement de travers, il espéra que cette fois-ci il ne fera pas quelque chose de trop douloureux.

Il retourna dans sa chambre et ouvrit sa garde-robe. Ne voulant pas rester dans une maison vide au milieu d'une ville dévastée et peut-être peuplée de créatures carnivores, il s'était décidé à partir. Et, avant tout, il avait décidé qu'il valait mieux mettre des vêtements plus adaptés à la marche. Il avait très peu de vêtements de ce type, si bien qu'il ne mit pas longtemps à opter pour ceux qu'il mettait pour la randonnée, quand il n'arrivait pas à trouver d'excuses pour rester à la maison. Il mit aussi d'autres habits dans son sac-à-dos, ainsi qu'une lampe-torche et de la nourriture. Il prit aussi des couteaux, le fusil de son père et les balles qui restaient. En regardant ces dernières, il se dit qu'il allait devoir être prudent et économique à ce niveau-là.

En passant devant la chambre de ses parents, il se rendit compte qu'il ne s'était même pas inquiété de leur disparition. Mais, à bien y réfléchir, il se rappela que sa mère était gravement malade et était quasiment devenue un fantôme, tandis que son père ne l'avait jamais aimé à cause de son toc et, depuis que l'état de sa femme avait commencé à se dégrader, passait plus de temps avec sa secrétaire qu'avec sa famille.

Ivan sortit, regarda bien qu'il n'y ait pas de créature prête à le dévorer et s'en alla. Derrière lui, la lumière bleue sembla se déplacer.