<h1>Noelfic</h1>

Dernière variation autour de la jeune rousse


Par : Transparence

Genre : Réaliste , Sentimental

Status : C'est compliqué

Note :


Chapitre 2

Prologue

Publié le 12/12/10 à 22:45:48 par Transparence

Lettre à Arthur

Mon bel ami,


Déjà cinq jours que je suis privé de votre présence, et que je me languis de nos longues conversations devant la cheminée. Hélas, il est des missions auquel on ne peut se dérober et l'on ne me laisse guère l'occasion d'écrire ces temps-ci. Je passe mon temps à écumer de sombres bureaux et sourire à des gens qui ont déjà oublié mon nom. Je n'aurais pas du accepter ce travail. Mais il faut bien vivre non ? La ville me pèse et je regrette chaque instant la douceur automnale de notre campagne. Je ne peux m'empêcher de t'imaginer marchant sur les feuilles mortes, les mains dans les poches, en devisant sur des sujets aussi beaux et badins que l'amour !

A ce sujet, sais-tu que le Marquis vint m'entretenir ? Il me dit qu'à mon âge, il serait temps de songer à me marier. Les affaires, dit-il, comme les mariages sont des placements politiques. Il est sage d'y penser sérieusement avant que la fortune vienne à manquer. L'Empire n'aurait que faire des sentiments, ce ne sont pas eux qui doivent régir le monde. Le croiras-tu ? Je bouillais intérieurement à ses propos et n'osais le contredire de peur de mettre en péril ma situation déjà bien trop précaire. Ses mains volaient dans tous les sens pour appuyer ses propos, cohortes délétères, que tu aurais haïs avec autant d'ardeur que moi.

C'est dans ces moments que j'ai l'impression que notre époque est révolue, que nous poètes ne sommes plus au goût du jour et que la société attends patiemment notre retour comme un père qui guetterait du coin de l'oeil les incartades de son fils tout en sachant qu'il finira par remettre les pieds sous la table familiale ! Mon Dieu Arthur ! Ai-je donc à ce point perdu mes illusions sur le monde ? Ai-je vieilli pour ne plus croire à un monde utopique ? Loin de toi, il semble que je viens à me perdre, que ma pensée s'affaiblit en travaillant pour un homme que j'exècre.

C'est aussi pour ça que je t'écris, toi qui est toujours de bons conseils. Il me tarde de revenir battre la campagne et respirer l'air véritable, loin de la puanteur mercantile qui grouille Paris et assassine l'âme de ses habitants ! Que j'abhorre ce monde qui n'en finit pas de se jeter lui même dans sa perdition, se glorifiant sa bassesse méprisante. Paris me vole mes espoirs lorsque je me promène le long de la seine et ne croise que courtisanes, ivrognes et dépravés dont l'oeil est morne. Il manque ici l'étincelle de vie si cher à notre coeur.

Je voudrais que tu me donnes des nouvelles du monde véritable et de ses habitants. J'ai entendu dire que Chloé allait se marier. Est-ce possible ? Mon sang ne fit qu'un tour lorsqu'on me rapporta cette nouvelle et encore maintenant je ne peux me résoudre à cette idée. Elle incarnait pour moi le modèle même de la Liberté personnifiée. Cela me trouble de l'imaginer ainsi au bras d'un autre qui ne la comprendra jamais aussi bien que nous le pourrions. Nous vivons une étrange histoire n'est-il pas ? Je pense à tout abandonner ici, partir sans rien laisser. Rien ne me retient à Paris et je veux voir notre amie d'enfance avant qu'elle ne commette l'irréparable. C'est mon devoir de lui dire qu'elle choisit la mauvaise direction ! Qu'elle ne choisit pas la bonne personne ! Ma conduite n'est certes pas celle d'un homme raisonnable mais est-il nécessaire de l'être à vingt ans ? Pourquoi fallait-il qu'elle choisisse celui-ci ? Pourquoi me demande-t-elle de venir ?

Comme tu peux le constater, les questions me hantent sans cesse. Je ne sais où regarder lorsque tous les murs sont gris et que tu n'es pas là pour égayer mes pensées. Il me faut ton aide avant que je ne devienne moi aussi l'un de ses fantômes errants semblables aux milliers d'autres qui arpentes les trottoirs de la grande ville.


Écris-moi.

Ton ami

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