4h du matin. 2003. Paris. Appartement des Kurs.

C'est le grand jour. J'ai hâte.
Hâte de quoi ? Que mes parents partent, ça va me faire du bien et de plus je vais me retrouver seul avec mon grand-frère.
Je me lève.
Ce n'est pas difficile de se réveiller avec les bruits qui font désormais partie de ma vie .

Toutes ces voitures, ces coups de klaxon à répétition qui ne changent rien aux bouchons, les lumières qui grésillent dans ma chambre et dans le salon, les grincements de mon lit, et je vous en passe .
Je déteste le bruit. Ma pire phobie est d'entendre grincer un couteau sur une assiette dure. Il faut dire qu'habiter Paris ce n'est déjà pas pratique, pour les gens, qui, comme moi, détestent le bruit et la pollution. Je peux vous dire que j'aurais troqué ma place contre celle d'une maison, même d'une cabane , si celle-ci était dans un endroit tranquille et paisible.

Malheureusement, je n'ai rien d'autre que ma pauvre vie. J'habite dans le 18ème arrondissement, le pire, le plus miteux, mais le moins cher ...
Avec ça, je suis juste à coté du périph. Mes oreilles souffrent, je dors avec des bouts de coton dans les oreilles, au 2ème étage d?un immeuble moche à en pleurer. Mais je n'ai que 8 ans.
Je suis précoce, diront certains, d'autres ne le remarqueront peut-être même pas, mais peu importe, Je ne me soucie guère de l'avis des gens que je ne connais pas .

Je regarde l'heure. Déjà 4h07 du matin.
Il est temps de se lever. J'enlève avec douceur mes cotons tiges de mes oreilles et les bruits décuplent autour de moi.
J'entends des voix dans la cuisine.
J'étouffe un bâillement puis me dirige vers celle-ci.


Je vois , assis autour de la table, ma mère .
Elle serait surement belle si elle s'habillait bien ...
Je la regarde ... Toujours la même . Ses yeux gris brouillards pétillants de malice et de curiosité , ses cheveux bruns (malheureusement mal coiffés)descendant jusqu'à son cou, sa peau mate, ses doigts fins, sa silhouette élégante ...

Mon frère me parle. Il me tire de mes pensées.
-Rayan! Comment vas-tu ? Tu sais comme moi que c'est le grand jour , tu es heureux ?!
16 ans et il se comporte encore comme un gamin 10 ans.
Il s'approche de moi et m'embrasse.

J'ai juste le temps d'apercevoir voir ma mère esquisser un sourire.

Un sourire las .