Note de la fic : Non notée

Salad Fingers, L'Histoire.


Par : spiderblackwhite
Genre : Fantastique
Statut : C'est compliqué



Chapitre 5


Publié le 19/08/2013 à 01:14:12 par spiderblackwhite

Bon sang... Je suis en manque. Exactement. J'étais accro' à elle, comme à de l'héroïne... Je suis un junkie, et elle est ma drogue. Ma vie est un film, elle en est « l'héroïne »...
Ça fait plusieurs jours qu'elle a parfaitement disparu. Aucune nouvelle, aucun signe. Je regarde sans arrêt mon portable pour guetter le moindre petit texto. Je ne quitte plus mon ordinateur matins et soirs, scrutant à m'en détruire les yeux MSN et Facebook. Mais non. Rien.

Un mois sans elle, un mois sans ma dose. Je ne cesse d'enquêter. Ses « amis » n'ont pas de nouvelles. Ils savent juste qu'elle a disparu. J'ai bien évidemment pensé à appeler ses parents, qui ont répondu, Dieu merci ! Dieu merci... ? Non, pas vraiment... Selon eux, je ne dois pas poser de questions. C'est ainsi que, très intelligemment, ils sont devenus les suspects N°1 de l'histoire.

Ma chérie m'a raconté qu'ils la détestaient et ne voulaient plus vivre avec elle... Auraient-il fini par l'envoyer en camp de correction, sans moyen de contact ? Mais, normalement, ils ont des téléphones dans ces... prisons... Aurait-elle oublié mon numéro ? Non, impossible. C'est une fille intelligente, elle a retenu tout ce que j'ai bien pu lui raconter. Jusque dans les moindres détails. Elle pouvait me reparler soudainement d'une incohérence dans une des histoires que je lui avais racontées des mois avant. Vraiment impressionnant.

Comme un drogué sans sa poudre, je tombe donc lentement dans un gouffre dont le fond n'est autre que la dépression. Et il n'y a aucune aspérité pour tenter de m'accrocher, ni de filet pour stopper ma chute... La dealeuse de bonheur s'est faite arrêter, et je ne peux plus me fournir. Alors que devrais-je faire ? En chercher une autre ? Impensable. Je ne suis pas comme ça. Je suis fidèle à mes fournisseurs, moi. Je paye cash, de la joie contre du bonheur. Et en plus, c'était de la qualité.

Mes journées sont obsédées par elles. En cours, je ne fais plus rien, ne note plus rien. Mais les professeurs hésitent toujours à vous faire des remarques quand vous faites un regard de tueur dépressif. Ils ont quand même essayé le classique « Pourrais-tu venir me voir à la fin des cours ? », mais je les ai ignorés. Ils ne me disent toujours rien, mais commencent à s'inquiéter sérieusement. Je vais finir par avoir des problèmes et me faire traîner jusqu'au bureau du proviseur...

Quant à mes amis, ils ont essayé vainement de me remonter le moral. Ils ont beau eu me demander ce qui n'allait pas, quel problème me troublait tant ; mais je n'ai pas voulu les inquiéter. Malheureusement, je ne pouvais pas les empêcherde s'apitoyer sur mon état déplorable sans avoir recours à des moyens radicaux. Sans plus de détails, je vous apprends seulement que désormais, ils préfèrent m'éviter.

Quant à mes ennemis, ils préfèrent rire de moi. Ou bien, préféraient. Ils ont malencontreusement servi d'antidépresseurs humanoïdes. Le pauvre type dépressif qui reste assis dans un coin à ruminer on-ne-sait quel problème s'est transformé en « Pauvre type méchant et dépressif qui reste assis dans un coin à ruminer on-ne-sait quel problème et qui est prêt à nous frapper ».

C'est mieux ainsi. La solitude est le meilleur contexte pour réfléchir. Je passe toutes mes journées à réfléchir, oui... Mais je ne sais pas vraiment à quoi. Est-ce que je me leurre ? Je pense. Je ne fais que penser à elle et ses qualités. Pas à ses défauts, non : je ne lui en trouve tout simplement pas. Je ne cherche pas de solution, car pour l'instant, il n'y a aucune solution possible. J'ai déjà imaginé divers « scénarios » qui expliqueraient sa disparition. Au mieux, elle a fugué pour me rejoindre. Au pire, elle a été enlevée, séquestrée, violée, tuée, brûlée et en ce moment même, ses cendres sont dans un colis avec pas assez de timbres qui m'est destiné alors que la poste fait grève. Je crois que je préfère la première hypothèse, tout de même.

Je pourrais aller la chercher... Je sais dans quel village elle habite. Mais si j'allais là-bas, qu'est-ce que je ferais après ? Je doute reconnaître ses amis, et je me vois mal accoster tout le monde dans la rue en leur demandant des informations sur quelqu'un qu'ils ne connaissent peut-être pas. Surtout qu'elle était recluse chez elle depuis plusieurs mois, alors, niveau connaissances... De plus, si elle a été enlevée, elle n'est peut-être pas retenue dans son village. Et si elle a fugué, si elle n'a pas encore réussi à me rejoindre, c'est qu'elle fait peut-être du stop et que personne ne veut d'elle. Mais peut-être que, qui sait, en faisant du stop, elle s'est faite enlever ? Et le pire, c'est que si elle a été enlevée, ce n'est pas pour une rançon, étant donné qu'à part moi, il n'y a personne qui payerait, et que je n'ai reçu aucune demande.

Bref, tout ça n'est pas très rassurant, et je ne peux pas commettre d'acte réfléchi pour l'instant, juste des actions folles fondées sur des hypothèses. Même la police refuserait de m'écouter. Je ne sais donc pas ce qu'il est arrivé. Il y a des chances pour qu'actuellement, elle ne soit même plus en vie. Et ça, bien sûr, je ne pourrai pas le supporter. Mais non, je ne me suiciderai pas. Du moins, pas avant d'avoir retrouvé les fautifs et de le leur avoir fait payer. Et il y a cette autre chose que je dois accomplir, aussi. Faire payer à cette enflure qui l'a humiliée. Et si il est impliqué dans cette histoire, je vous jure que...

Enfin, bref. Nouvelle journée, nouveaux cours et nouvelles divagations et fantaisies. J'entre, joyeux et enjoué dans un magistral cours de mathématiques, qui s'avère être plus palpitant encore que je l'avais imaginé. Le professeur me lance sans arrêt de méchants coups d'œil, mais rien d'autre. L'abruti de la classe – à qui il reste quelques bleus que je lui ai gentiment offert – s'apprêtait apparemment à lancer une vanne, mais mon téléphone sonne. Tiens, du rap. IAM, très appréciable. D'ailleurs, la classe n'en croit pas ses oreilles. « Ouah, le dépressif, futur gothique métalleux qui écoute du rap français ! »... Pauvres types.

Je me lève précipitamment et repousse ma chaise. C'est un message. Le professeur tente de protester mais je lui envoie un stylo sans hésiter. Je suis bien trop heureux. Ma main tremble et je dois m'y reprendre une deuxième fois pour appuyer sur le bon bouton.
Numéro inconnu... Espérons que ce soit une nouvelle d'elle. J'ouvre. C'est plutôt bref.

« Elle é ds son vilage, kidnapé, vi1 vite jpe ri1 fair é il »

Pas besoin de traduction, je maîtrise parfaitement le « kikoolol ». Mais là, tout de même... Le type qui a écrit ça devait être plutôt pressé. D'ailleurs, quelque chose l'a apparemment empêché de finir son message. Je ne sais pas qui il est, et franchement, je m'en fous.

Je sais qu'elle est séquestrée dans son village, et c'est l'essentiel. Je relève les yeux de mon portable, souriant. J'aperçois le professeur juste devant moi. Apparemment, il est en train de me crier dessus. Rien à faire de ce qu'il peut me dire. Je le bouscule, actuellement il m'est inutile. Il ne peut m'apporter aucune aide. Il n'a même pas de voiture et vient en bus chaque matin. Attendez, quoique...

Je m'approche de lui, alors qu'il se relève. Je le refais tomber, je le maintiens au sol et fouille ses poches. Un porte-monnaie. Je le prends. Je ne sais pas ce qu'il contient, mais ça peut toujours servir. Je me dirige vers la sortie de la classe... Et évidemment, il fallait qu'il y ait le héros de la classe qui ait la bonne idée de s'interposer. Bref, pas d'hésitation, toujours. Je n'ai pas de temps à perdre. Mouvement de piston avec la jambe, le pied directement dans le torse... Il aurait dû s'y attendre, l'imbécile. Je pars en courant, en prenant soin de le piétiner.

Aucun élève n'a encore réagi, ils étaient encore paralysés. C'est seulement après que je sois sorti de la classe que la plupart viennent aider leur professeur chéri à se relever et qu'un ou deux types viennent me regarder m'enfuir sans oser me courser.

Je sors de l'établissement. Les gens me regardaient bizarrement dans les couloirs mais ne m'ont pas arrêté : ils n'étaient pas encore au courant. Heureusement, le village de ma bien-aimée n'est pas très loin, et il est desservi par les bus de la région. Je pourrai sans problème me payer un petit voyage avec le porte-monnaie de l'autre victime. On comptait se rencontrer prochainement, voici l'occasion parfaite.

J'arrive à la « gare routière ». Quelle chance, j'arrive pile au bon moment. Le bus arrive, je monte, paie, et vais m'assoir. Je ne sais pas ce que je vais pouvoir faire là-bas, mais je la retrouverai coûte-que-coûte.


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