« Il y a des choses pas très drôles dans la vie ... La mort en fait partie. »
Enfin, ça c'est ce que pensent les mortels. Mon humble avis est que la mort est une aventure un peu plus différente que les autres. Quand on est en vie on peut sentir, ressentir, et partager ses sensations avec les autres. L'être humain pense qu'au moment de sa mort, son esprit, ou son âme, se détache du futur tas de compost qui lui sert de corps, pour devenir fantôme, un être humain transparent et sans consistance, dépourvu de sensations et de tout ce qui fait véritablement un.. un .... oui ... un vivant ! Mais bon, moi, je pourrais vous en apprendre de belles sur la mort. Pourquoi ça ? Et bien parce que mon nom est Kiju Beira, et je suis ce que tout le monde appelle un 'mort'.
Déjà, la mort est juste un passage. En fait, c'est un tunnel à quatre branches. Au moment où tu meurs, une espèce de bestiole bizarre en forme de canard apparait devant toi et te dit que tu as passé l'arme à gauche, avalé ton bulletin de naissance, bu le bouillon de onze heures, en clair que tu es décédé, mort, cané, bref que tu es froid et raide comme la pierre. Et là tu choisis ce que tu veux faire ensuite. Soit tu poursuis ta route, prêt à affronter la suite des évènements, jugement dernier et tout le bataclan des possibilités, soit tu choisis de rester. Rester, ça implique trois choses. Soit tu choisi la vie, soit la non-mort. Oui, vous allez me dire que c'est pareil. Et bien pas tout à fait. La vie, ça signifie la métempsycose, -réincarnation si vous préférez-. En clair tu te retrouves devant une petite boite, qui porte le nom amusant de Loterie du Destin, et tu pioches un papier, sur lequel apparait le nom de l'être en lequel tu vas te réincarner. Le problème de cette solution, c'est qu'elle peut te permettre de devenir le futur roi du monde, comme elle peut te changer en le pou qui sera sur sa tête le jour X du mois Y de l'année Z et qui mourra le lendemain suite à un bon petit shampooing. Mais au moins, t'es bien vivant.

Ou alors, tu choisis la non-mort. La non-mort. Un truc plutôt sympathique. En fait, tu te retrouves devant un dernier choix. Soit tu veux être acteur, soit spectateur.
Si tu décides d'être spectateur, tu deviens ce que le commun des mortels appelle un fantôme. C'est à dire une entité transparente qui fait bouuhhhhhhh et qui bouge les meubles pour te faire peur quand elle s'ennuie. Il est là, il regarde et il se fout de ta gueule parce que lui ça lui fait plus rien, il est mort.

Sinon, tu peux devenir acteur. Et là, c'est une autre paire de manche. Si tu veux le devenir, tu te retrouves mort, totalement mort, dans le cœur de tous ceux qui te connaissaient. Tu retrouves ton corps, mais plus personne ne se souvient de toi. Même avec une photo de toi devant les yeux, personne ne saura que c'est toi. Tu es mort, définitivement mort pour tous. Tu te forges une nouvelle identité, tu vas où tu veux. Tu peux même rester près de ta famille pour les aider. Mais plus d'espoir de redevenir ce que tu étais. Mort.

Moi, j'avais peur de la mort. J'avais également peur de la vie. Je sais que lorsque je mourrais encore, je disparaitrais définitivement, et me retrouverais de nouveau devant ces choix. Mais, je suis un acteur. Nous ne sommes pas très nombreux. Savoir qu'on ne nous pleure pas est parfois douloureux. Et peu sont capables de le supporter. Mais j'en retire quelques avantages. Et la vengeance en est un ...

Lorsque je m'appelais encore Zen Kurishu, nom dont je suis le seul à me rappeler dans ce monde, j'habitais Misora, une ville du Japon. Mon père, pâtissier renommé, et ma mère, agent d'assurance, avait une vie plutôt aisée. Ma naissance fut plutôt difficile, et causa à ma mère une blessure qui nécessita une opération la privant de sa capacité à donner la vie une nouvelle fois. J'imagine que vous pensez qu'elle devait me haïr pour ça. Mais non, pas ma mère. Deux ans plus tard, mes parents adoptèrent une petite fille. Ma petite sœur, Miko.
Notre enfance fut très heureuse. Miko avait une amie, Kisha. J'ai toujours été amoureux d'elle. A dix-sept ans, j'allais entrer en dernière année de lycée. Lors du premier jour, j'ai été attaqué en pleine rue par une créature étrange. J'appris plus tard qu'il s'agissait d'un démon Yokai. Un fantôme de la troisième catégorie qui est resté par pur désir de vengeance et qui mute afin de devenir un démon assoiffé de sang.
Etant un pauvre humain, je ne fis pas long feu. Et je suis mort.

Mais la mort n'est que le commencement ...

Laissez-moi vous conter une histoire qui m'est arrivée. Ou plutôt laissez-moi vous conter l'histoire de Paku Torii.


Paku Torii est un élevé de dernière année au lycée Anku Kitora de la ville de Misora. C'est un élève brillant, délégué de classe, beau gosse. Et aujourd'hui il a décidé de faire un truc amusant. Il veut entrainer des camarades pour une épreuve de courage dans la maison abandonnée se trouvant tout au fond du lycée. Tous sont surexcités. Enfin, ceux qui ont eu le courage de venir devant la maison hanté.
Il fit les comptes.
« Donc nous avons, Rika Mitarasi, la gothique du bahut, les deux lignes du club de Foot US, Erto et Arashi Potami, Bokuda Rusho, le scientifique, Miko Kurishu et Kisha Biharen, les deux copines, et ... »
Il regarda le dernier, étonné
« Kiju Beira ?
- Oui, je suis là
- Mais tu ne viens jamais rien faire d'habitude. Ou plutôt, tu es toujours ailleurs quand on fait quelque chose
- Oui, mais aujourd'hui je viens. Il y a un problème ?
- Non non, aucun .... »


Il pensa

« Il est bizarre ce mec. Il vit seul dans un appart super chic, il est pété de thunes, et personne ne sait rien de lui... »

« Bon on va y aller »
Tous se retournèrent devant la maison. Une maison de style ancien, avec des craquements dans tous les murs, et pleins de toiles d'araignées. Un endroit lugubre qui ne donnait pas envie d'y entrer.
Maintenant qu'ils étaient devant le fait accompli, la plupart des courageux déglutissaient avec peine.

« En route, mauvaise troupe ! »
Ils pénétrèrent dans la maison, les uns après les autres. Le but étant d'aller au plus profond, y rester cinq minutes et en ressortir.
Le groupe marchait, prudemment mais surement, sans se laisser démonter. Ca n'avait pas l'air si compliqué.
Tous avaient un moyen de passer le temps. Miko et Kisha gloussaient en écoutant les deux piliers faire leur malin en racontant leur dernier match, la gothique observait le décor en disant plein de « c'est cool, trop mortelle la déco », le scientifique en pleine conversation avec le délégué sur l'utilité de ce genre de défi ayant pour sujet un truc aussi irrationnel que les fantômes, et Kiju qui trainait au fond, observant les murs d'un œil expert.

En arrivant au fond, près de l'autel, tout allait bien. Tout le monde se posa pour atteindre cinq minutes qui n'étaient pas si terribles que ça. Paku était même un peu déçu.
« Je suis désolé, je voulais que nous ayons quelques sensations fortes, mais ce n'est pas pour aujourd’hui.
- Ce n'est pas grave, ça nous a fait une sortie "
Rika, s'ennuyant un peu, décida d'explorer le coin. Elle arriva devant l'hôtel, et ouvrit le meuble. Et là, la maison se mit à trembler
Tous tombèrent, surpris par ce phénomène surnaturel
Et là, une créature en forme de taureau sortit de l'autel.
« Qui ose troubler mon sommeil ? J'ai faim maintenant, je vais tous vous dévorer »
Il se tourna vers Miko et Kisha, tremblantes de peur
« Vous, vous avez une odeur très agréable. L'odeur de celles qui ont connu un non-mort. Je vais vous manger en dernier »

Les deux balèzes étaient avachis par terre, enlacés, et appellaient leur mère, La gothique avait des etoiles dans les yeux - C'est trop génial ce truc- le délégué etait figé sur place la bouche ouverte et le scientifique etait couché les bras au dessus de sa tête en une tentative de protection et murmurait la même chose inlassablement - cenestpasrationnelcenestpasrationnelcenestpasrationnel.

Le démon s'apprêtait à attaquer, lorsque Kiju s'interposa.
« Que me veux-tu, humain ? Tu veux passer le premier ?
- Je sais très bien que ceux qui ont côtoyé un non-mort de son vivant sont vos cibles privilégiées. Mais manque de chance pour toi, je suis toujours là pour les protéger »

Le taureau écarquilla ses yeux rouges.
« Non, tu es un ....

"Oui, je suis un chasseur de prime payé par la mort pour éliminer les récalcitrants dans ton genre."

Il disparut et réapparut dans le dos du monstre, récitant des paroles d'exorcismes, et plongea sa main dans le cœur du monstre, qui fut aspiré.

« Je suis ton pire cauchemar, je suis un Acto Sultra. »

A ce moment-là, tous s'éveillèrent. Ils pensèrent avoir fait un drôle de rêve , et sortirent de la maison, en parlant de ce rêve, et en regardant Kiju d'un œil bizarre.







Vous voyez, mon histoire est très etrange. La mort a des pouvoirs, et je suis là pour l'aider. Je suis un Acto Sultra, le bras armé de la mort, et un jour peut-être, je me vengerais ....