<h1>Noelfic</h1>

Ad Vitam Aeternam


Par : Transparence

Genre : Sentimental

Status : C'est compliqué

Note :


Chapitre 1

Ces paumés

Publié le 03/08/10 à 12:57:45 par Transparence

C'est l'histoire de quelques paumés parmi bien d'autres. Pour la plupart, ce sont des amis. Ou en tout cas, le genre de personne que l'on croise et qui finit par faire partie intégrante de notre vie. Oui, des amis. Sacrement paumés. Tous à rêver d'une gloire à venir sans vraiment chercher à l'obtenir. Vous savez ? L'occasion qui viendra forcément se présenter et qui changera notre réalité. Parce qu'au final, après tout ce qu'on a bavé, on le mérite non ?

Oui, nous étions ces personnes. Nous attendions. Nous nous parasitions entre nous. Et surtout on rêvait sans tendre les bras. Nous n'étions pas malheureux, ni à plaindre. Pour certains, nous étions même assez aisé et on arrivait à se donner l'illusion que nous étions bien plus que ce qu'on donnait à voir. Non, nous n'étions certainement malheureux.

Seulement, nous n'étions pas heureux.

Je crois qu'à mes moments de lucidité, je détestais mes amis autant que je les aimais. Pour une raison tout simple, à chaque instant, il me renvoyait mon image. Je voyais en eux ce que je n'étais pas, ce que je ne devenais pas et ce que je ne serais jamais. Leur crasse était la mienne, leur manque d'ambition et leur manque d'effort mes propres fléaux. Une souffrance entendue.

Nous étions cette génération nouvelle écopant d'un monde écorché mais pas encore totalement grabataire. Là se tenait principalement nos illusions, nous étions ceux qui possédaient les clés pour changer la donne. L'instant décisif était maintenant. Si l'on voulait vraiment se donner les moyens, nous pourrions alors devenir des héros pour les enfants futurs. Mais comme je vous l'ai dit, nous étions des paumés. Nous attendions que cela devienne plus simple, nous attendions d'avoir les moyens pour le faire, nous attendions en se disant que pour l'instant c'était inutile car pas encore notre portée. Nous attendions. Et c'était là l'erreur de notre vie.

Voilà pourquoi je haïssais mes amis dans ces moments de réflexions. Et lorsque cette pensée devenait insoutenable, je tuais mon esprit à coup de narcotiques dans l'espoir d'oublier. Seulement l'idée revenait toujours. Nous n'étions rien.

Cela ne changerait pas. On allait vieillir sans s'en rendre compte, sans changer. Et à l'heure de notre dernier souffle, je pressentais le constat terrible : l'inutilité d'une vie. Pire ! De la sienne. Savoir que la somme de nos actes ne représenterait absolument rien, que nous ne laisserions en unique héritage le droit de nous mépriser à juste titre.

Des paumés sans avenir. Entre l'écolo qui lançait ses envies de sauver la planète assis dans le fast-food planétaire, l'écrivain qu'écrivait rien, l'actrice qui voulait pas jouer tout de suite, le hippie qui fumait son herbe, l'autre qui pensait reprendre l'usine de papa d'ici quelques années... Jusqu'à moi ! Moi le cinéaste sans histoire, incapable de trouver ce dont il a envie de raconter mais qui se donne pas vraiment la peine de chercher.

Alors il y eut l'étincelle. Celle qui changea toute la donne. Je crois que c'est Arthur le premier qui l'apprit. Il fut le premier à s'inquiéter véritablement. Et quand il découvrit, il y eut d'abord l'incompréhension et le refus d'y croire. Ce n'était pas possible, tellement imprévisible et si incohérent à ses yeux.

Seulement la seule chose qui restait de moi, c'était cette phrase assassine sur un bout de papier «Vous m'avez tué». Le «vous» souligné au feutre noir trois fois. Ma sentence sans appel et mon absence maintenant définitive. La larme perla, et se fondit dans le papier froissé.

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