La mort de mon enfance
Par : Salmanzare
Genre : No-Fake
Status : C'est compliqué
Note :
Chapitre 3
Publié le 15/04/10 à 01:09:37 par Salmanzare
La première mort (milieu de la partie 1)
Me voilà à Cachy à présent. J'ai tout juste 8 ans et c'est déjà ma quatrième maison. Non loin de la banlieue Amiénoise, dans un petit village où tout le monde se connaît déjà. Je me retrouve à changer d'école en milieu d'année scolaire. Gentelles ! Nom de la petite ville à côté qui forme de la maternelle jusqu'au CE2 (mon niveau actuel). Prendre ses marques pourraient être difficile parmi ces têtes inconnues.
Il n'en est rien ! Je rencontre Kévin la veille de ma rentrée. Ma mère avait sympathisé avec la sienne un peu avant pendant une visite de l'école. Et pour donner un coup de pouce à mon intégration, je me retrouve à passer un mercredi après-midi chez elle. J'ai une peur de me retrouver là-bas, cette effroyable sensation de l'inconnu ! Immédiatement, nous deviendrons amis et ne nous quitterons plus. Les portes de l'école s'ouvrent grand alors. Je deviens élève modèle pour Mme Grandserf, élève adorant la lecture et sage comme un ange. Un modèle même de discipline en classe.
A côté, je découvre les amis de Kévin. Thomas et Rémy ! Deux personnes qui deviendront tout aussi proches de moi. Je ne peux aujourd'hui dire ce qu'ils sont devenus. Je ne me souviens même pas de leurs noms de famille. Mais nouvelle école dit nouvelles règles. Ici mes billes et pogs n'ont plus aucune valeur. Comment redevenir quelqu'un quand ses talents sont sans intérêt aux yeux des autres ? Ici, il faut être bon au foot pour gagner l'estime de ses pairs. Et je dois avouer que je comprends mal l'intérêt de courir après une balle. Seulement, j'ai bien l'intention de gravir à nouveau l'échelon social. Je deviendrais le meilleur gardien de but de l'école !
Dans le même temps, je réalise enfin l'intérêt de lire. Autant les textes ennuyeux de ma maîtresse me laissait de marbre, autant sous le regard paternel attentif, je découvre des trésors dans la bande-dessiné. J'y délaisse les grands classiques que sont Tintin, Lucky Luke et autres au profit des récits de Pilote ou du Journal de Spirou. Je commence alors à lire avec frénésie, une faim insatiable m'anime. Il m'en faut toujours plus. J'écume les bibliothèques de la région, la collection toujours grandissante d'un père passionné et celles de mes amis.
Dans ma nouvelle maison, le jardin est bien plus grand. Assez pour que le cheval de mère puisse rester à demeure chez nous. Zuigli. Un vieux cheval de course. J'aime lui donner à manger, monter dessus et capturer les mouches qui l'entoure pour ensuite les examiner à la loupe. Folie du microcosme depuis que mes parents m'ont acheté une petite boite pour capturer les insectes et les observer avec la loupe intégrée. Au fond du jardin, derrière la clôture, un autre jardin. Interdit par les parents. Ils n'en faut pas plus pour pousser à y aller. De plus, juste à côté, se trouve une balançoire faîtes avec un pneu. La clôture est plus grande, celle-ci nous n'osons pas la passer. Notre première bravoure est toléré par les parents mais passer la suivante serait suicidaire. Mais cette balançoire attire les jeunes du quartier et j'aime à discuter avec eux de mon côté. Un jour, par pari idiot pour un malabar, je cueille un ortie et part fouetter ma soeur. Mon méfait accompli, je n'obtiens pas ma récompense ! Furieux d'avoir été dupé de la sorte, je franchis la barrière et attrape mon commanditaire. Et sans plus réfléchir, je le lance la tête la première dans le buisson d'orties ! Le voilà en train de hurler et de se sauver. Sa soeur fronce les sourcils puis hausse les épaules. Je réalise que ce que je viens de faire risque de m'apporter des ennuis. Je retourne vite du bon côté de la barrière et décide de plus jamais la franchir. Dans les instants qui suivront, je me prendrais une fessée. Je n'aurai pas du oublié que j'avais fouetté ma soeur avec un ortie...
Et puis je grandis. Me voilà en CM1 ! Il me suffit maintenant de traverser la route en face de chez moi pour me retrouver à l'école. Toujours Kévin à mes côtés. Simon en plus ! Une espèce de petite brute au fort capital sympathique, toujours à la limite de basculer. Je me démarque de deux façon à cette époque : je suis celui qui lit emprunte un livre par jour à la bibliothèque de l'école (et elle est petite ! École de village, nous ne sommes que 20 pour les niveaux de CM1/CM2). Mais surtout, et ce dont je suis le plus fier : on se bat pour m'avoir comme gardien de but. Et ça n'a pas de prix. Je les regarde se disputer et attend patiemment pour savoir de quel côté me placer.
Je retombe amoureux une fois de plus. Charlotte. Elle n'est pas si belle, pas tellement intelligente non plus. Et pourtant je lui trouve un charme fou. A tel point que je n'ose pas lui parler. D'ailleurs, il ne se passera jamais rien avec elle. Le temps me manquera.
C'est aussi l'année de mon premier chagrin. Un jour, m'apprêtant à traverser la route pour prendre mon repas du midi chez moi, Sylvie, la mère de Kévin me dit que je mange chez eux pour une fois. Tout content, je ne me pose pas de question et j'y vais avec un grand sourire. C'est toujours un régal d'aller là-bas. Je me souviens avec délice de ma découverte du beurre demi-sel, de mes premières parties de Playstation à rêver devant les pixels de Lara Croft et des échanges Pokemon.
Mais le retour le soir chez moi le soir est abject ! Mes grands-parents maternels sont ici, ma mère est en larme. Je ne comprends pas.
- Zuigli est mort.
Tragédie. Je pleure sans m'arrêter. Plus jamais je ne pourrais remonter dessus. Je ne pourrais plus plonger mes mains dans l'avoine en croyant découvrir de l'or, ni capturer les mouches autour de sa queue. C'est abominable. Je prends conscience que tout n'est pas éternel, que 29 ans c'est vieux pour un cheval. Que mon chien aussi un jour va mourir. Étrangement, mon cerveau enfant n'imagine pas qu'il en soit de même pour des humains. J'appréhenderais cette notion plus tard.
Un souvenir amusant de cette époque me revient à contrario. Un beau jour d'été, ou de jour de forte chaleur en tout cas. La petite piscine a été sortie. Et lorsque je m'y rapproche, je découvre une pauvre mouche qui tente en vain de s'extirper de l'eau. Je la regarde avec compassion essayer de s'extraire de cette condition. Attendrie, je la sauve et la pose sur la table verte du jardin. Je m'imagine devenir son ami, lui apprendre des tours et devenir « le garçon qui a apprivoisé une mouche ». Quelles pensées stupides pouvons-nous avoir enfant ! Elle finit par s'envoler brusquement sous mon regard éberlué. Je la trouve ingrate sur le moment.
Nous voilà milieu 1998 et une fois de plus, je vais devoir changer d'école en milieu d'année. Au revoir Cachy. Avec l'arrivée prochaine du bébé, il faut une maison plus grande pour accueillir parmi nous le cinquième. Je pense à mes amis que je vais devoir abandonner une fois de plus, à Charlotte à qui je n'ai rien dit et qu'il va falloir tout recommencer à nouveau. Dure vie...
Me voilà à Cachy à présent. J'ai tout juste 8 ans et c'est déjà ma quatrième maison. Non loin de la banlieue Amiénoise, dans un petit village où tout le monde se connaît déjà. Je me retrouve à changer d'école en milieu d'année scolaire. Gentelles ! Nom de la petite ville à côté qui forme de la maternelle jusqu'au CE2 (mon niveau actuel). Prendre ses marques pourraient être difficile parmi ces têtes inconnues.
Il n'en est rien ! Je rencontre Kévin la veille de ma rentrée. Ma mère avait sympathisé avec la sienne un peu avant pendant une visite de l'école. Et pour donner un coup de pouce à mon intégration, je me retrouve à passer un mercredi après-midi chez elle. J'ai une peur de me retrouver là-bas, cette effroyable sensation de l'inconnu ! Immédiatement, nous deviendrons amis et ne nous quitterons plus. Les portes de l'école s'ouvrent grand alors. Je deviens élève modèle pour Mme Grandserf, élève adorant la lecture et sage comme un ange. Un modèle même de discipline en classe.
A côté, je découvre les amis de Kévin. Thomas et Rémy ! Deux personnes qui deviendront tout aussi proches de moi. Je ne peux aujourd'hui dire ce qu'ils sont devenus. Je ne me souviens même pas de leurs noms de famille. Mais nouvelle école dit nouvelles règles. Ici mes billes et pogs n'ont plus aucune valeur. Comment redevenir quelqu'un quand ses talents sont sans intérêt aux yeux des autres ? Ici, il faut être bon au foot pour gagner l'estime de ses pairs. Et je dois avouer que je comprends mal l'intérêt de courir après une balle. Seulement, j'ai bien l'intention de gravir à nouveau l'échelon social. Je deviendrais le meilleur gardien de but de l'école !
Dans le même temps, je réalise enfin l'intérêt de lire. Autant les textes ennuyeux de ma maîtresse me laissait de marbre, autant sous le regard paternel attentif, je découvre des trésors dans la bande-dessiné. J'y délaisse les grands classiques que sont Tintin, Lucky Luke et autres au profit des récits de Pilote ou du Journal de Spirou. Je commence alors à lire avec frénésie, une faim insatiable m'anime. Il m'en faut toujours plus. J'écume les bibliothèques de la région, la collection toujours grandissante d'un père passionné et celles de mes amis.
Dans ma nouvelle maison, le jardin est bien plus grand. Assez pour que le cheval de mère puisse rester à demeure chez nous. Zuigli. Un vieux cheval de course. J'aime lui donner à manger, monter dessus et capturer les mouches qui l'entoure pour ensuite les examiner à la loupe. Folie du microcosme depuis que mes parents m'ont acheté une petite boite pour capturer les insectes et les observer avec la loupe intégrée. Au fond du jardin, derrière la clôture, un autre jardin. Interdit par les parents. Ils n'en faut pas plus pour pousser à y aller. De plus, juste à côté, se trouve une balançoire faîtes avec un pneu. La clôture est plus grande, celle-ci nous n'osons pas la passer. Notre première bravoure est toléré par les parents mais passer la suivante serait suicidaire. Mais cette balançoire attire les jeunes du quartier et j'aime à discuter avec eux de mon côté. Un jour, par pari idiot pour un malabar, je cueille un ortie et part fouetter ma soeur. Mon méfait accompli, je n'obtiens pas ma récompense ! Furieux d'avoir été dupé de la sorte, je franchis la barrière et attrape mon commanditaire. Et sans plus réfléchir, je le lance la tête la première dans le buisson d'orties ! Le voilà en train de hurler et de se sauver. Sa soeur fronce les sourcils puis hausse les épaules. Je réalise que ce que je viens de faire risque de m'apporter des ennuis. Je retourne vite du bon côté de la barrière et décide de plus jamais la franchir. Dans les instants qui suivront, je me prendrais une fessée. Je n'aurai pas du oublié que j'avais fouetté ma soeur avec un ortie...
Et puis je grandis. Me voilà en CM1 ! Il me suffit maintenant de traverser la route en face de chez moi pour me retrouver à l'école. Toujours Kévin à mes côtés. Simon en plus ! Une espèce de petite brute au fort capital sympathique, toujours à la limite de basculer. Je me démarque de deux façon à cette époque : je suis celui qui lit emprunte un livre par jour à la bibliothèque de l'école (et elle est petite ! École de village, nous ne sommes que 20 pour les niveaux de CM1/CM2). Mais surtout, et ce dont je suis le plus fier : on se bat pour m'avoir comme gardien de but. Et ça n'a pas de prix. Je les regarde se disputer et attend patiemment pour savoir de quel côté me placer.
Je retombe amoureux une fois de plus. Charlotte. Elle n'est pas si belle, pas tellement intelligente non plus. Et pourtant je lui trouve un charme fou. A tel point que je n'ose pas lui parler. D'ailleurs, il ne se passera jamais rien avec elle. Le temps me manquera.
C'est aussi l'année de mon premier chagrin. Un jour, m'apprêtant à traverser la route pour prendre mon repas du midi chez moi, Sylvie, la mère de Kévin me dit que je mange chez eux pour une fois. Tout content, je ne me pose pas de question et j'y vais avec un grand sourire. C'est toujours un régal d'aller là-bas. Je me souviens avec délice de ma découverte du beurre demi-sel, de mes premières parties de Playstation à rêver devant les pixels de Lara Croft et des échanges Pokemon.
Mais le retour le soir chez moi le soir est abject ! Mes grands-parents maternels sont ici, ma mère est en larme. Je ne comprends pas.
- Zuigli est mort.
Tragédie. Je pleure sans m'arrêter. Plus jamais je ne pourrais remonter dessus. Je ne pourrais plus plonger mes mains dans l'avoine en croyant découvrir de l'or, ni capturer les mouches autour de sa queue. C'est abominable. Je prends conscience que tout n'est pas éternel, que 29 ans c'est vieux pour un cheval. Que mon chien aussi un jour va mourir. Étrangement, mon cerveau enfant n'imagine pas qu'il en soit de même pour des humains. J'appréhenderais cette notion plus tard.
Un souvenir amusant de cette époque me revient à contrario. Un beau jour d'été, ou de jour de forte chaleur en tout cas. La petite piscine a été sortie. Et lorsque je m'y rapproche, je découvre une pauvre mouche qui tente en vain de s'extirper de l'eau. Je la regarde avec compassion essayer de s'extraire de cette condition. Attendrie, je la sauve et la pose sur la table verte du jardin. Je m'imagine devenir son ami, lui apprendre des tours et devenir « le garçon qui a apprivoisé une mouche ». Quelles pensées stupides pouvons-nous avoir enfant ! Elle finit par s'envoler brusquement sous mon regard éberlué. Je la trouve ingrate sur le moment.
Nous voilà milieu 1998 et une fois de plus, je vais devoir changer d'école en milieu d'année. Au revoir Cachy. Avec l'arrivée prochaine du bébé, il faut une maison plus grande pour accueillir parmi nous le cinquième. Je pense à mes amis que je vais devoir abandonner une fois de plus, à Charlotte à qui je n'ai rien dit et qu'il va falloir tout recommencer à nouveau. Dure vie...
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