On aura plus à se poser de question.
On ira, c'est tout.
Sans raison, c'est si facile.
Sans peine, quelle chance.
Sans souvenir, quelle folie
Sans regret, allons y.
Alors on oubliera combien nos racines sont mortes.
Combien se consume notre flamme de vie.
En nos cœurs si secs
plus secs encore que la pierre des statues
témoins d'un temps oubliés
Comme elles
on aura plus à se poser de question.
Libre de s'enchainer
au rocher
de l'oubli et du savoir
du bonheur et de la tourmente
de la folie et des sciences
Pris dans un jeu sans fin
exquise raison sans commune mesure
avec les souvenirs d'ailleurs
Ailleurs, contrée si lointaine qu'on en a oublié jusqu'à son nom.
Alors on ira là bas
Sans but, c'est tout.
Mus par une envie impulsive qui fait de l'homme
ce qu'il est
un être stupide
Unique
Simple et si mystérieux
qu'aucune formule ne peut encore le cerner.
Prions pour le fou
et celui qui le juge
Prions pour le mourant
et celui qui vient au monde
Prions pour celui qui oublie jusqu'à son nom
et pour celui qui le dit malade.

Alors on oubliera
ce qu'il est
Et celui qui juge,
simple et mystérieux
On oubliera jusqu'à sa raison

On ira si loin
que nos regards embrasserons enfin l'Omphalos
On connaitra le secret des Origines
pour l'enterrer dans nos caveau
On verra si loin
qu'il n'y aura plus que Lumière
même si c'est l'Enfer
On deviendra des dieux
et nos corps seront déliquescents
Nos enfants prieront nos âmes en peines
et nous les maudiront six cent
soixante
six fois.
Même Lucifer frémit à ces paroles
pourvu qu'il m'entende
car il est mort en moi.
Un résurrection, un don de vie
sans merci, imposé
mais par qui ?
Je l'ignore
quelle importance ?
On aura plus à se poser de question
quand il fera bleu.

On marchera si loin
que Lucifer nous priera
de le liquider

A l'arme blanche
avec un couteau
une épée
une dague

Sans bruit
en silence
en catimini
sous le soleil de minuit

On oubliera
envolés
disséqués
amputés