Chapitre 16 : La bataille de la forêt
Dans la petite maison isolée de Toal, l’Ombre s’affairait en grand bruit, profitant de ses derniers instants de solitude pour comploter sans souci d’être surprise. Maintenant qu’elle les avait guidés, il était de son devoir de les aider jusqu’au bout quand ils reviendraient…
Dans un soupir de soulagement, la silhouette mit enfin la main sur ce qu’elle cherchait : un arc. S’emparant de l’objet, elle empoigna les barreaux de l’échelle qui menait à l’extérieur, sans prêter la moindre attention au petit bruit qui retentit près du miroir qu’elle avait auparavant remis en place, puis aux exclamations que poussèrent les voyageurs lorsqu’ils virent les derniers pans de sa cape s’engouffrer à l’étage supérieur : il n’y avait plus de temps à perdre, elle sorti en trombe et fila se réfugier dans le village.

« - Vous avez vu ? » S’exclama Deby qui avait retrouvé sa forme initiale. « Encore cette drôle d’ombre ! C’est si étrange !
- Oui, Deby. » Confirma Midna en balayant le sol du regard. « Il faut croire que notre ami a des choses à faire ici, vu la frénésie avec laquelle il a remué la poussière et les objets… »
La twilienne s’apprêtait à s’élancer à son tour vers la sortie, mais le général Heart l’attrapa par le bras et la tint en face de lui, lui parlant sévèrement tout en la fixant d’un œil soucieux :

« - Attends. Avant de quitter le twilight, tu as parlé d’une « triforce twilienne », de plus, tu sembles connaître notre agresseur commun. Je pense que tu devrais me faire part de tes idées ; le fait étant que nous combattons ensemble, le partage d’informations est ce qui me semble le plus normal entre nous.
- Nous n’avons pas le temps sur les vieilles légendes ! » S’exclama Midna en desserrant la poigne de l’homme d’une main pour l’entraîner de l’autre vers la sortie. « Et le nom du twilien ne te dira rien et ne t’intéressera pas, je pense. La seule chose que tu as à savoir est que c’est un ennemi ! »
Se refusant à débattre d’avantage, le groupe sortit précipitamment de l’habitation, puis il prit la direction de la sortie de Toal, sûr de n’avoir rien à faire dans le village même : un combat ne pouvant se dérouler dans un lieu aussi exigu, des troupes ne pourraient tenir rassemblées que dans la plaine d’Hyrule.
Cependant, alors qu’ils passaient devant la source de Latouane, une douce lumière les interpella, et l’esprit, les attirant à lui, apparut enfin pour prendre la parole.

« - Voyageurs du lointain… » Commença-t-il de sa voix grave. « Vous arrivez juste à temps, et c’est un dur combat dans lequel vous allez vous jeter, mais dans lequel votre présence n’avait pas été prévue : tout n’est pas perdu !
- Oui ! On est déjà au courant de ça ! » S’exclama Midna. « Mais nous aimerions bien savoir où il va se dérouler exactement !
- … La bataille a d’ors et déjà commencé… Et la princesse Zelda sera bientôt en grande difficulté si vous ne vous précipitez pour lui porter assistance…
- C’est compris ! On va faire vite, mais si vous nous éclairez en répondant à notre question ! Ne nous faites pas perdre plus de temps ! » Intervint Kard.
« - La princesse se trouve au plus profond de la forêt de Firone, là où les mythes du temps se gravent et s’effacent… Demandez de l’aide à l’esprit des lieux, il vous guidera. »
Après avoir été remercié, l’esprit les reposa au sol, puis disparu. Deby bondit alors du col de Kard et les devança vers Firone, couinant qu’il allait mettre le protecteur au courant, afin d’accélérer les choses. Le reste du groupe se mit alors à ses trousses, Midna se demandant comment ils allaient pouvoir arriver à temps avec le labyrinthe qu’il leur restait à franchir, Heart espérant que l’esprit de Firone ne les bassinerait pas encore longtemps avec des grandes phrases inutiles avant de les lâcher dans la nature, et Kard remarquant silencieusement que les moyens de transport n’avaient pas l’air aussi nombreux et accessibles en Hyrule qu’au Twilight.
L’esprit était déjà apparu lorsqu’ils arrivèrent à Firone, et ce dernier, sans explication, fit apparaître un tourbillon de particules de lumière qui les enveloppa comme une nuée de pollen.

« - Ne vous inquiétez pas, mon pouvoir me permet d’être partout dans la forêt, ainsi je peux vous emmener partout… » Glissa-t-il alors qu’ils s’envolaient. « Je vais vous amener sur le champ de bataille… ». Puis les grains lumineux se dispersèrent et traversèrent les feuilles, poussés par le vent qui agitait la cime des arbres.
Très rapidement, le groupe se reconstitua derrière un tronc épais et mort, desséché par le temps. Ils se trouvaient, une fois de plus pour Midna, au milieu du dédale mystérieux de verdure qui protégeait l’accès à de nombreuses choses secrètes.

« - Hey ! Comment on est censé sortir d’ici ? » Cria Midna à l’esprit, si celui-ci pouvait l’entendre.
En réponse à sa question, des feuilles s’écartèrent et un petit interstice sombre se dévoila, ressemblant à un couloir secret qui mènerait vers une coulisse terminant la scène. « Le chemin parfait pour un bon coup de théâtre » Conclurent les trois héros avant de s’engager dans l’étroit passage.


« - CALIA ! Attention ! » Hurla Zelda en se jetant sur la sage de la forêt fraîchement éveillée pour la plaquer à terre. Une gargouille passa tout près d’elles dans un fracas de pierre, brisée dans son élan par Candy qui lui avait assené un violent coup de chaîne. Un petit craquement signala à la princesse que le bas de son jupon s’était définitivement déchiré, accroché une fois de plus dans une racine ou une quelconque autre aspérité du paysage.
« - Laisse tomber ! » Ordonna à moitié la sage du désert en les couvrant, le temps qu’elles se relèvent. « Cette fille est encore trop dans le cirage pour pouvoir se battre ! »
Peut-être, mais malheureusement, elles se trouvaient toutes acculées dans ce cul-de-sac qu’était la forêt changeante qui gardait le temple du temps, et il fallait bien protéger tout le monde au mieux, tâche qui semblait une bataille vaine, car les renforts ennemis affluaient sans cesse et de toutes parts… Soudain, dans la mêlée, la princesse cru avoir une illusion : trois ombres se faufilaient jusqu’à elle, écrasant les monstres qui se trouvaient sur leur chemin.

« - On arrive à la rescousse ! » Brailla gaiement Midna en brandissant une épée, auréolée de magie crépusculaire.
Juste derrière elle, le général Heart, aussi doué que d’habitude, faisait étalage de ses talents de magicien, envoyant une farandole d’éclairs lumineux, de boules argentées et de rayonnements angéliques. Fermant la marche et assurant les arrières, Kard maniait habilement une arme lourde à double tranchant, avec laquelle il produisait des ondes de choc maléfiques qui envoyaient valser les ennemis à quelques mètres si ils osaient s’approcher.
Désormais neuf au lieu de six contre une multitude, la troupe se sentait étrangement ragaillardie par la présence d’amis supplémentaires et réussit à avoir plus ou moins le dessus pendant quelque temps, fauchant systématiquement les nouveaux arrivants, finissant les anciens.
Mais la violence est une activité fatigante, et personne n’est suffisamment inhumain, ou surhumain, pour faire couler le sang de ses ennemis et se laisser blesser inlassablement, et ainsi, le groupe se retrouva vite à bout de forces, essoufflé à la vue de la foule de gargouilles grimaçantes qui attendaient de se battre.

« - Qu’est ce que ça veut dire ? On n’est pas censés se laisser tuer comme ça, non ? » Haleta vigoureusement la princesse du crépuscule dans une tentative désespérée d’insuffler une parcelle d’énergie à ses compagnons.
« - Je croyais que tu avais un plan miraculeux pour nous sortir de là… Ne me dit pas que c’était du bluff ! » Répondit furieusement le général Heart en lançant une étincelle qui manqua pour la première fois sa cible, qui fonça en ricanant vers la princesse.
Midna baissa légèrement la tête, jaugeant la bestiole grise qui se dressait devant elle, hérissée de faux poils qui étaient en fait des pics en pierre et des crocs taillés dans la roche. Oui, elle avait espéré un rétablissement imprévu grâce à l‘éventuelle aide qui aurait pu s’ajouter à la leur, apportée par Deby, par exemple, toujours porté disparu depuis qu’il avait pris la fuite en direction de la forêt. Mais personne ne venait, et ce depuis un bon moment, avaient-ils été finalement abandonnés ?
C’est alors que Zelda poussa un hurlement de douleur : un monstre s’était jeté sur elle à son insu et lui avait férocement mordu l’épaule, un regard cruel fixé sur son visage. Se redressant brusquement dans un sursaut de détermination, la princesse twilienne courut jusqu’à elle, faisant tourbillonner son arme, et dans une explosion, sa magie se mélangea avec celles de Heart, Candy, Eva, Maryele Calia et Ama réunies pour réduire la tête de la bête en poussière.
Cet élan de courage général sembla alors provoquer une merveille, car on entendit derrière les arbres clos le son d’une trompette étrange et féerique qui se rapprochait. Quelques arbres devinrent subitement invisibles, et la voie s’ouvrit alors, laissant pénétrer dans l’espace un petit esprit aux allures d’épouvantail qui clopina jusqu’au centre de la clairière semée d’éclats rocheux et de gouttes de sang, brandissant son instrument devant les monstres bêtement bouche bée. Un deuxième coup de clairon, et une flèche transperça une gargouille près de l’entrée, laquelle s’effondra dans un horrible bruit de gargouillis. Au troisième son, une véritable armée d’animaux se déversa sur l’ennemi, constituée en grande partie de singes, d’écureuils, et d’autres petites bêtes habituellement inoffensives. Enfin, le clou du spectacle arriva : une grande troupe d’humains armés jusqu’aux dents d’arcs, d’épée, de boucliers, et même de lances, fit irruption sur le champ de bataille.
Les premiers ennemis qui n’étaient pas déjà morts commencèrent à paniquer, mais il était déjà trop tard, et ils ne purent rien faire contre la marée qui les submergea ; Ils étaient en effet, bien moins habitués que les habitants de Toal, et encore moins que les animaux de la forêt, à se déplacer sur un tel terrain, surtout que leur attention était attirée par une ombre, perchée en haut d’une cime, et qui semblait les narguer, captant leur regard avant de les achever d’une flèche en plein front. En quelques minutes, la bataille de Firone fut une affaire réglée.
Les six sages déjà éveillées se tenaient assises en cercle au milieu de la clairière, s’occupant de leurs égratignures et surtout de la large blessure que portait Zelda, marquées par des dents sales et pleines de microbes.
Les observant de loin panser la plaie de la princesse et mettre un bandage autour de son bras, Midna poussa un long, très long soupir de soulagement, et s’approcha de Bohdan, le chef de Toal, qui se trouvait à la tête des unités de secours qui avaient inversé les positions à la fin du combat.

« - Je tenais à vous remercier pour votre aide, sans vous nous étions définitivement perdus… » Commença-t-elle d’une voix douce.
« - Ne vous en faites pas ! » Rit alors l’homme imposant. « C’est tout à fait normal que nous protégions notre forêt et les animaux qui s’y trouvent, ainsi que les voyageurs plus ou moins égarés qui tombent dans des embuscades ! »
La princesse se força à sourire, elle aussi, se tournant et regardant les bois autour d’elle. Ce lieu était rarement révélé sans raisons aux gens, le dirigeant de Toal le savait sans aucun doute, mais devait-elle lui expliquer de quoi sa quête retournait ? Après tout, la vie avait presque suivi son cours durant la dernière guerre, et les habitants du petit village n’avaient eu à se soucier que de leur progéniture, sans doute était-ce leur rôle.

« - Hum… Comment avez-vous réussi à savoir qu’il y avait des gens en difficulté au fin fond de la forêt, vous avez des systèmes de surveillance ? » Demanda-t-elle pour changer de sujet.
L’homme replet la regarda un instant, interloqué, puis ses sourcils se froncèrent dans un éclat de rire quand il s’exclama :
« - Un système de surveillance ? Mais non voyons! C’est votre ami encapuchonné qui nous a prévenu, vous savez… » Fit-il en se retournant, cherchant la silhouette des yeux. Ne la trouvant pas, il sursauta et se tu brusquement, puis son regard se terni. « Vous ne connaissiez pas cet homme ? » Dit-il alors sombrement. Midna fit lentement signe que non, et Bohdan se renfrogna et grogna simplement « Je croyais que c’était votre ami. ». Puis il s’excusa et la laissa seule, partant discuter avec les enfants de Toal qui avaient bien grandit déjà.
La jeune twilienne le regarda s’éloigner sans comprendre ce qu’il s’était passé.

Quelques heures après, tous s’étaient enfin reposés, grâce aux soins et vivres que les habitants de Toal avaient amenés avec eux, et le groupe reformé se préparait à repartir après avoir assuré que tout irait bien pour lui. Ils quittèrent donc Firone, se séparèrent devant le marchand d’huile étonné de toute cette foule, et les neuf compagnons prirent la route de la plaine d’Hyrule, sans trop savoir vers où ils devaient se diriger. Ils se rapprochaient une fois de plus de Cocorico lorsque soudain, Zelda s’arrêta et leur ordonna de s’asseoir en rond autour d’elle.

« - Ha ! Mais ce n’est pas encore l’heure de goûter, maîtresse ! » Plaisanta la sage du désert.
« - Candy, fait moi plaisir, n’alourdit pas la situation. » La foudroya la princesse hylienne du regard.
La sage se tut alors et s’assit en silence, attendant sagement avec les autres de savoir ce qu’il se passait. Zelda les regarda un instant avant de prendre la parole.

« - Bon, je suppose que tout le monde sait compter ici, vous avez pu donc remarquer que nous avons éveillé six des sept sages nécessaires pour l’accomplissement de notre quête. Plus qu’une jeune fille à sortir du sommeil, et le monde pourra être sauvé ! » S’exclama-t-elle en se tournant vers Midna. « Cependant, nous risquons d’avoir quelques problèmes pour la trouver.
- Qu’est ce que tu veux dire par là ? » Demanda la princesse du crépuscule.
« - Souviens toi de ce qu’à dit le roi des loups : la septième jeune fille est de toute évidence une twilienne, ce qui signifie que nous devons nous rendre dans le Crépuscule si nous voulons la libérer…
- Mais, c’est très risqué pour le moment ! » Déclara alors Heart. « Le Twilight est plus ou moins en guerre civile. Et jamais ils n’accepteront de laisser des gens qui souhaitent sauver le monde, c’est-à-dire renverser ce Taiva qui domine actuellement le Crépuscule, se promener comme ils le souhaitent là-bas !
- C’est vrai, mais dans l’état actuel des choses, je pense que nous allons devoir nous jeter dans la mêlée, il est inutile de rester paralysé de peur en attendant que l’ennemi vienne nous cueillir ! » S’emporta alors Midna. « J’ai réussi à survivre ici, alors il n’y a aucune raison pour que nous ne nous en sortions pas là-bas !
- Inutile d’essayer de vous rebeller, bande d’impudents. » Déclara alors une voix grondante.
D’un sursaut, tous se mirent sur pied et levèrent les yeux en direction du lieu d’où était sorti le bruit, c’est-à-dire vers le ciel.
De gros nuages s’étaient rassemblés, noirs, et formaient une vague et énorme silhouette au-dessus de leurs têtes.

« - Vaati ! » S’exclama Midna, les poings serrés. « Tu ne perds rien pour attendre !
- C’est ça, époumone-toi, pauvre princesse déchue, c’est tout ce que tu peux faire. » Ricana la forme. « Sachez maintenant que je suis en possession de la dernière jeune fille. Si vous souhaitez vous révolter, je vous attends, mais je doute que vous arriviez seulement jusqu’à moi pour pouvoir me divertir…
- C’est ce qu’on verra ! » répliqua la princesse en trépignant. « Tu n’auras pas le temps de faire ouf que tu seras déjà à terre, et j’aurais vengé mon peuple ! » Puis elle lança une série d’éclairs furieux dans a direction.
Vaati se tut un instant, puis disparu, déchiré par une pierre, en murmurant :
« - Très bien… C’est ce qu’on verra… Je ne vous laisserais pas échapper aux condamnations atroces auxquelles je voulais vous soumettre… »
Le groupe se retrouva enfin seul et resta un instant sans rien faire, sous le choc de cette apparition. Midna restait debout, essoufflée, le poing toujours brandit en direction du ciel, puis elle se laissa tomber sur l’herbe, les yeux fermés.

« - Vaati ? » demanda alors le général Kard en se tournant vers elle.
« - Oui… Cet imbécile à cru bon de changer les lettres de son nom de place pour rester dans le secret, mais il n’a pas modifié son blason » ajouta-t-elle en lui lançant le petit rond aplati qu’elle avait arraché au magicien du palais. Le twilien l’attrapa et le contempla d’un air sombre.
« - Vaati ? » S’exclama Heart. « Tu parles de cet homme maléfique dont parlent certaines légendes hylienne? Il aurait été vaincu par un héros aidé d’un peuple miniature !
- Puis il a été expulsé au twilight, comme tout bon déchet criminel … » Ajouta la princesse en lui lançant un regard noir.
« - Je ne suis responsable de rien ! » Se défendit l’homme, furieux. « Mais comment de telles personnes ont-elles pu arriver au pouvoir ?
- C’est bien simple : elles avaient du charisme, un semblant de pouvoir, et suffisamment de haine contre Hyrule pour séduire le commun des mortels twiliens. C’est de cette façon que toutes les dynasties twiliennes sont arrivées au pouvoir, acclamées par les localités. Malheureusement, elles se sont toujours disputé le privilège, et les guerres de pouvoir sont fréquentes, comme dans tout grand territoire…
- Midna, cela signifie que tu es la descendante d’un roi twilien qui fut expédié par Hyrule pour ses fautes ? » Demanda innocemment Eva.
« - Ça paraît plutôt évident, non ? » S’énerva Zelda. « Mais ce n’est pas la peine de s’encombrer avec ce genre de questions. Venez, nous allons essayer de trouver un moyen de se rendre discrètement dans le twilight… À la bibliothèque du château, peut être ?
- J’ai déjà passé tous les livres interdits au peigne fin, je n’ai rien trouvé… » Commença Heart avant d’être interrompu par la princesse du crépuscule.
« - C’est tout à fait normal que des hyliens ne sachent pas comment entrer frauduleusement dans le crépuscule : à part les voies dites « officielles » pour expulser les criminels, personne n’a jamais songé à emprunter d’autres chemins. Cependant, chaque famille aristocratique twilienne a mis au point au fil des générations des passages dont la technique est gardée secrète.
- Je vois… C’est ainsi que nous sommes venu ici? » Demanda Kard.
« - Exactement, et c’est comme ça également que nous sommes repartis, et que nous retournerons au crépuscule. L’étrange dispositif que nous avons emprunté dans le palais doit être la méthode qu’utilise la famille de Vaati, elle était simple, mais lourde à mettre en place et longue à utiliser. Mais la technique de MA famille, » expliqua-t-elle en sortant son pendentif, « est bien plus performante et pratique.
- Je vois… Tu dois descendre d’une puissante lignée de magiciens, n’est-ce pas ? » L’interrogea Heart.
« - Evidemment. » Répondit-elle. « Les Vaati sont des voleurs, ils n’ont jamais rien créé par eux-mêmes. De plus, ils connaissent très mal les légendes twiliennes et encore moins celle des sept jeunes filles endormies, qui vient d’Hyrule et concerne en premier lieu ma lignée. Mais la famille d’Agahnim, par contre, a toujours été très douée en matière de magie, au point qu’on en bave encore aujourd’hui pour régler les erreurs de mon lointain ancêtre… Pas vrai ? »
Zelda resta immobile un instant avant de sourire :
« - Tout cela est très bien, mais je vous propose avant toute chose de passer au château. Nous avons quelques petites choses à y faire. »
La princesse du Crépuscule la gratifia d’un clin d’œil à elle et ses compagnons puis avança de quelque pas en regardant le soleil décliner : il était temps de montrer au monde que le destin réservait plus de surprise à ceux qui s’y attendaient le moins. Et une fois de plus, hyliens et twiliens allaient marcher ensemble vers une nouvelle guerre qu’ils allaient gagner, et en profiteraient pour résoudre des mystères.
Elles n’était pas la seule à penser cela, l’ombre encapuchonnée qui la suivait depuis le début de l’histoire, en était persuadée aussi, dans un tout autre sens.





Épilogue : Loin, très loin de tous ces évènements, un jeune homme observait également le déroulement de l’action, doté lui aussi d’un miroir ambré et magique. Après cette scène, il le posa et ramena ses mains derrière sa tête en un soupir, puis se détendit, laissant retomber son corps sur le lit contre lequel il se trouvait assis. « Le plus dur reste à venir. » Pensa-t-il paresseusement en repassant dans sa tête tous les évènements qui s’étaient déroulés, ainsi que le plan qu’ils avaient mis au point.
Il resta très peu de temps immobile, et se redressa finalement pour sortir de la pièce d’un pas vigoureux et déterminé, abandonnant son miroir sur les couvertures. Il arpenta les couloirs de pierres et les escaliers gigantesques qui lui avaient fait office de maison pendant quelques mois, puis il pénétra dans un bureau éclairé par des torches.
Le garde qui se trouvait assis derrière la table à remplir des pages de comptes lui lança un salut plein d’entrain, et sembla encore plus heureux d’apprendre que la princesse et le général Heart seraient de retour très prochainement. « Merci, mon petit Ian, de nous être si utile » Lui lança-t-il avant qu’il ne quitte la pièce.
Après avoir délivré son message à quelques personnes, le garçon au cheveux bruns retourna en haut de sa tour, tourna quelques temps en rond, énervé de devoir attendre, excité par le futur, et feuilleta un instant un journal manuscrit qui relatait sa propre aventure… Que de chemin accompli depuis ce fameux jour !
Il n’en put soudain plus et, grimpant sur le rebord de la fenêtre, changea de forme et s’envola une dernière fois saluer les étoiles.