Chapitre 3 : La révolte

-Harper...Harper réveille-toi !

- Du calme Julie, je suis réveillé. Et puis impossible de dormir avec tout ce qui s'est passé. Qu'est ce qu'il se passe ?

- Je sais pas... Tu trouves pas que tout ça, c'est trop rapide ? Je veux dire, ça fait des années qu'on se terre ici dans le but d'un jour reprendre le contrôle, et là maintenant tous les sectionnaires sont prêts à l'assaut alors qu'on ne sait même pas ce qui nous attend là-haut. C'est de la folie... Je veux pas en être.

Julie fixait le sol. Elle avait rejoint ma présence, nous étions assis sur mon lit. Les autres semblaient dormir. Comment ils font ? Allez savoir.

- Ecoute, depuis le début on savait que ça allait se terminer comme ça. Et tu sais très bien quelle section on est. On ne sera pas en première ligne, on sera même très loin de l'action. Nous, on va devoir s'occuper des personnes sur cette liste. Une à une. On doit les éliminer, puis reprendre le contrôle. Serieusement, plus de la moitié des personnes qui peuplent cette planète sont devenus des monstres assoiffés de sang. Les autres ne sont que des pantins nanopucés. Tu comprends ? On est leur seul espoir, et même notre seul espoir. On peut compter sur personne, c'est à nous de jouer maintenant, on a attendu trop longtemps. Et on a pas le choix, on doit lancer l'assaut demain, sinon... Enfin bref on pas pas d'autre choix.

- Ouais... t'as sans doute raison, comme d'habitude...

Pauvre fille. Je me demande si elle va tenir le coup.

*DING* *DING* *DING* *DING*

L'alarme ? Et merde, je dors depuis quand ? Bordel je dois me dépêcher de rejoindre ma section ! Tiens, un mot sur mon sac à dos. Les autres se sont déjà éclipsés. Je prépare mon sac VIM rapidement, je vérifie que tout y est... Émetteur, radio, talkie-walkie, rations, vivres, munitions et anti Zetrofan. Tout y est. Ca pèse lourd, très lourd. Après prise de connaissance de la note sur mon sac, j'apprends que ma section est en salle 2, là où Tom était hospitalisé. Une fois arrivé, j'y trouve bien entendu toute ma section. Ils discutaient, visiblement ils avaient déjà reçu leur ordre de mission. J'arrive à la bourre, pour pas changer. Sébastien est le premier à remarquer mon arrivée et engage la conversation.

- Et bah alors, tu foutais quoi ? Ca fait trois plombes qu'on t'attend. Sérieusement Harper, la ponctualité et toi ça fait deux. Mais en tout cas j'suis content de te revoir. Tu m'avais fait une frayeur en t'écroulant à quelques mètres de la plaque d'égout hier, j'ai vraiment cru que tallais y rester.

- Ouais, désolé, réveil difficile. Et encore merci pour ton aide, j'te revaudrai ça.

Ah, ce bon vieux Sébastien. Le premier à m'avoir accueilli quand j'avais rejoint la section. Un chic type. Un blond aux yeux bleus, les cheveux retroussés en arrière et une barbe de trois jours. Souriant, charismatique, et un peu tête brûlée. Bref, un chic type.

Je m'avance dans le groupe, on discute un peu. J'apprends notamment que Tom s'en est plutôt bien remis. Il peut marcher, se déplacer, bref agir en être humain. Il doit juste veiller à ne pas se surmener. Après quelques échanges, Karl m'interpelle pour me mettre au parfum à propos de l'ordre de mission.

- Hey, Harper. Je vais faire rapide parce qu'on doit dégager de là. Les égouts vont être inondés sous ordre d'Adam. Toutes les communications et rapports extérieurs se feront par radio par la suite.

- Quoi, oh oh oh une minute là ! Depuis quand Adam est censé faire ça ? Il a perdu la tête ou quoi ? Et on ira où une fois la mission terminée ?!

- Ecoute moi Harper bon sang. Tu sais très bien que même si les égouts restent intacts, on reviendra pas avant plusieurs semaines voir mois. C'est notre ultime mission à nous tous. Après, si ça marche, le monde sera à nous. Les attaques coordonnées démarrent depuis quelques minutes sur tous les continents, la révolte contre l'Almo vient de démarrer.
Mais on discutera de ça plus tard. Concernant notre mission, on doit se rendre à la sortie 154. Une fois dehors, il fera nuit. On installera nos tentes pour la nuit, puis on reprendra notre route le lendemain. Notre objectif actuel, c'est de traverser le No Man's Land qui nous sépare de Paris. On recevra la suite de nos ordres après, par contact radio.

- QUOI ? Tu te fous de moi là j'espère ? Personne ne fout les pieds dans le No Man's Land, c'est un territoire d'infectés, et tout le monde le sait ! On va se faire détruire, c'est de la folie !

Karl semblait passif. Aucune expression ne se lisait sur son visage, un peu comme si... il avait peur, mais le cachait. Evidemment, comment ne pas avoir peur à l'idée de traverser le No Man's Land. Après la troisième guerre mondiale, cette zone est une des plus dangereuses de la planète. De la folie. Mais quoi de plus normal comme mission pour la VIM ? Bon sang mais qu'est ce que je fous là moi...

Après rassemblement du matériel de tout le monde, on a décampé une bonne fois pour toute de ces égouts. Alors qu'on venait tout juste de mettre le nez dehors, Karl ne pouvait pas s'empêcher de nous faire part de ses dernières volontés à l'égard de ces biens chers égouts...

- C'est triste quand même. La puanteur et l'humidité de ces lieux vont cruellement me manquer, surtout le rat qui était niché sous mon lit, Spoky que je l'avais appelé

Génial, il repart dans ses délires. Karl, noir, la trentaine, sans nul doute le vétéran du groupe. Le crane rasé et un fier bouc, autant dire qu'il faut pas se frotter en lui. Enfin, en apparence seulement. Ce mec est hyper-sensible, ça en est même agaçant parfois. Enfin c'est sûr que du haut de mes 17 ans, je peux pas vraiment me prétendre vétéran de quoi que ce soit. Enfin mis à part la troisième guerre mondiale. Et peut être du No Man's Land, si j'y laisse pas un bras...

<< Section VIM ici Section 17, chargée des briefings de votre mission. Où en êtes vous actuellement. >>

Karl : << Allô Section 17, ici Section VIM. Nous venons de quitter les égouts. Ils me manquent déjà, sans déconner c'est inhumain ça Enfin bon, on plante la tente pour la nuit, on vous fera un rapport complet demain en fin de journée. A vous les studios >>

Complètement...allumé.

Nos tentes étaient installés. On était pas encore dans le No Man's Land, on campait juste à la sortie des égouts. Et tant mieux, c'est probablement la dernière nuit qu'on passera sans trop de problème. On a fini cette journée au coin d'un feu de camp, à échanger des discussions variés. J'ai rassuré Julie entre autre, la pauvre, elle a vraiment du mal. Tom essayait de bidouiller une connexion internet à partir des quelques relais électriques qui trainaient à proximité, sans succès. Seb, lui, il faisait l'inventeur de ses rations et munitions, un vrai maniaque quand il veut ce type. Et pour Karl, lui, c'était soirée nostalgie à se remémorer ses nuits dans les égouts.

Et maintenant, 6 heures du matin aux aurores, le No Man's Land...